
Le rêve américain de l'éolien en mer s'efface
Que s'est-il passé pour que ces deux entreprises québécoises changent de stratégie ?
Chez Marmen, c'est la poussée inflationniste des coûts de construction et de fabrication depuis l'arrivée de la COVID-19, alors que c'est le dédain de l'administration Trump à l'endroit du secteur éolien qui est à l'origine du repli de Technostrobe.
« Notre industrie est fortement touchée par les décisions de l'administration américaine, lâche le président de la PME, Francis Lacombe, en entrevue téléphonique. C'est ce qui est la source du ralentissement plutôt que la question des droits de douane. »
PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE
Francis Lacombe, président de Technostrobe
Dès son retour à la Maison-Blanche, le président américain, Donald Trump, ne s'est pas gêné pour signer des décrets marquant la fin du financement fédéral pour ces projets d'énergie renouvelable ainsi que pour bloquer la délivrance de permis.
Marmen dit avoir pris sa décision avant l'élection du magnat de l'immobilier, en novembre dernier. Néanmoins, le président du fabricant haute précision de pièces d'acier de toutes tailles établi à Trois-Rivières ne s'en cache pas : le secteur est actuellement à plat.
Il y a quatre ans, le marché [de l'éolien en haute mer] semblait en explosion, et là, il implose. C'est exactement l'inverse qui arrive.
Patrick Pellerin, président de Marmen
« On y croyait »
C'est en 2021 que Marmen annonçait ses couleurs. Dans le cadre d'un partenariat avec Welcon, elle prévoyait la construction d'un complexe sur un terrain de 85 acres – l'équivalent d'environ 65 terrains de football américain – du port d'Albany. À l'époque, le chantier était estimé à plus de 300 millions.
IMAGE FOURNIE PAR MARMEN
L'usine qui était projetée par Marmen sur les terrains du port d'Albany
L'objectif : construire des tours de moulins à vent, soit des structures qui mesurent souvent plus de 250 mètres de hauteur, pour Equinor, un géant norvégien qui devait piloter l'aménagement d'un parc au large des côtes de l'État de New York – le premier du genre dans cette région. Les choses ne se sont pas passées comme prévu.
« Partout dans le monde, les coûts de construction ont explosé et la COVID-19 a ralenti les choses, affirme M. Pellerin. Avec des coûts plus élevés, la production devenait moins compétitive. On a fini par retirer nos billes. L'ingénierie pour les bâtiments était complétée et tous les permis avaient été obtenus. Cela nous a coûté de l'argent. On y croyait. »
Le projet d'Equinor
Le géant norvégien avait été retenu par l'État de New York en 2021 pour aménager, en deux phases, un projet éolien en haute mer visant à fournir de l'électricité à la ville de New York. Avec ses 54 moulins à vent, le premier volet, situé à moins de 50 kilomètres au sud-est de Long Island, doit alimenter l'équivalent de 500 000 foyers new-yorkais à compter de 2027. En avril dernier, Washington avait annoncé l'arrêt de la construction du projet, avant de revenir sur sa décision le mois suivant. Les problèmes rencontrés par Equinor avec ce projet se sont soldés par une charge de dépréciation de 955 millions US au deuxième trimestre en raison de perspectives beaucoup moins encourageantes pour l'éolien en haute mer dans le marché américain.
Case départ à Albany
Si les choses ne se sont pas passées comme prévu au sud de la frontière, Marmen peut quand même se consoler de ce côté-ci de cette dernière. L'an dernier, elle a pu relancer la construction de tours d'éoliennes à son usine de Matane, notamment.
Le portrait est différent pour le port d'Albany. Après cinq années de travaux pour préparer le terrain et plus de 170 millions US, on doit retourner à la table à dessin. Un appel de propositions visant à trouver une nouvelle vocation au site vient de se conclure.
« Le projet de Marmen n'ira pas de l'avant, confirme la porte-parole du port d'Albany, Penny Vavura, dans un courriel. Au printemps, nous avons décidé d'envisager d'autres solutions pour le site. »
PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE WM. J. KELLER CONSTRUCTION CORP
Le port d'Albany cherche une nouvelle vocation au terrain industriel qui devait accueillir l'usine de Marmen.
Marmen, qui fabrique aussi des tours d'éoliennes terrestres au Dakota du Sud, n'avait pas annoncé sa décision publiquement. C'est tout le processus mis de l'avant par le port américain qui a mis la lumière sur la tournure des évènements.
Retrait américain
À environ 20 kilomètres au nord-est du port, Technostrobe, qui se spécialise entre autres dans l'assemblage d'équipements de balise pour les éoliennes en mer, vient de faire ses boîtes. Son usine américaine a cessé ses activités il y a environ trois semaines, quelques années seulement après son démarrage. Vingt-cinq personnes ont perdu leur emploi – environ 20 en décembre dernier, et le reste il y a trois semaines.
Dans le contexte actuel, impossible de justifier une usine de 1500 mètres carrés au sud de la frontière, se désole le président de la PME établie à Coteau-du-Lac, près de Salaberry-de-Valleyfield.
Évidemment, c'est une décision qui découle de l'absence de confirmation de nouveaux projets éoliens en mer sur la côte est des États-Unis. Les activités d'Albany ont été transférées à Montréal. Cette année et le début de 2026, c'est le creux de la vague pour nous.
Francis Lacombe, président de Technostrobe
À la différence des éoliennes terrestres, les moulins à vent en mer sont des obstacles pour les avions et les bateaux. Ils nécessitent toute une série d'équipement de balisage, lumineux et sonore, comme des détecteurs de visibilité, des crieurs de brouillard et des lumières d'aide à la sécurité. C'est un créneau dans lequel Technostrobe se spécialise et qui était synonyme de croissance aux États-Unis, jusqu'à l'an dernier. L'entreprise conçoit aussi et fabrique des systèmes d'éclairage pour des moulins à vent terrestres ainsi que pour des infrastructures de radiodiffusion et de télécommunications.
À l'instar de Marmen, Technostrobe se console tant bien que mal avec le marché québécois, où elle compte une usine. Celle située aux Pays-Bas est aussi « très active », affirme M. Lacombe.
« On espère que les annonces d'Hydro-Québec, celles en Ontario pour 5000 autres mégawatts d'énergie et d'autres dans les Maritimes pour davantage de puissance puissent ramener un niveau d'activités que l'on ne voit pas actuellement. »
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