
Le plus long pont routier de Suisse va produire de l'électricité verte
Grâce à une collaboration avec l'Office fédéral des routes, la filiale du Groupe AMAG Helion Energy installe plus de 2400 panneaux solaires le long du viaduc de l'A5 qui contourne Yverdon.
Yvain Genevay
En bref:
L'Office fédéral des routes (Ofrou) avait clairement affiché en 2021 son intention d'utiliser ses infrastructures pour produire de l'énergie. De l'énergie «verte», comme ses panneaux autoroutiers, il va sans dire. Quatre ans plus tard, le plan a été mis à exécution: 41 projets ont été mis en service et 62 sont soit financés, soit en cours de réalisation. C'est le cas de celui qui est en phase de concrétisation du côté d'Yverdon-les-Bains.
Ce dernier est même l'un des projets phares de l'Administration fédérale, qui investit ainsi 3,5 millions de francs pour cette infrastructure. Construit en ce moment même par la société soleuroise Helion, qui a remporté ce marché face à quatre concurrents, il prend place le long du viaduc autoroutier qui contourne le chef-lieu nord-vaudois et relie les autoroutes A1 à A5.
Pour atteindre l'objectif qu'il s'est fixé de produire 35 gigawattheures (GWh) à horizon 2030, l'Ofrou compte d'abord sur les nombreux murs antibruit qu'il entend tapisser de panneaux photovoltaïques. Un support dont il estime le potentiel électrique à 100 GWh. Premier projet privé en Suisse
Fin 2023, après avoir validé l'installation de panneaux solaires le long des autoroutes et sur les aires de repos, il lançait du reste un appel d'offres public pour 350 de ces murs antibruit.
Découlant de cette volonté, deux installations photovoltaïques seront fonctionnelles d'ici à quelques semaines sur l'A15, près de Wangen-Brüttisellen (ZH). Il s'agira tout simplement des deux premières centrales solaires privées construites dans le cadre du programme de l'Ofrou de valorisation des espaces utilisables sur les autoroutes.
Leur constructeur s'est heurté à un défi technique d'ordre sécuritaire: éviter à tout prix que leur réverbération n'éblouisse les conducteurs. Un paramètre pour le moins contraignant auquel le projet yverdonnois n'a pas échappé, quand bien même il ne prend pas appui sur des murs antibruit directement exposés à la vue des automobilistes.
Après avoir été assemblés au pied du viaduc, les panneaux sont montés à l'aide d'un camion-grue à la hauteur du parapet sur lequel ils sont ensuite posés.
Yvain Genevay
Dans le Nord vaudois, Helion pose en effet ses panneaux sur l'extérieur du plus long pont routier du pays. «Quand nous avons assaini ce viaduc, nous avons ajouté tout au long de ses 3,15 kilomètres une deuxième batterie de tubes que nous devions recouvrir. Il nous est apparu opportun de le faire à l'aide de panneaux photovoltaïques plutôt que de simples tôles de protection», explique Laurent Brugger, chef de projet à l'Ofrou. Panneaux solaires plus grands
Mais lors du premier test, réalisé il y a quelques mois, il est apparu que le haut des panneaux dépassait le parapet d'une vingtaine de centimètres, créant de fait un risque de réverbération. «Leur redimensionnement a pris un peu de temps et engendré un léger retard dans la réalisation du projet», reprend Laurent Brugger.
Il faut comprendre que ces panneaux – leur pose a commencé en mai dernier et doit s'achever avant la fin de l'année – ne sont pas vraiment les mêmes que ceux que l'on fixe sur la toiture des villas individuelles. «Ils mesurent 2,16 m par 1,13 et sont un peu plus grands que la moyenne», relève Antoine Choux, chef de projet photovoltaïque chez Helion.
Il s'agissait d'exploiter au maximum le potentiel offert par la longueur du viaduc autoroutier idéalement orienté ouest-est, tout en prenant en considération une requête de l'Ofrou. Afin de faciliter les démarches administratives, celui-ci a en effet exigé que leur emprise n'empiète au-delà de son territoire.
En tenant compte de leur inclinaison – dont dépendent évidemment leur exposition au soleil et donc leur production énergétique –, ils ne doivent ainsi pas élargir de plus de 2 mètres le gabarit du viaduc. Énergie pour 400 ménages
Au total, 2423 panneaux représentant 5400 m² de surface seront treuillés depuis le sol, où ils sont assemblés sur une structure en inox au fur et à mesure de l'avancement du chantier. «À l'exception du surplomb de la voie CFF et des cours d'eau que le viaduc enjambe, toute la longueur du pont est utilisée», précise René Silva, codirecteur d'Helion en Suisse romande.
À terme, l'installation doit produire un peu plus de 1 GWh par an. Soit de quoi couvrir la consommation électrique de 400 ménages de quatre personnes. «Partout où nous le pourrons, nous consommerons directement tout ou partie de l'énergie que nous produirons, souligne Olivier Floc'hic, responsable information et communication de l'Ofrou. Dans le cas présent, ce n'est pas le cas, parce que le tunnel de Pomy, qui est notre infrastructure la plus proche, est tout de même trop éloigné du viaduc. L'électricité est donc injectée dans le réseau communal yverdonnois.» Le rail s'est déjà mis aux panneaux solaires
L'enjeu climatique titille l'imagination. Longtemps cantonnés aux seuls toits des bâtiments, les panneaux solaires trouvent de plus en plus de nouveaux supports, parfois insolites.
C'est le cas de l'installation mise en place ce printemps dans le Val-de-Travers (NE). Le 24 avril, les sociétés vaudoises Scheuchzer (Bussigny) et Sun-Ways (Écublens) ainsi que l'entreprise de transports neuchâteloise TransN ont ainsi inauguré une petite centrale solaire photovoltaïque posée à Buttes… entre les rails de chemin de fer de la ligne R21.
Les 48 panneaux qui s'étirent sur une centaine de mètres font partie d'un projet pilote qui dispose de trois ans pour faire ses preuves. Sa particularité réside dans le côté amovible de l'installation. Une première en Suisse sur une voie ferrée.
Le jour de la démonstration publique, il n'a ainsi suffi que d'une vingtaine de minutes à la machine spéciale de Scheuchzer pour déposer une dizaine de mètres linéaires de panneaux.
La Suisse compte environ 5000 kilomètres de voies. Si leur écartement était intégralement recouvert de panneaux, le rail pourrait «produire» 1 térawattheure (1 milliard de kilowattheures) d'électricité annuellement. Soit de quoi couvrir presque le tiers de la consommation énergétique des transports publics.
C'est à la fois beaucoup et peu en regard du potentiel à exploiter des façades et des toits pour l'énergie renouvelable, respectivement 18 et 55 fois plus importants.
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