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Port, feux d'artifice et agences de voyages

Port, feux d'artifice et agences de voyages

La Presse2 days ago
Depuis 2024, les annonces pleuvent dans le secteur touristique. Tourisme Montréal, Owl's Head, Bromont montagne d'expériences, Croisières AML, Destination Québec cité, Port de Québec, Grands Feux Loto-Québec, Escale de croisières internationales de Saguenay et de nombreux hôtels ont annoncé dans les 18 derniers mois avoir obtenu une certification en tourisme durable.
Dans la région de Québec, une soixantaine d'entreprises, encouragées par un programme d'accompagnement de Destination Québec cité, détiennent une certification Biosphère, un système international basé sur les 17 objectifs en développement durable (ODD) de l'Organisation des Nations unies (ONU). D'autres ont obtenu une certification GreenStep, Clé verte ou Les Pages Vertes. Et c'est sans compter les attestations écoresponsables comme Écotourisme et Pavillon Bleu.
Depuis juin, la loi C-59 pour lutter contre l'écoblanchiment exige des entreprises qu'elles étayent leurs prétentions environnementales avec des preuves sérieuses. Pour plusieurs, s'appuyer sur une certification est une façon de documenter leurs actions. Une certification facilite également l'obtention de prêts bancaires à des taux préférentiels, de certaines subventions gouvernementales et l'accueil de congrès internationaux.
« Il y a de plus en plus d'entreprises touristiques qui veulent démontrer leur engagement en matière de développement durable, c'est pour ça qu'on assiste un peu à une course aux certifications, observe Yasmine Benbelaid, chercheuse postdoctorale à la Chaire en éco-conseil de l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). C'est comme si avoir des bonnes pratiques ne suffisait plus. »
Pour le professeur de marketing Laurent Bourdeau, la présence parmi les entreprises certifiées de certains secteurs d'activité à fort impact environnemental, comme un port, un spectacle pyrotechnique et des agences de voyages, est hautement critiquable. « Parlez aux citoyens de Limoilou des émanations du port [liées principalement aux activités de Glencore], affirme celui qui enseigne les fondements du tourisme durable à l'Université Laval. Est-ce que le port est une entreprise durable ? »
Le professeur déplore que même si ces certifications ont été créées avec de « bonnes intentions », soit accompagner les entreprises dans une démarche de durabilité, elles ne remettent pas en question leur rôle et leur impact dans la société.
PHOTO TIRÉE DU SITE WEB DE L'UNIVERSITÉ LAVAL
Laurent Bourdeau, professeur de l'Université Laval
C'est une vision politique. Veut-on se passer de motoneiges, de croisières ? La société n'est pas rendue là.
Laurent Bourdeau, professeur de l'Université Laval
« Ce qui est récompensé et reconnu, ce sont leurs efforts par rapport à leur activité », justifie la responsable du pôle Tourisme régénératif chez Ellio, Véronique Lévy. Cette firme-conseil en développement durable délivre les certifications Biosphère au Canada. C'est la certification détenue par le Port de Québec.
Mme Lévy note que le Port est une infrastructure qui « n'est pas maître des bateaux qui débarquent chez elle, mais qui est maître de son territoire et des actions qu'elle pose sur place ».
Verdissement du site, meilleure communication avec la communauté, électrification des quais, réduction des gaz à effet de serre (GES) : dans son plan intitulé « Vision 2035 », le Port de Québec s'est doté d'objectifs ambitieux en matière d'écoresponsabilité.
Les 17 ODD de l'ONU, évalués par Biosphère, touchent également des aspects économiques et sociaux tels que la lutte contre la pauvreté, la santé et le bien-être, l'égalité des sexes et l'éducation. Véronique Lévy souligne l'engagement du Port de Québec à ce chapitre. L'organisation a fait 173 actions du programme Biosphère sur un total de plus de 400, ce qui est « énorme », selon elle.
« Le but n'est pas d'exclure, on a besoin d'être tous ensemble et de progresser », poursuit-elle.
Yasmine Benbelaid souligne que de tels choix peuvent nuire à la crédibilité d'une certification auprès du public.
Elle ajoute toutefois que la durabilité est un « processus » et non une « finalité ». C'est aussi l'avis de William Hogg, gestionnaire Développement des affaires chez GreenStep, un organisme certificateur établi en Colombie-Britannique. Si Tourisme Montréal a pu obtenir une note si élevée lors de son évaluation, malgré son appui financier à une course automobile, c'est qu'il « pousse les évènements à réduire leur impact sur l'environnement ».
La durabilité parfaite n'existe pas. Montréal fait des efforts et est au-dessus de presque tout le monde dans l'industrie touristique au Canada.
William Hogg, gestionnaire Développement des affaires chez GreenStep
« Soit on se dit on arrête les croisières, la motoneige, mais est-ce que la population est prête à ça ? demande Olivier Donzelot, hôtelier et directeur général par intérim de Tourisme durable Québec. Je suis moins convaincu. Soit on essaie de faire bouger un petit peu la proue du navire dans le bon sens en y allant étape par étape. La certification est un moyen de mettre le pied à l'étrier des gens. »
Une crédibilité accrue
M. Donzelot note que les certifications sont de plus en plus fiables et rigoureuses. Un avis partagé par Yasmine Benbelaid.
Tant GreenStep que Biosphère, Les Pages Vertes et Clé Verte exigent des entreprises de justifier leurs actions par une preuve (photo, vidéo, comptable ou autre). Un audit virtuel est ensuite effectué par une firme externe.
Selon Yasmine Benbelaid, les certifications ne sont pas à l'abri de « passagers clandestins qui vont les utiliser à des fins strictement utilitaristes ». Les garde-fous sont perfectibles, croit-elle, et les organismes certificateurs travaillent à les resserrer.
Par exemple, Clé Verte, une certification délivrée par Green Key Global, qui est détenue par l'Association des hôtels du Canada (AHC) et l'American Hotel & Lodging Association (AHLA), en est à sa quatrième refonte depuis 1994. Les déclarations des établissements font désormais l'objet d'un audit par une tierce partie alors qu'auparavant, une auto-évaluation suffisait. « Ce n'est pas un hôtelier qui évalue un autre hôtelier, ça n'a jamais été le cas », affirme la PDG de l'Association Hôtellerie du Québec (AHQ), Véronyque Tremblay.
PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE
Véronyque Tremblay, PDG de l'Association Hôtellerie du Québec
Maintenant que c'est confirmé avec un audit externe, ça crédibilise encore plus la démarche.
Véronyque Tremblay, PDG de l'Association Hôtellerie du Québec
Une cinquantaine d'établissements québécois ont été certifiés Clé Verte sous la nouvelle mouture et une trentaine d'autres sont en voie de l'obtenir, rapporte l'AHQ. Les autres ont jusqu'à la fin de l'année pour terminer la démarche. Les établissements certifiés reçoivent une cote de 1 à 5 Clés Vertes, 5 étant le niveau le plus élevé de performance durable.
Scission dans le monde des certifications
Depuis plusieurs années, la crédibilité d'une certification est jugée en fonction de sa reconnaissance par le Global Sustainable Tourism Council (GSTC). Au cours des derniers mois, certaines grandes certifications, dont Biosphère et Clé Verte, ont rompu avec le GSTC. Elles dénoncent le fait que celui-ci exige désormais des audits sur place, ce qui peut représenter des frais de quelques, voire plusieurs milliers de dollars pour une entreprise en quête d'une certification.
« Le GSTC est en train de faire un truc élitiste alors que le but était d'avoir un maximum d'entreprises [dans une démarche de durabilité] », dénonce Véronique Lévy. Au Québec, la majorité des entreprises touristiques sont de petites et moyennes entreprises.
« Ce n'est plus équitable, déplore Véronyque Tremblay. Ça représente des coûts exorbitants pour les établissements situés hors des grands centres. »
Ainsi, afin de demeurer accessibles, plusieurs grandes certifications se sont regroupées au sein d'une nouvelle association, la Tourism Sustainability Certifications Alliance (TSCA). Elles souhaitent ainsi établir une nouvelle norme crédible en matière de certification durable.
Aux yeux de Laurent Bourdeau, l'enjeu est plus fondamental : « Il y a des tabous touristiques qu'on n'aborde pas encore, comme les questions de l'énergie et de l'eau. Vous pouvez bâtir un hôtel au Québec sans qu'il n'y ait aucune exigence sur l'énergie et l'eau. » Il souhaiterait voir le Québec s'inspirer de la France, qui a mis en place des règles pour réduire l'empreinte du secteur touristique. Or, c'est plutôt une Stratégie de croissance durable du tourisme que le ministère du Tourisme du Québec a présentée en mai dernier. Un « oxymore », selon le professeur, qui estime que le concept de croissance est en opposition avec celui de la durabilité.
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