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L'armée enquête sur une page Facebook remplie de racisme et de misogynie

L'armée enquête sur une page Facebook remplie de racisme et de misogynie

La Presse2 days ago
Le lieutenant-général Michael Wright a déclaré vendredi dans un communiqué de presse avoir été informé le 25 juin d'allégations concernant un groupe Facebook appelé « Blue Hackle Mafia » et qu'elles impliquaient des « membres de l'Armée canadienne ».
L'armée enquête sur une page Facebook remplie de racisme et de misogynie
(Ottawa) La police militaire a rouvert une enquête sur un groupe Facebook que le commandant de l'Armée canadienne qualifie d'« odieux ».
David Baxter
La Presse Canadienne
Le lieutenant-général Michael Wright a déclaré vendredi dans un communiqué de presse avoir été informé le 25 juin d'allégations concernant un groupe Facebook appelé « Blue Hackle Mafia » et qu'elles impliquaient des « membres de l'Armée canadienne ».
M. Wright a ajouté que les publications du groupe contenaient des « commentaires et images racistes, misogynes, homophobes et antisémites ».
Le groupe a été initialement signalé à la chaîne de commandement en décembre 2024, et une enquête a été ouverte sur cette inconduite présumée. Comme l'enquête n'est pas encore terminée, je ne suis pas en mesure de partager d'autres informations pour le moment.
Le lieutenant-général Michael Wright
« Cependant, je peux dire que je suis dégoûté par le contenu de certaines publications mises en ligne sur ce groupe. La publication de tels contenus est contraire à nos valeurs et à notre éthique. J'ai insisté auprès de la chaîne de commandement sur l'importance de nos processus disciplinaires et administratifs militaires pour traiter les inconduites signalées. »
Une porte-parole du Bureau de la Grande Prévôt des Forces canadiennes a déclaré dans une réponse par courriel à La Presse Canadienne que le dossier avait initialement été transféré à l'unité pour une enquête disciplinaire.
Une enquête disciplinaire peut être menée par un officier de la police militaire ou une unité afin de déterminer s'il existe des motifs suffisants pour porter une accusation liée à une infraction d'ordre militaire.
L'enquête a été rouverte par la police militaire le 27 juin, selon une déclaration envoyée par courriel du Bureau de la Grande Prévôt.
Les Forces armées canadiennes ont été secouées par des allégations d'inconduite sexuelle dans leurs rangs ces dernières années, qui ont abouti à un rapport de mai 2022 de la juge à la retraite de la Cour suprême Louise Arbour, qui a formulé 48 recommandations de changement au sein des Forces armées canadiennes.
Le lieutenant-général Wright a rappelé que tous les membres de l'Armée canadienne doivent « se conformer aux normes les plus élevées » et que toute personne surprise à se livrer à ce type de comportement en ligne pourrait « faire face à des sanctions administratives et/ou disciplinaires ».
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Le plan de Musk pour 2026
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La Presse

timean hour ago

  • La Presse

Le plan de Musk pour 2026

(New York) Il dit avoir un plan inspiré de la Grèce antique. Ce ne sont peut-être encore que des paroles, mais comme elles viennent de l'homme le plus riche au monde, il faut y prêter attention, car il a les moyens de passer aux actes, et ce, dès les élections de mi-mandat, en novembre 2026. Elon Musk a annoncé samedi la création du « parti de l'Amérique » (America party) sur son réseau social, une journée après avoir sondé les abonnés de son compte sur l'opportunité de créer une voie de rechange aux deux grandes formations politiques américaines. Environ 1,2 million d'internautes ont participé au sondage. « Par un facteur de 2 contre 1, vous voulez un nouveau parti politique, et vous l'aurez ! », s'est exclamé le patron de Tesla, SpaceX et X en après-midi. « Lorsqu'il s'agit de ruiner notre pays par le gaspillage et la corruption, nous vivons dans un système à parti unique, pas dans une démocratie. Aujourd'hui, le parti de l'Amérique est créé pour vous rendre votre liberté. » L'entrepreneur avait promis la semaine dernière de créer sa propre formation politique advenant l'adoption par le Congrès du One Big Beautiful Bill Act de Donald Trump, qu'il avait qualifié de « totalement insensé et destructeur ». Il avait également menacé de soutenir financièrement les candidats désireux de se présenter en 2026 contre les élus républicains ayant voté pour le vaste projet de loi budgétaire. Inspiré par l'Antiquité Après avoir annoncé la création du parti de l'Amérique, l'ancien allié et « ami » du président républicain a présenté sur X un plan de bataille donnant à croire qu'il se compare à Épaminondas, général et homme d'État thébain mort en 362 av. J.-C. « La façon dont nous allons briser le système unipartite, c'est en utilisant une variante de la façon dont Épaminondas a brisé le mythe de l'invincibilité des Spartiates à Leuctres : une force extrêmement concentrée à un endroit précis du champ de bataille », a noté Musk sur X. « La stratégie future devrait certainement évoluer, mais il convient de noter que Thèbes a effectivement dominé la Grèce pendant une décennie après Leuctres », a ajouté l'historien amateur. Elon Musk avait expliqué sa stratégie de façon moins grandiose dans un message publié sur X vendredi, le jour où Donald Trump a promulgué son projet de loi phare. « Une façon d'exécuter cela serait de se concentrer au laser sur seulement 2 ou 3 sièges du Sénat et 8 à 10 circonscriptions de la Chambre des représentants », a écrit Musk. Étant donné les marges législatives très réduites, cela suffirait pour servir de vote décisif sur les lois litigieuses, en veillant à ce qu'elles servent la véritable volonté du peuple. Extrait d'une publication X d'Elon Musk Au moment d'écrire ces lignes, la formation politique d'Elon Musk n'était pas encore inscrite auprès de la Commission électorale fédérale. Selon la loi, les nouveaux partis n'ont pas à le faire « jusqu'à ce qu'ils récoltent ou dépensent de l'argent au-delà de certains seuils dans le cadre d'une élection fédérale ». Elon Musk a déjà démontré qu'il était prêt à délier les cordons de sa bourse pour les causes politiques qui lui tiennent à cœur. Il a dépensé près de 300 millions de dollars pour aider Donald Trump à regagner la présidence. Cet appui lui a valu d'être nommé à la tête du prétendu département de l'efficacité gouvernementale (DOGE), dont l'une des missions était de réduire les dépenses et les déficits. L'ex-patron du DOGE a quitté la Maison-Blanche fin mai en revendiquant des économies de 190 milliards de dollars, une somme nettement inférieure aux 2000 milliards de dollars promis. Et il a compromis sa relation avec Donald Trump quelques jours plus tard en qualifiant son projet de loi budgétaire d'« abomination répugnante », en raison notamment des milliers de milliards de dollars de déficits qu'il promettait d'engendrer. Des précédents et des défis Elon Musk ne serait pas le premier milliardaire du Texas à créer son propre parti. Il a été devancé sur ce plan par Ross Perot, fondateur du Reform Party en 1995. Trois ans auparavant, en dénonçant notamment l'incurie des grands partis face aux déficits budgétaires et à la dette nationale, le patron d'Electronic Data Systems et de Perot Systems avait récolté 18,9 % des voix à titre de candidat indépendant lors de l'élection présidentielle remportée par Bill Clinton. En 1996, il allait se contenter de 8,4 % des voix en qualité de candidat présidentiel du Reform Party, une récolte qu'aucun autre candidat indépendant ou d'un tiers parti briguant la Maison-Blanche n'a atteinte depuis. PHOTO REED SAXON, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Ross Perot en 1996 La performance de Ross Perot illustre l'ampleur du défi qu'Elon Musk dit vouloir relever. Étant né en Afrique du Sud d'un père sud-africain et d'une mère canadienne, l'entrepreneur n'est pas lui-même éligible à la présidence, qui est réservée aux « citoyens nés américains », comme l'exige la Constitution. Mais il semble croire que son parti pourrait répéter le rare exploit d'un Jesse Ventura, ex-lutteur professionnel élu gouverneur du Minnesota en 1998 sous la bannière du Reform Party. Mais les candidats du parti de l'Amérique n'auraient pas nécessairement besoin de remporter un seul siège pour avoir un impact à l'occasion des élections de mi-mandat. Il leur suffirait de prendre des voix à un parti plutôt qu'à l'autre pour infléchir les résultats. Or, Collin Anderson ne voit pas de grand mouvement en faveur du parti de l'Amérique poindre à l'horizon. « Il pourrait éloigner du Parti républicain certains des types les plus technophiles et libertariens, mais je ne vois pas d'exode de l'un ou l'autre des principaux partis », a estimé ce politologue de l'Université de l'État de New York à Buffalo lors d'une entrevue réalisée avant l'annonce d'Elon Musk. « [M. Musk] devrait subir une sérieuse réhabilitation de son image auprès des démocrates, en particulier les jeunes démocrates. » L'histoire n'est pas sans ironie. Il n'y a pas longtemps, Elon Musk annonçait qu'il mettrait fin, au moins pour un temps, à ses contributions politiques. Le voilà qui dit vouloir s'embarquer dans un processus coûteux, obstacles épineux, lois complexes et contestations juridiques à la clé. Il dit avoir un plan. Il ne manque pas d'argent. Mais est-il vraiment sérieux ?

Les dos d'âne accidentogènes ont été retirés
Les dos d'âne accidentogènes ont été retirés

La Presse

time2 hours ago

  • La Presse

Les dos d'âne accidentogènes ont été retirés

Les dos d'âne de l'avenue du Mont-Royal ont fait place cet été à des ralentisseurs. Les dos d'âne installés l'an dernier pour forcer les cyclistes à ralentir sur l'avenue du Mont-Royal ont été retirés, puisqu'ils étaient jugés accidentogènes. L'arrondissement a depuis revu les aménagements et appelle maintenant au civisme sur cette artère piétonnisée où la cohabitation avec les vélos n'est pas toujours facile. « On voulait trouver l'équilibre entre une mesure dissuasive qui force les cyclistes allant trop vite à ralentir, mais sans pour autant mettre qui que ce soit en danger », explique en entrevue la conseillère associée en mobilité et élue locale du Plateau-Mont-Royal Marianne Giguère. En juillet 2024, au moment où l'avenue du Mont-Royal était devenue piétonne comme chaque année, La Presse avait rapporté que des dos d'âne installés sur l'artère commerciale faisaient craindre encore plus d'accidents à Vélo Québec. Ces équipements sont en effet « fréquemment associés à des chutes et à des blessures », s'était inquiété l'organisme dans nos pages. L'idée initiale était pourtant de lutter contre le taux de délinquance de plus en plus élevé des cyclistes, qui sont autorisés à emprunter la rue à condition de rouler lentement. Des vitesses élevées sont toutefois observées, surtout dans la partie ouest de l'artère, où on retrouve une pente plus prononcée. Finalement, l'arrondissement a décidé de retirer tous les dos d'âne pour les remplacer par des ralentisseurs « plus bas et allongés », indique Mme Giguère. On a aussi ajouté des pastilles de caoutchouc colorées sur la chaussée, ce qui induit un certain ralentissement, mais sans créer de risques. Marianne Giguère, conseillère associée en mobilité et élue locale du Plateau-Mont-Royal Une « forêt de balises » a aussi été introduite, avec plusieurs panneaux rappelant aux usagers de ralentir, ainsi que des bollards pour les inciter à le faire. Quant aux dos d'âne problématiques retirés, « ils ont été réutilisés dans d'autres secteurs de la ville où on n'a pas le même achalandage piéton, donc ce n'est pas perdu », assure la conseillère Marianne Giguère. « C'est de l'expérimentation qu'on fait. On n'a pas un guide du bon aménagement pour favoriser la cohabitation. On est en train de le créer quelque part. On fait des apprentissages chaque année et on s'améliore », ajoute-t-elle à ce sujet. Un appel au civisme À la Société de développement commercial (SDC) de l'avenue du Mont-Royal, le directeur général, Claude Rainville, salue les ajustements apportés. « On accueille ça favorablement, puis on continue de penser qu'une saine cohabitation entre les rouleurs et les piétons est tout à fait possible », soutient-il. L'an dernier, M. Rainville s'était montré critique envers les préoccupations de Vélo Québec. « Ça me fait un peu rire d'entendre que les cyclistes ne se sentent pas en sécurité. Ils ont juste à rouler moins vite. […] Je reçois quasiment quotidiennement des témoignages de gens qui ne se sentent pas en sécurité », avait-il dit. Mais aujourd'hui, M. Rainville tourne la page. Cet épisode-là est derrière nous, puis la collaboration avec l'arrondissement et le milieu cycliste est super bonne. Ce qu'on dit aux gens maintenant, c'est un appel au civisme. Soyez soucieux des gens qui vous entourent, allez-y lentement. Pensez aux autres. Claude Rainville, directeur général de la Société de développement commercial de l'avenue du Mont-Royal Chez Vélo Québec, la directrice des programmes, Magali Bebronne, se réjouit : « Nos préoccupations semblent avoir été entendues. » « J'ai l'impression qu'on a trouvé un point d'équilibre », note-t-elle, reconnaissant au passage qu'il est « difficile de faire de l'apaisement de circulation sans causer de risques ». Dans un monde idéal, il faudrait créer « des parcours sinueux permettant un ralentissement naturel des vélos », selon l'organisme. Or, les exigences réglementaires municipales actuelles imposent notamment un couloir de circulation de six mètres pour les services d'urgence, empêchant la Ville de procéder. « On est vraiment confrontés à toutes sortes de limitations. Interdire les rouleurs, c'est totalement écarté, puisque la route est beaucoup trop longue et il faudrait mettre un paquet de policiers, donner plein de contraventions. Ce n'est pas du tout le message qu'on veut envoyer. On veut au contraire travailler à la cohabitation la plus harmonieuse possible », conclut Marianne Giguère. Au mois de juin dernier, Vélo Québec a lancé une vaste campagne de sensibilisation à l'intention des adeptes à deux roues, afin de les inciter à respecter davantage le Code de la sécurité routière. Ce blitz de sensibilisation portera globalement sur l'application de comportements sécuritaires, à commencer par la priorité accordée aux piétons sur la chaussée.

Un patrimoine fragile
Un patrimoine fragile

La Presse

time3 hours ago

  • La Presse

Un patrimoine fragile

Le Centre de services Desjardins de Saint-Henri a été conçu et imaginé en 1965 par l'architecte Henri Brillon. « Immeuble commercial à vendre. 4545, rue Notre-Dame Ouest dans le secteur Saint-Henri. Opportunité d'investissement. » L'annonce diffusée par les Caisses Desjardins ne manque pas de détails. On y apprend que « l'immeuble commercial » en question date de 1966, qu'il fait 9322 pieds carrés, avec un sous-sol aménagé, un accès pour les personnes à mobilité réduite et 22 places de stationnement. On y apprend aussi que le prix de vente est de 3 998 500 $. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La caisse populaire Saint-Zothique, du haut des airs PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE L'immeuble est aujourd'hui en vente pour une somme avoisinant les 4 millions de dollars. PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE La caisse populaire Saint-Zothique, du haut des airs 1 /2 Il y manque toutefois une information de taille : cette succursale du Mouvement Desjardins a été conçue et imaginée en 1965 par l'architecte Henri Brillon, et doit être considérée comme un fleuron de l'architecture moderne au Québec. Sa vente peut faire craindre le pire. Qu'en feront ses prochains propriétaires ? PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE Le Mouvement Desjardins a choisi de se départir du bâtiment qui jouxte l'église Saint-Zotique, malgré sa grande valeur architecturale. Le bâtiment d'Henri Brillon est loin d'être la seule succursale du Mouvement Desjardins à posséder des formes audacieuses. Du milieu des années 1950 au milieu des années 1970, les caisses pop ont été un acteur important pour l'avènement de l'architecture moderne au Québec. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE La succursale de Desjardins de Plessisville, dans la région du Centre-du-Québec, possède une architecture résolument moderne. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE L'ancienne caisse Saint-Pascal-de-Maizerets, à Québec, est aujourd'hui une résidence privée. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE La succursale de Desjardins de Plessisville, dans la région du Centre-du-Québec, possède une architecture résolument moderne. 1 /2 Une quinzaine de succursales, encore debout, voire toujours en activité, témoignent de ce courant visionnaire qui a permis de faire entrer l'art et la modernité dans notre vie de tous les jours. Outre celle d'Henri Brillon à Saint-Henri, on pense aussi à la succursale Notre-Dame-du-Chemin à Québec, de type « Guggenheim », ou à la succursale Saint-François-d'Assise à Trois-Rivières, avec ses colonnes en forme de X. Ces succursales font aujourd'hui partie d'un patrimoine moderne limité, mais extrêmement précieux dans la province. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Conçue par l'architecte Jacques Racicot, la succursale Notre-Dame-du-Chemin est surnommée le « Guggenheim de Québec ». Pourquoi autant de bâtiments « flyés » au sein du Mouvement Desjardins, qui célèbre, soit dit en passant, son 125e anniversaire cette année ? Plusieurs raisons. Dans les années 1950, le Québec entre dans une période de prospérité. La Révolution tranquille se prépare, Expo 67 n'est pas loin. On veut casser les vieux moules. La modernité entre comme un rayon de lumière dans une province longtemps obscurcie par le conservatisme. Or, l'institution bancaire québécoise va refléter ce boom social et économique. Avec les nouveaux lotissements, les services de proximité se multiplient. On construit des églises dans les nouveaux quartiers, ainsi que de nouvelles caisses populaires. Après avoir été longtemps confinées aux presbytères, aux sous-sols d'église, voire aux maisons privées, les succursales commencent à avoir pignon sur rue. Parce qu'elles veulent se faire remarquer et montrer qu'elles sont dans l'air du temps, certaines vont opter pour des bâtiments plus audacieux, s'inscrivant dans le courant moderne architectural. Formes inhabituelles, usage du béton, des courbes, excentricité. Signe des temps : des succursales offrent même un service à l'auto, un genre d'ancêtre du guichet automatique ! (voir onglet 3) Pour certaines caisses, c'est une façon de montrer qu'on se modernisait. Le changement de bâtiments illustre bien le développement du Mouvement. David Camirand, historien chez Desjardins L'autre raison, liée à la première, relève du marketing. En affichant sa modernité et son originalité, on se distingue des établissements bancaires concurrents, souvent plus conventionnels. Outre les formes audacieuses, ce choix se reflète dans l'usage régulier des murs-rideaux vitrés, peu communs pour ce genre d'établissements. On montre la transparence, alors qu'on devrait plutôt dissuader les voleurs avec des murs de pierres aux allures de coffre-fort. PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Les murs-rideaux vitrés sont un élément de modernité caractéristique aux caisses. Un vent d'optimisme Ce mouvement moderniste n'a rien de concerté : la Fédération des caisses Desjardins est entièrement décentralisée. Ces nouvelles constructions se décident donc au niveau local. Si on en voit plusieurs pousser aux quatre coins de la province à la même époque, c'est simplement que cette modernité est dans l'air du temps. « Ce sont les années 1960, souligne Conrad Gallant, conseiller en patrimoine pour Brodeur et consultants. À cette époque, la presse se fait quotidiennement l'écho d'Expo 67 qui se prépare. Les gens baignent dans cette atmosphère de hardiesse architecturale. » Les caisses populaires veulent montrer que le Québec des années 1960 et 1970 est un Québec de prise de parole et de fierté québécoise. Conrad Gallant, conseiller en patrimoine pour Brodeur et consultants « Expo 67 va avoir beaucoup d'impact sur les conseils d'administration qui étaient responsables de réaliser de nouvelles succursales », confirme David Camirand. Mais ce n'est pas le seul critère qui incite à construire moderne, précise l'historien. « Ça dépendait aussi de la prospérité de la caisse. Certaines avaient plus de moyens et étaient plus audacieuses. Beaucoup de petites caisses, moins riches, vont opter pour des boîtes en briques brunes. » Des 1300 caisses pop en activité dans les années 1970, les succursales plus « flyées » se comptent sur les doigts de deux mains. Quinze ? Vingt ? Vingt-cinq ? Ce mouvement de pointe n'était donc pas généralisé. Mais ce groupe sélect témoigne d'un leadership sur le plan de l'architecture moderne au Québec. « Il y a une époque où, visiblement, il y a des efforts qui ont été faits », souligne France Vanlaethem, professeure émérite à l'École de design de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) et référence en architecture moderne au Québec. « Il y avait un esprit progressiste, de nouveauté. Il y avait un esprit, comment dire… de confiance en l'avenir. » Mme Vanlaethem déplore que cet « esprit » n'ait pas perduré. Avec les années, les caisses pop vont perdre en folie et devenir plus fonctionnelles. Les besoins changent. On va s'adapter au nouvel « air du temps ». PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire de Repentigny, conçue par Henri Brillon, aujourd'hui disparue PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS La Caisse populaire de Repentigny, avec luminaires de Jean-Paul Mousseau, signataire de Refus global PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire de Repentigny, conçue par Henri Brillon, aujourd'hui disparue 1 /2 Pire encore : certaines succursales remarquables seront détruites. C'est le cas de la caisse populaire de Repentigny, dont la démolition sera vivement critiquée par l'Ordre des architectes du Québec, en 1993. Le bâtiment, conçu par Henri Brillon (encore lui !) avec des luminaires signés par l'artiste Jean-Paul Mousseau, ressemble à un mélange de base lunaire et d'abri Tempo. Dans le journal La Presse, un architecte montréalais de l'époque explique que ce bâtiment original témoigne du dynamisme et de l'avant-gardisme des caisses pop. Mais il regrette du même coup que le Mouvement Desjardins ait « cessé de jouer un rôle phare en architecture ». PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS Caisse populaire Saint-Eustache, signée Henri Brillon, également détruite Malgré la mobilisation, le bâtiment sera rasé. Idem pour la caisse populaire de Saint-Eustache, aussi conçue par Henri Brillon. France Vanlaethem aimerait que les caisses populaires en fassent davantage pour protéger leur patrimoine et regrette la vente de la succursale Saint-Zotique. Une mise en vente qui n'est pas sans risque. L'extérieur du bâtiment est officiellement protégé par l'arrondissement du Sud-Ouest, mais non par la Loi sur le patrimoine culturel du Québec. Ce qui le rend donc en partie vulnérable, même si la Ville promet d'étudier « avec soin » toute forme d'intervention sur le bâtiment. « C'est un premier niveau de protection, résume France Vanlaethem. Son efficacité dépendra des fonctionnaires à la Ville qui traitent le dossier… »

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