
En conflit avec Nasser al-Khelaïfi, le lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane fait reconnaître par l'ONU sa « détention arbitraire » au Qatar en 2020
Dans leur communiqué, les avocats du lobbyiste franco-algérien Tayeb Benabderrahmane évoquent une « condamnation internationale d'une rare clarté », concernant le Qatar, « à l'issue d'une procédure contradictoire », dans un « dossier hautement sensible ». Dépendant du Conseil des droits de l'homme des Nations unies, le Groupe de travail sur la détention arbitraire (GTDA, qui n'a pas de pouvoir pour sanctionner les états) a exhorté, dans un avis adopté en avril, lors de sa 102e session, et rendu public mercredi, « le gouvernement (qatarien) à mener une enquête indépendante et approfondie sur les circonstances entourant la détention arbitraire de M. Benabderrahmane et à prendre les mesures appropriées à l'encontre des responsables de la violation de ses droits ».
L'homme d'affaires avait été arrêté en janvier 2020 au Qatar sur des soupçons d'espionnage au profit d'un état étranger. Pour ses avocats, Mes Ramaël, Vidal et Ruiz, « cet avis (du GTDA) confirme ce que nous dénonçons depuis le début : M. Tayeb Benabderrahmane a été victime non seulement d'une détention arbitraire, mais aussi d'actes de torture, de menaces et d'extorsion, en violation des principes les plus élémentaires du droit international ».
Affaire dite des « barbouzeries du PSG »
Pour rappel, ce lobbyiste, ancien conseiller du National Human Rights Committee du Qatar, est cité dans l'enquête à tiroirs liée aux « barbouzeries du PSG ». Benabderrahmane aurait eu en sa possession des documents très compromettants pour Nasser al-Khelaïfi, le patron qatarien du club de la capitale. Après plusieurs mois de détention puis d'assignation à résidence dans un hôtel, dans le petit état gazier du Golfe, avec interdiction de sortir du territoire, le lobbyiste aurait signé un accord sous la contrainte, selon ses dires, en juillet 2020, par lequel il s'engageait à remettre tout « document confidentiel » visant Al-Khelaïfi ; un préalable à sa remise en liberté.
L'entourage du dirigeant qatarien, par ailleurs ministre d'Etat - sans portefeuille - dans son pays, a précédemment contesté ces accusations en expliquant que l'intrigant lobbyiste avait été arrêté pour « intelligence avec l'ennemi » et « atteinte à la sûreté de l'État » du Qatar, en étant accusé d'avoir tenté de vendre des informations aux Émirats arabes unis, rival régional. Selon la défense de « NAK », Benabderrahmane n'aurait pas hésité à réclamer des millions de dollars dans le cadre d'un odieux chantage autour de la vie privée d'Al-Khelaïfi, avant la signature de l'accord précité.
Benabderrahmane mis en examen dans un dossier distinct
Toujours selon la thèse déjà avancée par ses conseils, Al-Khelaïfi fut étranger à l'arrestation de Tayeb Benadberrahmane et n'en aurait eu connaissance qu'en mai 2020. « Ce qui semble oublié, c'est que Nasser al-Khelaïfi est une victime dans cette affaire et il collabore pleinement avec les autorités depuis le premier jour, assurait l'un de ses porte-parole à L'Équipe en janvier 2024. Aucune plainte juridique fallacieuse, aucune interview diffamatoire ne changera l'issue de l'affaire, dont nous attendons la conclusion avec impatience ».
Dans une instruction pénale distincte, Benabderrahmane a été mis en examen pour avoir, avec un ancien policier et salarié du PSG et l'ex-majordome d'Al-Khelaïfi, volé des images intimes du patron du récent vainqueur de la Ligue des champions. Il est notamment poursuivi pour « faux et usage de faux », « corruption et trafic d'influence » et « recel d'accès frauduleux dans un système de traitement automatisé de données ».
« Obligations internationales » concernant les droits humains
Pour revenir à la récente prise de position du GTDA, les avocats de Tayeb Benabderrahmane estiment que « les suites données à cette condamnation formelle, au Qatar comme en France, seront un révélateur clair de la volonté de ces États de respecter - ou non - leurs obligations internationales en matière de droits humains ». Chaque avis du Groupe de travail sur la détention arbitraire « comporte une section de suivi, dans laquelle le Gouvernement (concerné) est invité à présenter dans les six mois les mesures prises concernant la mise en oeuvre de ses recommandations », précise l'organe de l'ONU sur son site internet.
Ce qu'a dit aux juges Nasser al-Khelaïfi l'an dernier
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