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Un accord en vue entre Bruxelles et Washington, mais l'UE reste prête à se défendre

Un accord en vue entre Bruxelles et Washington, mais l'UE reste prête à se défendre

La Presse24-07-2025
Un accord séparé entre les États-Unis et l'Union européenne concernerait l'acier. Les importations en provenance d'Europe seraient encadrées par des quotas et tout dépassement serait taxé à hauteur de 50 %, selon des diplomates.
Un accord en vue entre Bruxelles et Washington, mais l'UE reste prête à se défendre
(Bruxelles) Un accord commercial entre l'UE et les États-Unis semble se dessiner, avant la date butoir du 1er août, ce qui n'empêche pas les Européens, échaudés, d'agiter la menace de représailles en cas d'échec, dans l'espoir aussi d'une meilleure entente.
Olivier BAUBE
Agence France-Presse
Un accord est à « portée de main », a assuré jeudi un porte-parole de la Commission européenne, Olof Gill.
Le chancelier allemand Friedrich Merz avait évoqué mercredi, aux côtés du président français Emmanuel Macron, des « décisions » imminentes dans ces négociations commerciales, qui ont déjà connu de multiples rebondissements depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Selon plusieurs sources européennes, l'accord prévoit des surtaxes douanières de 15 % sur les exportations européennes à destination des États-Unis, avec des exemptions notamment sur l'aéronautique, les spiritueux ou certains médicaments.
Un accord séparé concerne l'acier. Les importations en provenance d'Europe seraient encadrées par des quotas et tout dépassement serait taxé à hauteur de 50 %, selon des diplomates.
Et pour mettre toutes les chances de leur côté, les Européens regardent également, selon ces sources, l'accord scellé cette semaine entre États-Unis et Japon. Celui-ci prévoit des droits de douane fixés à 15 %, mais aussi des investissements japonais importants aux États-Unis.
Ce projet d'accord global reste toutefois suspendu au feu vert du président américain. Il avait déjà rejeté une précédente version plus favorable à l'UE, avec des droits de douane fixés à 10 %.
Les États-Unis sont « en négociations sérieuses avec les Européens », a-t-il assuré mercredi. Et, « s'ils acceptent d'ouvrir l'Union aux entreprises américaines, alors nous leur permettrons de payer des droits de douane plus réduits », a ajouté Donald Trump.
Éventuelles représailles
Et en cas d'échec, les Européens ont annoncé jeudi avoir mis la dernière main à d'éventuelles représailles : une liste de marchandises américaines qui seraient taxées pour un total de 93 milliards d'euros (148,66 milliards de dollars canadiens), à compter du 7 août.
Donald Trump avait pris l'Union européenne de court le 12 juillet en décrétant des droits de douane de 30 % sur toutes les importations en provenance de l'UE à compter du 1er août.
L'Union européenne entend cette fois « montrer ses muscles », selon un diplomate à Bruxelles. Et elle est prête à dégainer son « bazooka » en cas d'échec à la fin du mois, ont assuré plusieurs diplomates européens.
Celui-ci, « l'instrument anti-coercition », a été conçu pour être le « moyen de dissuasion le plus puissant » à disposition de l'UE, selon le porte-parole de la Commission.
Il permet, entre autres, le gel de l'accès aux marchés publics européens ou le blocage de certains investissements.
Sa mise en œuvre requiert la majorité qualifiée des pays de l'UE, désormais acquise, grâce au soutien de l'Allemagne, auparavant réticente, selon ces sources.
La France et l'Allemagne, les deux principales économies européennes, espèrent « une conclusion satisfaisante des discussions, qui défende les intérêts de l'UE, tout en accélérant en parallèle les travaux sur les contre-mesures, incluant l'instrument anti-coercition », a-t-on assuré à Paris.
Mais pour certains analystes, l'accord en préparation est loin de défendre les intérêts de l'Europe. Pour l'économiste belge Eric Dor, professeur à l'IESEG à Paris, il s'agit purement et simplement d'une « capitulation », dangereuse pour une économie européenne déjà à la peine.
Donald Trump entend réduire coûte que coûte le déficit commercial de son pays avec l'Europe, son premier partenaire économique dans le monde. Concernant les seules marchandises, ce déficit a atteint 157 milliards d'euros (251 milliards de dollars canadiens) en 2023, selon Bruxelles. Mais pour la Commission européenne, il faut aussi regarder du côté des services où les États-Unis ont un excédent commercial, qui a atteint 109 milliards d'euros (174 milliards de dollars canadiens) en 2023.
Les échanges entre les deux rives de l'Atlantique sont donc équilibrés, affirme Bruxelles, avec un déficit global pour les États-Unis réduit à 48 milliards d'euros (77 milliards de dollars canadiens).
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En hausse par rapport au niveau théorique de fin juin (17,3 %), le taux théorique des droits de douane intègre les nouvelles taxes entrées en vigueur jeudi, une augmentation de certains droits de douane visant le Canada, le Brésil et le cuivre raffiné, ainsi que les accords commerciaux avec l'UE, le Japon et la Corée du Sud. Les droits de douane grimpent à 20,1 %, plus haute moyenne depuis les années 1910 (Paris) Les droits de douane appliqués par les États-Unis s'élèvent en moyenne à 20,1 % après l'entrée en vigueur de nouvelles taxes pour des dizaines de pays jeudi, selon le calcul actualisé vendredi de l'OMC et du FMI, soit leur plus haut niveau depuis le début des années 1910, hormis quelques semaines de 2025. Luca MATTEUCCI Agence France-Presse Ce taux théorique, calculé par l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Fonds monétaire international (FMI) à partir des annonces commerciales, se base sur les volumes des échanges constants et était de seulement 2,4 % lors de l'investiture de Donald Trump, le 20 janvier 2025. L'annonce, le 2 avril, de droits de douane tous azimuts et les surenchères successives visant les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, Chine en tête, avaient brièvement fait bondir le taux moyen à 24,8 % en mai, ont calculé l'OMC et le FMI – du jamais vu depuis 1904, selon les données de la Commission du commerce international des États-Unis. Dans les années 1930, le taux, calculé en divisant le montant des taxes par le montant des importations, était monté à près de 20 %. Le taux actualisé vendredi par le « Tariff Tracker » l'OMC et le FMI applique les taux annoncés par produit aux volumes des échanges commerciaux de 2024. En hausse par rapport au niveau théorique de fin juin (17,3 %), il intègre les nouvelles taxes entrées en vigueur jeudi, une augmentation de certains droits de douane visant le Canada, le Brésil et le cuivre raffiné, ainsi que les accords commerciaux avec l'UE, le Japon et la Corée du Sud. Le calcul de l'OMC et du FMI ne prend pas en compte tous les effets des droits de douane sur les échanges commerciaux : les entreprises peuvent par exemple anticiper ou retarder des livraisons pour tenter d'échapper aux surtaxes, et les habitudes de consommation peuvent évoluer. Selon le centre de recherche Budget Lab de l'université de Yale, le taux devrait converger vers 17,7 % une fois changements de consommation et effets secondaires pris en compte – et ce, sans d'autres annonces choc de Donald Trump. Les droits de douane effectivement perçus, payés par les importateurs au gouvernement américain puis répercutés ou non jusqu'au client américain, restaient en juin en dessous de ces taux. Hausse des revenus américains Au premier semestre, le Trésor américain a collecté un montant net de 87 milliards de dollars de droits de douane, soit plus que le total de l'année 2024, selon les données du département des Finances, qui montrent une hausse spectaculaire depuis avril 2025. Les dernières estimations officielles des droits encaissés pour chaque type de produits importés datent également de juin. Elles sont publiées par le bureau du recensement (Census). Rapportés à la valeur des importations, ces chiffres permettent de déterminer quel pays et quel produit est effectivement le plus taxé. Le taux effectif réel pour juin tout produit et partenaire commercial confondu était de 9,1 %, selon les calculs de l'AFP à partir des données du Census Bureau. La Chine figure largement en tête du classement, avec 40,3 % de taxes sur les importations en juin. Côté produits, les « ouvrages en fonte, fer ou acier » étaient la catégorie la plus taxée, à 39,8 %, contre 6,1 % en janvier. La Chine, qui a exporté pour plus de 5 milliards de dollars de ces produits vers les États-Unis, est la plus touchée par cette envolée. Viande brésilienne (33,9 %), aluminium canadien (33,6 %), vêtements d'Indonésie (29,6 %) et du Vietnam (29,4 %) ainsi que les voitures japonaises (27,4 %) comptent parmi les importations affichant les taux effectifs les plus élevés en juin. Les droits de douane ne représentent qu'une partie des outils dont disposent les pays pour protéger leur marché et leurs producteurs nationaux. Quotas d'importation, normes, ou exigences de contenu local peuvent, dans certains cas, avoir un impact important sur les échanges. Cette politique tarifaire a par ailleurs aussi un coût économique. Selon une étude du Yale Budget Lab, la croissance réelle du PIB américain en 2025 et 2026 sera inférieure de 0,5 point de pourcentage chaque année en raison des nouveaux droits de douane.

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Les nouveaux droits de douane, entrés en vigueur à 0 h 01 (heure de l'Est), une semaine après la signature du décret par le président américain, viennent remplacer, pour les économies concernées, ceux de 10 % appliqués depuis avril sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis. Les négociations se poursuivent après l'entrée en vigueur des nouveaux droits de douane (Washington) Des États continuent jeudi de négocier avec Washington dans l'espoir de réduire l'impact des surtaxes massives désormais imposées sur leurs produits par Donald Trump, qui entend remodeler le commerce international au profit des États-Unis. Erwan LUCAS Agence France-Presse Ce qu'il faut savoir De nouveaux droits de douane américains sur les produits en provenance de dizaines de pays sont entrés en vigueur jeudi à 0 h 01 ; Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15 % et 41 % ; Ces droits de douane remplacent ceux de 10 % appliqués depuis avrils sur quasiment tous les produits entrant aux États-Unis ; Faute d'accord, le Canada écope de droits de douane de 35 % sur les produits qui ne sont pas couverts par l'accord commercial entre le Canada, les États-Unis et le Mexique (ACEUM) ; Seulement sept accords ont été conclus avec les États-Unis, notamment par l'Union européenne, le Japon et le Royaume-Uni. Appliquées depuis 0 h 01 (0 h 01 heure de l'Est) ces surtaxes viennent remplacer, pour les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les droits de douane de 10 % mis en place en avril, qui restent cependant en vigueur pour plus d'une centaine de pays. Elles ont pour but, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et ses partenaires, qui « profitent » d'après lui de la première puissance économique. « Il est minuit ! ! ! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d'Amérique », a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l'échéance. CAPTURE D'ÉCRAN TRUTH SOCIAL Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15 % et 41 %. Parmi les partenaires visés par les taux les plus élevés, la Suisse tentait toujours ces derniers jours de négocier avec Washington, dans l'espoir de faire baisser la surtaxe de 39 % désormais appliquée aux produits helvétiques. PHOTO JONATHAN ERNST, ARCHIVES REUTERS Le président américain, Donald Trump En signe de bonne volonté, Berne a annoncé jeudi ne pas envisager « pour l'instant » de représailles sur les produits américains. Autres surtaxes à venir Le gouvernement sud-africain a annoncé de son côté que le président Cyril Ramaphosa s'était entretenu mercredi avec son homologue américain, Pretoria assurant que « les deux dirigeants se sont engagés à poursuivre leurs discussions ». L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique subsaharienne le plus durement visé, avec des droits de douane additionnels de 30 % désormais imposés sur ses exportations. Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant aux États-Unis était déjà de 18,4 %, soit le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. Ce taux devrait maintenant s'établir à près de 20 %, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Et de nouvelles annonces sont attendues, puisque le locataire de la Maison-Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semiconducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100 %, a-t-il précisé mercredi. Wall Street n'a malgré tout pas semblé particulièrement inquiète devant cette nouvelle étape, les indices à la Bourse de New York ouvrant en hausse jeudi, suivant la tendance observée sur les marchés européens. Impact économique attendu Les investisseurs estiment que l'entrée en vigueur de ces droits de douane apporte plus de certitudes et observent qu'un certain nombre d'exceptions ont été ajoutées, selon les pays, réduisant l'amplitude des surtaxes. Pour l'heure, alors que le gouvernement américain assurait que « des dizaines d'accords » seraient signés ces derniers mois, tout juste sept se sont matérialisés, notamment avec l'UE, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s'agit le plus souvent de pré-accords, devant être formalisés, accompagnés de promesses d'investissements massifs aux États-Unis. Signe que tout ne semble pas encore finalisé, Tokyo et Washington exprimaient ces dernières heures une lecture différente sur la manière dont les 15 % sont désormais appliqués sur les produits japonais. Le Japon y voit un plafond (si les droits de douane antérieurs étaient inférieurs à 15 %), alors que les États-Unis soulignaient qu'ils venaient s'ajouter aux taxes pré-existantes. La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s'étant accordées le mois dernier sur le maintien d'une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations : les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30 %, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10 %. Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d'une économie largement endettée. Son secrétaire au Commerce, Howard Lutnick, a ainsi déclaré jeudi sur Fox Business que les nouveaux droits de douane pourraient rapporter aux États-Unis 50 milliards de dollars chaque mois. « Ce sont des chiffres incroyables. Et personne ne riposte », a-t-il vanté. L'impact de ces taxes sur les importations continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l'inflation et ralentir la croissance aux États-Unis, avec des effets sur l'emploi.

35 % de droits de douane, 100 % d'indifférence
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Tant que nos accords commerciaux resteront théoriques pour nos PME, ce ne sont pas les droits de douane de Donald Trump qui nous affaiblissent, mais notre propre indifférence. Depuis le 1er août, beaucoup d'exportateurs canadiens doivent s'adapter à un contexte commercial nettement plus hostile. Des droits de douane de 35 % imposés par Washington frappent désormais plusieurs produits canadiens ne faisant pas partie de l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Contrairement à ce qu'avancent certains observateurs, le nombre d'entreprises concernées est bien plus élevé qu'on pourrait le croire. Depuis quelques jours, les médias et certains milieux politiques déclarent que 90 % des exportations canadiennes vers les États-Unis seraient exemptées de droits de douane grâce à l'ACEUM. Ce pourcentage donne une fausse impression de sécurité, car il ne reflète pas les conditions opérationnelles vécues sur le terrain. Il est basé sur la part des exportations potentiellement admissibles à l'exemption tarifaire si, et seulement si, elles respectent strictement les règles d'origine de l'accord et sont accompagnées de la documentation douanière appropriée. Ce qui n'est pas toujours le cas. Dans le secteur agroalimentaire, le taux réel d'exemption serait bien plus bas. Selon nos estimations, entre 30 et 40 % des produits seulement profitent pleinement des dispositions de l'accord. De nombreux transformateurs, principalement des PME, renoncent à réclamer l'exemption, car le processus s'avère trop lourd, coûteux ou risqué. Souvent, les produits ne satisfont pas aux exigences techniques sur les intrants, la transformation ou la traçabilité. Si les règles deviennent floues ou sujettes à interprétation, le choix par défaut est souvent de payer les droits pour éviter les retards, les saisies ou les litiges. Dans cette conjoncture émerge le cas exemplaire de Nature Nux, une PME québécoise établie à Terrebonne, spécialisée dans la fabrication d'un beurre d'arachide naturel. Depuis février, l'entreprise a dû revoir entièrement sa stratégie commerciale, craignant que son principal produit soit frappé d'un droit de douane de 35 % à l'entrée du marché américain. PHOTO FOURNIE PAR NATURE NUX « Nous avons perdu plusieurs clients américains de longue date, simplement parce qu'ils ont eu peur… et ont préféré changer de fournisseur », raconte Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux. Bien que son produit ait finalement été épargné, le mal était déjà fait. « Nous avons perdu plusieurs clients américains de longue date, simplement parce qu'ils ont eu peur… et ont préféré changer de fournisseur, raconte Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux. Trump a donc réussi à nous affaiblir, avant même que ses tarifs soient officiellement en vigueur. Je suis convaincu que nous ne sommes pas les seuls dans cette position. » La situation a été aggravée parce que certaines matières premières, comme les arachides et les amandes en provenance des États-Unis, étaient elles aussi visées par de potentielles contre-mesures canadiennes. Cette incertitude nous a forcés à augmenter nos prix de vente pour nos clients américains, mais aussi pour nos partenaires au Canada, en Europe et en Amérique centrale. Carl Maillette, copropriétaire de Nature Nux Depuis sa création en 2017, Nature Nux a affronté de nombreux défis que peu de jeunes entreprises ont réussi à surmonter. Elle s'est adaptée, a réinvesti, a réinventé son offre, et a élargi progressivement sa gamme de produits tout en améliorant sa capacité de production. Elle a renforcé ses liens avec des partenaires locaux et des distributeurs alimentaires, y compris des OBNL et des agences gouvernementales cherchant à approvisionner des clientèles plus vulnérables avec des produits sains, locaux et naturels. PHOTO FOURNIE PAR NATURE NUX Arachides entreposées chez Nature Nux L'entreprise a donc fait le choix stratégique de s'éloigner des ingrédients et emballages d'origine américaine devenus trop coûteux et trop risqués à utiliser. Ce repositionnement vient avec des coûts d'ajustement importants et illustre bien l'inégalité structurelle entre les multinationales comme Kraft-Heinz, qui peuvent aisément contourner ou absorber ces obstacles, et les PME, qui doivent redoubler d'agilité et d'ingéniosité pour survivre. Nature Nux se heurte aussi à une autre barrière systémique : l'inertie des grandes enseignes canadiennes. Même si l'achat local est largement valorisé dans l'espace public, la réalité diffère. Pour des entreprises comme Nature Nux, accéder aux rayons des grandes chaînes demeure un défi immense. Les catégories de produits sont souvent verrouillées par des ententes exclusives et des critères d'entrée taillés sur mesure pour les fournisseurs internationaux déjà bien établis. En pratique, l'ouverture aux produits locaux, naturels et novateurs demeure l'exception plutôt que la norme. Pourtant, les consommateurs deviennent très sensibles à l'origine des produits, à leur composition, à leur impact environnemental et à la transparence des marques. Nature Nux incarne ces valeurs. Mais sans une volonté claire de repenser les structures d'approvisionnement au pays, pour les marques privées comme les marques nationales, ces entreprises continueront à évoluer en marge du système. Le parcours de Nature Nux illustre bien qu'au-delà des slogans politiques, soutenir l'économie locale demande des gestes concrets : un meilleur accès aux programmes d'aide à l'exportation, une simplification des démarches de conformité à l'ACEUM, une ouverture réelle des chaînes de distribution aux produits québécois et canadiens, ainsi qu'une reconnaissance des contraintes disproportionnées qui se dressent devant les PME dans un environnement toujours plus protectionniste. Si le Canada veut vraiment soutenir ses entreprises face aux caprices de la diplomatie américaine, il faudra aller bien au-delà des mots et agir.

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