
Pourquoi les jeunes britanniques vont-ils obtenir le droit de vote ?
Promesse électorale
C'était l'une des promesses électorales du premier ministre britannique, Keir Starmer : abaisser l'âge du droit de vote, présentement fixé à 18 ans. Jeudi, son parti a annoncé qu'il allait permettre aux jeunes de 16 et 17 ans de voter dès les prochaines élections nationales. « Les jeunes contribuent déjà à la société en travaillant, en payant des impôts et en servant dans l'armée. Il est normal qu'ils puissent s'exprimer sur les questions qui les concernent », a déclaré jeudi la vice-première ministre britannique, Angela Rayner. En Grande-Bretagne, il est possible d'entrer dans l'armée à 16 ans (c'est 17 ans au Canada).
PHOTO ISABEL INFANTES, REUTERS
Le premier ministre britannique, Keir Starmer
Le changement, qui doit encore être approuvé par le Parlement, fait partie d'une vaste réforme visant à augmenter la participation électorale au Royaume-Uni. Par exemple, le gouvernement souhaite permettre aux électeurs de voter en présentant une carte de crédit britannique comme pièce d'identité.
Loin d'être la norme
À ce jour, seule une poignée de pays autorisent les jeunes de 16 et 17 ans à voter, notamment le Brésil, l'Autriche et l'Argentine. Dans certains pays, comme la Belgique et l'Allemagne, il leur est permis de voter aux élections locales ou régionales, mais pas nationales. C'est aussi le cas en Écosse et au Pays de Galles, mais pas en Irlande du Nord ni en Angleterre – les quatre entités du Royaume-Uni. À peu près partout ailleurs dans le monde, il faut avoir 18 ans pour exercer son droit de vote. Mais cela n'a pas toujours été le cas. Pendant longtemps, l'âge légal pour voter a été de 21 ans, y compris au Canada. C'est seulement vers la fin des années 1960 que les gouvernements ont commencé à abaisser l'âge du droit de vote, relate Valere Gaspard, chercheur au Leadership and Democracy Lab de l'Université Western et de l'Université Trent. « La logique était que si l'individu pouvait être dans l'armée, il devrait avoir le droit de voter », explique-t-il.
Pour ou contre
Le débat sur l'âge du droit de vote ne date pas d'hier, rappelle Valere Gaspard. « Ce qui est intéressant, c'est que les arguments sont très arbitraires », note-t-il. Pour les uns, les jeunes sont assez matures à 16 ans pour voter. Pour les autres, non. De manière générale, ceux qui se positionnent en faveur de l'abaissement de l'âge du droit de vote font valoir que les jeunes sont des membres actifs de la société. S'ils travaillent et paient des impôts, ils devraient avoir leur mot à dire sur leur avenir, d'autant plus que les décisions politiques ont souvent des répercussions à long terme. Selon eux, permettre aux jeunes de voter les motiverait à s'intéresser et à participer davantage à la vie politique.
PHOTO DYLAN MARTINEZ, ARCHIVES REUTERS
Un panneau indiquant la localisation d'un bureau de vote à Londres lors de la dernière élection générale tenue en juillet 2024
À l'inverse, certains arguent que les jeunes peuvent participer au système démocratique sans avoir à voter, par exemple en adhérant à un parti politique. De plus, ils craignent que réduire l'âge du droit de vote entraîne une baisse du taux de participation électorale. En effet, le phénomène a été observé lorsque des pays ont abaissé l'âge de 21 ans à 18 ans, relate M. Gaspard. En élargissant leur bassin d'électeurs admissibles, leur taux de participation avait diminué, les jeunes ayant moins tendance à voter que les électeurs plus âgés. « Certains pourraient faire valoir qu'un faible taux de participation électorale pourrait affaiblir le mandat des élus », explique le chercheur.
Un impact incertain
Le Royaume-Uni compte environ 1,6 million de jeunes de 16 et 17 ans sur une population totale de 66 millions d'habitants. Pourrait-on voir une différence dans le résultat des prochaines élections, sachant que les jeunes ont historiquement tendance à voter plus à gauche que le reste de la population ? Pas nécessairement, répond Valere Gaspard. À sa connaissance, il n'existe pas de données qui confirment ou infirment cette hypothèse. En outre, de plus en plus d'études pointent vers le fait que les jeunes se positionnent plus à droite qu'autrefois. « On ne sait pas comment les résultats vont être impactés », résume-t-il.
Et au Canada ?
À Ottawa, la question semble essentiellement tranchée. Si quelques élus prônent encore un tel changement, « ce n'est pas un enjeu numéro un pour le gouvernement », remarque M. Gaspard. Cela dit, l'idée fait actuellement débat en Colombie-Britannique. Créé en avril dernier, un comité spécial dont le mandat est de travailler sur une réforme électorale pourrait se pencher sur cette question. « Quand un changement s'est passé, la plupart du temps, c'est parce que la majorité du public était d'accord », rappelle Valere Gaspard.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


La Presse
a day ago
- La Presse
L'incendie à la mosquée-cathédrale de Cordoue sous contrôle
Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient des flammes orange et de la fumée s'échappant des hauts murs de la mosquée-cathédrale de Cordoue. (Madrid) L'incendie qui s'est déclaré vendredi soir dans la célèbre mosquée-cathédrale de Cordoue, dans le sud de l'Espagne, est « contrôlé », ont annoncé les pompiers à l'AFP. Agence France-Presse « L'incendie est contrôlé à ce stade mais il n'est pas éteint », ont expliqué les pompiers joints par l'AFP alors qu'un feu spectaculaire avait démarré aux alentours de 21 h (15 h heure de l'Est) dans le joyau architectural vieux de plusieurs siècles. « Ce soir, un incendie s'est déclaré dans une chapelle de la mosquée-cathédrale, dans la zone d'Almanzor. Immédiatement, le protocole établi dans le Plan d'autoprotection a été activé », avait publié le compte officiel de la mosquée-cathédrale dans la soirée, sans plus d'informations. Des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montraient des flammes orange et de la fumée s'échappant des hauts murs du monument, notamment au-dessus de la porte de San José (côté sud de la mosquée) qui donne accès à l'intérieur depuis la rue, et au célèbre patio des orangers. Selon plusieurs médias espagnols, une machine « balayeuse » serait à l'origine de l'incendie lorsqu'elle aurait pris feu aux alentours de 21 h heures locales (15 h heure de l'Est). Contactée à plusieurs reprises par l'AFP, la mairie et la police de Cordoue n'étaient pas joignables vendredi soir. Le monument est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO et visité par plus de 2 millions de personnes en 2024, La mosquée-cathédrale de Cordoue est un joyau architectural édifié par les émirs et califes omeyyades entre les VIIIe et Xe siècles. Sa construction a commencé au VIIIe siècle sous l'émirat d'Abderramán Ier sur le site d'une basilique chrétienne, puis elle a été agrandie en plusieurs phases au cours des quatre siècles suivants. L'agrandissement d'Almanzor date de la fin du Xe siècle. Après la reconquête chrétienne en 1236, elle a été consacrée cathédrale et des éléments architecturaux catholiques ont été ajoutés, dont une vaste chapelle centrale au XVIe siècle. L'édifice a accueilli plus de 2 millions de visiteurs en 2024 selon son site internet.


La Presse
2 days ago
- La Presse
Tous les yeux rivés sur Arthabaska-L'Érable
(Victoriaville) Éric Duhaime et Alex Boissoneault, politiquement, ne se ressemblent pas beaucoup. En revanche, à quelques jours du vote dans l'élection partielle d'Arthabaska-L'Érable, les deux favoris s'entendent sur une chose : François Legault a raté son pari. Malgré l'été, les électeurs sont présents, intéressés, au rendez-vous. « Le premier ministre, par cynisme, a décidé de [lancer une élection partielle] en été. Mais jusqu'à maintenant, ça a attiré beaucoup de votes, et beaucoup d'attention de l'extérieur », a déclaré Éric Duhaime, chef du Parti conservateur du Québec et candidat dans la partielle, lors d'une conférence de presse bilan vendredi avant-midi. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Éric Duhaime, candidat et chef du Parti conservateur « On a fait un débat à la télévision nationale, comme si c'était un débat des chefs. Je pense que ça témoigne que Legault a manqué son pari. » L'élection partielle avait été officiellement déclenchée le 8 juillet. Ce lundi 11 août, les électeurs et électrices d'Arthabaska se rendront à l'urne pour le jour du vote, après cinq semaines de campagne. Lors du scrutin par anticipation, qui se tenait les dimanche et lundi, 3 et 4 août, près de 15 000 personnes ont exercé leur droit de vote. Cela représente 26 % des électeurs de la circonscription, soit près du double de la dernière élection partielle dans Terrebonne, en mars dernier. « Je me suis lancé à la mi-mai, j'en ai passé du temps, à cogner aux portes. J'ai un seul objectif en tête : représenter mon monde. […] Et sur le terrain, la réponse est bonne », a lancé Alex Boissonneault, candidat du Parti québécois, lors de sa propre conférence de presse vendredi. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Alex Boissonneault, candidat du Parti québécois Les sondages internes du PQ, qui comptaient sur une délégation composée du chef Paul St-Pierre Plamondon ainsi que des députés Pascal Bérubé, Pascal Paradis et Catherine Gentilcore, prévoient un « taux de participation très élevé ». Legault a totalement raté son pari. Tout le monde sera rivé à son téléviseur lundi. Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois M. St-Pierre Plamondon est clair. « Il y a une volonté de changement. Notre objectif, c'est de remplacer le gouvernement de la CAQ dans un an. Alex Boissonneault fait partie de la solution. Il a l'étoffe d'être ministre. » Course à deux Le site d'analyse Qc125 attribue, à trois jours du vote, une avance pratiquement égale au Parti québécois et au Parti conservateur, en tête de liste. MM. Duhaime et Boissonneault, obtiendraient 37 % des voix chacun. Il est toutefois important de mentionner que la marge d'erreur est de 7 points. « Ils n'ont pas été mis à jour depuis la fin juin, car nous n'avons pas eu de données locales », ajoute Philippe F. Journier, fondateur de Qc125, en réponse à La Presse. Chantale Marchand du Parti libéral du Québec et Keven Brasseur de la Coalition avenir Québec obtiendraient 9 % des voix chacun, puis Pascale Fortin de Québec solidaire terminerait au dernier rang des partis majeurs avec 6 %, selon ces prévisions.


La Presse
2 days ago
- La Presse
Le vote par anticipation commence vendredi
Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, tente de se faire élire dans la circonscription de Battle River—Crowfoot, en Alberta. (Camrose) Le vote par anticipation dans le cadre de l'élection partielle historique dans la circonscription fédérale de Battle River—Crowfoot, en Alberta, s'amorce vendredi. Fakiha Baig La Presse Canadienne Pour la toute première fois, Élections Canada indique que les électeurs devront remplir un bulletin de vote vierge. L'agence recense un nombre record de 214 candidats dans cette circonscription rurale, où le scrutin aura lieu le 18 août. La majorité d'entre eux font partie du « Comité du bulletin de vote le plus long », un groupe de protestation qui réclame divers changements au système électoral canadien. Le premier ministre Mark Carney a convoqué cette élection partielle en juin après la démission du conservateur Damien Kurek, qui avait facilement remporté le siège lors des élections générales d'avril. M. Kurek a cédé sa place pour permettre au chef conservateur Pierre Poilievre de se présenter, lui qui n'a pas été réélu dans Carleton ce printemps. Chez les autres partis, Darcy Spady se présente pour les libéraux, Katherine Swampy pour les néo-démocrates et Bonnie Critchley fait campagne comme candidate indépendante. Processus différent En raison du nombre très élevé de candidats, Élections Canada a dû procéder à des modifications dans sa façon de faire pour cette élection partielle. Contrairement à ce qui se fait à l'habitude, les électeurs ne pourront pas simplement cocher le nom du candidat pour qui ils souhaitent voter. En lieu et place, ils devront écrire eux-mêmes à la main le nom du candidat de leur choix dans un espace vierge. « Même s'ils orthographient mal le nom du candidat, leur vote sera compté », a assuré Matthew McKenna, porte-parole d'Élections Canada. « Ils peuvent également ajouter le nom du parti politique. Cependant, s'ils n'écrivent que le nom d'un parti politique, leur bulletin ne pourra pas être compté. Le nom du candidat doit figurer sur le bulletin », a-t-il précisé. Une liste avec les noms de tous les candidats, en gros caractères, sera disponible dans les bureaux de vote pour que les électeurs puissent s'y référer, a-t-il ajouté. Des loupes et des crayons à gros embouts seront aussi mis à la disposition des électeurs. Les agents électoraux ont reçu une formation supplémentaire. Selon M. McKenna, ils disposent de moyens pour aider les électeurs à remplir leur bulletin. Par ailleurs, le processus de dépouillement sera différent. M. Poilievre a réitéré jeudi sa frustration face à cette initiative visant à allonger la liste des candidats. Plus de 90 candidats figuraient sur le bulletin de vote lorsqu'il s'est présenté dans Carleton ce printemps. « Je n'ai aucun problème avec ceux qui veulent se présenter aux élections, même s'ils ne sont pas connus ou riches », a-t-il mentionné lors d'une conférence de presse sur un autre sujet à Calgary. « Mais ce n'est pas ce que font ces gens […] ils veulent simplement inonder le scrutin pour semer la confusion et rendre le vote plus difficile. Les personnes malvoyantes, les personnes âgées et celles qui ont déjà des difficultés auront encore plus de mal à voter », a-t-il déploré.