
«Ces filles ne bronzent pas, elles brûlent»: une dermatologue alerte sur la tendance TikTok des burn lines
En 2025, une peau légèrement hâlée ne suffit plus pour témoigner d'avoir passé de bonnes vacances. Sur TikTok, derrière le hashtag #sunburnttanlines, des vidéos accumulant plus de 150 millions de vues mettent en scène des jeunes femmes exposant leurs coups de soleil pour mieux faire ressortir les lignes nettes de leur maillot. On les appelle «burn lines» ou «tan lines» (marques de brûlure ou de bronzage, en anglais). Cette forme radicale de bronzage, qui découle d'une exposition au soleil volontairement non protégée, vient tout droit d'Australie et repose sur un principe simple : s'exposer sans crème solaire donc, aux heures où l'ensoleillement est le plus fort (entre 11 heures et 15 heures), parfois enduite de produits bronzants pour forcer la peau à rougir. De quoi faire hurler les dermatologues.
À lire aussi Bronzer sans taches, sans rides et sans danger : tout pour hâler bien
L'obsession de la marque
Dans leurs vidéos, les influenceuses évoquent leur routine de bronzage comme une démarche beauté à part entière. Certaines conseillent même d'appliquer des huiles végétales (carotte ou olive) avant d'aller bronzer, d'autres filment leurs rougeurs comme preuve d'un «bronzage en transition». Une utilisatrice montre même ses cloques avec fierté, tandis qu'une autre compare ses brûlures à un tatouage naturel. «Qu'elle soit rouge ou brune, une marque est une marque !», s'enthousiasme-t-elle.
Publicité
Une pratique hautement risquée
Mais sous l'esthétique apparente se cache une réalité implacable : un coup de soleil peut avoir des conséquences durables. Comme l'explique le Pr Anne Dompmartin, dermatologue et cheffe de service de dermatologie-vénérologie au CHU de Caen, «ces jeunes femmes ne bronzent pas, elles brûlent». «Ces brûlures provoquent une douleur immédiate, puis un décollement de la peau, détaille la dermatologue. Dans les cas les plus sévères, des cloques peuvent même apparaître. Puis, quand cela cicatrise, cela donne des petites taches brunes qu'on appelle familièrement des 'taches du cimetière' et qu'on garde toute la vie».
Les risques peuvent être bien plus graves. «Plus la peau est claire, plus on a des risques à long terme de mélanomes et de carcinomes, prévient la dermatologue. Les UV ont un effet sur l'ADN des cellules, qui, lorsqu'il est affecté, peut entraîner secondairement des cancers. Chaque coup de soleil augmente ce risque».
Selon Santé Publique France, plus de 85 % des cancers de la peau sont liés à une exposition excessive aux UV. Le mélanome, la forme la plus grave, touche 10% des cas. Et les coups de soleil à l'adolescence sont considérés comme un facteur de risque majeur. «Plus la peau est exposée tôt sur un épiderme en développement, plus elle vieillit prématurément et plus le risque de développer un cancer cutané plus tard augmente», signale le Pr Anne Dompmartin.
Et toutes les peaux ne réagissent pas de la même façon. «Souvent, ces jeunes filles ont la peau très claire, sans mélanocytes (les cellules de la peau chargées de produire la mélanine, le pigment responsable du bronzage, NDLR). Comme elles ne bronzent pas, elles ne bénéficient pas de cette barrière naturelle contre les UV et leur peau brûle systématiquement si elle n'est pas protégée», précise la médecin.
Des croyances tenaces
Le problème ne date pas d'hier. Dans les années 1920 déjà, Coco Chanel revenait bronzée de la Côte d'Azur et lançait, avec l'aide des magazines de mode, l'idée que la peau hâlée était désirable, un symbole de luxe. Depuis, d'autres médias et désormais les réseaux sociaux n'ont cessé de célébrer cette carnation estivale, au détriment de la prévention.
Publicité
À cela s'ajoutent les fausses croyances autour du bronzage. Nombre de jeunes filles espèrent qu'un coup de soleil fort les aidera à bronzer plus intensément ensuite. Une fausse idée, tranche la dermatologue. De même que l'utilisation des huiles végétales (carotte, monoï, olive) n'accélère pas le processus de bronzage. «C'est complètement stupide, dénonce le Pr Anne Dompmartin. Ces huiles ont un effet loupe. Elles vont donc concentrer davantage les UV et augmenter le risque de brûlure».
Au-delà des risques dermatologiques, cette tendance interroge sur les motivations de ces jeunes. «Ce qui m'inquiète le plus, c'est l'idée d'avoir envie de se faire mal», s'alarme la dermatologue. Celle-ci y voit le reflet d'une génération en quête d'extraordinaire «parce qu'elle vit dans un monde trop confortable».
Comment bronzer sans danger
Face à ces pratiques dangereuses, la spécialiste rappelle les règles d'or d'une exposition solaire raisonnée : s'exposer progressivement, appliquer une crème SPF50+ toutes les deux à trois heures, la renouveler après une baignade, rester à l'ombre ou porter des vêtements couvrants aux heures les plus chaudes. «Un bronzage, ça prend du temps, conclut le Pr Anne Dompmartin. Le problème, c'est la brutalité».
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Figaro
10 hours ago
- Le Figaro
Les oiseaux tropicaux victimes des chaleurs extrêmes, selon une étude
Les oiseaux dans les tropiques seraient désormais confrontés à 30 journées de chaleur extrême par an en moyenne contre seulement 3 durant la période 1940-1970. Préserver les forêts ne suffira pas: les populations d'oiseaux tropicaux ont fortement reculé en raison des chaleurs extrêmes liées au changement climatique, selon une étude publiée lundi dans la revue Nature Ecology & Evolution. L'intensification des chaleurs extrêmes «a causé une réduction de 25-38%» des populations d'oiseaux tropicaux entre 1950 et 2020, par rapport à une situation où il n'y aurait pas eu de changement climatique, concluent ces scientifiques basés en Europe et en Australie. Publicité 30 journées de chaleur extrême par an en moyenne «Les conclusions sont assez sévères», commente pour l'AFP l'auteur principal de l'étude, Maximilian Kotz, du Centre national de supercalculateurs de Barcelone et de l'Institut de recherche sur le climat de Potsdam (PIK). Il note que les oiseaux dans les tropiques sont désormais confrontés à 30 journées de chaleur extrême par an en moyenne contre seulement 3 durant la période 1940-1970. Le changement climatique d'origine humaine rend les vagues de chaleur plus fortes et plus probables dans le monde, estime la communauté scientifique. «Cela a des conséquences très importantes sur la manière dont on pense la conservation de la biodiversité: protéger les habitats immaculés est crucial, mais sans s'attaquer au changement climatique, ce ne sera pas suffisant pour les oiseaux», souligne-t-il. «Il est complexe d'atténuer le changement climatique et les pertes de biodiversité» «Cette étude souligne à quel point il est complexe d'atténuer le changement climatique et les pertes de biodiversité», a souligné auprès de l'AFP Aimee Van Tatenhove, du laboratoire d'ornithologie de l'université américaine de Cornell, «surprise» de l'ampleur des chiffres annoncés. «C'est un rappel important du fait que nous devons continuer à examiner les différentes causes des déclins de population et appliquer ces conclusions à des initiatives de conservation», a dit la chercheuse qui n'a pas participé à l'étude. Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé des données d'observation de plus de 3.000 populations d'oiseaux à travers le monde et utilisé des modélisations statistiques pour isoler les effets des climats extrêmes des autres facteurs. Près de la moitié des espèces d'oiseaux se trouvent dans les régions tropicales riches en biodiversité. Ces animaux aux plumages colorés rendent aussi des services indispensables aux écosystèmes, par exemple en dispersant les graines des plantes. Mais ceux qui vivent dans ces régions pourraient bien être déjà «proches des limites» de tolérance aux températures élevées, susceptibles d'occasionner des coups de chaleur (hyperthermie) ou une déshydratation, soulignent les auteurs. Publicité Ils ne fournissent pas de chiffre par espèce d'oiseaux mais citent par exemple une étude antérieure, qui a documenté le déclin de certaines d'entre elles dans une forêt du Panama: le porte-éventail roi et sa huppe rouge, le martin-pêcheur bicolore ou encore le trogon aurore. Une étude publiée en 2017 avait montré aussi comment certains colibris tropicaux étaient désormais obligés de chercher de l'ombre pour réguler leur température face aux chaleurs extrêmes, alors qu'ils devraient surtout chercher du nectar indispensable à leur survie. La chaleur extrême comme menace principale Les épisodes de chaleur extrême, dont la fréquence augmente, représentent donc la menace principale, plus que l'augmentation moyenne des températures ou des précipitations, autres aspects du changement climatique d'origine humaine, note l'étude. Le déclin des populations d'oiseaux dans le monde est aussi lié à d'autres facteurs déjà mis en évidence dans de nombreuses études scientifiques, comme les espèces invasives, la perte d'habitat sous l'effet de la déforestation pour l'agriculture intensive, l'utilisation des pesticides ou la chasse. Mais les conclusions de l'étude «remettent en cause la vision selon laquelle les pressions humaines directes ont été jusqu'à présent la cause dominante des impacts négatifs sur les populations d'oiseaux, plutôt que le changement climatique, dans les régions tropicales», insistent les auteurs. «La déforestation a un impact évident», tandis qu'il est «plus difficile de voir les effets immédiats des températures extrêmes», qui requièrent l'analyse de jeux de données sur le long terme, explique Aimee Van Tatenhove. Mais tous ces phénomènes méritent d'être compris, souligne la spécialiste: «pourquoi se concentrer sur un seul facteur alors qu'ils sont nombreux à conduire les espèces à l'extinction?»


Le Figaro
12 hours ago
- Le Figaro
La méthode 53 : cette technique qui permet de sculpter le visage pour masquer un double menton
Sur les réseaux sociaux, pourquoi certaines femmes se dessinent ce chiffre sur les joues. À la clé, un visage sculpté. Et l'illusion d'un double menton gommé. C'est l'un des complexes les plus fréquents : le double menton. Et pas facile d'en venir à bout. Sur TikTok, certaines ont trouvé le moyen de tricher avec le maquillage pour sculpter leur visage et redessiner les volumes. Et pour cela, il y aurait un nombre à connaître : 53. En effet, sur les différents tutoriels vidéos (certains cumulant plus de 300.000 vues), on voit les créatrices de contenu se dessiner ce nombre gagnant sur chaque joue. Baptisée la méthode 53, cette astuce maquillage permet en effet de donner l'illusion d'un visage plus affiné. Et ce, uniquement avec un anticernes et un stick de teint bronzeur. Publicité Une technique de contouring qui consiste à tracer avec un anticernes donc, un 5 du côté de l'arête du nez, en commençant sous l'œil. Puis un 3 avec un bronzeur du côté des tempes. Le tout se terminant sur la fameuse jaw-line. Il suffit ensuite d'estomper la matière et le résultat est là. Grâce à une illusion d'optique, les joues sont creusées et le menton affiné. De quoi assurer le succès de cette méthode non-invasive.


Le Parisien
a day ago
- Le Parisien
« Tan lines », « sun tattoos » : l'art de bronzer idiot
Sur les réseaux sociaux, c'est l'une des tendances de l'été — dites plutôt une « trend », pour avoir l'air dans le coup. Exhiber fièrement ses marques de bronzage (« tan lines ») ou carrément ses coups de soleil (« burn lines »), revendiquées comme des sortes d'œuvres d'art éphémères. Impossible de chiffrer le nombre d'internautes qui s'adonnent réellement à cette mode stupide du « sun tattoo ». Mais on sait que les ados et les jeunes adultes se montrent facilement influençables et grégaires. Jusque dans les comportements les plus dangereux pour la santé, comme on l'a malheureusement constaté avec ces cas avérés de jeunes filles poussées à l'anorexie par des influenceuses au discours malsain, à l'effet démultiplié par les algorithmes.