
Un député LFI a-t-il été entravé en voulant visiter la prison haute sécurité de Gérald Darmanin ?
Le député LFI de Haute-Garonne, Hadrien Clouet a voulu se rendre sur place dans la matinée pour visiter l'établissement comme l'y autorise la loi. Sur place, assure-t-il néanmoins, son droit de visite a été « entravé », sur la base d'une « note ministérielle » et « à la demande du cabinet de Darmanin ».
« Interdiction totale d'accès pour les journalistes [qui l'accompagnaient, ndlr], obligation de laisser mon téléphone pour empêcher la prise d'images de mon côté (y compris en retirant la carte SIM) », déplore-t-il sur le réseau social X, accusant au passage le Garde des Sceaux de vouloir « cacher » des choses. Dans la foulée, le mouvement insoumis s'est également fendu d'un communiqué promettant d'utiliser « tous les leviers à disposition », et d'alerter le président de la République. Et de cingler : « En limitant le regard des élus et en interdisant celui des journalistes, le gouvernement installe une zone de non-droit ».
De fait la loi assure à tout parlementaire un droit de visite des lieux de privations de liberté. Néanmoins, il y a aussi quelques règles, précise l'administration pénitentiaire qui se défend de toute entrave auprès du HuffPost: « L'accès des parlementaires au sein de la nouvelle prison de haute sécurité n'a pas été interdit ni limité. Ce matin, le parlementaire a bien pu visiter les lieux, pendant plus de trois heures ». Ce que confirme Hadrien Clouet, saluant au passage « des équipes soucieuses de présenter leur établissement ».
Des transferts de détenus très lourds, se défend l'administration
L'administration précise cependant que dans le contexte actuel de « montée en charge » et surtout « des transferts de détenus parmi les plus dangereux de notre pays, un transfert lui-même couvert par le secret-défense », le chef d'établissement peut refuser l'accès à des journalistes. Et s'appuyer pour cela sur l'article R.132-1 du code pénitentiaire. Le texte précise que le chef d'établissement peut refuser l'accès à des journalistes pour des motifs impérieux liés à la sécurité ou au bon ordre.
Concernant le téléphone, le guide de la visite diffusé par l'Observatoire international des prisons stipule que le député - mais pas ceux qui l'accompagnent - peut pénétrer avec son téléphone. L'administration insiste, elle, sur l'article R. 345-11 du code pénitentiaire qui interdit le téléphone à toute personne pénétrant dans un établissement du genre.
« Compte tenu des objectifs poursuivis par les nouvelles prisons de haute sécurité, cette interdiction y est appliquée de façon stricte, et concerne également les parlementaires exerçant leur droite de visite », précise encore l'administration pénitentiaire au HuffPost. Une autre source judiciaire s'agace par ailleurs « du manque de bon sens » des insoumis et de la polémique, alors que « deux agents pénitentiaires sont morts » lors du transfert de Mohammed Amra en mai 2024.
Le quartier de haute sécurité de Vendin-le-Vieil devrait accueillir d'ici fin juillet une soixantaine de détenus au total. Lancé tambour battant par un Gérald Darmanin animé par l'idée de désengorger les prisons, de s'attaquer au narcotrafic, mais aussi de marquer son passage place Vendôme, le nouveau dispositif interroge néanmoins élus d'oppositions et avocats. Les défenseurs des premiers 17 détenus transférés ont dénoncé auprès de BFMTV, les conditions de détention dans lesquelles leurs clients vont être incarcérés : « une honte pour la République ». Parmi ces conditions, aucun contact physique, déplacement et fouilles répétés, parloirs uniquement avec un hygiaphone. Le Syndicat de la magistrature a lui aussi dénoncé une « procédure de sélection des détenus transférables qui ne permet qu'un exercice factice des droits de la défense ».
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