
« On dirait les fêtes de Pampelune, mais avec du jaune » : à Lille, une journée de liesse avant le grand départ du Tour de France
Valenciennes, jeudi matin. Devant l'hôtel des UAE Emirates, un gamin de 3 ans pousse sa draisienne customisée d'un autocollant arc-en-ciel. Lui et ses parents vivent dans un appartement avec vue sur l'entrée de l'hôtel, et depuis la veille, ils surveillent les entrées et sorties de Tadej Pogacar, avec l'espoir de l'approcher.
En milieu de matinée, voilà le champion du monde qui apparaît, accompagné de ses coéquipiers. C'est l'heure de la sortie à vélo du jour. Le Slovène salue le gamin et sa famille, puis prend la route. Les motos des photographes l'accompagnent, mais il les sème un instant en empruntant une piste cyclable.
Pour lui comme pour les autres coureurs du Tour, cette avant-veille de départ va être une longue journée partagée entre léger entraînement et obligations diverses. Pour certaines équipes, elle a commencé par le contrôle antidopage d'avant-Tour. Une « tradition » qui a notamment légèrement perturbé le planning de l'équipe TotalÉnergies, obligée d'attendre que sa voisine d'hôtel, Bahrain-Victorious, ait fini de satisfaire aux demandes des médecins-préleveurs.
Au point-presse, décalé d'un quart d'heure, Alexandre Delettre, qui va connaître son premier Tour à 28 ans, parle d'« étoiles dans les yeux » mais aussi de son envie « d'être acteur. » Il anticipe sur les heures à venir : la parade dans Lille pour commencer à s'imprégner de l'ambiance, un vendredi « plus tranquille » pour stocker de l'énergie, et « après, va falloir serrer les chaussures et aller de l'avant », s'amuse-t-il. À 10 h 50, pendant que Jonas Vingegaard teste sa machine de contre-la-montre devant les appareils des photographes, les coureurs de TotalÉnergies s'en vont étrenner leur vélo tout neuf et reconnaître les derniers kilomètres de la première étape.
Clameur pour Pogacar, Alaphilippe, Evenepoel et Van Aert
Cinq heures plus tard, dans le centre de Lille. La présentation des coureurs est prévue en fin d'après-midi, mais déjà des dizaines de passionnés se massent autour de l'Opéra de Lille, derrière les barrières posées pour tracer le chemin de la parade. Ils ont bien fait d'être en avance. Car pendant plus de deux heures, ils vont voir passer sous leurs yeux tous les coureurs, venus là pour la séance photo officielle du Tour.
Quand Pogacar apparaît, peu avant 17 heures, une clameur monte. En jogging, alors que tous les autres étaient en tenue de cycliste, le triple vainqueur du Tour s'arrête pour signer quelques autographes et prendre des selfies. Même chose, peu après, pour Jonas Vingegaard. Lunettes de soleil sur les yeux, dégaine de star de cinéma, Wout Van Aert salue lui la foule en la regardant, mais ne voit pas la grille devant lui : premier contact du Tour, sans conséquence.
À 18 h 36, après une conférence de presse des têtes d'affiche qui a réuni plus de journalistes autour de Pogacar que des autres, la présentation officielle démarre. La Grand'Place est bondée, et un sponsor a habilement distribué casquettes et tee-shirts pour mettre la foule aux couleurs du Tour. « On dirait les fêtes de Pampelune, mais avec du jaune partout plutôt que du blanc », s'amuse Damien, un Lillois habitué des ferias. Après les locaux de Cofidis, tous les engagés empruntent la petite rampe pour monter sur scène, mais ce premier « mur » du Tour n'empêche pas certains de sortir leur téléphone pour immortaliser cet instant festif.
Joyeuse, bon enfant, la cérémonie vire à parfois à la foire aux bidons, qui volent des coureurs vers le public. Les Ineos Grenadiers débarquent et devant l'énorme place prise sur le maillot par son nouveau sponsor temporaire, TotalÉnergies, on repense à la surprise d'un coureur de l'équipe... TotalÉnergie en découvrant cette tunique le matin même : « non, ce n'est pas le maillot d'Ineos ça. Si ? On sera seize dans l'équipe ! »
Julian Alaphilippe est ovationné, comme Remco Evenepoel et Wout Van Aert, signe que le trafic routier entre la Belgique et Lille a été intense jeudi.
Quand les UAE montent sur scène, en derniers, le facétieux Tadej Pogacar apparaît avec un large chapeau aux couleurs du Tour sur la tête, qu'il enlève rapidement et balance dans la foule. « Bonjour, comment allez-vous ? », « vive la France, vive le Tour », et « Pogi » quitte la scène.
Malgré le temps frisquet à l'ombre, il passera encore une demi-heure à répondre aux questions des journalistes en zone mixte, avant de reprendre la route vers Valenciennes. Un gamin avec une draisienne couleurs arc-en-ciel l'attendait peut-être, posté à la fenêtre de son appartement.
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