« Un désastre, il n'y a pas d'autre mot » : Gondomar pleure ses enfants perdus Diogo Jota et André Silva
Depuis le parvis de l'église de Gondomar, on aperçoit à quelques kilomètres la silhouette du stade du Dragon. Mais ils n'étaient pas nombreux, vendredi, ceux qui voyaient aussi loin, vaincus par un chagrin à vous boucher l'horizon. Une foule calme et recueillie, présente depuis le début de l'après-midi, s'est écartée dans un silence glaçant vers 15 h 30, quand deux voitures noires portant toute la tristesse du monde sont venues déposer la famille endeuillée sur le parking de la chapelle de la Résurrection, où reposent les corps de Diogo Jota (28 ans) et André Silva (25 ans) jusqu'à leurs obsèques programmées ce matin à 10 heures, heure locale.
Sous une chaleur écrasante, des centaines d'anonymes ont alors attendu de longues minutes que les grandes figures du pays, du président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, à celui du FC Porto, André Villas-Boas, aient quitté les lieux pour pouvoir eux aussi se recueillir quelques secondes devant les dépouilles de deux frères décédés dans la nuit de mercredi à jeudi sur une route d'Espagne. Un long défilé a alors commencé, mêlant des jeunes portant le maillot des dragons à d'autres supporters plus âgés, comme Augusto (73 ans) et Antonio (63 ans), venus de Vila Nova de Gaia.
« Parce que Diogo Jota était un bon joueur, mais surtout parce qu'en plus de ses qualités il n'arrêtait jamais. Nous étions ensemble quand on a appris la nouvelle, et on ne pouvait pas y croire. Pour la famille c'est un drame abominable. Un désastre, il n'y a pas d'autre mot. » Ils pensent aux parents de Diogo Jota et André Silva, qui ont perdu leurs deux enfants ; à Rute Cardoso, l'amour de jeunesse que l'attaquant de Liverpool avait épousée le 22 juin dernier et à leurs trois enfants, mais aussi à la fiancée d'André Silva. Un clan dévasté.
« A chaque fois, je me levais de mon canapé quand le sélectionneur le sortait lui plutôt que Ronaldo, il donnait tellement plus ! »
Antonio, habitant de Gondomar
Depuis le balcon de l'immeuble tout proche, à l'ombre et avec vue plongeante sur l'entrée de la chapelle, Antonio (59 ans) avoue qu'il est ici « par curiosité. J'ai été à l'école avec son père, et Diogo Jota, depuis sa saison au FC Porto (2016-2017), était devenu ma référence. À chaque fois, je me levais de mon canapé quand le sélectionneur le sortait lui plutôt que Ronaldo, il donnait tellement plus ! Diogo aimait cette ville, cette terre, à l'image d'une famille humble. Le fait d'avoir un fils en Premier League ne leur avait pas fait perdre la tête ».
Dirigeants et joueurs des Reds sont arrivés vendredi au Portugal
Dans le lot, tout le monde n'est pas là pour les bonnes raisons. Pendant la matinée, une personne s'est permis un selfie devant le petit mémorial célébrant Diogo Jota installé au stade du SC Gondomar, devant l'affiche rappelant l'ouverture de l'académie à son nom, il y a trois ans presque jour pour jour. Ces lieux d'hommages improvisés se sont installés dans tous les lieux où les deux frères ont officié. Gondomar mais aussi le FC Porto, où André Silva a été formé, ainsi que Penafiel (D2), où le frère cadet évoluait depuis deux saisons. Vitor a profité de sa pause du midi pour venir s'y recueillir devant les cierges, drapeaux et fanions rouge et noir. « Je suis supporter de Porto, et Diogo Jota était un héros pour nous, assure-t-il. Hier (Jeudi) matin je suis venu au travail sans savoir, et quand j'ai vu son visage s'afficher sur l'écran de télé en prenant mon café, ça a été un choc terrible, je n'y crois toujours pas. »
À quelques kilomètres de là, à Paços de Ferreira, où Diogo Jota a débuté en pro en 2014, une simple couronne de fleurs jaunes et vertes en forme de coeur salue son souvenir, devant l'entrée du stade. La veille, une famille écossaise supportrice de Liverpool avait obtenu la permission d'y déposer une gerbe au centre du terrain. Les dirigeants du club anglais, des joueurs des Reds et les anciens coéquipiers de Diogo Jota (Fabinho, Thiago Alcantara) sont justement arrivés dans le nord du Portugal en fin d'après-midi alors que la file d'attente continuait de s'étendre sur une bonne centaine de mètres. Ce matin, la petite église romane chargée de dorures de la grande banlieue de Porto ne sera certainement pas assez grande pour accueillir toute la peine qui étreindra une dernière fois le monde du football avant que sa vie ne reprenne son cours, sans le numéro 20 de Diogo Jota.
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