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Les entreprises vaudoises en faveur du nouveau paquet d'accords avec l'UE

Les entreprises vaudoises en faveur du nouveau paquet d'accords avec l'UE

24 Heures4 days ago
Pendant que Donald Trump cogne à la masse sur le libre-échange, le Centre patronal sonde ses membres sur nos relations avec Bruxelles. Publié aujourd'hui à 19h59
Christophe Reymond, directeur général, du Centre patronal.
Marie-Lou Dumauthioz
En bref:
L'été est chaud – au propre comme au figuré – pour les entreprises vaudoises. C'est dans un climat étouffant pour nos relations commerciales que le Centre patronal a présenté vendredi les résultats d'un «sondage représentatif » montrant un soutien à 61% des entreprises aux «Bilatérales III» avec l'Union européenne.
Le 1er août, il y a, bien sûr, eu le coup d'assommoir avec des droits de douane à 39%, annoncé par le président américain, Donald Trump. Pour le canton de Vaud, les États-Unis représentaient 21,2% des exportations en 2024.
Mais un autre dossier brûlant a été mis sur la table cet été. En juin, le Conseil fédéral a ouvert la consultation sur le nouveau paquet d'accords entre la Suisse et l'Union européenne. L'UE est la première destination des marchandises vaudoises avec 41% des exportations en 2024. «Les entreprises vaudoises ne sont pas isolationnistes»
Le Centre patronal a donc sondé ses membres entre la fin juin et le 30 juillet; 551 entreprises, de toutes tailles et de différents secteurs, ont donné leurs réponses. 83% d'entre elles jugent au moins «important» d'entretenir de «bonnes relations» avec l'Union européenne. «Ce n'est pas une grande surprise, les entreprises vaudoises ne sont pas isolationnistes», commente Christophe Reymond, directeur général du Centre patronal.
Elles ne sont pas europhiles pour autant. Seules 13% des entreprises vaudoises se disent favorables à une adhésion à l'Union européenne. Le sondage ayant été réalisé juste avant les annonces de Trump, la donne a peut-être changé? «Je n'ai entendu personne, jusqu'à maintenant, nous dire: «Monsieur Trump est tellement désagréable que, décidément, il faut adhérer à l'Union européenne», répond Christophe Reymond.
Reste donc la voie bilatérale. Mais ce nouveau paquet d'accords ne fait pas complètement le plein, avec 61% de soutien. «Il y a encore un gros besoin d'informations, note Olivier Rau, directeur du département politique au Centre patronal. Il faudra faire un travail pédagogique, en particulier sur les points où le bât blesse.»
Les points en question sont notamment liés à la libre circulation. Une petite majorité des sondés voit d'un bon œil les mesures de protection des salaires (58%) et la nouvelle mouture de la clause de sauvegarde pour contrôler l'immigration excessive (56%).
En revanche, 57% des entreprises disent craindre que ce paquet facilite le «tourisme social». Le système dynamique du droit européen recueille, lui aussi, une majorité d'avis défavorables (53%). «Dans les commentaires des sondés, c'est assez frappant de voir qu'il y a un certain nombre de malentendus par rapport à ces questions», relève Olivier Rau.
Comme les Suisses ne devraient pas se prononcer avant 2028 sur les Bilatérales III, cela devrait laisser un peu de temps pour lever les «malentendus». Mais Christophe Reymond rappelle que l'on votera l'année prochaine sur l'initiative contre une Suisse à 10 millions: «Si ce texte passe, on peut directement jeter ces accords à la poubelle.» L'accumulation des crises
L'horizon est loin d'être dégagé pour nos relations commerciales avec nos voisins directs, comme avec ceux qui se trouvent outre-Atlantique. Le «partenaire» américain est très versatile, cela peut changer du jour au lendemain. «Les déclarations de Monsieur Trump viennent encore s'ajouter à la crise énergétique, au Covid, au franc fort, note le directeur général du Centre patronal. C'est surtout cette accumulation qui est extrêmement pénible pour les entreprises.»
Il est souvent répété que l'instabilité est mauvaise pour le commerce. «Au moins avec nos partenaires européens, ce sont des accords, des traités internationaux, souligne Olivier Rau. Ce ne sont pas ces deals que l'on doit faire avec les Américains et dont on ne sait pas jusqu'à quand ils seront valables.»
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Renaud Bournoud est journaliste à la rubrique vaudoise de «24 heures» depuis 2012. Plus d'infos
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Martin Suter: l'auteur suisse livre sa réflexion sur le travail
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Martin Suter: l'auteur suisse livre sa réflexion sur le travail

Interview de Martin Suter – «Ce n'est pas en travaillant davantage qu'on vend plus de chocolat» L'écrivain suisse de 77 ans, qui a vendu plus de 11 millions de livres, rejette l'idée que les jeunes générations devraient travailler davantage. Pour lui, le travail doit avant tout être source de plaisir. Jorgos Brouzos , Andreas Tobler «On ne vend pas plus de chocolat si les gens travaillent davantage», affirme Martin Suter. Silas Zindel Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk La Banque nationale suisse a récemment tiré la sonnette d'alarme: la génération des baby-boomers part à la retraite, créant un vide sur le marché du travail. Selon la BNS, la Suisse pourrait manquer de 400'000 travailleurs et travailleuses d'ici à dix ans. Pour contrer cette tendance, les jeunes générations doivent-elles travailler davantage et augmenter leur taux d'occupation? C'est dans le restaurant zurichois Kronenhalle, véritable institution, que nous rencontrons l'auteur suisse Martin Suter, né en 1948. Membre de la génération des boomers, il a vendu plus de 11 millions de livres. Martin Suter a récemment accordé une interview au «Spiegel», dans laquelle il s'est opposé aux déclarations du chancelier Friedrich Merz exigeant que les Allemands travaillent davantage. Qu'en est-il en Suisse? Monsieur Suter, chaque année, vous écrivez un roman ou un polar. Tous ces livres deviennent des best-sellers. Vous semblez très discipliné et assidu. Je ne suis pas une personne très disciplinée, mais je suis curieux et impatient. J'ai peu d'estime pour le travail acharné: c'est une vertu démodée qui n'a rien de volontaire. Celui qui est à ce point assidu subit une pression, il est poussé à agir. Vraiment? Au fond, ce sont toujours les autres qui exigent de nous de travailler de manière acharnée. Prenez un enfant qui construit un bonhomme de neige: même s'il fait déjà nuit et qu'il devrait rentrer, il ne peut pas s'arrêter. On ne dira pas de lui qu'il est acharné. Il continue simplement parce que ça l'amuse et parce qu'il veut absolument planter cette carotte pour faire le nez. Aujourd'hui, il existe de moins en moins d'emplois où l'on peut travailler ainsi, en y prenant du plaisir. L'auteur de best-sellers Martin Suter, âgé de 77 ans, continue à travailler pour pouvoir maintenir son niveau de vie élevé. Silas Zindel Le travail doit-il être un plaisir? Cela me semble central. Dans le travail, il doit y avoir une autre satisfaction que la fin de la journée, le week-end, les vacances et la retraite. Le zèle est quelque chose qu'on exige à l'armée. À quelques exceptions près, personne ne s'y plie de son plein gré et avec plaisir. Il reste encore de nombreux métiers que presque personne n'exerce par choix, comme le ramassage des ordures. Pourtant, ces tâches sont indispensables: sans elles, notre société ne pourrait plus fonctionner. Je suis très conscient d'être privilégié – comme la grande majorité des Suisses. Mais je suis convaincu qu'il faut toujours tirer le meilleur parti de chaque situation de travail. Se réjouir, par exemple, de retrouver les collègues avec qui on travaille. Diriez-vous la même chose à quelqu'un qui risque de faire un burn-out à cause d'une pression professionnelle excessive et de nombreuses heures supplémentaires? Je comprends qu'on puisse être déprimé ou qu'on ait marre de tout. Mais s'il y a autant de burn-out, cela ne peut pas être uniquement lié à un excès de travail. Quelque chose de fondamental ne va pas dans notre monde professionnel. Notre société devrait s'efforcer d'organiser le travail pour qu'il ne soit pas vécu comme une punition. Depuis quelques années, les Suisses travaillent de moins en moins et le travail à temps partiel devient la norme. N'y voyez-vous pas un problème? Je doute que la réduction du temps de travail pose un problème économique. Ce n'est pas en travaillant davantage qu'on vend plus de chocolat. Nous en produisons suffisamment et les ventes suivent. Les jeunes générations essuient des critiques pour l'importance qu'elles accordent à l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, ce qui les pousse à opter de plus en plus pour le temps partiel. Mais est-ce vraiment critiquable? Non. Le terme Work-Life-Balance m'agace tout de même: c'est un concept qu'il a fallu inventer pour les gens qui exercent un métier qu'ils n'aiment pas. L'idée de l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée repose sur l'erreur de penser qu'il s'agit de deux domaines distincts. Le travail fait partie intégrante de la vie. On ne peut pas l'en dissocier. «La paresse est un concept moral, au même titre que le travail ou la fierté.» Silas Zindel Trouvez-vous inconcevable qu'une personne travaille uniquement pour gagner sa vie? Qu'elle soit satisfaite d'avoir terminé sa journée après huit heures et puisse profiter de sa soirée avec ses enfants et sa famille? Certes, mais il s'agit tout de même de huit heures passées au bureau. Si l'on ne travaille que pour pouvoir ensuite retrouver le confort de son foyer, je doute que cette vie puisse être épanouissante. Aujourd'hui, il me semble que le problème n'est pas que les gens ne travaillent pas assez, mais qu'avec l'automatisation, nous risquons bientôt de manquer de travail. Je suis convaincu que l'intelligence artificielle va rendre superflus tous les emplois pénibles. C'est bien, non? Oui, c'est super. Utilisez-vous l'intelligence artificielle dans votre travail? Oui, pour faire des recherches. Google va se retrouver face à un problème assez rapidement. L'IA effectue déjà aujourd'hui des recherches sur Google bien plus vite et de manière bien plus approfondie que moi. Si j'avais un emploi chez Google, cela m'inquiéterait. Si nos calculs sont corrects, vous écrivez presque autant que Stephen King. Comment y parvenez-vous? Si je publie chaque année un roman ou un polar, j'arrive en moyenne à environ 300 pages par an. Cela ne fait même pas une page par jour. En tant que journaliste, vous écrivez probablement plus que moi. Vous vous reposez le week-end? Le week-end n'a aucune importance pour moi. Je n'ai pas non plus besoin de me reposer deux ans après avoir terminé un livre. Je continue tout simplement à écrire. Vous vous levez le matin pour vous rendre au travail, comme nous tous? Non, plus maintenant. Depuis quelques années, j'écris à la main, pour ainsi dire, en mode déconnecté. Je ne suis plus rivé à l'ordinateur, j'utilise désormais un reMarkable. Donc, une tablette sur laquelle on peut écrire à la main? Exactement. La machine convertit ensuite cela en caractères d'imprimerie. Je peux désormais écrire n'importe où: dans la salle d'attente du médecin, dans le train ou au café. J'ai commencé à utiliser cette tablette quand ma femme est tombée malade et que je passais de longues heures dans les salles d'attente. L'appareil était parfait pour cette situation. Mon premier projet sur ce support a été un roman sur le footballeur Bastian Schweinsteiger. Depuis, j'y ai écrit trois romans. Pour moi qui suis gaucher et qui, avant, faisait des taches partout, c'est une révolution. L'écriture manuscrite me libère davantage. Peut-être que cela influence aussi un peu mon style – en tout cas, c'est ce que me disent certaines personnes. Vous faites également l'éloge de reMarkable dans votre dernier roman «Colère et amour». Êtes-vous sponsorisé par l'entreprise? Malheureusement non, mais je travaille à ce qu'ils sponsorisent mon site web, qui en aurait bien besoin. Une montre Apple, un bracelet pour mesurer la tension artérielle et un appareil photo numérique: Martin Suter s'intéresse beaucoup à la technologie. Silas Zindel Doit-on parfois se montrer paresseux pour être créatif? La paresse est un concept moral, au même titre que la fierté. D'ailleurs, même concernant nos proches, je trouve la fierté discutable: dois-je être fier de ma fille simplement parce qu'elle est mon enfant? Non? Non. Pour moi, il y a quelque chose de possessif. Avez-vous déjà parcouru LinkedIn, où tant de personnes racontent leurs derniers succès et belles réussites? J'ai créé un compte à l'époque où j'ai mis mon site web en ligne, sur les conseils de quelqu'un. Depuis, je reçois régulièrement des e-mails m'informant qu'un certain Monsieur Machin m'a envoyé une demande de contact. S'ensuivent trois rappels pour me reprocher de ne pas avoir répondu. Déjà avant LinkedIn, je trouvais le réseautage peu sympathique. Y a-t-il des nouvelles technologies que vous trouvez enrichissantes? Oui, mon site web constitue une immense archive gratuite de tout ce que j'ai réalisé, réalise et réaliserai dans ma vie. Il est également possible de devenir membre pour 50 francs et d'accéder à de nombreux contenus supplémentaires ainsi qu'à des analyses plus approfondies. Cela dit, le site me coûte bien plus cher qu'il ne me rapporte. Pourquoi avez-vous donc ce site? J'observe la façon dont on lit aujourd'hui: il se vend de moins en moins de livres, mais les gens ne lisent pas moins pour autant. Ils lisent simplement davantage sur leur téléphone portable ou leur tablette. Je voulais être présent sur ces supports et proposer quelque chose aux gens qui passent tant de temps devant leur écran. Le site me fait toujours plaisir, même si j'ai été piraté récemment. Les pirates vous ont-ils demandé de l'argent? Non, nous nous en sommes peut-être rendu compte assez rapidement et avons pu corriger la faille de sécurité avant de faire l'objet d'un chantage. Vous arrive-t-il de vous distraire pendant le travail? Oui, comme tout le monde, je suis très distrait. Mais je peux aussi très bien me concentrer. Et on peut aussi sans autre me déranger pendant que je travaille. «Les artistes qui se croient exceptionnels m'agacent», dit Martin Suter. Silas Zindel Vous n'auriez probablement plus besoin de travailler. Vous êtes à l'abri du besoin. Je dois continuer à travailler pour maintenir mon niveau de vie. J'ai dit un jour qu'il fallait créer un vide sur le compte en banque pour qu'il aspire à nouveau l'argent. Mais Karl Lagerfeld l'a mieux exprimé: «Il faut jeter l'argent par la fenêtre pour qu'il revienne par la porte.» Maintenez-vous délibérément un niveau de vie si élevé que vous êtes obligé de continuer à travailler? Il y a plus de cinquante ans, alors que j'étais rédacteur junior, j'ai écrit ce slogan pour la Banque populaire suisse: «Laissez votre argent travailler pour vous. Après tout, vous travaillez aussi pour votre argent.» Malheureusement, je n'ai jamais réussi à appliquer ce conseil: je travaille encore. En tant qu'auteur, exercez-vous toujours le métier de vos rêves? Oui, mais tout métier peut devenir un métier de rêve si l'on arrive à vivre de ce que l'on aime faire. Les artistes sont-ils automatiquement des génies? Non, les artistes qui se croient exceptionnels m'agacent. Tous ceux qui se placent au-dessus des autres m'irritent également. Cette agitation autour du processus créatif aussi. Tout comme ces questions sur mes sources d'inspiration. Chaque phrase m'inspire la suivante. Voilà mon inspiration. Écrire est un métier? Oui, quand on me demandait si j'avais déjà eu un blocage d'écriture, je répondais autrefois qu'un menuisier ne pouvait pas se permettre un blocage de rabotage. C'était assez prétentieux de ma part. C'est l'un de mes traits de caractère les moins sympathiques, je m'en excuse. Vous n'avez jamais eu de blocage pour écrire? Non, j'ai toujours été content. Je ne vois pas non plus mon métier comme quelque chose de magique ou de spécial. C'est un travail comme les autres, au fond. Je reconstitue une histoire pièce par pièce, comme l'enfant qui construit son bonhomme de neige. Bien sûr, il faut un certain talent pour écrire, mais c'est le cas dans beaucoup d'autres métiers aussi. Je trouve donc dommage qu'aujourd'hui tous les parents veuillent que leurs enfants fassent le gymnase – les pauvres! La Suisse dispose pourtant du meilleur système de formation pour les professions les plus diverses. Êtes-vous capable de débauche, d'excès? Je n'ai jamais été un fêtard. Bien sûr, avant, je sortais beaucoup plus et je buvais davantage. J'ai arrêté de boire il y a quelques années. Précisément à cette table où nous sommes assis maintenant: j'avais rencontré mon collègue écrivain Benjamin von Stuckrad-Barre, qui ne cache pas avoir eu un problème d'alcool. La serveuse le savait et avait retiré les verres de vin par précaution. Depuis, vous ne buvez plus? Non. Je ne prêche pas la sobriété, mais ce soir-là, j'ai compris que rien ne me manquait en me passant d'alcool. Vous offrez-vous quelque chose de spécial lorsque vous avez terminé un livre? Je me fais plaisir même quand je n'ai pas encore terminé un livre. Je ne suis pas si peu libre que je doive attendre d'avoir fini un travail pour me détendre. Je me sens aussi libre maintenant. Newsletter «Santé & Bien-être» Conseils, actualités et récits autour de la santé, de la nutrition, de la psychologie, de la forme et du bien-être. Autres newsletters Se connecter Jorgos Brouzos est journaliste économique chez Tamedia depuis 2015. Il couvre principalement la place financière suisse et le secteur des matières premières. Il a étudié les sciences politiques à l'Université de Zurich. Plus d'infos @jorgosbrouzos Andreas Tobler est journaliste. Il a étudié à Berne et à Berlin. En 2021, il a été élu journaliste culturel suisse de l'année. Plus d'infos @tobler_andreas Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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