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Inondations mortelles au Texas

Inondations mortelles au Texas

La Presse08-07-2025
Vendredi, le fleuve Guadalupe, au Texas, est monté de plus de 8 mètres en 45 minutes.
Les phénomènes météorologiques extrêmes sont de plus en plus fréquents. Les ressources des municipalités, elles, sont limitées. Alors que le bilan s'est encore alourdi, l'inévitable question se pose maintenant : l'alarme a-t-elle été sonnée adéquatement ?
Comment les gens de la région ont-ils été avisés des dangers ?
Le National Weather Service a diffusé une alerte de risques de crues dès le jeudi 3 juillet en après-midi. Le niveau de danger a ensuite été augmenté dans de nouveaux messages envoyés en fin de soirée, jusqu'à l'ordre d'évacuation, vers 4 h du matin.
Les alertes sont relayées à la radio, à la télévision et sur les téléphones cellulaires se trouvant dans la zone à risque. Cette dernière méthode requiert cependant un signal, pas toujours accessible dans les zones rurales.
Les Américains peuvent aussi s'abonner à des applications pour recevoir ce type d'information.
Quels facteurs ont pu contribuer aux problèmes de diffusion de l'information ?
« C'est à peu près un des pires scénarios en ce qui concerne les défis liés aux alertes en situation de danger », déplore Erik R. Nielsen, professeur adjoint au département des sciences atmosphériques de la Texas A&M University.
Les alertes avertissant d'un danger imminent sont arrivées à l'heure où la plupart des gens dorment. C'était une longue fin de semaine de congé, où les campeurs étaient particulièrement nombreux aux abords du fleuve. Du côté des autorités civiles, les équipes étaient vraisemblablement réduites. La région est un lieu de villégiature comptant de nombreux sites de camping, avec des structures plus vulnérables aux intempéries. Le niveau de l'eau a augmenté rapidement.
Et il y a beaucoup de ces gens qui n'étaient pas locaux, pour qui les crues subites étaient moins familières ou qui comprenaient mal les risques.
Erik R. Nielsen, professeur adjoint au département des sciences atmosphériques de la Texas A&M University
Des campeurs ont pu ne pas entendre ou ne pas recevoir l'alerte, note Abdul-Akeem Sadiq, professeur à la School of Public Administration de l'University of Central Florida. « Mais c'est aussi primordial que, quand il y a une alerte, il y ait des directives claires, qui disent quoi faire, avec une procédure d'évacuation déjà en place », dit l'expert en gestion des urgences. Ce qui ne semble pas avoir été le cas ici.
Est-ce que les coupes dans les services fédéraux ont pu contribuer au drame ?
Les coupes dans les services de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui chapeaute le National Weather Service, ont été décriées au début de l'année. Quelque 10 % des effectifs auraient quitté le service, selon les médias américains. Le météorologue responsable de la coordination pour le comté de Kerr n'a pas été remplacé, selon le Washington Post. Mais il est encore difficile d'évaluer l'impact des coupes sur les évènements.
Pourquoi le comté de Kerr n'a-t-il pas de sirène ?
Le comté de Kerr, où l'on déplore le plus de morts, est situé dans « l'allée des crues subites », l'un des endroits les plus dangereux aux États-Unis pour ces débordements. Raison pour laquelle, après une inondation particulièrement importante en 2015, les autorités locales ont évalué l'idée de mettre en place un système d'alerte incluant une sirène. Ils ont demandé une subvention de près de 1 million US à la Federal Emergency Management Agency (FEMA), selon le Washington Post, sans l'obtenir. L'idée a par la suite été mise de côté.
PHOTO SERGIO FLORES, REUTERS
Une route du comté de Kerr, au Texas, était encore inondée, lundi.
Des municipalités américaines où les risques de tornade sont élevés ont choisi d'installer des sirènes. « C'est une bonne façon d'alerter les gens, parce qu'une alarme, ça secoue, et quelqu'un qui dort va probablement l'entendre davantage que son téléphone », dit M. Sadiq. À condition de faire des tests et des exercices de simulation d'urgence régulièrement, ajoute-t-il.
Les résidants de Kerr ont compté pendant des années sur une méthode de bouche à oreille, selon le New York Times, un camp alertant son voisin près de la rivière.
« La nuit, ça devient un défi… », commente M. Nielsen. Le mieux est d'avoir plusieurs systèmes en place en même temps, pour pallier le risque d'une défaillance, insiste-t-il. « Un système d'alerte par sirène peut assurément fonctionner, souligne-t-il. Mais même là, il y a des problèmes documentés, dans les endroits où ils sont utilisés en cas de tornade, par exemple. Si on est à l'intérieur et qu'on ne l'entend pas ? Et si on l'entend, sait-on quoi faire ? »
Comment convaincre la population d'agir rapidement en cas d'alerte ?
C'est un des défis que les spécialistes de la préparation en cas d'urgence doivent constamment prendre en compte.
« Au moment de l'alerte à 1 h du matin, la pluie tombait en amont de la zone la plus touchée, remarque M. Nielsen. Donc si quelqu'un regardait dehors, ça n'avait pas l'air si dangereux. »
Les gens cherchent des repères visuels pour agir, mais il n'y en avait pas à ce moment.
Erik R. Nielsen, professeur adjoint au département des sciences atmosphériques de la Texas A&M University
Les systèmes d'alerte ont déjà connu des ratés, poussant des citoyens à prendre ces messages avec un grain de sel. Les prévisions météorologiques ne sont pas non plus toujours exactes. « C'est quelque chose qu'on voit beaucoup, note M. Sadiq. Des gens qui disent qu'au dernier ouragan, par exemple, on leur avait dit d'évacuer et qu'ils n'ont pas eu de dommages, donc ils se disent qu'il n'arrivera rien de grave encore. »
Le système d'alerte est très perfectible, dit-il. Et la solution passe par plus d'éducation et de préparation en amont, disent les deux experts. « Quand il y a une fausse alarme, il faut aussi expliquer pourquoi », dit M. Nielsen.
Avec l'Agence France-Presse
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Les aléas de la météo n'ont pas fini d'affecter le quotidien des Québécois cette semaine. Mardi, Environnement Canada a diffusé un avertissement de chaleur pour le sud du Québec. La température pourrait atteindre 33 degrés Celsius, et près de 40 avec le facteur humidex. Le tout combiné à une mauvaise qualité de l'air et à la promesse de nouveaux orages. « La chaleur et le smog, ce sont deux évènements qui ne sont pas nécessairement liés entre eux », dit Julien H. Pellerin, météorologue chez Environnement Canada. Les températures élevées sont dues à un front chaud et humide qui balaie le sud du Québec, de l'Outaouais jusqu'au Centre-du-Québec, alors que la mauvaise qualité de l'air est liée aux incendies de forêt actifs dans l'Ouest canadien. « Aujourd'hui, demain et jeudi, il fera très chaud, très humide, avant le passage d'un front froid jeudi, avec des orages probablement très violents », indique André Monette, chef du service de la météorologie chez MétéoMédia. Difficile pour l'instant de savoir si les secteurs durement touchés par les pluies de dimanche dernier recevront autant de précipitations, mais « les mêmes régions sont dans la zone à risque », ajoute-t-il. PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE Mardi et mercredi, dans le sud du Québec, la température pourrait atteindre 33 degrés Celsius, et près de 40 avec le facteur humidex. Environnement Canada y a aussi diffusé un bulletin spécial en raison de la mauvaise qualité de l'air. Le sud du Québec est aussi aux prises avec un indice de qualité de l'air considéré comme « mauvais » pour la santé. « On n'est pas dans des valeurs qui sont extrêmes [comme en juin dernier], mais quand même. On est dans des taux qui sont bien élevés selon la normale », précise Julien H. Pellerin. Mardi matin, dans certains secteurs, l'indice calculé par le gouvernement dépassait 80, alors qu'un indice « acceptable » n'excède pas 50. Même si la qualité de l'air s'est améliorée au cours de la journée, le smog demeurait préoccupant. « Il y a un enjeu pour les personnes plus vulnérables », explique M. Pellerin. La présence de smog combinée à des températures élevées représente un risque pour les gens atteints de problèmes respiratoires, les aînés, les femmes enceintes et les jeunes enfants, rappelle la Santé publique de Montréal. Ces personnes devraient éviter les activités physiques à l'extérieur et garder leurs fenêtres fermées. La Santé publique recommande aussi à la population de boire beaucoup d'eau et de demeurer dans des endroits frais ou climatisés. Elle suggère d'activer la fonction « air intérieur » des climatiseurs pour éviter de faire entrer des polluants à l'intérieur d'une pièce, et de prendre régulièrement des nouvelles des personnes plus à risque de subir les impacts des conditions météorologiques actuelles.

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