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Pour ses 78 ans, Locarno dévoile un programme événementiel

Pour ses 78 ans, Locarno dévoile un programme événementiel

24 Heures08-07-2025
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En sélectionnant le dernier film de Kechiche en compétition, le festival a réussi un très gros coup. Voici le programme de cette édition. Publié aujourd'hui à 18h27
Chaque soir sur la Piazza Grande, le cinéma éclaire le monde.
imago stock&people
En bref:
En dévoilant le programme du 78e Festival du film de Locarno , qui aura lieu du 6 au 15 août, la présidente, Maja Hoffmann, le directeur artistique, Giona A Nazzaro, le CEO, Raphaël Brunschwig, et leurs équipes savaient pertinemment ce qu'ils faisaient. À savoir créer l'événement au cœur de l'été, entre «Superman» et les festivals musicaux, en annonçant une programmation qui a réussi à faire monter les attentes d'un coup d'un seul. On sait qu'il y a traditionnellement mille raisons d'aller au festival en août, mais la prochaine édition sera immanquable. Voici ce qu'on y verra dans les grandes lignes. Kechiche en tête de gondole
En sélectionnant en compétition le nouveau film d'Abdellatif Kechiche, ce «Mektoub my love: canto due» qu'on n'espérait plus voir un jour, Locarno réalise ce qu'on appelle un gros coup. De Kechiche, nous étions sans nouvelles depuis Cannes 2018 et le scandale de «Mektoub my love: intermezzo». Près de quatre heures en boîte de nuit ponctuées par des scènes de sexe non simulées qui avaient divisé la Croisette comme jamais. Giona A. Nazzaro espère-t-il semblables réactions au Tessin? Et surtout, que contient le film, qui ne dure que 2 heures 14? Enfin, l'ex-Palme d'or pourrait-il briguer un Léopard d'or? De tout cela, il sera question dès le 6 août. En attendant, on en parle partout. Des milliers de tweets, le quotidien américain «Variety» qui titre sur Kechiche, Locarno est devenu en une demi-journée la destination cinéma de l'été. «Vive la Suisse», pouvait-on même lire ici et là.
Abdellatif Kechiche, réalisateur notamment de «La vie d'Adèle». (Photo by Pascal GUYOT / AFP)
AFP
Et à côté de Kechiche, d'autres films attendus, tel le «Dracula» de Radu Jude, forcément mieux que la version de Besson, qui d'ici là sera sortie. Le premier film de Maureen Fazendeiro, «The Seasons», collaboratrice de Miguel Gomes. Le nouveau travail de l'expérimental Ben Rivers, «Mare's Nest». Ainsi que «Le lac», premier long-métrage de Fabrice Aragno, assistant de Godard ces dernières années. Les Romands au festival
En plus de Fabrice Aragno, qui a confié le rôle principal du «Lac» à Clotilde Courau, quelques cinéastes romands auront des choses à présenter. C'est le cas de Jean-Stéphane Bron, qui a réalisé la série RTS «The Deal», qui raconte le processus qui a mené à signer l'accord sur le nucléaire iranien. Une fois n'est pas coutume, Locarno la programme avant sa diffusion télévisée. Mais de Bron, on verra aussi «Le chantier», documentaire qui nous immerge dans le huis clos d'un chantier dédié à la construction de salles de cinéma. Des stars sur la Piazza
C'est toujours sur ce lieu emblématique et central qu'on rend hommage aux grands du cinéma. Leurs noms avaient été communiqués il y a quelques semaines déjà, mais rappelons que Jackie Chan recevra un Pardo à la carrière. L'actrice Emma Thompson, un Leopard Club Award. Le cinéaste Alexander Payne, un Léopard d'honneur. Et Lucy Liu, un Career Achievement Award. D'autres noms devraient encore être annoncés. Tout comme ceux du jury, qu'on ne connaîtra que le 15 juillet.
La programmation de la Piazza dédie de son côté trois soirées à de grands films cannois. Soit «La petite dernière» de Hafsia Herzi, «Sentimental Value» de Joachim Trier et la palme, «Un simple accident» de Jafar Panahi. Et en ouverture, un drame franco-arménien, «Le pays d'Arto», dans lequel une femme (Camille Cottin) arrive en Arménie afin de régulariser la mort d'Arto, son mari. Et découvre qu'il lui a menti, qu'il a fait la guerre, usurpé son identité, et que ses anciens amis le tiennent pour un déserteur. La rétrospective, un must
Elle forme toujours un festival dans le festival. Cette année, la rétrospective locarnaise s'intitule «Great Expectations: British Postwar Cinema 1945 – 1960» et rassemble un grand nombre de raretés du cinéma britannique. Nous aurons tout le loisir d'en reparler.
https://www.locarnofestival.ch/home.html
Autour du Festival de Locarno Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s'occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d'écrire sur d'autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien. Plus d'infos @PascalGavillet
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Accueil | Culture | Festivals | Marc Lavoine fête les 40 ans de son tube ce 31 juillet à l'Estivale d'Estavayer-le-Lac, en version électro-symphonique avec l'Orchestre de chambre fribourgeois. Interview. Julie Queloz Publié aujourd'hui à 15h51 Marc Lavoine fête les 40 ans de son tube aux «yeux revolver» avec une tournée symphonique, qui passe par Estavayer-le-lac, ce jeudi 31 juillet. AFP Un quart d'heure avant la répétition, basses, trombones et violons de l' Orchestre de chambre fribourgeois résonnent dans la salle de Fri-Son à Fribourg, mercredi soir. Quelques voix joyeuses fusent ici et là, un musicien sifflote «Sur le parking des anges». Puis, juste avant l'entrée de l'artiste, le ton se fait plus solennel. Le directeur, Philippe Bach, glisse une ultime recommandation: «Peu importe ce qu'il va se passer, l'important est que nous restions ensemble.» Entre alors Marc Lavoine : grand sourire, costard détendu, baskets blanches et casquette vissée, il prend le temps de saluer un à un les musiciens. «Ça va prendre du temps», s'exclame en riant de bon cœur une violoniste. Un café, un carré de chocolat, et la répétition commence. La synchronisation est immédiate, comme si le chanteur et les musiciens répétaient secrètement depuis des semaines. Côté orchestre, les notes fusent sans une once d'hésitation. Le chanteur évince d'un geste le pied de micro, trop encombrant, et vit littéralement chaque note. À la fin du premier morceau, il se retourne vers l'orchestre: «Waouh, c'est vraiment bien.» Les techniciens relâchent la pression, certains se laissent même aller à fredonner. Les nombreux défis que demande une telle collaboration semblent oubliés. Le rendez-vous est donné avec le public ce jeudi soir à 18 h, sur la Grande Scène de l'Estivale. Mais avant cela, Marc Lavoine – qui a sorti son dernier album en 2022 – s'est confié sur cette rencontre musicale hors du commun, et sur les 40 ans d'un titre désormais inscrit dans la légende de la chanson française: «Elle a les yeux revolver», attendu en point d'orgue du concert à l'affiche du festival d'Estavayer-le-Lac . Comment s'est déroulée cette rencontre avec l'Orchestre de chambre fribourgeois? C'était extraordinaire. Je les ai écoutés jouer l'introduction pendant que je me préparais, et c'était très bien fait. J'ai pu percevoir un son délicat, bien nuancé. Ils ont parfaitement compris mes chansons. J'ai vu comment ils jouaient sur certains titres: ils s'adaptent très vite aux morceaux, en intégrant ce mélange pop, électro et symphonique. J'étais juste heureux d'entendre le résultat. D'ailleurs, «Dis moi que l'amour» va être grandiose. Est-ce facile d'accorder votre voix avec un orchestre différent à chaque date de tournée? Il faut dire aussi que je ne suis pas tout seul, il y a une quarantaine de musiciens derrière moi. Également, toute mon équipe, qui me soutient beaucoup. Vous savez, un concert ça ne se fait pas seul. Tout le monde est accordé, et c'est rare de trouver ça. C'est quelque chose de précieux, je peux laisser se dérouler les choses et je sais que toute l'équipe gère. Par exemple, il nous est déjà arrivé d'avoir un ou deux problèmes avec les orchestres sur d'autres concerts. Si ça arrive, je sais que mon batteur remet immédiatement le rythme en place. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Pourquoi avoir voulu faire une tournée électro-symphonique? Mon manager m'a dit que ça faisait quarante ans que j'avais sorti «Elle a les yeux revolver». Il a suggéré un album symphonique pour marquer le coup. Je ne voyais pas vraiment l'intérêt… Mais j'y ai réfléchi. J'ai pensé à l'album de Deep Purple avec l'orchestre de Londres, de Eurythmics, qui avait fait des albums aussi symphoniques, ou Massive Attack. Soudain, ça m'a beaucoup parlé… J'ai sélectionné les chansons qui me semblaient importantes. Je voulais apporter quelque chose à chaque titre, sans détruire la version originale. Certains ont une dimension plus intimiste, d'autres tournent un peu plus techno. Je n'ai pas l'habitude d'écouter ce que je fais, je ne regarde pas mes films, n'écoute pas mes interviews, je reste en dehors de tout cela… C'était donc assez spécial pour moi. Finalement, c'est une idée géniale! Entre certains morceaux, vous lisez des extraits de textes. Pourquoi avoir choisi d'ajouter cette dimension parlée au concert? J'ai sélectionné des phrases d'une multitude de poètes: Rimbaud, Prévert, Aragon, … Je les ai mises les unes à côté des autres, pour qu'elles forment un texte. Quand je lis, je note les phrases qui sont fortes. Il y a des phrases qui vous marquent longtemps. Que ressentez-vous en vous disant que le titre «Les yeux revolver» a déjà 40 ans? À vrai dire, rien d'extravagant. Bien sûr, ça me fait plaisir que les gens me le rappellent tous les jours. Vous savez, la seule chose qui me préoccupe vraiment, c'est la réaction des gens. Ils m'intéressent et c'est pour cela que je fais ce métier. Mais je préfère ne pas m'encombrer: quand je crée un titre je ne pense pas à ce qu'il va m'apporter, mais à ce qu'il va raconter. J'aime plutôt apprécier les moments qu'il me fait vivre, comme aujourd'hui. Je suis venu à Fribourg, je découvre des artistes, j'écoute leur musique et la proposition qu'ils me font me plaît beaucoup. Ce sont des instants comme ceux-ci que je savoure particulièrement, plutôt que la gloire d'un titre. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Justement, comment est né ce titre? Sur un piano. À l'époque, je n'étais pas en très bons termes avec ma première épouse. Alors une nuit, j'étais sur mon piano, j'y ai écrit le texte et avant de m'endormir, je l'ai déposé sur le piano avec un mot adressé à mon compositeur: «Fais-en quelque chose de rock.» Le lendemain, je me suis réveillé en l'entendant pianoter cette musique, il n'avait pas lu ma note, car il la jouait très douce, mais ce qu'il faisait m'a plu. Sa façon de chanter, de poser les mains sur le piano… J'ai senti qu'il y avait quelque chose. Ensuite, tout le monde m'a déconseillé de la faire. Parce qu'en pleine époque disco, c'était très lent… Mais ils ne comprenaient pas ce que je voulais faire. C'était le même scénario pour «Parking des anges». Et quand les critiques ne sont pas très bonnes, c'est qu'on est dans la bonne direction. Qu'est-ce qui vous motive à chaque étape de votre tournée? J'aimerais que le public soit heureux. Qu'il écoute les chansons, qu'il chante avec moi s'il le souhaite. Vous savez, ce qu'on fait, c'est comme un parfum: ce n'est pas essentiel, mais c'est indispensable. Estavayer-le-Lac, jusqu'au 2 août. Infos: Bonnes idées, festivals, expos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Série sur Apple TV/Canal+: que vaut la saison 3 de «Foundation»?
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Série sur Apple TV/Canal+ – Foundation saison 3 En orbite depuis 2021, le classique d'Isaac Asimov poursuit sa route d'excellence dans la psychohistoire galactique sérielle. Apple TV, 10 x 45-69 min. Cécile Lecoultre Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk Superproduction lancée à l'automne 2021 par le géant Apple TV, «Foundation» poursuit son «bonhomme» de chemin sans trop se préoccuper des audiences. Là où la maison Disney use de savantes stratégies pour maintenir les fans à flot dans les cycles et les phases de l'univers cinématographique Marvel, son concurrent affiche une pleine confiance dans les fans d'Isaac Asimov. En troisième saison, quelques balises dans l'infini de la psychohistoire galactique auraient été précieuses pour séduire des néophytes. Au-delà, la force des romans originaux demeure, souveraine en matière de détails évocateurs qui fouettent les souvenirs. Ceux-là mêmes que les puissants maîtres de Trantor n'hésitent pas à éradiquer des cervelles humaines. Méthode et stratégie Ne digressons pas. L'adaptation proposée par David S. Goyer, la plus ambitieuse à ce jour, est annoncée sur 80 épisodes d'environ une heure. Les travaux progressent selon le credo de l'auteur, «un jeu d'échecs entre Hari Seldon et l'Empire avec des pions qui finissent par devenir rois et reines». Avec méthode et stratégie. Jusqu'ici, «Foundation» ne met pas mat, brille dans l'équilibre des mouvements spectaculaires, intimistes et galactiques. Au contraire de sagas du même niveau, «Game of Thrones» ou «Le Seigneur des anneaux», l'adaptation ne vise pas la diversification des plaisirs. La première saison démontrait la fragilité du facteur humain tout en reconnaissant la nécessité d'une espèce turbulente dans sa résilience. La dissidence menée par le visionnaire Hari Seldon et son élève surdouée Gaal était développée en deuxième saison avant que ces derniers n'échouent aux confins sur Terminus et y accumulent le savoir humain contre la barbarie. De son côté, sans trop se préoccuper d'une menace d'effondrement prévue dans trente millénaires, Cleon Ier gouverne l'Empire dans sa présence adulte – l'athlétique Lee Pace prête ses biceps à Frère au Grand Jour. Le souverain se désintéresse toujours plus de ses avatars, l'ancien Frère au Soir ou l'héritier, Frère à l'Aurore. Joutes mentales En troisième saison, ce champion de l'hédonisme s'ennuie à mort. Le show runner David S. Goyer le cueille en pagne au bord de son somptueux palais d'été. De quoi alléger le propos apocalyptique en plongeant dans des vices et turpitudes imaginatifs, de la zoologie des girafes à la saveur du sexe. Pendant ce temps, un ennemi de l'Empire développe des visées conquérantes. Le Mulet, doté d'un superpouvoir qui lui permet de contrôler la volonté des individus, vient jouer les perturbateurs entre la Fondation et l'Empire. D'où quelques joutes mentales intéressantes. Ayant pris d'assaut la petite planète Kalgan, le bougre bouscule l'échiquier. Autre combat psychique: celui mené par Demerzel, fascinante intelligence artificielle dans son armure d'apparence humaine. Seul robot à avoir échappé à l'extermination, maillon essentiel de la survie de l'Empire, la créature reste loyale à son programme, mais à quel prix? Enchâssé dans son torse, le radiant, cette structure qui contient l'équation mathématique de Hari Seldon et permet de voir le futur, la désigne comme une pièce maîtresse. Avec cette noble Demerzel qui se déplace en majesté au centre de ce volume, Isaac Asimov semble rappeler à notre bon souvenir son acuité sidérante dans un monde où l'IA se banalise désormais. Même équipés pour l'éternité, qu'il s'agisse de Cleon ou de Demerzel, les héros du jour comprennent que leurs aspirations personnelles sabotent le bien commun. Et menacent, dans un cycle vicieux, la raison même de leur existence. Décidément, l'écrivain, magistral dans tous les compartiments de la fantasy, subjugue encore – «Foundation» a été entamé au début des années 50. Asimov démontre la fatalité des enchaînements politiques, creuse la nature sophistiquée de l'identité, des religions, de l'amour même, s'intéresse au libre arbitre et à la fatalité. Et si «Foundation» se prend parfois très au sérieux et décourage toute lecture superficielle, comment en vouloir à une entreprise en adhésion totale avec son auteur original? Notre note: 4,5 étoiles Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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