logo
Nouvelle journée de manifestations à Nairobi

Nouvelle journée de manifestations à Nairobi

La Presse3 days ago
Beginning of dialog window. Escape will cancel and close the window.
(Nairobi) Des violences ont éclaté lundi lors d'une nouvelle journée de mobilisation à Nairobi, capitale d'habitude vibrante du Kenya où les principales voies d'accès étaient coupées et les rues vides, tandis qu'en périphérie s'affrontaient sporadiquement manifestants et policiers.
Mary KULUNDU
Agence France-Presse
La Journée Saba Saba (« Sept, sept » en swahili, pour 7 juillet) commémore chaque année le soulèvement du 7 juillet 1990, lorsque les Kényans ont manifesté pour l'instauration du multipartisme durant les années sombres du régime autocratique de Daniel arap Moi (1978-2002).
Cette année, cet hommage se conjugue à la vague de contestation qui secoue depuis plus d'un an la locomotive économique de l'Afrique de l'Est contre les taxes, la corruption, les disparitions forcées et les brutalités policières sous la présidence de William Ruto.
Lundi après-midi, la tension est montée d'un cran en périphérie de Nairobi, où des affrontements sporadiques opposaient des policiers, déployés en nombre, à des groupes de jeunes hommes, les premiers répondant aux jets de pierres des seconds par des tirs de gaz lacrymogène, ont constaté des journalistes de l'AFP. Au moins deux blessés ont été évacués.
PHOTO THOMAS MUKOYA, REUTERS
Des manifestants se rassemblent pendant les affrontements avec la police lors de la manifestation antigouvernementale Saba Saba, le 7 juillet 2025.
Autour d'une voie d'accès vers le centre-ville, empêchés de progresser par la police, des jeunes scandaient « Ruto doit partir », cri de ralliement du mouvement, et « Wantam » (pour « One term », un seul mandat présidentiel). Le quartier connaissait destructions et pillages.
Dans la matinée, sous une fine bruine, le centre-ville de Nairobi, haut lieu des rassemblements ces derniers mois, était déserté en dehors de quelques passants, boda-boda (motos-taxis) et policiers. De nombreux commerces étaient fermés.
« Je n'ai jamais vu le centre-ville comme ça », a déclaré à l'AFP Edmond Khayimba, un agent de sécurité de 29 ans.
Une carte interactive, recensant une vingtaine de barrages supposés érigés par la police à travers la capitale, circulait sur les réseaux sociaux.
Les télévisions locales montraient également des rassemblements limités dans plusieurs villes du pays, la police y ayant parfois déployé des canons à eau.
« Ruto doit partir »
Les dernières manifestations du 25 juin, au départ pacifiques, avaient déjà été marquées par des affrontements et pillages dans le centre-ville, au grand désespoir des commerçants.
Dix-neuf personnes avaient été tuées et 500 autres arrêtées, l'exécutif affirmant avoir « déjoué un coup d'État », tandis que les manifestants l'accusent de payer des vandales armés pour discréditer leur mouvement.
Le 25 juin devait rendre hommage aux plus de 60 victimes du mouvement citoyen inédit de 2024, qui avait culminé, à la même date l'an dernier, avec une brève prise du Parlement par les manifestants, essentiellement des jeunes de la « Génération Z ».
Pour beaucoup urbains, éduqués et connectés, ils réclamaient le retrait d'une loi budgétaire controversée ainsi que le départ du président Ruto, élu en 2022 sur la promesse de défendre les plus démunis face au coût de la vie et au chômage.
PHOTO MONICAH MWANGI, ARCHIVES REUTERS
Le président William Ruto
M. Ruto avait formé une alliance avec le vétéran de l'opposition Raila Odinga, mais ce fragile mariage, considéré par certains comme un moyen de préparer la prochaine élection de 2027, n'a que peu convaincu.
« Le gouvernement devrait être responsable. Les jeunes manifestent pour beaucoup de choses comme l'accès à la santé », affirme Rogers Onsomu, un boda-boda de 32 ans venu travailler.
« Ce que [Ruto] a promis au pays, il ne le délivre pas. Ce slogan de 'Ruto doit partir', nous ne le lâcherons pas, nous le ferons vivre chaque jour », ajoute-t-il.
Années 1990
Les violences policières entachent l'image du Kenya, considéré comme l'un des rares États stables et démocratiques dans une région troublée.
En juin, le meurtre en détention d'un enseignant, arrêté pour avoir prétendument critiqué un haut gradé de la police, a ravivé la colère contre les violences policières. De même, un vendeur de rue victime de balles perdues en marge d'un rassemblement est décédé début juillet.
« Chaque fois que les gens organisent des manifestations, ils [le pouvoir] tuent plus de gens, et donc cela continue à s'alimenter », déplore l'analyste Nerima Wako.
Les ONG de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) et Amnistie internationale ont critiqué la réponse des autorités, tandis que l'ONU a déploré les violences, appelant à l'ouverture d'enquêtes « indépendantes et transparentes ».
Dimanche, un gang armé a attaqué le siège de la Commission kényane des droits de l'homme, où se tenait une conférence de presse appelant à la fin des brutalités policières.
Pour Gabrielle Lynch, spécialiste de l'Afrique à l'université britannique de Warwick, la réponse étatique rappelle celle de l'époque de Saba Saba.
« Nous ne sommes plus dans les années 1990 », pointe Mme Lynch, mais le gouvernement « ne semble pas avoir compris que le monde avait changé ».
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

Le président Ruto met en garde contre toute tentative de « renverser » le gouvernement
Le président Ruto met en garde contre toute tentative de « renverser » le gouvernement

La Presse

time11 hours ago

  • La Presse

Le président Ruto met en garde contre toute tentative de « renverser » le gouvernement

Le président Ruto met en garde contre toute tentative de « renverser » le gouvernement (Nairobi) Le président kényan William Ruto a fermement mis en garde ceux qui voudraient « renverser » le gouvernement et prévenu que les forces de l'ordre tireraient pour blesser tout pillard, deux jours après de nouvelles manifestations antigouvernementales à travers le pays, lors desquelles 31 personnes ont été tuées. Mary KULUNDU Agence France-Presse « Ils veulent semer le chaos, organiser des manifestations, brûler des biens, provoquer le désastre afin de renverser le gouvernement avant 2027 », année de la prochaine présidentielle, a lancé M. Ruto lors d'un déplacement dans la capitale Nairobi. « Nous sommes dans un pays démocratique. Vous ne pouvez pas nous dire que vous voulez semer le chaos et renverser le gouvernement », a-t-il ajouté. « Ce pays ne sera pas détruit par quelques personnes impatientes qui souhaitent un changement de gouvernement par des moyens anticonstitutionnels. Et je tiens à leur dire que cela n'arrivera pas », a-t-il également averti. Le chef de l'État a également affirmé que « quiconque met le feu aux commerces et aux biens de quelqu'un doit recevoir une balle dans la jambe, être conduit à l'hôpital et traduit en justice. Il ne faut pas le tuer, mais lui casser la jambe pour pouvoir ensuite aller à l'hôpital et comparaître devant le tribunal ». Critiques de l'ONU Lundi, pour la journée de commémoration de Saba saba (« Sept, sept » en swahili, en référence au soulèvement pro-démocratie du 7 juillet 1990), la police déployée en grand nombre avait coupé les principales voies d'accès à Nairobi, dont les rues étaient vides. Des affrontements entre la police et les manifestants ont éclaté en périphérie de la ville. Ces violences à travers le pays ont fait au moins 31 morts, 107 blessés, 2 disparitions forcées et engendré 532 arrestations, selon la Commission nationale des droits humains (KNCHR), institution publique indépendante. Les organisations de défense des droits humains et l'ONU ont critiqué les violences des forces de l'ordre durant les manifestations. L'ONU a déclaré mardi être « très perturbée » après l'annonce des morts durant les manifestations de lundi. « Selon le droit international relatif aux droits humains, les forces de l'ordre ne doivent recourir à la force létale, y compris les armes à feu, que lorsque cela est strictement nécessaire pour protéger des vies contre une menace imminente », a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani. Vives tensions La tension dans le pays d'Afrique de l'Est semble avoir monté d'un cran, alors que plusieurs figures de l'opposition, dont l'ancien vice-président de William Ruto, Rigathi Gachagua, ont appelé mardi au boycott de « toutes les entreprises, tous les services et toutes les institutions détenus, exploités ou publiquement liés à ce régime » qualifié d'« hostile ». « Nous ne reculerons pas, nous ne capitulerons pas », ont-elles affirmé lors d'une conférence de presse mercredi. M. Gachagua a affirmé que les violences de lundi étaient l'œuvre de « milices sponsorisées » par l'État. Élu en 2022 après avoir mené campagne en faveur des plus démunis, le président William Ruto fait face depuis 2024 à un vaste mouvement de protestation contre sa politique économique. Le 25 juin 2024, au plus fort de la contestation contre un projet de loi de finances qui prévoyait de nombreuses nouvelles taxes, des manifestants ont brièvement envahi le Parlement, entraînant une riposte de la police par des tirs à balles réelles. Plus de 60 personnes avaient été tuées l'année dernière, et plus de 80 personnes avaient été enlevées-parfois des mois après les manifestations –, dont certaines sont encore portées disparues, selon les groupes de défense des droits humains. Fin juin, après des rassemblements dans plusieurs villes pour rendre hommage aux victimes des manifestations organisées l'an dernier, le gouvernement kényan avait affirmé avoir « déjoué un coup d'État » et dénoncé « du terrorisme déguisé en contestation ». Les violences policières entachent l'image du Kenya, pays d'Afrique de l'Est d'environ 55 millions d'habitants considéré jusqu'à présent comme l'un des rares États stables et démocratiques dans une région troublée.

La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat terroriste islamiste
La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat terroriste islamiste

La Presse

timea day ago

  • La Presse

La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat terroriste islamiste

(Berlin) La police allemande a annoncé mercredi l'interpellation d'un Bosnien et plusieurs perquisitions dans l'ouest de l'Allemagne dans le cadre d'une enquête sur le possible financement d'un projet d'attentat « terroriste islamiste ». Agence France-Presse Le suspect est âgé de 27 ans et a été arrêté lors d'une opération d'une unité spéciale d'intervention de la police allemande (SEK) tôt dans la matinée dans la région de Essen et Dortmund, ont indiqué la police et le parquet locaux dans un communiqué. Ils n'ont pas donné immédiatement plus de détails sur le projet d'attentat présumé, notamment le lieu où il devait être commis ou les modalités envisagées, précisant que l'enquête sur ce point était en cours. Selon le quotidien Bild, le suspect a reçu une formation militaire. Plusieurs autres perquisitions ont été menées dans la région aux domiciles d'autres personnes, qui sont actuellement considérées comme « des témoins » dans cette affaire. L'enquête de police a démarré pour des soupçons d'escroquerie en bande organisée et a permis dans un deuxième temps d'identifier que les fonds ainsi récoltés « devaient servir à financer un attentat terroriste islamiste », ajoute le communiqué.

La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat islamiste
La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat islamiste

La Presse

timea day ago

  • La Presse

La police allemande déjoue un projet présumé d'attentat islamiste

(Berlin) La police allemande a annoncé mercredi l'interpellation d'un Bosnien et plusieurs perquisitions dans l'ouest de l'Allemagne dans le cadre d'une enquête sur le possible financement d'un projet d'attentat « terroriste islamiste ». Agence France-Presse Le suspect est âgé de 27 ans et a été arrêté lors d'une opération d'une unité spéciale d'intervention de la police allemande (SEK) tôt dans la matinée dans la région de Essen et Dortmund, ont indiqué la police et le parquet locaux dans un communiqué. Ils n'ont pas donné immédiatement plus de détails sur le projet d'attentat présumé, notamment le lieu où il devait être commis ou les modalités envisagées, précisant que l'enquête sur ce point était en cours. Selon le quotidien Bild, le suspect a reçu une formation militaire. Plusieurs autres perquisitions ont été menées dans la région aux domiciles d'autres personnes, qui sont actuellement considérées comme « des témoins » dans cette affaire. L'enquête de police a démarré pour des soupçons d'escroquerie en bande organisée et a permis dans un deuxième temps d'identifier que les fonds ainsi récoltés « devaient servir à financer un attentat terroriste islamiste », ajoute le communiqué.

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store