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Mort de Michel Meyer, journaliste et co-fondateur de France Info

Mort de Michel Meyer, journaliste et co-fondateur de France Info

Le Figaro7 days ago
Comme l'a annoncé sa fille auprès de l'AFP ce jeudi 31 juillet, l'homme de radio qui avait officié à l'ORTF ou encore L'Express s'est éteint à l'âge de 82 ans.
Le 10 novembre 1989, il est impossible de regarder une chaîne de télévision, et pas seulement française, sans découvrir Michel Meyer en train de commenter la chute du mur de Berlin. Correspondant en Allemagne pour le petit écran, la radio et l'Express, il a traversé les barbelés une bonne douzaine de fois depuis plusieurs années, et connaît le sujet par cœur. Il explique la situation très clairement et dans ses moindres détails.
Il ne dissimule pas sa stupéfaction devant ces images qui, la veille encore, à ses yeux, relevaient de la science-fiction. Il évoque sa rencontre, quelque temps auparavant avec Gunter Schabowski. 24 heures plus tôt, ce membre du Politbüro a commis ce que Michel Meyer a appelé « la gaffe du siècle ». À un journaliste italien qui l'interrogeait, en direct à la télévision, sur la date la mise en application de nouvelles règles permettant à des citoyens de la RDA de se rendre à l'Ouest, ce fonctionnaire peu formé à l'exercice de la conférence de presse, a répondu, « maintenant ».
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Il a ainsi provoqué une ruée qui est à l'origine de la chute du mur. Dans la foulée, le journaliste va signer avec un éditeur un contrat pour un livre sur l'histoire secrète de cet évènement historique. Né à Schirmeck, dans les Vosges, il se destine à l'origine au métier d'ajusteur. Il obtient son CAP mais ne va jamais exercer cette profession. Il a dix ans quand son père lui fait visiter le camp de concentration de Struthof. La découverte de la barbarie pendant la seconde guerre mondiale provoque un déclic. Il veut en savoir plus sur cette histoire et sur la culture d'un pays dont le directeur de son école, Roland Liotte, n'a cessé de lui parler.
Il décide alors qu'il deviendra journaliste. En un temps où l'on n'a pas besoin de suivre quatre ans d'études avant d'entrer dans une rédaction, il se présente à la délégation de l'ORTF de Strasbourg, où un dirigeant lui donne sa première chance. Il apprend son métier sur le terrain en multipliant les reportages sur tous les sujets possibles et imaginables. Ils sont diffusés à la radio ou à la télévision régionale, le matin, à midi, ou le soir, en fonction des besoins des antennes. Il est ensuite envoyé en Bourgogne-Franche-Comté, avant de rejoindre des bureaux parisiens où il passe peu de temps.
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En 1973, il s'installe à Bonn et va suivre l'actualité en Allemagne, mais aussi en Pologne et au Danemark . Au fil des années, il va rencontrer, entre autres, Willy Brandt, avec qui il crée de tels liens de confiance que le Chancelier va lui demander d'écrire ses mémoires. Il se retrouve dans l'avion d'Helmut Schmitt, le 10 mai 1981, quand ce dernier apprend la défaite Valéry Giscard d'Estaing aux élections présidentielles. Peu après l'atterrissage à Orly, le numéro un allemand est accueilli par Pierre Bérégovoy, délégué par François Mitterrand avant une rencontre prévue le lendemain matin avec le nouveau Président. Il suit les deux hommes à l'hôtel Bristol en faisant office d'interprète. Dans la folie de l'élection, on avait juste oublié d'en prévoir un !
Œuvrant également en coulisses, il a dirigé l'information de Radio France et participé à la création de France Info. Il a aussi été à la tête de RFO en Guadeloupe et sauvé une station alors en perdition. Enfin, au début des années 2000, il est devenu le premier patron du réseau France Bleu, créé par Jean-Marie Cavada, Président de Radio France. Lorsqu'il évoquait sa profession, Michel Meyer insistait sur le respect que l'on doit aux faits en les vérifiant avant de les publier. Il concluait en évoquant l'indépendance d'un journaliste, mais aussi son objectivité en toutes circonstances, et la distance qu'il doit prendre avec un évènement. « Notre ego ne doit jamais entrer en ligne de compte, pas plus que des phénomènes politiques d'une fugacité dérisoire », assurait-il. Un exemple de sagesse dont les générations d'aujourd'hui ne devraient pas manquer de s'inspirer.
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