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Wimbledon 2025 : les coups de cœur et les coups de griffe de notre envoyé spécial

Wimbledon 2025 : les coups de cœur et les coups de griffe de notre envoyé spécial

Le Figaro13 hours ago
ANALYSE - Après une quinzaine riche en émotions, découvrez ce qui a retenu l'attention de l'envoyé spécial à Londres.
Coups de cœur
Les larmes d'Anisimova
Humiliée 6-0, 6-0 samedi en finale par une impitoyable Iga Swiatek, l'Américaine de 23 ans qui disputait sa première finale de Grand Chelem a été rattrapée par l'enjeu. Plus lucide dans son discours d'après match que sur le court, ele a aussi beaucoup pleuré et ému l'assistance. La jeune fille, demi-finaliste de Roland-Garros 2019 à 17 ans, annoncée comme une future grande, a fait par la suite une dépression, après le décès brutal de son père avant l'US Open 2019. Les yeux encore rougis de larmes, après avoir été réconfortée tant bien que mal par la Princesse de Galles Kate Middleton, Amanda Anisimova a eu du mal à ne pas être rattrapée par les émotions quand elle s'est adressée à sa mère Olga, qui avait fait le voyage jusqu'à Londres pour assister cette finale. « Ma mère est la personne la plus importante et elle a tout fait pour m'emmener jusqu'à ce niveau. Merci d'avoir mis fin à ta superstition de ne pas venir me voir jouer. Ce n'est pas à cause de ça que j'ai perdu. Je t'aime tellement, tu as fait tellement pour ma sœur et moi. ». Derrière ses lunettes de soleil, sa maman essuyant ses larmes. Un sacré moment d'émotion également pour l'ensemble des spectateurs du Centre Court.
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La lucidité de Novak Djokovic
Comme à Roland-Garros, le vétéran de 38 ans Novak Djokovic, diminué physiquement, il est vrai, a subi la loi de Jannik Sinner pour la cinquième fois consécutive. L'homme aux 24 titres du Grand Chelem a fait preuve de beaucoup d'honnêteté en conférence de presse avec des aveux qu'il n'avait jamais lâchés auparavant publiquement. «Je ne pense pas que ce soit de la malchance. C'est juste l'âge, l'usure du corps. J'ai beau prendre soin de mon corps, la réalité me frappe depuis un an et demi, comme jamais auparavant. C'est difficile pour moi de l'accepter parce que j'ai l'impression que lorsque je suis frais, en forme, je peux encore jouer à un très bon niveau.» Problème : sur les six derniers Majeurs, depuis Roland-Garros l'an passé, il s'est blessé lors de la moitié d'entre eux… « Je pense que jouer au meilleur des cinq manches, devient difficile plus le tournoi avance plus ma condition physique se dégrade». Le constat est limpide. Les mots sont forts. Les légendes ne sont pas éternelles mais le Serbe a promis de revenir au moins une fois à Wimbledon pour peut-être boucler la boucle d'une carrière hors norme.
Dimitrov, l'abandon déchirant
Trop costaud pour Alcaraz en finale, Jannik Sinner revient de loin. De très loin. Un impressionnant Grigor Dimitrov a mené deux manches à rien contre le numéro 1 mondial en 8es de finale. Le futur lauréat ne trouvant pas de solutions contre un Dimitrov des grands jours. Mais le Bulgare a été contraint d'abandonner à 2-2 dans la troisième manche, victime d'une blessure au muscle pectoral. Grimaçant de douleur et se palpant le torse près de son épaule droite, après avoir servi. Venu à son chevet, Jannik Sinner, était forcément gêné et mal à l'aise de ce coup du sort, alors qu'il subissait la loi de son adversaire. Un crève-cœur pour celui qui a abandonné pour la cinquième consécutive en Grand Chelem. « Parfois, le cœur veut continuer, mais le destin en décide autrement », a posté depuis un lit d'hôpital, le malheureux Dimitrov. En blessé magnifique.
Monfils fait le show en conf'
A 22 h30, après quatre heures de jeu et une victoire en cinq sets au premier tour contre Ugo Humbert, Gaël Monfils, bientôt 39 ans, a régalé la mince assistance, en livrant une étonnante anecdote sur un contrôle anti-dopage dans la foulée d'une grosse fête, il y a quelques années. Après une question d'un journaliste du Guardian, le vétéran bleu est revenu sur un contrôle anti-dopage vieux de plus de quinze ans. «Je devais avoir 21 ans, je revenais d'une fête et on frappe à la porte à 6h45. J'étais un peu dans les vapes et j'ouvre à l'inspecteur mais je venais de passer aux toilettes et j'étais franchement incapable d'uriner. Je lui ai proposé de s'installer dans mon salon. Je suis allé me coucher et je me suis réveillé à 15 heures! Le mec était toujours là, en train de scroller sur son portable. Il aurait pu tout voler dans la maison, non, non je plaisante. J'ai pu satisfaire au contrôle et il est reparti.» Mi-gêné, mi-amusé, la Monf' a conclu. «J'étais plus jeune. Ce sont de bonnes anecdotes à 21 ans». Les témoins de la conférence de presse, tous hilares, peuvent confirmer.
Coups de griffe
De l'arbitrage électronique... et des arbitres sans assistance vidéo
L'erreur est humaine mais la machine n'est pas parfaite non plus. Pour la première de sa riche et longue histoire, Wimbledon a décidé de se passer de ses juges de ligne en faisant confiance à l'arbitrage vidéo Dans le match entre la Russe Anastasia Pavlyuchenkova et la Britannique Kartal, le système électronique d'arbitrage vidéo a été désactivé pendant un jeu entier, seulement du côté de la Russe, entraînant trois erreurs d'arbitrage au profit de la Britannique, lui permettant de réaliser le break à un moment crucial (Pavlyuchenkova a fini par remporter le match). «Vous m'avez volé le jeu», a d'ailleurs réagi la Russe au changement de côté. L'arbitre refusant de prendre une décision a refait jouer le point. Après une enquête approfondie, il s'est avéré que la technologie avait été «désactivée par erreur du côté du serveur sur une moitié du court pendant un jeu». En conférence de presse, la Russe a regretté qu'à Wimbledon, l'arbitre ne puisse pas faire appel à la vidéo, réclamant une assistance vidéo comme en football.
À lire aussi Wimbledon: en perte de vitesse, le gazon se rapproche de la terre battue
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Du gazon ou de la terre battue ?
Ce n'est pas nouveau. Le jeu sur herbe est moins rapide que dans les années 80-90. Et cette année beaucoup de joueurs et de joueuses ont particulièrement déploré la lenteur du gazon à Wimbledon. Avec la sécheresse et la chaleur, le rebond de la balle a moins fusé que d'ordinaire. Idéal pour la terrienne Iga Swiatek qui était allée chercher don premier sacre à Londres. Plusieurs joueurs ont également déploré l'allongement des rencontres. Des matchs ont ainsi dépassé les quatre heures de jeu : le premier tour laborieux du double tenant du titre Carlos Alcaraz contre le vétéran Fabio Fognini a duré 4 h 37, celui entre Arthur Rinderknech et Alexander Zverev, 4 h 40. Au 3e tour, Lorenzo Sonego a mis 5 h 04 pour vaincre Brandon Nakashima.
La « next Gen » au point mort
Il y a le duo Sinner – Alcaraz… et les autres. Notamment la fameuse Next Gen, la génération des Tsitsipas, Zverev, et Medvedev, aujourd'hui âgés entre 26 et 28 ans et qui étaient censée prendre le pouvoir quand le « Big 3 » ne serait plus là. Sauf que l'Espagnol et l'Italien les ont ringardisés. Tous sortis dès le premier tour, ils vivent un moment particulièrement délicat. Si le Russe, parvenu à se hisser à la première place mondiale en 2022, s'est imposé à l'US Open 2021, le Moscovite semble dans une situation moins désespérée que Stefanos Tsitsipas, double finaliste en Grand Chelem, mais en panne de résultats depuis plusieurs mois, qui a dû abandonner lundi dès le 1er tour à Wimbledon, alors qu'il était mené deux sets à rien par le Français Valentin Royer (6-3, 6-2). Toujours 3e mondial Alexander Zverev, mais peu inspiré depuis sa finale perdue de l'Open d'Australie, a lui laissé entendre qu'il avait traversé une petite dépression après sa défaite au premier tour contre Rinderknech.
À lire aussi Wimbledon : Monfils, Parry, Mannarino, Rinderknech... Le tennis français retombe sur herbe
Le vendredi noir des Bleus
Après Monfils et Humbert en huitièmes de finale à Melbourne en janvier, l'incroyable demi-finale de Loïs Boisson, à Roland-Garros, les Bleus n'ont pas dépassé la semaine à Wimbledon. Jusqu'au vendredi 4 juillet, tout allait pourtant bien. Des exploits (Bonzi, 64e mondial qui sort Medvedev, 9e, Rinderknech, 72e qui terrasse Zverev, 3e). Des qualifiés qui déjouent les pronostics (Parry et Jacquemot qui ont le dernier mot contre des têtes de série, Royer qui profite de l'abandon de Tsitsipas). Dans cette édition sens dessus dessous, où les têtes de série tombent comme des mouches (36 têtes de série ont été éliminées sur les 64, hommes et femmes confondus après 2 tours), les Bleus ont su être des acteurs importants du grand chambardement. Il fallait ensuite enchaîner et confirmer. Et, là, le tennis français a coincé en ce vendredi où les quatre derniers représentants sont tombés contre des joueurs pourtant à leur portée sur le papier. Opposé en fin de journée à Kamil Majchrzak, Arthur Rinderknech, dernier tricolore en lice, n'a pu éviter la gueule de bois totale (3-6 6-7 6-7).
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Pour son entrée en lice à Bastad (Suède), Hugo Gaston a battu le Taïwanais Tseng Chun-hsin en deux sets (6-4, 6-3). Les deux Français engagés à Gstaad (Suisse) ce mardi, Arthur Rinderknech et Calvin Hemery, ont en revanche été éliminés dès le premier tour. Deux sur trois pour les Français engagés ce mardi à Bastad (Suède) et à Gstaad (Suisse). Seul Tricolore engagé dans l'ATP 250 suédois, Hugo Gaston s'est imposé contre le Taïwanais Tseng Chun-hsin en deux sets (6-4, 6-3), enregistrant sa première victoire sur le circuit depuis Roland-Garros. Il affrontera le Bosnien Damir Dzumhur au deuxième tour mercredi. Moins de chance en revanche pour ses compatriotes engagés en Suisse, Arthur Rinderknech et Calvin Hemery, tous les deux éliminés dès leur entrée en lice. Alors qu'il restait sur un Wimbledon plutôt réussi, marqué notamment par sa victoire contre Alexander Zverev au premier tour, le premier nommé a flanché contre l'Italien Francesco Passaro en trois sets (6-7 [3], 7-5, 7-6 [7]). Hemery, 171e mondial, s'est lui incliné contre le Suisse Jérôme Kym, également en trois sets (7-5, 4-6, 7-5).

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Cette saison, Bradley Barcola a pris part à 73 rencontres, tout comme Luka Modric. Personne n'a disputé davantage de matches. En revanche, Federico Valverde a eu plus de temps de jeu, avec ses 6029 minutes passées sur le pré lors de l'exercice 2024-2025. Au sein du Big 5 européen, la saison s'est étirée du 10 août 2024 au 13 juillet 2025. Entre le Community Shield remporté par Manchester City contre les Red Devils (1-1, 7-6 aux t.a.b.) et la finale de la Coupe du monde des clubs qui a sacré Chelsea face au PSG (3-0) : un cycle de onze mois de compétition quasi ininterrompu. Le rythme effréné du calendrier avait été parfaitement encapsulé par une image de Pedri, les traits tirés lors des Jeux Olympiques de Tokyo 2021. Cette saison-là, le milieu espagnol avait disputé 73 matches. Avant de vivre une saison particulièrement tronquée par les blessures. Il n'est pas ici question de porter l'oeil à Bradley Barcola, mais, quatre ans plus tard, le Parisien sort également d'un exercice à 73 rencontres. Pour l'ancien Lyonnais, pas de JO. La Coupe du monde des clubs s'est chargée de rallonger le programme. Valverde, le plus utilisé Il s'agira d'être prudent pour l'ailier de 22 ans. Tout comme pour le néomilieu de l'AC Milan Luka Modric, 17 années de plus sur le CV, mais tout aussi utilisé que l'international français. Un autre joueur du Real Madrid complète le podium. Federico Valverde (72 matches) devance Fabian Ruiz (71) et Pedri (69), encore lui. Sans surprise, Parisiens et Madrilènes trustent les premières places de ce classement des joueurs les plus actifs. Lorsque les footballeurs sont classés en fonction des minutes jouées et non plus des matches, le tableau est davantage diversifié. Un bouleversement dû en partie au turnover instauré par Luis Enrique au PSG. Si Barcola a été mentalement accaparé par 73 des 75 parties auxquelles il pouvait prétendre - sélection nationale comprise -, il n'a disputé que 14 rencontres dans leur intégralité. Ce qui explique son absence du Top 10 des joueurs de Ligue 1 au temps de jeu le plus conséquent. Les Parisiens ont d'ailleurs disparu des dix premières positions, cinq grands Championnats européens confondus, Willian Pacho pointant au onzième rang (5355 minutes). Au sein du Big 5, Valverde a cumulé davantage de temps de jeu que n'importe quel autre joueur, avec ses 6029 minutes passées sur le terrain. L'Uruguayen est suivi au classement par Bruno Fernandes (5802 minutes) et Mike Maignan (5626). Étonnamment, les gardiens ne survolent pas ces classements. Le portier français devance ses homologues au nombre de matches joués (63), mais il est précédé par 24 joueurs de champ. Au nombre de minutes, les gardiens sont davantage présents. Pour la simple raison qu'ils sont rarement remplacés en cours de partie. Ils sont 6 - Maignan, David Raya, Gregor Kobel, André Onana, Emiliano Martinez et Jan Oblak - à représenter la corporation au sein du Top 20. Les Lillois seuls avec les Parisiens En Ligue 1, pas de surprise, les Parisiens sont omniprésents. Seuls les Lillois Jonathan David (4893 minutes) et Alexsandro (4366) se glissent parmi les dix premiers. Derrière Pacho, Achraf Hakimi, Vitinha, Nuno Mendes et Gianluigi Donnarumma sont les joueurs les plus utilisés par Luis Enrique. Pour le reste, William Saliba est le septième joueur de Premier League à avoir accumulé le plus de minutes (5126). En Liga, trois Français figurent dans le Top 10 : Aurélien Tchouaméni (3e, 5309 minutes), Kylian Mbappé (6e, 5245 minutes) et le marathonien de l'année civile 2024, Jules Koundé (10e, 5088 minutes). À seulement 18 ans, Lamine Yamal figure déjà au sein de ce classement (8e, 5153 minutes). Les entraîneurs de Serie A ont également bien tiré sur les muscles de leurs Français. Personne n'a glané davantage de temps de jeu que Maignan (5626 minutes). Le Romain Evan Ndicka (4e, 5040 minutes), Theo Hernandez (9e, 4572 minutes) et Mattéo Guendouzi (10e, 4487 minutes) ont été particulièrement sollicités. En Bundesliga, Seul Joshua Kimmich (65) a disputé plus de matches que Michael Olise (63), qui n'a pas pour autant amassé une collection démesurée de minutes.

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time41 minutes ago

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« Le mental brûlait à feu doux » : Arnaud De Lie revient sur son début de saison difficile où il a frôlé la dépression

Le coureur belge de chez Lotto, Arnaud De Lie, a vécu un printemps particulièrement difficile et « broyé du noir » pendant quelques semaines avant de revenir à l'essentiel, ses attaches familiales. Juste avant l'entretien, Arnaud De Lie (23 ans) a croisé, dans le hall de l'hôtel, Benjamin Thomas et le Belge l'a sondé sur l'étape de mercredi, escarpée, qui passe sur les terres du Tarnais. Le coureur de Cofidis lui a expliqué que c'était dur « mais qu'en étant bien placé dans les bosses, cela pouvait passer » pour quelques sprinteurs. « Dis-moi que ça va le faire ! », lui a alors répondu le sprinteur de Lotto. Car, après un printemps marqué par l'absence de résultats et une période où la dépression a affleuré et l'a obligé à couper avec le vélo, le Taureau de Lescheret cherche absolument à positiver. Sans que cela passe forcément par la victoire. « Cinquième à Laval, troisième à Châteauroux, avez-vous l'impression de retrouver de bonnes sensations, de revivre sur un vélo ?Le début de Tour a été difficile, pas mentalement car j'étais confiant, je savais que j'étais en forme. Mais, physiquement, j'étais un peu bridé si on parle de moteur. La veille avant Laval (le 12 juillet), j'étais déjà un peu mieux et le jour même, je sentais bien que les jambes étaient là. Avec cette cinquième place puis la troisième à Châteauroux (dimanche dernier), j'étais content de me revoir à ce niveau. Cela prouve que c'était bien de rester calme et que cela tourne quand tu travailles. Vos derniers bons résultats remontaient à l'Étoile de Bessèges (une victoire d'étape) et au Tour d'Algarve (deux top 10). Que s'est-il passé entre-temps ?C'est compliqué. Il y a un peu de tout. Après Bessèges, je suis tombé un peu malade, à l'Algarve, j'étais bien et pas bien en même temps, je cherchais mes sensations. Juste après, j'étais complètement cassé, plus rien n'allait. J'essayais de me dire "Allez Arnaud, tu as travaillé pour" mais cela n'a jamais tourné et au final, je sentais bien que j'étais en train de "couler le navire". On a pris alors la meilleure décision en arrêtant après Gand-Wevelgem (le 30 mars dernier). « La vie, ce n'est pas que le vélo, le sport. Moi, ma base, c'est tout ce qui touche à la terre » Pour quelles raisons ?J'avais abandonné au bout de cent kilomètres et j'avais un dégoût énorme du vélo. Parfois, on se pose la question "est-ce que j'aime bien le vélo ?" pendant une étape de montagne où on a bien souffert mais à la fin, quand on est dans les délais, on se dit qu'on l'aime (sourires). Cette fois, le dégoût a duré une semaine ou deux. J'ai fait quatre ou cinq jours sans vélo mais je sentais que je détestais ce que je faisais. Je me posais beaucoup de questions, trop sûrement. Il fallait retrouver tout ce que j'aime dans le vélo, rouler avec passion, prendre du plaisir à l'entraînement et en course. Depuis le début du Tour, c'est exactement ce que je fais. Cette coupure aurait-elle dû intervenir plus tôt ? Vous aviez eu des signaux, des alertes ?On se dit toujours que l'espoir fait vivre. Au Nieuwsblad (86e, le 1er mars), j'étais combatif, j'en voulais et on pouvait penser que c'était un jour sans. Au Samyn (14e, le 4 mars), j'étais un peu meilleur physiquement mais ni bien, ni mal. Ensuite, cela n'allait vraiment plus. Je ne récupérais plus entre les entraînements. Que je fasse une heure, deux heures ou trois heures, j'avais mal aux jambes. Il y a des signaux mais on y croit toujours. Et c'est trop tard. Ce dégoût du vélo vous venait alors des jambes ou de la tête ?Mentalement, trois jours avant le Nieuwsblad, j'étais bien. Puis on a fait la reconnaissance et là, je me suis demandé si j'avais déjà fait du vélo. C'est la saison où j'ai le plus roulé en hiver et, sur le moment, j'ai vu que cela n'avait servi à rien. Pendant la coupure, qu'avez-vous fait ? Vous avez travaillé dans la ferme familiale ?Ce n'était pas pour "travailler", je dis toujours que j'aide mon père. Ce n'est pas la même énergie (sourire). J'avais besoin de retourner aux bases de la vie. Car la vie, ce n'est pas que le vélo, le sport. Moi, ma base, c'est tout ce qui touche à la terre. « A part être à la ferme, je ne prenais plus aucun plaisir à la vie, cela pèse beaucoup » Peut-on parler de dépression ?C'est sûr que mentalement, je n'étais pas top mais est-ce que c'était un burn-out ou une dépression, je ne sais pas. Mais sûrement, il y avait un peu de ça. À part être à la ferme, je ne prenais plus aucun plaisir à la vie, cela pèse beaucoup. Tu te sens un peu incompris, tu ne sais pas dire ce que tu ressens. Tu as l'impression que tout le monde est contre toi et mon échappatoire était d'aller aider mon papa. Avec ma maman, ils ont su trouver les bons mots et me redonner le goût de la vie. Parce que je l'avais perdu. J'avais tellement d'attentes personnelles que, quand tout tombe à l'eau, ce n'est vraiment pas chouette. Il fallait que je retrouve les petites choses de la vie, comme aller traire mes vaches. Ce n'est peut-être pas grand-chose mais pour moi, cela fait une grande différence, comme aller voir la famille. Je ne mettais plus l'accent dessus, je pensais que cela ne me faisait pas du bien alors que cela participe à mon bien-être. Vous avez toujours parlé de votre attachement familial et territorial. Vous l'aviez oublié ?Non mais je voulais être focus sur ma préparation, j'ai passé trois mois en Espagne, je n'ai jamais autant roulé. Trop ?Non mais c'est juste le mental qui brûlait à feu doux. Quand avez-vous senti que cela repartait ?J'ai commencé à rouler au bout d'une semaine, deux heures par jour. Dix heures par semaine, ce n'est pas beaucoup mais cela m'a redonné le plaisir d'aller rouler avec des habitués, des gens de ma région, ou seul avec mon gravel. Je voulais diversifier mon entraînement, ne pas regarder mes chiffres, juste rouler et reprendre plaisir à entendre un oiseau siffler. Comme avant, lorsque j'aimais le vélo. « Pour moi, évoquer ses faiblesses te rend plus fort » Vous parlez assez facilement de cette période, ce qui est assez rare chez les sportifs de haut en parle s'il veut. Pour moi, évoquer ses faiblesses te rend plus fort. Le vélo, tous les sports de haut niveau, sont tellement médiatisés, il y a beaucoup d'attentes, les nôtres aussi, qu'on peut oublier ce qui est bien pour soi. Et cela peut monter à la tête. Il faut trouver le bon équilibre entre les tâches à réaliser et le bien-être, sans être à 50/50, mais il faut trouver la bonne balance. S'il n'y a pas d'équilibre, tu ne peux pas marcher. Êtes-vous à l'abri de replonger ?Non, car c'est un travail sur le long terme, mais je ne "broie plus de noir", c'est déjà une grande victoire personnelle. Depuis un ou deux mois, je vois beaucoup plus de positif. Quand je devais rouler deux heures et que je voyais un orage, je me disais "merde, il y a un orage." Maintenant, je le vois différemment, je me dis qu'il ne pleut pas. C'est cet état d'esprit que j'essaie de mettre en place et cela porte ces fruits, on le voit sur le Tour. Les sept premiers jours, je n'étais pas bien physiquement mais je revenais dans le bus avec un point positif. Quand je suis tombé à Dunkerque (le 6 juillet) où j'avais déjà gravement chuté par le passé, je me disais "cette fois, ce n'est pas trop grave". Hier (lundi, lors de l'étape au puy de Sancy), le point positif, c'étaient les magnifiques paysages. Dans les cols, je vois un mec déguisé en grenouille, cela me fait rigoler et je me mets ça dans la tête (sourires). Être positif, cela t'aide à mordre dans toute ta journée, c'est fou. Pour replonger, ce sera plus difficile. En 2023, vous disiez "Je fais du vélo pour m'amuser". Vous vous amusez encore ?En 2023, je m'amusais car je gagnais. Pour s'amuser, il faut gagner ?Non et c'est ça le problème, je l'ai oublié en 2023. L'objectif est de gagner, c'est sûr, mais aujourd'hui je prends beaucoup plus de plaisir même si je ne gagne pas. » À lire aussi Une étape «sous contrôle» pour UAE Emirates Visma, un feu d'artifice sans bouquet final Healy, l'un des pires compagnons d'échappée Au milieu des frelons de la Visma, Pogacar imperturbable

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