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«Je ne parle pas du tout anglais» : quand la barrière de la langue pousse les Français à voyager en groupe

«Je ne parle pas du tout anglais» : quand la barrière de la langue pousse les Français à voyager en groupe

Le Figaro2 days ago
DÉCRYPTAGE - Alors que l'apprentissage des langues étrangères reste une difficulté pour 75 % des Français, partir à plusieurs peut être plus rassurant. Excursions organisées, guides privés....Quelles options s'offrent aux voyageurs les moins bilingues ?
Lorsqu'ils s'envolent vers un autre continent pour les vacances, Isabelle et sa famille partent toujours accompagnés d'amis. Le groupe, composé d'une dizaine de personnes, engage systématiquement un guide local maîtrisant la langue de Molière. «Aucun de nous ne parle suffisamment bien l'anglais, et avoir un guide nous permet d'obtenir des réponses immédiates à nos questions», justifie cette mère de famille de 45 ans, originaire du Gers.
Comme beaucoup de Français, les langues ne sont pas leur point fort. D'après un sondage mené par la plateforme d'apprentissage linguistique Preply, 78% estiment qu'en apprendre une est difficile. Ce sentiment est particulièrement fort chez les 25-34 ans, dont 81% partagent cette opinion. Et ce, même s'il existe de multiples outils ou applications de traduction instantanée. Alors pour dépasser cette faiblesse, certains préfèrent voyager en groupe.
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«La langue est souvent l'obstacle principal»
Cela fait 40 ans que Clément Rubio exerce comme guide francophone au Mexique. S'il avait l'habitude d'accompagner en majorité des vacanciers solos, depuis cinq ans, il dirige en plus des excursions en groupe d'une dizaine de personnes -famille, amis, couples.
«Pour la majorité de mes clients, la langue est souvent l'obstacle principal. Ces dernières années, j'ai remarqué qu'il y avait une plus grande demande chez les voyageurs cherchant à partir à plusieurs», estime celui qui organise des circuits au Yucatán et à Mexico.
Ce cadre rassurant pousse même certains à se lancer en espagnol, comme un couple venu en février, assidu quotidiennement sur l'application Duolingo. «En rentrant, ils avaient acquis quelques notions d'espagnol et étaient heureux d'avoir pu échanger, car ils craignaient de passer à côté d'un aspect authentique du pays», relève Clément Rubio.
La pyramide de Kukulcán au Yucatàn, où Clément Rubio accompagne les touristes.
Ronnie Chua / ronniechua - stock.adobe.com
Pia, guide francophone indépendante en Thaïlande, partage cet avis. «J'encourage toujours les touristes à faire un effort. Dès le premier jour, ils apprennent les mots de bases pour pouvoir échanger un minimum avec les locaux», développe-t-elle.
Ses itinéraires autour de Bangkok mènent souvent ses groupes vers des zones moins fréquentées par les touristes, où peu d'habitants parlent anglais. «C'est aussi pour cela que beaucoup de Français me disent ne pas vouloir voyager seuls : ils sont plus à l'aise avec une traductrice», ajoute-t-elle.
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Les voyages organisés en groupe comme solution
L'été dernier, Christelle n'envisageait pas de s'envoler seule vers l'Asie. Encore moins dans un pays dont elle ne maîtrisait pas la langue. «Je ne parle pas du tout anglais, donc je préfère les destinations francophones», confie cette Marseillaise de 45 ans. Mais son désir d'évasion l'a menée jusqu'au Népal, qu'elle a pu découvrir grâce à un tour-opérateur spécialisé dans les voyages organisés.
Pari réussi : l'ambiance et les montagnes de l'Himalaya lui ont fait oublier tout bégaiement. «Ne pas pouvoir échanger rend certaines situations plus complexes et angoissantes. Être entourée par un groupe m'a rassurée : je savais que je ne serais jamais isolée en cas de problème», résume Christelle.
De nombreux vacanciers font également le choix de partir avec des agences. Les professionnels constatent que la barrière linguistique reste puissante. «Ne pas parler anglais fait partie des raisons évoquées par nos participantes, même si elles sont souvent gênées de l'admettre», corrobore Émilie Straub, directrice marketing de Copines de Voyages, une plateforme dédiée aux femmes voyageant à plusieurs.
Christelle a choisi de partir en groupe dans la région de l'Himalaya, au Népal, pour éviter les malentendus.
Cosadedos - stock.adobe.com
Chez Nomade Aventure, spécialisé dans les randonnées et séjours sportifs, partir en groupe ne suffit pas toujours à résoudre à apaiser les appréhensions grammaticales. «Sur certains circuits aux Baléares ou dans les Andes, nous n'avons que des guides anglophones et on voit que ça freine le nombre de réservations», note Franck Pelletier, directeur des ventes «voyages en petit groupe».
Comment surmonter cette lacune ?
Selon Pamela Biefnot, psychologue belge expatriée en Australie, «psychologiquement, le voyage nous place déjà dans une zone d'inconfort, même quand on est enthousiaste. Être en groupe, partager le même vocabulaire et des repères culturels est sécurisant, donc il faut privilégier les expéditions à plusieurs». Elle observe aussi que les francophones ont souvent tendance à rester entre eux. «C'est souvent le problème : on reste entre nous pour la facilité d'échange. Il faut pourtant oser parler une autre langue, même avec des erreurs, on progresse», insiste-t-elle.
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Les solutions ? Certains s'essayent aux séjours linguistiques pour adultes, tandis que d'autres préfèrent y ajouter une dimension touristique. Le tour-opérateur WeRoad propose notamment des formules où l'on peut choisir la langue utilisée tout au long du séjour. «Par exemple, si on souhaite partir en Italie, il y a des formules où tous les participants devront parler italien. Cela permet de rassembler des voyageurs de différents pays autour d'une langue commune et de progresser tout en découvrant un endroit», détaille Guillaume Doerflinger, directeur du développement commercial de la plateforme. Plus d'excuses possibles : il y a autant de manières de devenir bilingue que de sillonner le monde.
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Le Conseil constitutionnel a validé jeudi, à quelques réserves près, la loi du gouvernement pour « refonder Mayotte », qui vise notamment à durcir les règles sur l'immigration et à lutter contre l'habitat informel dans le département le plus pauvre de France. Saisi mi-juillet par des députés socialistes, insoumis et écologistes qui demandaient la censure de nombreuses mesures du volet migratoire de la loi, le Conseil a jugé les dispositions conformes à la Constitution. Les parlementaires s'attaquaient en premier lieu à une mesure conditionnant l'obtention d'un titre de séjour, pour les parents d'enfant français, à une entrée régulière sur le territoire. Une disposition « manifestement contraire au principe d'égalité », et qui porte notamment atteinte « au principe de protection de l'intérêt supérieur de l'enfant », avaient argumenté les députés, estimant que cela va « maintenir dans la pauvreté et l'errance des enfants dont les parents n'auront pas le droit de rester en France ». Situation migratoire particulière Mais le Conseil a estimé que les particularités démographiques de la collectivité, « soumise à des flux migratoires très importants », constituent des « caractéristiques et contraintes particulières au sens de l'article 73 de la Constitution », justifiant d'instaurer à Mayotte des différences de traitement avec le territoire national. « La population de Mayotte comporte, par rapport à l'ensemble de la population résidant en France, une forte proportion de personnes de nationalité étrangère, dont beaucoup en situation irrégulière, ainsi qu'un nombre élevé d'enfants nés de parents étrangers », ont rappelé les Sages. Le Conseil constitutionnel considère que la situation migratoire particulière de Mayotte justifie un durcissement de la loi, mais formule deux réserves. Il juge que l'administration est tenue de délivrer un visa de long séjour à la personne de nationalité étrangère qui la sollicite et dont l'enfant est un mineur de nationalité française résidant en France. Situation tendue à Mayotte Les Sages ont validé par ailleurs d'autres mesures contestées par les députés, comme la possibilité de retirer le titre de séjour du parent d'un enfant considéré comme menaçant l'ordre public, la centralisation des reconnaissances de paternité à Mamoudzou pour lutter contre les reconnaissances frauduleuses, ou encore la possibilité de placer, dans une zone de rétention, des mineurs accompagnant un majeur qui fait l'objet d'une mesure d'éloignement. VidéoMayotte : Macron promet « un coup d'accélérateur » pour la refondation de l'archipel Le Conseil a aussi entériné plusieurs dispositions visant à lutter contre l'habitat informel dans l'archipel de l'Océan Indien, dont celle actant qu'un tel habitat n'est pas considéré comme un logement « normal », condition nécessaire pour bénéficier du droit au regroupement familial.

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