« Ça prend beaucoup trop de temps selon ma femme » : ces supporters devenus les lanceurs d'alerte du naufrage financier de l'OL
« Solde de créances », « Frais d'affacturage »... Ces termes techniques n'ont plus aucun secret pour certains supporters de l'OL. Des profils peu répandus mais qualifiés de « lanceurs d'alerte » par une communauté qui a développé malgré elle son vocabulaire financier ces derniers mois. Un passe-temps ancien pour certains, amplifié depuis l'arrivée aux commandes de John Textor, qui a racheté le club en décembre 2022 à un Jean-Michel Aulas qui avait déjà pour habitude de seriner ses fans à coup d'Ebitda et de CA.
« J'ai mis le nez dans les comptes de l'OL pour la première fois lorsque Aulas a fait une augmentation de capital avec Pathé (le 29 avril 1999) pour acheter Sonny Anderson, se remémore Cyril (45 ans), chef d'entreprise qui se cache derrière le pseudo "Don Ramon" sur le réseau social X. Je ne savais pas du tout ce que c'était qu'une augmentation de capital. Depuis, je suis devenu autodidacte. » Sa mission a pris un tout autre sens, bien plus grave, à l'approche de l'audition en appel de l'OL devant la DNCG, mercredi. Un club dont la « survie rimerait assurément avec austérité », et dont il juge l'avenir « impossible » en Ligue 2, en cas de confirmation de la rétrogradation prononcée le 24 juin.
Un pessimisme partagé. « On a voulu croire au produit proposé par Textor au départ, poursuit Mickaël (35 ans), qui tire également les fils de la galaxie Eagle (Botafogo, Molenbeek), sur sa chaîne Youtube, Le Onze Lyonnais. Très rapidement, on a compris que ce rachat cachait un LBO (Leverage buy-out, ou achat à effet de levier en français). Un mécanisme risqué qui fait rapidement cumuler les dettes en cas de mauvaise gestion. »
Les doutes se sont épaissis avec le temps, et les apprentis chercheurs se sont eux multipliés, comme les millions dus par l'OL. Supporter rhodanien depuis vingt-six ans, Mickaël s'est ligué avec des compagnons de lutte pour avancer plus efficacement. « Avec Malek et Lorenzo (un autre supporter), nous ne sommes ni journalistes ni insiders, mais simplement des fans avec un sens critique », tient à rappeler ce professeur agrégé d'économie et de droit, diplômé de Sciences Po.
S'unir pour aller plus vite
Des compétences qui rejoignent celles de Malek (30 ans), ancien avocat, aujourd'hui devenu juriste à l'étranger. « Notre travail d'investigation n'a presque été basé que sur des documents publics, détaille celui qui se surnomme @Maleklebgdu74 et compte plus de 3200 abonnés sur X. Des rapports financiers, des documents liés à la Bourse ou encore des communiqués et leur façon d'être rédigés. Tout ça mis en lien permet d'identifier des rapports de force. »
Encore faut-il rassembler et analyser tous ces éléments. « J'organise mon planning comme je veux, donc je compile le plus de choses possible sur mes jours soft », pose Cyril. « Ça prend du temps, beaucoup trop, selon ma femme », sourit Mickaël, qui avoue consacrer « jusqu'à sept heures par jour », à son « exténuant » travail de recherche, de lecture, aux coups de fil divers et à la préparation de ses vidéos. « J'y passe moins de temps que Micka, qui est fou, mais je monte vite à 3 ou 4 heures quotidiennes. C'est devenu une obsession », reconnaît Malek.
Animés par une même envie de lever le voile, les deux hommes se sont associés dans une vidéo publiée sur la chaîne Youtube de Mickaël, le 7 mai, et intitulée : « ARES va-t-il éjecter Textor et prendre le contrôle de l'OL ? ». Un titre prémonitoire, puisque après avoir raillé « l'analyse apparemment bien écrite sur nos relations avec nos prêteurs, publiées sur un compte Instagram (sic : une chaîne Youtube) qui ne compte que 6000 abonnés », Textor a bien été obligé de se placer en retrait fin juin.
Mickaël, complémentaire de « l'apport technique » de son ami Malek, a depuis presque doublé son nombre d'abonnés sur Youtube (10 500 le 8 juillet), comme un pied de nez supplémentaire à l'homme d'affaires américain, en pleine tourmente. « Au début, on a été très critiqués et étiquetés anti-Textor, mais le groupe de contestataires s'est élargi avec le temps », note Mickaël, installé dans la Somme. « Les gens ont eu du mal à digérer le bagage technique que je proposais, estime à regret Malek. J'avais vu le risque juridique et financier d'entrée, mais les supporters ont été pris de panique ces derniers jours seulement. »
Le tout est notamment lié selon eux à une maîtrise aiguë de la communication de la part de John Textor, dirigeant qui a longtemps joué du fameux « complot anti-OL » pour défendre ses transactions. « Pour analyser Textor et sa gestion d'acrobate de la finance, il faut revenir aux basiques, simplifier ce qu'il dit en anglais avec des termes compliqués. A-t-il 100 M€ en cash ? Non ? Donc tu accumules les dettes. » Résignés à quelques heures d'un rendez-vous décisif, Cyril, Mickaël et Malik s'accordent sur la nécessité d'un « miracle » pour espérer sauver leur club.
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