
Bien comprendre les implications du paiement échelonné
Ian Bickis
La Presse Canadienne
Sur le marché en plein essor du financement « Achetez maintenant, payez plus tard », les clients peuvent généralement étaler leurs paiements sur plusieurs semaines sans frais, car ce sont les commerçants qui paient pour ce service dans l'espoir de convaincre les consommateurs de dépenser davantage.
C'est précisément la promesse que des fournisseurs comme Affirm et Klarna font aux entreprises, vantant des augmentations d'environ 20 % du total des commandes. Shopify, quant à lui, affirme que son programme de paiement échelonné peut entraîner une augmentation allant jusqu'à 50 % du montant moyen des commandes et une réduction de 28 % des paniers abandonnés.
Si cette option peut être plus pratique, potentiellement sans frais directs pour les consommateurs, les experts financiers préviennent qu'elle est loin d'être sans risque.
« La tentation de dépenser trop est grande », souligne Doug Hoyes, syndic de faillite.
Avec cette option qui apparaît lors du paiement en ligne ou qui est proposée par un caissier, les consommateurs ne réfléchissent pas nécessairement pleinement à leur décision et aux implications de ce qu'ils acceptent, indique M. Hoyes.
« Pour la grande majorité des gens, on s'endette sans vraiment s'en rendre compte. On ne prend pas la décision consciente d'emprunter cet argent. Et c'est évidemment dangereux », fait-il valoir.
Le partage de données
Si la grande majorité des acheteurs remboursent ces dettes – qui se chiffrent généralement en centaines de dollars plutôt qu'en milliers –, on observe également une demande croissante de partage des données avec les agences d'évaluation du crédit, ce qui crée de nouveaux risques.
La semaine dernière, aux États-Unis, le géant de l'évaluation FICO a annoncé le lancement de ses premiers pointages de crédit intégrant les données des programmes « Achetez maintenant, payez plus tard ».
En avril, Affirm a annoncé qu'elle commencerait à partager ses données avec TransUnion aux États-Unis, avec l'intention de faire de même au Canada, a déclaré son porte-parole Brian Levin.
« Nous pensons que le partage des données avec les agences d'évaluation du crédit favorise les prêts responsables et des résultats de crédit positifs », a-t-il indiqué.
Au Canada, Equifax a indiqué que ses rapports de crédit ont commencé à inclure les données de certains prêteurs « Achetez maintenant, payez plus tard », qui pourraient être utilisées dans le calcul des cotes de crédit.
TransUnion a indiqué qu'elle en était encore à l'étape du développement pour déterminer comment intégrer ces données, notamment en créant une section distincte sur les rapports de crédit afin de refléter la nature unique de ces produits, a déclaré sa porte-parole Hyunjoo Kim.
Alors que les travaux progressent pour ajouter le volet « Achetez maintenant, payez plus tard » aux rapports de crédit, certains fournisseurs ont exprimé des inquiétudes.
Klarna a déclaré en mars dernier qu'elle ne partageait pas les données des programmes « Achetez maintenant, payez plus tard » avec les agences d'évaluation du crédit américaines, car elles ne s'intègrent pas bien à d'autres types de prêts.
L'entreprise, qui a confirmé ne pas partager non plus de données avec les agences canadiennes, a déclaré que l'ajout du volet « Achetez maintenant, payez plus tard » aux modèles d'évaluation du crédit existants pourrait aggraver la situation des consommateurs.
« Comme les impacts potentiels à long terme sur le consommateur sont peu clairs, nous pensons que cette approche est trop risquée », a indiqué l'entreprise.
D'autres fournisseurs, comme AfterPay, affirment également ne pas fournir de données aux agences d'évaluation du crédit. Sezzle a indiqué que le partage de données avec les agences de notation est une option pour ceux qui choisissent son programme Sezzle Up pour améliorer leur crédit.
Le risque de gérer plusieurs comptes de dettes
Les différentes approches en matière d'évaluation du crédit rappellent également la diversité des subtiles différences de politique entre les fournisseurs que les consommateurs devraient prendre en compte avant de s'inscrire.
Certains, comme Affirm et AfterPay, suspendent tout achat ultérieur en cas de retard de paiement, tandis que d'autres, comme Klarna, font de même, mais peuvent également facturer de légers frais de retard et transmettre les créances impayées aux agences de recouvrement.
La plupart des fournisseurs proposent également de plus en plus de prêts à long terme, avec des taux allant de zéro à 30 %. Certains concluent également des partenariats pour des articles plus coûteux, comme les équipements de sport et les billets d'avion, ce qui peut entraîner une transition potentiellement risquée vers un endettement plus important.
Le simple fait qu'il y ait autant de fournisseurs augmente également le risque de les cumuler et de devoir gérer plusieurs comptes de dettes, souligne Natasha Macmillan, responsable des services bancaires courants chez Ratehub.ca.
« L'attrait du taux zéro donne presque aux gens une fausse impression d'accessibilité financière, fait-elle valoir. La vraie mise en garde à faire est de s'assurer, si vous en avez un, ou plusieurs, de bien évaluer le coût total de tous les programmes 'Achetez maintenant, payez plus tard' en cours, afin de vous assurer de pouvoir couvrir le coût de chacun d'eux. »
La pression exercée par ces prêts bon marché commence à se faire sentir pour certains fournisseurs. Les derniers résultats trimestriels de Klarna ont montré une augmentation de 17 % des pertes sur crédit à la consommation, et ses pertes globales ont doublé, ce qui laisse craindre que cela ne soit le début de difficultés plus larges pour le secteur.
Mais le taux de perte sur crédit de l'entreprise n'était toujours que de 0,54 %, ce qui montre que la grande majorité des emprunteurs remboursent encore leurs dettes. La question la plus importante est de savoir si les consommateurs dépensent plus que prévu et si l'argent qu'ils avaient prévu de mettre de côté sert désormais à rembourser ces achats.
Pour éviter une accumulation de factures imprévues, M. Hoyes affirme que la clé des achats est l'anticipation.
« Il n'y a rien de mal à utiliser une carte de crédit, à acheter maintenant, payer plus tard, à contracter un prêt auto, une hypothèque ou quoi que ce soit du genre. C'est sans plan, lorsqu'on fait un achat impulsif en magasin, qu'on peut se retrouver dans une situation délicate », fait-il valoir.
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