
Un nouveau règlement de la Ville fait des vagues
La saison chaude a beau battre son plein, les plaisanciers d'une des plus importantes marinas du Québec ne pensent qu'à une chose : l'hiver. La municipalité de Salaberry-de-Valleyfield leur interdit désormais d'entreposer leurs bateaux à la marina pendant la saison froide, leur faisant craindre pour l'avenir de leur passion.
Dès l'hiver 2026-2027, l'hivernage sera interdit à la Marina de Valleyfield, après avoir été autorisé pendant des décennies. L'une des plus grandes de la province, elle abrite 400 places à quai permanentes, et 100 places pour les visiteurs temporaires.
Devant ce nouveau règlement municipal, plusieurs propriétaires et membres de la marina se résignent à deux options : déménager ailleurs à longueur d'année, ou tout simplement vendre leur embarcation.
Les propriétaires de bateaux rencontrés par La Presse sont clairs : ils craignent carrément pour la survie de la marina, qui « rythme les saisons » à Salaberry-de-Valleyfield. Par ricochet, ils s'inquiètent pour la vitalité économique que peut perdre le centre-ville et l'érosion tranquille de leur culture du nautisme, un « patrimoine immatériel ».
Une séparation déchirante
« Mon voilier, c'est un héritage de mon père. La voile, c'est une passion pour moi, mais je ne peux pas mettre encore plus d'argent là-dedans », déplore Léonie Gascon-Codebecq, résidante de Salaberry-de-Valleyfield.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Plusieurs propriétaires ont déjà mis leurs bateaux en vente, comme Léonie Gascon-Codebecq.
« On va devoir aller ailleurs. Mais ailleurs, il n'y a plus de place. Les marinas avoisinantes sont pleines. Il faut soit aller loin en Ontario, ou dépasser la ville de Québec. Les gens sont en train de mettre leurs bateaux en vente parce qu'ils ne savent plus quoi faire avec », raconte-t-elle.
« Rester à Salaberry-de-Valleyfield n'est pas une option permanente pour moi. Sans hivernage, ça va réduire ma saison. Je pense à déménager. Ça va changer ma trajectoire de vie », témoigne Michel Racicot, qui a grandi en naviguant sur les eaux de la baie Saint-François.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Le père de Michel Racicot, qui a consacré sa vie à la marina, s'est éteint il y a quelques années.
Je ne suis pas capable de laisser mon voilier partir. C'est mon père qui l'a construit, et c'est mon dernier lien fort avec lui.
Michel Racicot
« Nos tarifs ont déjà augmenté de 48 % il y a deux ans. C'est une grosse dépense. Rendu là, je suis obligée de vendre mon voilier en pièces ou de déménager ailleurs », laisse tomber Léonie Gascon-Codebecq, qui vient pourtant de se former en navigation côtière et en météo maritime pour transmettre ses connaissances à la relève locale.
« Ils ne comprennent pas qu'une marina, ça ne fonctionne pas seulement 5 mois sur 12 », renchérit Victor Meyer, lui aussi résidant et propriétaire d'un voilier.
« Ce qui m'a fait rester à Salaberry-de-Valleyfield, c'est la possibilité de faire de la voile. On a un plan d'eau d'une richesse incomparable, une liberté et un esprit de fraternité dans cette marina. »
« L'un des gros problèmes, c'est la notification sans consultation. Jamais ils ne nous ont consultés », s'exaspère-t-il, décrivant l'annonce comme une « douche froide » pour les plaisanciers.
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
« Là, normalement, c'est mon bateau. » Victor Meyer désigne l'endroit vide derrière lui, nous disant qu'il l'a ancré plus loin en attendant une solution.
Afin de montrer l'opposition au projet, Victor Meyer a mis en ligne une pétition pour le maintien de l'hivernage à Salaberry-de-Valleyfield, le 27 juin. Elle compte plus de 1100 signatures au moment de publier.
La municipalité ne bronche pas
« Associer la survie d'une marina avec l'entreposage hivernal est un faux dilemme », soutient le maire Miguel Lemieux, avec conviction.
Lors de notre visite à l'hôtel de ville, l'élu municipal se tient droit. Il semble irrité de la réaction citoyenne à sa décision, surtout celle qui a suivi sur les réseaux sociaux.
« De dire que la marina est en danger, je suis 100 % en désaccord. Ses années de gloire sont à venir. »
PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE
Miguel Lemieux, maire de Salaberry-de-Valleyfield
On n'anticipe aucune place libre. S'ils décident de partir, ce sera leur choix, mais notre niveau d'inquiétude [quant au fait] que nos quais ne soient pas remplis est de 0 %.
Miguel Lemieux, maire de Salaberry-de-Valleyfield
Le maire soutient que de fausses rumeurs ont circulé, voulant notamment que la municipalité construise des condos à la marina. « C'est assez pathétique comme procédé, dit-il. Assez triste qu'un certain groupe en ligne ait inventé ça. »
Le grand projet de la Ville : la réfection du parc Marcil, à l'ouest, pour le relier à l'emblématique parc Delpha-Sauvé, un peu plus à l'est. Un chantier de 10 à 20 millions.
Aux yeux de M. Lemieux, le stationnement où les bateaux sont remisés, au centre, devient « 7 mois sur 12 » un obstacle qui empêche « une meilleure connexion entre les parcs ».
Plus largement, Salaberry-de-Valleyfield cadre le nouveau règlement avec l'embauche d'un nouvel opérateur municipal, qui prendra en charge la marina dès 2026. Jusqu'en octobre 2024, celle-ci était administrée par une OBNL, dont le contrat a été résilié avant terme par la municipalité – entre autres pour « mauvaise gestion interne ».
Quant à l'absence de dialogue notée par les citoyens, le maire lève les mains, en signe d'impuissance.
« Je les ai notifiés deux saisons à l'avance. Ils ont reçu l'alerte le jeudi et le vendredi, certains disaient qu'il n'y avait aucune option. Ce petit groupe qui se plaint a clairement décidé que c'était trop compliqué pour eux. »
« Nous, on a 215 noms sur la liste d'attente pour une place à quai. Les marinas semblables à nous au Québec qui n'offrent pas d'hivernage, elles sont toutes pleines », conclut-il.
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