Les coureurs français racontent comment ils n'ont pas réussi à prendre l'échappée
À l'ombre du bus de Décathlon-AG2R, Clément Berthet délasse ses jambes en roulant des grands yeux. « Y a toujours deux ou trois étapes comme ça », lâche-t-il avant de filer à la douche. « Une étape comme ça ? » Quand il redescend du bus, Berthet sourit : « une étape où ça met plus de deux heures à partir pour l'échappée, où tu lâches beaucoup, beaucoup de cartouches. » Lui a pris un éclat dès « le premier raidard », la côte de la Rançonnière (2,2 km à 7,9 %), montée au rythme des attaques de Ben Healy et Alex Baudin, après une première heure parcourue à 49,5 km/h. « Ç'a bien explosé. J'étais même dans un petit groupe juste derrière. C'était le pont critique de la course, et après ça n'a pas débranché. En plus c'est une spirale négative, parce que comme tu n'es pas bien placé, tu prends des coups d'élastique... »
Dans La Rançonnière, juste après laquelle l'attaque du jour s'est dessinée, le chantier était colossal sur la route du Tour. Warren Barguil sourit : « C'était encore plus intense pour moi parce que je devais rester avec Oscar (Onley, son leader chez Picnic-Post NL). Autant dire que j'ai fait pas loin d'un record de watts pour le suivre, alors que tous les coureurs qui lâchaient s'écartaient dans la montée. »
« Je réagis un tout petit temps trop tard, c'est vingt secondes de perdues et ce sont les vingt secondes qui manquent »
Guillaume Martin-Guyonnet
Le sommet passé, Guillaume Martin-Guyonnet était lui au contact des meilleurs, dans un groupe d'une trentaine de costauds. Le coup décisif est parti sous son nez. « Je réagis un tout petit temps trop tard, raconte-t-il. Je suis un tout petit peu enfermé, j'essaie de passer par la gauche alors qu'il aurait fallu passer par la droite. C'est vingt secondes de perdues, et ce sont les vingt secondes qui manquent pour être devant. » Après cinq kilomètres de chasse-patate où il s'est approché à neuf secondes du groupe mené par Ben Healy et Mathieu Van der Poel, le leader de la Groupama-FDJ a été repris par le peloton des favoris, où Tadej Pogacar venait de réagir à une attaque de Matteo Jorgensen, ce qui n'a pas aidé à faire baisser l'intensité. « Je n'ai pas été assez fort, ou malin, ou les deux, sourit le 8e du Tour 2021. Après, on est 180 au départ, c'est pas toujours évident, je vais pas ressasser toute la soirée et toute la nuit. »
Comme les hommes de Marc Madiot avaient pour consigner « d'essayer d'y aller un par un », Valentin Madouas et Quentin Pacher ont tenté de rattraper ces hommes de devant qu'ils avaient en ligne de mire. Dans la voiture de TotalEnergies, on a grondé : « on réhausse un peu le niveau d'engagement, il faut pas la louper aujourd'hui », alors Matthieu Burgaudeau a tout donné pendant trois bornes. Mais les échappés ne l'ont pas laissé combler les vingt secondes d'écart, et le peloton a attendu de l'avoir repris pour stopper sa poursuite. Après 75 km et 1 h 30, le rideau de la bataille pour l'échappée du jour venait de se refermer juste devant lui. À l'arrivée, « trop dégoûté » selon un membre de son équipe, Burgaudeau est allé s'isoler dans le bus.
La Rançonnière et ses alentours ont fait mal. Guillaume Martin-Guyonnet était là dans sa Normandie. Il sourit : « j'ai plus le temps de la savourer à l'entraînement qu'aujourd'hui. »
À lire aussi
Van der Poel, le jaune au coeur
Chez Martin-Guyonnet en Normandie
Armirail, la perf de sa vie
Le coup de massue de Pogacar
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


L'Équipe
an hour ago
- L'Équipe
Le parquet espagnol requiert deux ans et demi de prison contre Raul Asencio
Deux ans et demi de prison ont été requis contre Raul Asencio. Le défenseur central espagnol et trois anciens joueurs du Real Madrid sont accusés d'avoir diffusé un enregistrement vidéo à caractère sexuel impliquant une mineure. Le parquet espagnol a requis deux ans et demi de prison contre Raul Asencio, rapporte la Cadena Ser. Le ministère public attribue au défenseur du Real Madrid deux délits contre l'intimité des deux jeunes filles qui avaient eu relations sexuelles avec trois anciens équipiers de l'Espagnol de 22 ans. Ses ex-partenaires, Andrés García, Ferrán Ruiz et Juan Rodríguez, eux, risquent quatre ans et sept mois de prison pour diffusion de contenu pédopornographique. Les trois joueurs sont accusés d'avoir filmé et diffusé à des tiers leurs relations sexuelles avec les deux jeunes femmes sans leur consentement. Alors que l'une était âgée de 18 ans, la plus jeune des deux femmes était mineure. Au moment des faits, elle n'avait que 16 ans. Asencio, lui, n'aurait pas participé à ces relations sexuelles, mais aurait réclamé la vidéo pour la montrer à un ami. Le procureur considère que son comportement ne peut rester impuni, bien que la sanction pénale ne puisse être équivalente à celle des trois autres accusés.


L'Équipe
an hour ago
- L'Équipe
Un titre aux Championnats de France sur 3000 m steeple et une douleur au mollet pour Alice Finot
La recordwoman d'Europe Alice Finot a décroché son cinquième titre national sur 3 000 m steeple dans la douleur ce vendredi soir à Talence. C'est assurément le titre national le plus compliqué de la carrière d'Alice Finot. Habituée à régner en maîtresse sur le 3 000 m steeple depuis son éclosion au plus haut niveau en 2020, la Française de 34 ans est passée tout près de la défaite ce vendredi soir lors de la première journée des Championnats de France de Talence (Gironde). Dans une saison où elle a changé d'entraîneur en travaillant dorénavant avec Philippe Dupont, la recordwoman d'Europe et 4e des derniers Jeux de Paris, ne devait pas s'attendre à voir autant de résistance. Évidemment, Flavie Renouard n'est pas n'importe qui. Elle était aux Europe et aux JO l'année dernière, mais les deux ne courent habituellement pas dans la même cour. À Finot les spotlights et à Renouard la dureté des pelotons. Mais ce vendredi, quand à trois tours de la ligne, Finot était encore aux fesses de la Normande, on commença à se demander ce qu'il se passait. Habituée à accélérer progressivement sur les derniers tours, la championne d'Europe restait derrière, ne prenant le lead qu'à 500 m du but mais sans faire la différence. Chaque passage sur les obstacles était du temps redonné à son adversaire et c'est finalement au terme d'un sprint enlevé qu'elle s'imposait d'un souffle (9'33''16 contre 9'33''28). Yann Schrub surprend Jimmy Gressier au sprint et s'offre le 5000 m des Championnats de France Seulement, dès la ligne franchie, l'athlète du CA Montreuil 93 s'asseyait par terre et se massait le mollet droit avant de rejoindre la zone mixte en boitillant pour confirmer que le corps tirait. « J'ai eu une contracture dans la semaine qui était passée, expliquait-elle. Mais à trois rivières de la fin ça s'est réveillé et derrière je n'osais plus trop pousser sur ma jambe (droite). J'étais dans la gestion de l'appui. J'ai essayé de courir le moins vite possible tout en essayant de gagner. » « Je pense que c'est une contracture profonde. La course est faite, je fais les soins et ça va aller. J'ai la gagne. J'avais envie de me faire plaisir mais j'ai été bridée par rapport à ça » Alice Finot à propos de sa blessure vendredi Évidemment parmi les outsiders pour un podium mondial à Tokyo (13-21 septembre) à la vue de sa saison 2024, la Française voulait rester positive même si elle semblait tout de même avoir une bonne gêne. « À chaud ça va, je vais voir après, avouait celle qui compte dorénavant 5 titres nationaux sur le steeple. Je pense que c'est une contracture profonde. La course est faite, je fais les soins et ça va aller. J'ai la gagne. J'avais envie de me faire plaisir mais j'ai été bridée par rapport à ça. De toute façon c'est une année compliquée (meilleur temps pour l'heure en 9'09''84 loin de son record d'Europe en 8'58''67). Il y a eu pas mal de changements. je suis dans une phase de transition. J'apprends plein de choses. » Redescendue de Font Romeu pour les France, Finot va y remonter dès ce week-end pour reprendre sa préparation - si tout va bien avec le mollet - avec en vue le meeting de Lausanne (20 août), avant probablement la finale de la Ligue de diamant (Zurich, 27-28 août) et évidemment les Mondiaux de Tokyo. « Là, c'est all in ! » Le podium et les minima ou la retraite : les derniers obstacles de Pascal Martinot-Lagarde

L'Équipe
an hour ago
- L'Équipe
Encore un duel de toute beauté entre Yann Schrub et Jimmy Gressier : le demi-fond français a vraiment de la gueule
Bête de championnat, Yann Schrub s'est imposé vendredi soir au sprint sur le 5 000 m des Championnats de France Élite de Talence devant Jimmy Gressier, son meilleur ennemi. Dans un monde où la course à pied est devenue cool, ils sont les meilleurs ambassadeurs du vrai athlétisme, celui qui brûle les poumons, les jambes avant de finir sur Instagram, et pas l'inverse. Quand vous avez des Jimmy Gressier et Yann Schrub au départ, vous savez qu'il va forcément se passer quelque chose. Les marathoniens du dimanche ne le voient pas encore beaucoup car la planète entière peut courir et ça reste bien plus compliqué d'être le premier sur le tartan qu'ailleurs. Mais cette génération pousse fort pour ça et le 5 000 m de Talence est la preuve que tout ce petit monde grandit bien. Avec trois poulains - Gressier, Schrub et Daguinos - ayant déjà coché les minima pour Tokyo (12'56''83) ça ne pouvait que bombarder d'autant plus que Romain Legendre, pas le moins fou du groupe, avait aussi envie de venir jouer pour sa première sortie de l'été après une blessure. Gressier-Schrub, figures de proue du demi-fond français On se retrouvait donc avec un petit groupe de fous du volant dès les premiers mètres avec un Gressier qui appuyait une première fois sur l'accélérateur après 1 000 m. Le Boulonnais mettait le limiteur de vitesse à 1'00 au tour pendant 800 m, histoire de rappeler à tout le monde que c'est lui le chauffard en chef (tout frais recordman de France en 12'51''59). Mais évidemment, quand on sait qu'on peut se faire contrer, on retient tout de même ses coups. Le public nombreux et connaisseur de Talence eut donc le droit à une course « à la kényane » avec du vite-lent-vite. « C'était une course tactique, les courses que j'aime (...) Mon plan était d'attaquer au dernier tour. Il s'est passé plein de choses. Je suis content pour moi et content pour l'athlé » Yann Schrub, champion de France du 5 000 m vendredi à Talence Avec « des sensations rarement ressenties », Gressier semblait le plus fort au train mais à la cloche ils étaient encore trois à pouvoir décrocher le gros lot. « Je me suis inspiré un peu du Tour de France, souriait Gressier. Je savais que Yann avait un gros finish. Je voulais un peu l'émousser car c'est un peu mon point faible. Mais quand on arrive dans un dernier 400 m avec lui, c'est compliqué. » À la cloche, comme il l'avait prévu, Schrub, champion d'Europe du 10 km, mettait alors une boîte progressive, que seul le champion d'Europe du semi-marathon pouvait suivre. Aux coudes à coudes dans le dernier virage, c'est finalement celui qui boucle cette année son cycle de médecine qui levait les bras, remportant l'étape girondine (13'31''15 contre 13'31''29) et une 26e médaille nationale (toutes catégories confondues). « C'était une course tactique, les courses que j'aime, souriait Schrub en zone mixte, après son deuxième titre de suite sur la distance après celui d'Angers l'année dernière. On a le temps de voir venir les choses et il faut à minimum faire travailler son cerveau, c'est ce que j'aime. Mon plan était d'attaquer au dernier tour. Il s'est passé plein de choses. Je suis content pour moi et content pour l'athlé. » Beau joueur, comme toujours, Gressier reconnaissait la défaite du soir, sans en faire un drame. « Ça serait un coup au moral si j'étais largement le plus fort, lâchait-il. Yann a le même niveau que moi. Il faut voir son palmarès. C'était une bataille d'homme à homme, j'ai perdu la bataille mais pas la guerre. » Où et quand suivre les Championnats de France ?