
Rien ne va plus pour les jeux en ligne du Casino de Montreux
À Montreux, le Casino Barrière dans sa version «physique». Son expérience dans les jeux de casino en ligne a mal tourné.
Chantal Dervey
En bref:
En janvier 2022, Jérôme Colin , directeur général du Casino Barrière de Montreux, inaugurait le site de jeux de casino en ligne Gamrfirst.ch. Cet été, la plateforme - une des dix actives et autorisées en Suisse - est en péril. Selon nos informations, l'équipe chargée de son fonctionnement a été convoquée à la fin du mois de juillet. Les collaborateurs et collaboratrices ont encaissé la nouvelle de leur licenciement pour le 31 octobre. Environ 30 personnes seraient touchées.
Sur le réseau social professionnel LinkedIn, des employés affichent le logo «open to work», en recherche d'emploi. Selon nos informations, certains souhaitent consulter le syndicat Unia. Cette organisation n'est pour l'instant pas officiellement mandatée, mais elle rappelle que, en cas de licenciement collectif (10% de l'effectif pour une société de 100 à 300 personnes), l'employeur doit d'abord procéder à une consultation du personnel. Et l'entreprise doit annoncer le cas à la Direction générale de l'emploi et du marché du travail du Canton, laquelle ne souhaite pas faire de commentaire.
Le flou règne sur la situation à Montreux, selon une source interne: «Pour le moment, nous avons nous-mêmes très peu d'infos. Nous attendons des précisions. Nous n'avons pas de retour de la direction et ça risque de prendre un moment. Les RH sont en vacances.» Le silence du Casino Barrière de Montreux
Le Casino Barrière de Montreux, qui emploie au total un peu plus de 200 collaborateurs , n'a pas répondu à nos questions malgré nos sollicitations. Jérôme Colin ainsi que le directeur des jeux en ligne sont «en congé». Le siège parisien du groupe Barrière qui, en Suisse, chapeaute aussi les casinos de Courrendlin (Casino du Jura) et de Fribourg, a ignoré nos courriels. Mais la Commission fédérale des maisons de jeu, chargée de la surveillance de la branche, se déclare «au courant de la situation».
La nouvelle s'est rapidement répandue. Notamment auprès du groupe Partouche. Le concurrent français de Barrière exploite au bout du Léman le Casino du Lac, à Meyrin, ainsi que le site de jeux en ligne Pasino.ch. «À ce jour, deux casinos en ligne suisses ont déjà cessé leurs activités – et avec Gamrfirst.ch du groupe Barrière, un troisième semble s'y ajouter. Cela démontre la complexité du secteur, même dans un cadre réglementé», déclare Fabrizio Barozzi, directeur général. La dernière fermeture en date est annoncée sur le site de la Commission fédérale des maisons de jeu: «Le 1er août 2025, le Casino de Bâle a cessé son activité en ligne sur goldengrand.ch.» Casinos physiques en régression en Suisse
En l'absence d'explication du groupe Barrière, l'analyse des résultats permet d'émettre des hypothèses. D'abord, les 21 casinos «physiques» autorisés en Suisse subissent globalement une baisse de l'activité mesurée par le produit brut des jeux (PBJ), soit la différence entre les mises des joueurs et leurs gains. Le Covid a provoqué une forte chute en 2020. La branche n'a ensuite pas atteint le niveau d'avant la pandémie et la tendance est baissière depuis 2022. Selon le site casinoweb.ch , le Casino Barrière de Montreux n'échappe pas à cette évolution. Son PBJ avoisinait les 75 millions de francs jusqu'en 2018. En 2024, il se situait à 47 millions, en diminution face aux 55 millions de 2023.
Le secteur des jeux en ligne est de son côté globalement en progression. Mais pas suffisamment pour compenser la régression de tous les casinos «physiques». Le PBJ de Gamrfirst.ch est monté à 7,3 millions en 2024 (2,4 millions en 2022). Ce résultat le classe en avant-dernière position (9e), devant Lugano et derrière la plateforme du Casino de Bâle qui vient de fermer. C'est peu par rapport aux 98 millions affichés par le Casino de Lucerne, numéro un .
La seule autre plateforme de jeux de casino en ligne de Suisse romande, Pasino.ch, exploitée par le Casino du Lac (Partouche) à Meyrin, a atteint les 22 millions, trois fois plus que le résultat montreusien. Grâce à son activité sur le web, le Casino de Meyrin, générant pourtant moins d'argent dans sa version physique que celui Montreux, se place au 5e rang du classement général devant l'établissement de la Riviera vaudoise, huitième. À Genève, Fabrizio Barozzi pavoise: «Notre casino en ligne est rentable et dégage des résultats positifs, ce qui est loin d'être une norme dans le secteur.»
Il apporte une explication à ces différences de résultats: «Les trois premiers opérateurs suisses ont eu l'avantage d'entrer tôt sur le marché, parfois même avant la crise du Covid. N'ayant pas bénéficié de cette avance, nous avons dû redoubler d'efforts pour compenser cet écart – ce que nous avons réussi à faire.» Le site genevois Pasino.ch a été créé en novembre 2020, avant Gamrfirst.ch de Montreux, en janvier 2022.
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Les plateformes inaugurées avant la crise du Covid, comme celle de Lucerne en août 2019, semblent donc avoir bénéficié de la désaffection temporaire des casinos physiques provoquée par la pandémie. Mais d'autres établissements devraient se lancer sur le web: «Il faut relever que le Casino de Mendrisio a lancé sa plateforme en ligne le 16 juillet 2025», souligne la Commission fédérale des maisons de jeu. Tout n'est donc pas joué.
Versements à l'AVS, exigence de transparence, prévention de l'addiction au jeu : les casinos et les loteries sont encadrés par la loi fédérale sur les jeux d'argent, acceptée par le peuple en 2018 et en vigueur depuis janvier 2019. Seules les maisons de jeu au bénéfice d'une concession d'activité «présentielle» – elles sont 21 actuellement – peuvent lancer une plateforme de casino en ligne (roulette, black-jack, poker, etc.).
Onze d'entre elles, dont Montreux et Meyrin en Suisse romande, sont au bénéfice d'une extension de concession pour le web. Dix sites sont actifs: le Casino de Locarno est encore en phase de préparation. La Commission fédérale des maisons de jeu bloque l'accès aux plateformes illégales, souvent étrangères, qui sont listées . Un audit du Contrôle fédéral des finances avait toutefois montré, en 2023, des failles dans cette activité de surveillance des jeux d'argent en Suisse .
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