
Nantes : comment la police veut gagner la guerre contre le trafic de drogue
«On le sait, tous les quartiers sont peu ou prou touchés». Tel est le constat de Philippe Jos, le directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN) en Loire-Atlantique, lorsqu'il évoque le trafic de drogue. Jeudi soir, le premier flic du 44, arrivé en septembre dernier, a convié la presse pour évoquer les avancées en matière de stupéfiants dans la ville de Nantes. Et dévoiler sa méthode pour lutter contre ce serpent de mer.
«C'est une délinquance massive qui touche à peu près géographiquement tous les quartiers, avec des ampleurs diverses et des natures de produits variés». D'où l'idée d'adopter un «plan». «On tape vraiment tous azimuts. Cela va de la personne qui va acheter son 'chichon' (sic) au pied de l'immeuble, jusqu'à celui qui a sa voiture remplie de centaines de kilos de résine (de cannabis) depuis l'Espagne», explique Philippe Jos, citant le démantèlement récent d'un trafic entre l'Espagne et la France, tenu principalement par des Nantais, où plus d'une tonne de cannabis et des dizaines de kilos de cocaïne ont été saisies, et 10 personnes interpellées.
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Amélioration au 38 rue Watteau
«La stratégie c'est de s'attaquer à tous les niveaux du trafic, de l'importateur au consommateur, ce qui fait qu'on mobilise toutes nos équipes», reprend le directeur. Les groupes d'enquêtes de stupéfiants ou la BAC ne sont pas les seuls sollicités : le travail est transversal. Un calendrier a été fixé avec un roulement sur les quartiers. «On a une bonne connaissance des points de deal. On a les moyens qui sont ce qu'ils sont et on priorise. Tous les points de deal n'ont pas le même degré de nuisances», complète Éric Eudes, DIPN adjoint.
À Nantes, l'un des lieux de vente les plus connus et lucratifs, le 38 rue Watteau, a ainsi fait l'objet d'une surveillance accrue. 52 opérations de contrôle ont eu lieu depuis le début de l'année, en parallèle de nouveaux aménagements. Cette adresse du quartier des Dervallières reste encore surveillée quotidiennement pour éviter la réimplantation de points de deal.
«On reste humble. On ne dit pas qu'il n'y a plus de trafic. Mais par rapport à ce que ça pouvait être avant, à l'importance du trafic qui s'y déroulait, on a la certitude que cette intensité a largement diminué», certifie Philippe Jos, assurant que le temps des caddies dans les escaliers, des habitants priés de montrer patte blanche pour rentrer ou des appartements squattés est révolu.
Notre priorité est de rendre de la liberté aux gens qui vivent dans ces quartiers Philippe Jos, directeur interdépartemental de la police nationale en Loire-Atlantique
Dans les quartiers nord, le 6 rue Samuel de Champlain, également très apprécié des trafiquants, est dans le collimateur. En janvier, les riverains avaient manifesté, se sentant démunis. Un rendez-vous avec les habitants doit se tenir cette semaine pour faire le point. De même, à La Pelousière, dans la commune périphérique de Saint-Herblain, une réunion publique s'est tenue la semaine dernière avec la population.
«Les gens ne supportent plus d'assister à ces spectacles. Ils n'osent plus inviter leurs amis, leur famille… Notre priorité est de rendre de la liberté aux gens qui vivent dans ces quartiers», insiste le DIPN, qui veut occuper l'espace public et récupérer les espaces confisqués. Les caméras de vidéosurveillance sont un atout pour leurs enquêtes. Grâce au CSU (centre de supervision urbaine), les images permettent d'envoyer un équipage dès que les forces de l'ordre soupçonnent un trafic.
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Une stratégie payante ?
Le plan de bataille mené depuis plusieurs mois porte ses fruits selon les chiffres dévoilés jeudi au commissariat central de Nantes. À titre d'exemple : 1414 infractions liées au trafic de stupéfiants ont été relevées depuis janvier, contre 1167 sur la même période l'an dernier. Cela représente une augmentation de 20%. De même, le nombre d'amendes forfaitaires délictuelles infligées aux consommateurs a augmenté de 33% sur le même laps de temps. Quant aux procédures de trafic, elles ont crû de 69% (125 depuis janvier).
Dans les mois à venir, la police départementale veut accentuer sa lutte contre le dépistage de stupéfiants sur les routes. Déjà 163 personnes ont été poursuivies depuis le début d'année pour des infractions de ce genre mais le but «est d'en faire deux fois plus. Il y a trop de légèreté», conclut Philippe Jos.
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