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Des dizaines de millions pour prévenir les inondations dorment à Ottawa

Des dizaines de millions pour prévenir les inondations dorment à Ottawa

La Presse18-07-2025
Des dizaines de millions pour prévenir les inondations dorment à Ottawa
Ça ne s'invente pas : alors qu'on se remet des inondations de dimanche dernier, des dizaines de millions de dollars disponibles pour faire de l'adaptation climatique dorment dans les coffres du gouvernement fédéral, a appris La Presse.
Ce programme fédéral d'adaptation climatique permet entre autres aux citoyens de financer des travaux pour protéger leur maison contre les inondations.
Ottawa aimerait distribuer ces 25-30 millions au Québec. Si cet argent dort à Ottawa, c'est parce que Québec ne permet pas aux villes québécoises de le réclamer.
C'est décourageant.
L'argent de ce programme fédéral (Financement de l'efficacité communautaire, ou FEC) est dépensé partout au pays, sauf au Québec. Parce qu'une loi québécoise empêche en pratique les villes de participer à ce programme fédéral.
Ce programme FEC fait des prêts à très faible intérêt (de 1 % à 3 %, plutôt que 10 % pour une banque) aux citoyens pour qu'ils fassent des rénos pour consommer moins d'énergie ou adapter leur maison au climat. Ottawa a réservé 300 millions de dollars sur six ans pour ce programme. Ottawa prête l'argent à la Ville, qui fait le prêt au citoyen et se rembourse sur plusieurs années à travers les taxes foncières. C'est une formule simple et gagnante pour le monde.
Ce programme est presque terminé. Ottawa a distribué 268 millions sur 300 millions, à peu près exclusivement à l'extérieur du Québec. Des 268 millions, le fédéral n'a distribué que 540 000 $ au Québec parce que les villes québécoises n'ont pas le droit de faire ce type de prêts via les taxes foncières en vertu de la loi, au contraire du reste du pays.
« Sans la participation des municipalités, ça a été très difficile [de distribuer de l'argent au Québec] », dit Chris Boivin, directeur principal du développement de la Fédération canadienne des municipalités, qui gère le programme fédéral.
Il reste 25-30 millions dans la caisse, et Ottawa aimerait les distribuer entièrement au Québec. Mais il faudrait que Québec change sa loi.
La Ville de Montréal aimerait que les Québécois puissent en bénéficier. Après tout, il s'agit de leurs impôts. « Ça doit être une priorité qu'il y ait de l'argent aux citoyens pour rendre leurs bâtiments résilients aux changements climatiques », dit Maja Vodanovic, responsable de l'eau au comité exécutif de la Ville de Montréal.
PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE
Des pluies diluviennes s'étaient abattues sur Montréal lors du passage de la tempête Debby en 2024, causant des milliards en dommages.
Un organisme sans but lucratif, Éco-Habitation, est même prêt à gérer ce type de programme « demain matin », me dit Mathieu Gillet, responsable du développement d'Éco-Habitation.
Éco-Habitation a déjà un programme tout prêt, JeRénovÉco. Présentement, l'organisme fait de l'accompagnement, mais pas de financement. Avec les millions à Ottawa, Éco-Habitation pourrait offrir une solution clés en main en collaboration avec des villes.
Donc si quelqu'un allume au gouvernement Legault, il y a 25-30 millions de notre argent qui dort à Ottawa.
Pour être plus précis, Ottawa finance actuellement deux programmes pour l'adaptation climatique.
Il y a le FEC, dont on vient de vous parler et qui tire à sa fin.
Et en 2024, Ottawa a lancé un deuxième programme (le Leadership local pour l'adaptation climatique), essentiellement pour aider les villes à construire des infrastructures publiques d'adaptation climatique (p. ex. : des parcs éponges). Ottawa y investira 530 millions sur sept ans.
La première année, Ottawa a distribué 30 millions, dont seulement 0,5 million au Québec. Ottawa et Québec n'ont pas conclu d'entente pour distribuer les fonds.
Sans entente, les municipalités québécoises ne peuvent pas soumettre de demande directement à Ottawa, pour des questions de juridiction. Traditionnellement, Québec préfère qu'Ottawa lui transfère les fonds pour que Québec les gère lui-même.
Ottawa aimerait distribuer ces 530 millions dans les provinces au prorata de leur population. Le Québec représente 22 % de la population canadienne ; 22 % de 530 millions, c'est 116 millions d'ici 2031.
« On est en discussion [avec Ottawa]. Ça avance bien. Comme toujours, notre priorité est que le Québec reçoive sa juste part », indique par courriel le cabinet de la ministre des Affaires municipales du Québec, Andrée Laforest. La Fédération canadienne des municipalités confirme que les discussions avancent bien. C'est donc un peu plus positif dans ce dossier. Mais pendant qu'on négocie, la crise climatique n'attend pas.
Que doit-on faire comme société pour se protéger contre les inondations, qui risquent d'être de plus en plus récurrentes en raison des changements climatiques ?
À l'aube de la campagne électorale municipale à Montréal, on a eu droit à deux solutions très différentes après les inondations de dimanche.
L'administration de Valérie Plante veut remplacer « le plus vite possible » les égouts vieillissants dans les secteurs prioritaires, mais mise avant tout sur les installations éponges (p. ex. : parcs éponges, trottoirs végétalisés) pour retenir davantage d'eau en surface1. « On va investir l'argent là où c'est le plus payant [en matière de résultats] pour les citoyens, avec des critères basés sur la science », dit Maja Vodanovic.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, ARCHIVES LA PRESSE
La rivière asséchée au parc Pierre-Dansereau, dans Outremont, a été conçue pour recueillir un maximum d'eau lors de périodes de fortes pluies.
Dans l'opposition, la cheffe d'Ensemble Montréal, Soraya Martinez Ferrada, veut plutôt « doubler la capacité des collecteurs » des égouts. « Un parc éponge, ça ne va pas régler le problème qu'on voit avec les pluies d'hier. Il faut doubler la capacité des collecteurs », dit-elle1.
La solution de Mme Martinez Ferrada, qui coûterait des milliards de dollars, est simple à première vue. Mais elle ne tient pas la route.
« C'est une impression légitime de penser que c'est une solution, mais il ne faut pas faire ça », dit Jean-Luc Martel, professeur à l'École de technologie supérieure et expert de la gestion des eaux.
Ça va coûter une fortune, ça va prendre des décennies, et ça ne réglera pas le problème.
Jean-Luc Martel, professeur à l'École de technologie supérieure et expert de la gestion des eaux
Actuellement, le réseau d'égouts à Montréal peut généralement accueillir jusqu'à 35 mm de pluie à l'heure. Dimanche, il y a eu 105 mm de pluie en une heure.
En 2017, la Ville de Montréal a investi 365 millions dans les infrastructures d'eau. En 2025, elle a investi 599 millions. Québec et Ottawa financent environ 35 % de ces travaux.
Le professeur Jean-Luc Martel estime que la Ville de Montréal a la bonne approche avec ses installations éponges, qui retiennent le plus d'eau de pluie en surface, pour en envoyer le moins possible dans les égouts.
Mais il y a encore énormément de travail à faire pour tous les ordres de gouvernement en matière d'adaptation climatique.
« On va se dire les vraies affaires : il n'y aura jamais de risque zéro, dit le professeur Jean-Luc Martel. On est vulnérable à des pluies extrêmes, et on ne peut pas changer ça du jour au lendemain. C'est un problème de longue haleine qui va prendre des années, voire des décennies à régler. Mais on peut améliorer la situation. »
1. Lisez l'article « Pluies torrentielles sur Montréal : encore plusieurs années avant de pouvoir remplacer tous les égouts »
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