
« Il était prêt à mourir sur le terrain ! »
Novembre 2022. Alexis Galarneau et ses coéquipiers de l'équipe canadienne sont attablés à Malaga, en Espagne, pour le souper officiel de la Coupe Davis, à quelques jours de la finale.
À 5000 km de là, dans un contexte que l'on devine moins luxueux, Vasek Pospisil trime dur en finale du Challenger de Drummondville. Finale que le Canadien remporte.
« Le lendemain de la finale, Vasek s'en vient nous rejoindre, se souvient Galarneau. Il passe des heures sur la table de massage, juste pour être prêt pour notre match de double. Ça montre que peu importe le rôle qu'on lui donne, il va s'investir à 100 %. »
Pospisil n'a finalement pas eu à disputer ce match, puisque les victoires de Félix Auger-Aliassime et Denis Shapovalov assuraient le triomphe du Canada en finale de la Coupe Davis. Mais l'histoire résume bien le dévouement de Pospisil pour son équipe nationale.
Lundi, Tennis Canada a annoncé que Pospisil accrochera sa raquette au terme de l'Omnium Banque Nationale, dont le volet masculin s'amorce cette fin de semaine à Toronto.
Or, s'il y a un aspect de sa carrière qui ressort de tous les intervenants consultés, c'est son affection pour la Coupe Davis.
« Il jouait en simple le vendredi, en double le samedi, en simple le dimanche. Des matchs en Amérique latine, sur terre battue, dans la chaleur, l'humidité, devant des foules hostiles, énumère Martin Laurendeau, capitaine du Canada à la Coupe Davis de 2004 à 2017. Il était jeune et voulait toujours aller au combat. Je n'ai jamais eu à le convaincre. Il arrivait amoché, mais il voulait jouer à tout prix. C'était un grand guerrier.
« On était chanceux de l'avoir. Ce n'est pas comme la France ou l'Espagne, on n'avait pas une douzaine de joueurs pour former notre équipe ! Il était prêt à mourir sur le terrain, pas des farces ! Il mérite beaucoup de médailles de bravoure. »
L'ascendant de Nestor
Malgré une carrière professionnelle fort respectable, c'est surtout sur la scène internationale que Pospisil aura laissé sa marque.
On parle de la Coupe Davis, mais il a aussi participé aux Jeux olympiques à deux reprises, s'inclinant dans le match de la médaille de bronze en double, avec Daniel Nestor, en 2016.
L'entraîneur Sylvain Bruneau, qui accompagnait l'équipe canadienne féminine, se souvient d'un bougre fort sympathique, enthousiaste de représenter son pays, qui avait traîné sa guitare au village des athlètes afin de divertir ses compatriotes.
« Je pense qu'il aimait le travail d'équipe. Dans nos conversations à la cafétéria, ça se voyait qu'il carburait à ça », ajoute Bruneau.
En Coupe Davis, son enthousiasme s'est ressenti dans ses résultats. Il affiche un dossier combiné, en simple et en double, de 33-27 dans ce tournoi, dont une fiche positive de 15-14 en simple, un dossier largement supérieur à sa fiche en simple sur le circuit de l'ATP (136-175).
Pour Laurendeau, c'était l'ascendant de Daniel Nestor, légende du double qui a joué de 1992 à 2018 (!) pour le Canada.
« Lui non plus n'en a pas manqué beaucoup. Daniel avait gagné Wimbledon en double et le surlendemain, il était avec nous sur le terrain en Colombie, témoigne Laurendeau. C'était remarquable de voir un grand champion participer à des batailles de fossé en Amérique latine ! C'est un grand champion qui aurait pu sauter son tour. Il a passé le flambeau à Vasek, qui l'a bien pris. »
Blessures et charisme
À défaut d'avoir gagné un titre ATP en simple, Pospisil présente néanmoins un bilan bien garni. Bilan qu'il a commencé à bâtir à l'été 2013, à Montréal, quand il a atteint les demi-finales de ce qui s'appelait alors la Coupe Rogers.
Le public montréalais avait fait connaissance avec un athlète doté d'un charisme certain, tant par son énergie sur le terrain que sa capacité à s'exprimer dans les deux langues officielles.
« Les gens d'ici ont toujours apprécié les joueurs sous-estimés et il correspond à ça, estime Valérie Tétreault, directrice de l'Omnium Banque Nationale, qui était coordonnatrice aux communications en 2013. En plus, on aime les joueurs qui montrent de l'émotion, des battants. Il en donnait à la foule, et la foule lui en redonnait. »
Les blessures l'ont toutefois empêché d'exploiter son potentiel de façon durable. Du coude au cou, en passant par le dos, tout y est passé. C'est d'ailleurs par abandon sur blessure que sa dernière présence à l'OBN, en 2024, s'est conclue.
« La Coupe Davis, ç'a pas mal hypothéqué sa carrière à l'ATP, estime Martin Laurendeau. Il devait couper quelques tournois pour se donner à fond pour l'équipe canadienne. Ça lui puisait tellement d'énergie que parfois, il était quelques semaines sans jouer après. »
Il laissera néanmoins un héritage enviable, celui d'un joueur apprécié autant comme joueur que comme personne.
« À ma première Coupe Davis avec lui, à Valence, ça a vraiment cliqué entre nous. Il a été un mentor pour moi à partir de ce moment, car il était toujours prêt à m'aider avec toutes mes questions, par exemple pour gérer la vie hors du tennis, souligne Alexis Galarneau. Il assistait à mes matchs quand on était dans les mêmes tournois. Et il a été un super bon coéquipier. »
« On a un an ou deux de différence. Je le connais depuis les Championnats canadiens des 14 ans et moins, rappelle Valérie Tétreault. Je l'ai texté cette semaine, je lui ai dit que celui que j'ai connu aux moins de 14 ans est devenu un bon joueur et une bonne personne, en plus. »
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