
« On va tuer les petits de cinq ans » : immolation, fusillade… à Nîmes, nouvel épisode sanglant de la guerre entre narcotrafiquants
Yanis M., 19 ans
, un Francilien
retrouvé immolé près de Nîmes
(Gard), une nouvelle fusillade a éclaté jeudi soir dans le quartier Pissevin, épicentre d'une guerre de narcotrafiquants qui fait rage depuis plusieurs années.
Selon nos informations, un adolescent de 16 ans était visé par les tirs mais il n'a pas été blessé. Équipés d'armes longues, trois hommes en habits sombres ont ouvert le feu avant de prendre la fuite à bord d'une Clio conduite par un quatrième individu.
Ni l'adolescent de 16 ans, connu de la justice, ni les membres du groupe avec qui il se trouvait n'ont été blessés.
Sur place, la police ont découvert sept étuis de munition 7,62 mm, un calibre qui peut être utilisé pour les carabines ou les fusils d'assaut. Des impacts de balles sur le mur d'un immeuble et sur une porte d'ascenseur ont été relevés.
Une enquête a été ouverte pour tentative de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs. Elle vient s'ajouter aux dizaines de dossiers ouverts pour mettre un terme à
la guerre des gangs qui fait trembler Nîmes depuis plusieurs années
et opère désormais aux yeux de tous.
C'est ainsi que jeudi, des agents municipaux de la voirie venus vider les conteneurs à ordures ont été « accueillis » à l'entrée d'un quartier « par deux individus cagoulés et lourdement armés de Kalachnikovs. »
Les guetteurs leur ont interdit l'accès au quartier, dénonce le syndicat de police Alliance 30 dans un communiqué ce vendredi. « Face à cette menace explicite, les services de la ville, de la métropole et les sapeurs-pompiers ont exercé leur droit de retrait » et « exigent désormais une escorte policière pour pouvoir exercer leurs missions les plus élémentaires ». Le syndicat, qui évoque « une crise d'une gravité sans précédent » et estime que « les narcotrafiquants imposent leurs lois », réclament « une réponse ferme, immédiate et massive de l'État ».
La justice, de son côté , dit mobiliser tous ses moyens, direction de la criminalité organisée (ex-PJ) du Gard et de l'Hérault, renforts de Paris, antigang (BRI) mobilisé, office anti-cybercriminalité… Dans les laboratoires, les scellés judiciaires liés à ces dossiers passeront devant les autres, assure encore la procureure de la République Cécile Gensac, espérant que cette « priorisation » fasse « prospérer les investigations dans les meilleurs délais ».
« Des gardes à vue sont en cours dans certaines affaires », ajoute la magistrate. Deux personnes ont en effet été placées en garde à vue jeudi. Selon nos informations, l'une d'entre elles est un narcotrafiquant dont la tête avait été mise à prix pour 150 000 euros sur Telegram, une messagerie cryptée prisée des dealers. Sur ces plates-formes de discussion, un auteur avait lancé une annonce pour « faire dormir » cet homme dont la localisation avait été divulguée.
C'est sur ce même groupe de discussions que des images de l'exécution de Yanis M., 19 ans, petite main venue de région parisienne pour contribuer au trafic de drogue à Nîmes, ont atterri en début de semaine, alertant les enquêteurs. Le corps carbonisé du jeune homme avait été découvert mardi soir à Saint-Bénézet, un village rural situé à une poignée de kilomètres au nord de Nîmes. Son supplice a été filmé et diffusé par ses assassins.
Derrière ce drame, se joue une guerre qui oppose le quartier Pissevin à d'autres cités de la préfecture du Gard : Valdegour, Némausus-Jonquilles et Mas de Mingue.
Dans ce « contexte de rivalité ultra-violente entre groupes criminels locaux », selon les mots du parquet,
le jeune Fayed, 10 ans, avait déjà perdu la vie en 2023
, succombant à une balle perdue dans le quartier Pissevin. Des
coups de filets
sur les points de deal sont régulièrement menés par les forces de l'ordre, mais
la violence persiste
et flambe comme ces dernières semaines.
Formant des alliances qui évoluent et s'allouant même les services
du clan marseillais de la DZ Mafia
, les cerveaux des points de deal de ces « petits » quartiers veulent désormais étendre leur territoire et s'approprier celui de l'hégémonique Pissevin.
En diffusant ces vidéos d'assassinats de sang-froid, comme
leurs homologues marseillais
, les adversaires tentent de s'intimider ou de se provoquer, selon une source sécuritaire : « Ça fait un moment qu'ils se filment pour terroriser le quartier adverse ». Les autorités n'hésitent désormais plus à parler de « narcoterrorisme ».
Depuis jeudi, c'est un message ultra-menaçant qui circule sur les réseaux sociaux des narcotrafiquants et vise tout visiteur du quartier Pissevin. « Vous êtes tous prévenus, il n'y a plus d'innocents (…) Le premier qui traîne en Zup Sud sera tué comme les précédentes années. Faîtes attention à vous. On va tuer même les petits de cinq ans. Gardez vos gosses chez vous en sécurité. Chaque personne qui croise nos hommes en noir sera criblée de balles. Même le p'tit jeune qui va chercher du pain pour sa mère. Clients, guetteurs, vous allez y passer. Arrêtez de prendre votre consommation à Pissevin, vous risquerez de mourir ».
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