logo
Les interprètes du Parlement s'inquiètent des coupes en approvisionnement

Les interprètes du Parlement s'inquiètent des coupes en approvisionnement

La Presse24-07-2025
Dans une lettre adressée au premier ministre Mark Carney ce mois-ci, la présidente de l'AIIC-Canada, Alionka Skup, a affirmé que les nouvelles règles proposées réduiraient la qualité des services d'interprétation et compromettraient l'accès du public aux délibérations gouvernementales dans les deux langues officielles du Canada.
(Ottawa) Les interprètes professionnels préviennent que les plans du gouvernement fédéral visant à réduire ses coûts d'approvisionnement pourraient compromettre l'accès du public aux audiences du Parlement, de la Cour suprême et d'autres instances officielles dans les deux langues officielles.
Catherine Morrison
La Presse Canadienne
Jeremy Link, porte-parole de Services publics et Approvisionnement Canada, a déclaré que le ministère a récemment lancé un processus visant à remplacer les contrats d'interprétation pigistes actuels du gouvernement fédéral.
Dans le cadre de ce processus, le gouvernement cherche à apporter plusieurs changements majeurs à l'approvisionnement en services du Parlement et d'autres institutions, comme la Cour suprême.
La section canadienne de l'Association internationale des interprètes de conférence (AIIC-Canada) a indiqué que ces changements comprennent l'élimination des mesures visant à protéger l'audition des interprètes et l'adoption d'une approche du « soumissionnaire le plus bas » pour remplacer le modèle du « meilleur candidat », qui tient compte des qualifications et de l'expérience des travailleurs.
« Ce changement aurait presque certainement pour effet d'écarter les pigistes les plus expérimentés d'une équipe déjà à court de personnel », a indiqué l'organisation dans un communiqué de presse. Elle a ajouté que l'adoption d'une approche du soumissionnaire le plus bas est « seulement une question de budget ».
Dans une lettre adressée au premier ministre Mark Carney ce mois-ci, la présidente de l'AIIC-Canada, Alionka Skup, a affirmé que les nouvelles règles proposées réduiraient la qualité des services d'interprétation et compromettraient l'accès du public aux délibérations gouvernementales dans les deux langues officielles du Canada.
Mme Skup a fait valoir que ces changements ne tiennent pas compte de la grave pénurie actuelle de fournisseurs de services d'interprétation accrédités et qualifiés. Elle a précisé qu'une centaine de pigistes accrédités et qualifiés assument désormais environ 60 % de toutes les missions parlementaires.
Nicole Gagnon, porte-parole de l'AIIC-Canada et interprète pigiste de carrière, a dit que la pénurie avait commencé avant la pandémie, mais qu'elle s'était aggravée avec le passage du Parlement à distance et les blessures subies par des interprètes comme elle.
Plusieurs interprètes de la colline du Parlement ont subi des dommages auditifs en raison de la mauvaise qualité du son et des retours audio. Le gouvernement fédéral a été contraint d'adapter l'aménagement de la Chambre des communes et des salles de comité l'année dernière.
« Avec cette nouvelle offre à commandes, il y a fort à parier qu'ils décideront de raccrocher leurs casques d'écoute, car cela n'en vaut pas la peine », a déclaré Mme Gagnon.
Mme Gagnon a indiqué que le gouvernement prévoyait également de commencer à rémunérer les interprètes à l'heure plutôt qu'à la journée.
« C'est un changement fondamental qui est totalement inacceptable pour nous, a-t-elle expliqué. Cette offre à commandes va à l'encontre de nos normes de pratique. Nous travaillons à la journée, et non à l'heure. Nous ne sommes pas des travailleurs à la demande. »
Mme Gagnon a dit qu'elle et d'autres interprètes s'opposent au modèle du plus bas soumissionnaire, car il ne tient pas compte des qualifications et de l'expérience.
« Beaucoup d'entre nous ont plus d'années d'expérience que d'autres, possèdent d'autres diplômes, que ce soit en génie, en droit ou en administration, et ce sont donc des qualifications supplémentaires qui devraient être prises en compte lors de l'affectation des interprètes », a-t-elle plaidé.
« Il serait préférable d'affecter un interprète à la Cour suprême s'il a fait des études de droit ou si c'est son domaine d'expertise, plutôt que d'envoyer quelqu'un qui n'en a pas fait. »
Mme Gagnon s'est dite inquiète des conséquences d'une éventuelle baisse de qualité pour les députés qui dépendent des services de traduction, soulignant que la majeure partie du travail des interprètes consiste à traduire de l'anglais vers le français.
M. Link a indiqué que Services publics et Approvisionnement Canada avait lancé en juin un appel à commentaires auprès des fournisseurs et de l'industrie sur la nouvelle approche d'approvisionnement. Il a ajouté que les commentaires recueillis joueront un rôle clé dans l'élaboration et le perfectionnement de la stratégie d'approvisionnement à l'avenir.
Mme Gagnon a rapporté que, lors de sa rencontre avec les fournisseurs la semaine dernière, le gouvernement a clairement indiqué qu'il ne reviendrait probablement pas sur l'adoption de l'approche du plus bas soumissionnaire.
Le ministère prolonge les contrats actuels avec les interprètes pigistes jusqu'à la fin de l'année afin de moderniser le processus d'approvisionnement. Une fois le nouveau processus en place, les interprètes devront décider s'ils soumettent des offres pour continuer à travailler sur la colline du Parlement.
Mme Gagnon a déclaré que le salaire horaire et les propositions du plus bas soumissionnaire sont « inacceptables » pour elle et que si ces propositions sont introduites, elle ne proposera plus ses services.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Immigration : la solution passe par la régularisation
Immigration : la solution passe par la régularisation

La Presse

time4 hours ago

  • La Presse

Immigration : la solution passe par la régularisation

Par l'entremise du collectif Solidarité sans frontières, des migrants épuisés et en colère s'adressent au premier ministre Mark Carney pour obtenir la régularisation promise de leur statut. Mary Foster Au nom du collectif Solidarité sans frontières Nous sommes des personnes venues de l'Afrique, du Moyen-Orient, de l'Amérique du Sud et de l'Asie du Sud qui habitent au Canada et qui sont sans papiers. Nous sommes ici et nous restons ici parce que nos pays d'origine sont ravagés par le colonialisme, le capitalisme, l'extractivisme et les guerres ; trop souvent au profit, et avec l'appui, du Canada et ses compagnies multinationales. À la suite d'un fort travail de mobilisation, le gouvernement libéral précédent nous avait promis un programme de régularisation. Allant tout à fait à l'encontre de cette proposition, votre gouvernement libéral a introduit le projet de loi C-2⁠1. Votre projet de loi C-2 est tout simplement nocif. Vous vous êtes fait élire grâce au rejet général des politiques trumpistes chez les électeurs et électrices. Or, vous suivez maintenant de près son exemple en nous imputant la faute pour une panoplie de crises qui ne sont pas de notre création. Nous refusons de servir de boucs émissaires pour tous les problèmes sociaux du Canada. Nous en avons assez d'être utilisées comme des outils au service d'une économie qui nous exclut de sa richesse. Nous sommes tannées d'être célébrées en tant qu'« anges gardiens » et séduites avec de fausses promesses pour ensuite être diabolisées et déshumanisées lorsque vous n'avez plus besoin de nous. Vous connaissez très bien la réalité des milliers de personnes sans papiers dans notre société. Ce n'est pas pour rien que nous avons lutté pendant des années pour un programme massif de régularisation. Maintenant, tout le monde connaît très bien la souffrance que nous cause cette obligation à vivre dans l'ombre. La peur constante d'être arrêtées, détenues et déportées. Le système du permis de travail qui nous condamne à vivre dans la précarité et nous expose à l'exploitation, nous retirant toute protection. Le fait que nous occupions les emplois les plus durs et les plus exploités – dans les cuisines, sur les chantiers, dans les maisons, les hôpitaux, les fermes, les usines. Le refus des soins de santé, même lorsque notre vie est en danger. Nous ne demandons pas la charité. Nous demandons simplement à être traités avec humanité et dignité, en tant qu'êtres humains à part entière. Nous demandons que notre présence, nos contributions et notre humanité soient reconnues. Nous revendiquons un programme de régularisation complet et inclusif pour toutes les personnes sans statut. Nous exigeons la fin des déportations. Nous exigeons la fin des détentions. Nous exigeons aussi que le projet de loi C-2 et l'entente de tiers pays sûrs soient annulés. 1. Lisez la dépêche « Le ministre de l'Immigration revient sur sa promesse » de l'Agence France-Presse Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Un cochon qui dérange
Un cochon qui dérange

La Presse

time5 hours ago

  • La Presse

Un cochon qui dérange

Timmy, un cochon miniature de 11 ans, est devenu en deux ans la mascotte d'un quartier de LaSalle. Jusqu'à ce que sa propriétaire reçoive un avis de l'arrondissement lui intimant de s'en départir sous 14 jours. « Timmy, viens, mon bébé ! » D'abord un peu timide, Timmy pointe finalement le bout de son groin dans la cour arrière et se met à remuer joyeusement la queue en furetant dans l'herbe, à la recherche de granules dispersées ici et là par sa maîtresse, Sandra Propetto. Cela fait depuis 2014 que Mme Propetto s'occupe de ce cochon domestique miniature, qu'elle a adopté alors qu'il n'était encore qu'un bébé. Timmy a bien grandi depuis et pèse maintenant près de 130 livres. Il a même un compte Instagram à son nom, @timothy_the_mini_pig, où plus de 40 000 abonnés le suivent dans son quotidien. Mais la visite d'une inspectrice de l'arrondissement, le 18 juillet dernier, a jeté un voile d'incertitude sur l'avenir de Timmy. « Elle m'a dit que la Ville avait reçu des plaintes », raconte Sandra Propetto. « Elle m'a dit que comme je n'avais pas de permis, je n'avais pas le droit de le garder. Elle m'a donné 14 jours pour m'en séparer. » Des confusions au sujet du règlement ? L'arrondissement de LaSalle a confirmé à La Presse avoir reçu des « signalements et questionnements concernant la présence d'un cochon sur son territoire », sans donner plus de détails. « L'arrondissement est actuellement en discussion avec la résidente, dans un esprit d'écoute et de collaboration, afin d'analyser la situation tout en veillant au respect de la réglementation municipale en vigueur », a précisé son chargé de communication, Philippe St-Aubin, dans un courriel adressé à La Presse. Les cochons sont soumis à un règlement spécifique de la Ville de Montréal : seules les personnes qui avaient déjà un cochon avant l'été 2018, qui se sont procuré le permis requis et l'ont renouvelé annuellement peuvent conserver leur animal. Mme Propetto a demandé à l'inspectrice s'il était possible de lui accorder une période de grâce afin de régulariser sa situation, mais celle-ci lui aurait indiqué que c'était impossible, puisqu'elle n'avait pas demandé un permis dans le mois suivant l'entrée en vigueur du règlement, en 2018. Pourtant, l'ordonnance transmise à La Presse par la Ville de Montréal n'est pas si catégorique à ce sujet. Après avoir détaillé la procédure pour faire la demande et le renouvellement du permis, il y est spécifié qu'« à défaut de le faire dans le délai imparti, des frais supplémentaires seront ajoutés au coût du permis ». Autrement dit, les retardataires devraient pouvoir conserver leur cochon de compagnie en payant simplement plus cher leur permis. Reste à savoir si cela peut éventuellement s'appliquer aux personnes ayant oublié de faire la demande initiale de permis en 2018 – ou n'ayant simplement pas eu connaissance de la mise en place d'un tel règlement, comme c'est le cas de Mme Propetto. L'arrondissement de LaSalle n'a pas répondu aux relances de La Presse à ce sujet. La mascotte du quartier Mme Propetto a vécu à Repentigny de 2018 à 2023, avant de devoir partir en urgence de son logement. Après de longues recherches infructueuses, elle a fini par dénicher un appartement en demi-sous-sol, mais avec l'accès à une cour, dans ce quartier calme de LaSalle. Depuis, Timmy est devenu la mascotte du quartier. Pendant la visite de La Presse, des écoliers, quelques badauds et même des employés de la Ville de Montréal se sont arrêtés pour demander à prendre des photos avec le cochon. « Tout le monde l'aime tellement », lance Mme Propetto en souriant. La propriétaire de son logement, qui vit au-dessus de chez elle, le confirme : le cochon est propre, très calme et ne fait pas de bruit hormis quelques petits « groin-groin » ponctuels – et bien moins sonores que des aboiements. « À la base, je ne voulais pas que mon locataire ait un animal de compagnie, pas même un poisson rouge. Mais finalement, c'est la meilleure décision que j'aie prise ! », dit-elle en offrant une pomme de terre à Timmy. PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE Timmy, un cochon miniature de 11 ans À court de solutions Depuis qu'elle a reçu l'avis d'infraction, Sandra Propetto remue ciel et terre, sans trouver d'issue. Après avoir demandé la liste des plaintes à l'arrondissement, elle a reçu jeudi une lettre indiquant que « l'arrondissement de LaSalle ne détient pas ces documents ». Elle a lancé mardi un appel sur le groupe Facebook de l'arrondissement de LaSalle afin de mieux comprendre l'origine des plaintes mentionnées par l'inspectrice. En retour, elle a reçu plus de 400 réactions et 250 commentaires bienveillants appelant à garder le cochon dans le quartier. Elle a également lancé une pétition pour inciter la Ville à changer d'avis. À quelques jours de l'échéance, elle commençait jeudi à envisager, à contrecœur, de placer Timmy en pension dans une ferme. À 11 ans, son cochon miniature vit actuellement ses dernières années et ne passe que peu de temps dehors chaque jour. Sinon, il reste à l'intérieur où il a ses habitudes, avec son propre lit et ses jouets, et où il passe la majeure partie de son temps à dormir, souvent pelotonné contre sa maîtresse. « Je ne peux pas imaginer le mettre dans une ferme. C'est mon bébé, je suis la seule personne qu'il connaît vraiment », soupire cette dernière. « J'aimerais tellement qu'il puisse passer avec moi les deux ou trois années qu'il lui reste à vivre. »

Le Canada et l'OTAN mettent en garde contre les menaces émanant de l'Iran
Le Canada et l'OTAN mettent en garde contre les menaces émanant de l'Iran

La Presse

time6 hours ago

  • La Presse

Le Canada et l'OTAN mettent en garde contre les menaces émanant de l'Iran

La déclaration commune affirme que les pays sont unis dans leur opposition aux tentatives de « tuer, d'enlever et de harceler » des personnes en Amérique du Nord et en Europe. Le Canada et l'OTAN mettent en garde contre les menaces émanant de l'Iran (Ottawa) Le Canada et plusieurs de ses alliés de l'OTAN ont publié jeudi une déclaration commune condamnant un nombre croissant de menaces étatique de la part des services de renseignement iraniens. Catherine Morrison La Presse Canadienne La déclaration commune affirme que les pays sont unis dans leur opposition aux tentatives de « tuer, d'enlever et de harceler » des personnes en Amérique du Nord et en Europe. La déclaration a également été signée par les gouvernements de l'Albanie, de l'Autriche, de la Belgique, de la République tchèque, du Danemark, de la Finlande, de la France, de l'Allemagne, des Pays-Bas, de l'Espagne, de la Suède, du Royaume-Uni et des États-Unis. Elle indique que les services de renseignement iraniens collaborent de plus en plus avec des organisations criminelles internationales pour cibler des journalistes, des dissidents, des citoyens juifs et des responsables gouvernementaux actuels et anciens. La déclaration ne cite aucun incident spécifique, mais indique que les attaques violent la souveraineté des pays et appelle les autorités iraniennes à mettre fin « immédiatement » à ces activités illégales. La Presse Canadienne a contacté Affaires mondiales Canada pour obtenir des commentaires, mais n'a pas encore reçu de réponse. En 2022, Ottawa a banni du territoire canadien les dirigeants iraniens, y compris les hauts responsables du gouvernement et des agences de sécurité en raison de leur implication dans des actes de terrorisme et des violations des droits de la personne. L'Agence des services frontaliers du Canada a annoncé le mois dernier que trois personnes avaient été jugées inadmissibles au Canada ces dernières années parce qu'elles étaient de hauts responsables du régime iranien. Des mesures d'expulsion ont été prises contre elles, et l'une d'elles a été renvoyée du Canada. Les hostilités au Moyen-Orient ont attiré davantage l'attention sur les activités possibles de représentants du régime iranien au Canada. L'agence frontalière a indiqué qu'elle collabore étroitement avec ses partenaires nationaux et internationaux en partageant des informations pertinentes sur les questions frontalières et de sécurité nationale. Le Canada n'a plus de présence diplomatique en Iran depuis 2012. Avec des informations de Jim Bronskill, David Baxter et Dylan Robertson

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store