
Les insomniaques s'amusent
Ce serait une erreur. Parce qu'un autre festival nocturne bat son plein ces jours-ci. Comme les grands évènements, il se déploie sur plusieurs soirs, chacun mettant en vedette des étoiles différentes. Je parle des Perséides, cette pluie de météores qui vient chaque année marquer un calendrier estival qui ne dérougit pas.
Les Perséides, un évènement culturel de l'été ? Absolument. L'éclipse solaire de 2024 et les récents épisodes d'aurores boréales ont montré à quel point les spectacles célestes peuvent être de forts vecteurs d'émotion et même générer des buzz collectifs.
Les Perséides sont basées sur des phénomènes naturels qui stimulent notre curiosité et notre désir de comprendre. Chaque édition est unique, si bien qu'il faut un peu l'équivalent d'un « guide du festivalier » pour bien en profiter. Et l'évènement soulève des enjeux, notamment celui de la pollution lumineuse. En discutant des Perséides avec Olivier Hernandez, directeur du Planétarium de Montréal, nous nous sommes même retrouvés à parler… d'analyse différenciée selon les sexes ! Comme quoi le sujet est riche.
C'est un peu de tout cela que je vous propose de parler ici.
PHOTO NICK COTE, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES
Une étoile filante au-dessus du continent nord-américain. Le premier avantage des Perséides, c'est qu'on n'a pas besoin de payer un droit d'entrée ou de se mêler aux foules pour en profiter, il suffit de s'installer en plein air… et d'être patient.
Le premier avantage des Perséides, c'est qu'on n'a pas besoin de payer un droit d'entrée ou de se mêler aux foules pour en profiter (même si des évènements sont organisés, notamment au Planétarium de Montréal et à l'ASTROLab du parc du Mont-Mégantic). On peut simplement étendre une couverture sur le sol et regarder les poussières laissées par la comète Swift-Tuttle enflammer l'atmosphère, laissant ces traînées lumineuses qu'on appelle étoiles filantes.
Tout le plaisir est dans l'attente et l'expectative – ainsi que dans les « oooh » émerveillés que pousse tout le monde en même temps.
Musique, maïs soufflé, bouteille de votre boisson favorite : libre à vous d'accompagner l'affaire de ce qui vous chante et de créer votre propre évènement. En plus, avec la chaleur qui règne, la nuit est sans doute le meilleur moment pour sortir ces jours-ci.
« Les Perséides sont ce que j'appellerais un évènement chouchou du public, dit Olivier Hernandez. Ça se passe en été, alors que plusieurs personnes sont en vacances et que les enfants ne sont pas à l'école. »
L'édition 2025 ? Il faut bien admettre qu'elle comporte des défis. Le pic des Perséides sera atteint pendant la nuit de mardi à mercredi, mais la Lune éclairera aussi le ciel à 80 % de sa luminosité. Avec la fumée des incendies qui diffuse cette lumière, les observations sont compliquées.
Olivier Hernandez souligne toutefois que la Lune ne se lèvera qu'à 21 h 36 mardi soir, ce qui laisse une petite fenêtre d'observation après le coucher du soleil. Cette fenêtre s'agrandira progressivement au fil de la semaine. Samedi, la Lune n'apparaîtra qu'à 23 h 26. Le nombre de météores sera plus faible, mais les conditions d'observation seront meilleures. Vous l'aurez lu ici – et ça vous permettra de vous coucher plus tôt.
PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE
Olivier Hernandez, directeur du Planétarium de Montréal
Considérez par ailleurs cette année comme un entraînement pour les éditions futures. L'an prochain, les Perséides tombent pendant la nouvelle Lune, si bien que notre satellite naturel ne jouera pas les trouble-fêtes. Mais c'est vraiment en 2028 qu'on en aura plein la vue.
Ça va être une avalanche, un sursaut. On attend près de 1000 perséides à l'heure, alors que cette année, le maximum sera de 100 – et avec la Lune et la pollution lumineuse, ça risque d'être réduit à 25.
Olivier Hernandez, directeur du Planétarium de Montréal
Pourquoi cette édition spéciale en 2028 ? Parce que le nuage de poussière laissé par la comète Swift-Tuttle que traverse la Terre chaque année comporte des « courants », et que nous en frapperons alors un.
Si Montréal est bien servi par les festivals estivaux, les Perséides sont la revanche des régions, où la pollution lumineuse est moindre. Les Perséides sont d'ailleurs une occasion de prendre conscience de l'immense perte de patrimoine que constitue l'effacement du ciel étoilé.
« La pollution lumineuse est malheureusement encore en croissance rapide dans le monde, bien que les études scientifiques aient clairement identifié ses effets néfastes sur les écosystèmes, la santé humaine et le ciel étoilé », déplore Martin Aubé, spécialiste de la question et professeur de physique au cégep de Sherbrooke.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
L'Observatoire du Mont-Mégantic, situé dans une réserve internationale de ciel étoilé
Au Québec, au moins, la prise de conscience est réelle. M. Aubé évoque par exemple « l'oasis de nuit étoilée » créée au parc du Mont-Bellevue, à Sherbrooke. Les environs du mont Mégantic sont aussi reconnus comme une réserve internationale de ciel étoilé.
Des progrès se font également à Montréal. Le remplacement des vieux lampadaires au sodium par des lampadaires à diodes électroluminescentes a permis de réduire la pollution lumineuse. Olivier Hernandez mentionne aussi l'arrondissement de Saint-Laurent, qui s'est doté d'une politique contre la pollution lumineuse, et celui de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, qui a publié un guide de bonnes pratiques pour minimiser les effets néfastes de l'éclairage. Montréal veut aussi faire du futur Grand parc de l'Ouest une réserve de ciel étoilé.
Le problème, c'est que Montréal est un patchwork. Il y a le municipal, mais aussi le provincial et le fédéral, avec les autoroutes et divers bâtiments. Et c'est sans compter tout ce qui est privé – les concessionnaires automobiles, les serres, les bâtiments privés.
Olivier Hernandez, directeur du Planétarium de Montréal
Le directeur du Planétarium est toutefois conscient que tout le monde n'a pas envie de fermer toutes les lumières. Les travailleurs de nuit, dont une majorité de femmes (infirmières, préposées au ménage), voient leur sentiment de sécurité amoindri dans une ville sombre.
« Il faut vraiment avoir leur point de vue et les inclure dans les discussions », dit Olivier Hernandez, qui parle d'une « approche ADS+ » (pour « analyse différenciée selon les sexes dans une perspective intersectionnelle »).
Chose certaine, il existe peu de choses capables de nous émouvoir davantage et de nous faire comprendre notre (minuscule) place dans l'Univers qu'un ciel étoilé. Lorsque celui-ci s'anime, c'est le temps de regarder en l'air.
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