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Rassemblés pour lire les noms des enfants morts à Gaza

Rassemblés pour lire les noms des enfants morts à Gaza

La Presse4 days ago
PHOTO JOSIE DESMARAIS, LA PRESSE
« En moyenne, 28 enfants ont été tués chaque jour, soit l'équivalent d'une classe entière », avait déclaré le 16 juillet dernier la directrice générale de l'UNICEF, Catherine Russell, devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU). Sur les dalles du Vieux-Montréal, des noms d'enfants ont été écrits par des citoyens venus assister à la cérémonie pour faire vivre leur mémoire. D'après les organismes derrière la commémoration, notamment Familles montréalaises pour la Palestine et Voix juives indépendantes Montréal, il a fallu environ 1 h 40 pour lire les noms que des enfants qui ont péri avant même de célébrer une année de vie. Au cours des 21 derniers mois de guerre, 33 000 autres enfants ont été blessés à Gaza, a aussi précisé l'UNICEF.
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Le nécessaire rapprochement entre le Canada et le Mexique
Le nécessaire rapprochement entre le Canada et le Mexique

La Presse

time20 minutes ago

  • La Presse

Le nécessaire rapprochement entre le Canada et le Mexique

Le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum, et la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand (Ottawa) Deux ministres influents du gouvernement Carney ont conclu mercredi une importante mission de deux jours au Mexique afin de tisser des liens plus étroits avec les membres de l'administration de la présidente Claudia Sheinbaum. « Nous sommes des voisins, mais nous devons apprendre à nous connaître un peu plus », a laissé tomber mardi soir le ministre des Finances, François-Philippe Champagne, lors d'une conférence de presse à l'ambassade du Canada à Mexico en compagnie de la ministre des Affaires étrangères, Anita Anand. Les ministres ont rencontré la présidente du Mexique pendant près d'une heure afin de faire un survol des questions bilatérales, mais aussi aborder l'avenir du libre-échange sur le continent nord-américain, mis en cause par la guerre commerciale que mène le président Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche en janvier. Ils ont pu s'entretenir aussi avec des élus de l'Assemblée législative et des gens d'affaires. Également au menu des discussions : le renforcement des chaînes d'approvisionnement, l'accès aux minéraux critiques, la sécurité énergétique, le potentiel de l'intelligence artificielle et l'augmentation des investissements étrangers. « Ça fait près d'une décennie que je m'occupe de relations internationales. C'est une des discussions que j'ai eues qui était la plus profonde, qui était très stratégique, qui nous a permis de découvrir aussi des intérêts mutuels que l'on doit continuer de travailler », a aussi exposé le ministre François-Philippe Champagne. C'est un peu d'emmener notre relation avec le Mexique à son plein potentiel. Le Mexique offre beaucoup d'opportunités. François-Philippe Champagne, ministre des Finances du Canada Signe qu'il y aura des suites à cette mission ministérielle, le premier ministre Mark Carney effectuera lui-même une visite officielle au Mexique au cours des prochaines semaines, a confirmé son bureau mercredi. De toute évidence, on assiste à un rapprochement entre le Canada et le Mexique au moment où les États-Unis durcissent le ton envers leurs deux partenaires commerciaux du continent. Et cela survient au moment où le Canada se prépare aux difficiles pourparlers prévus l'an prochain visant à réviser l'Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Il faut dire qu'un froid s'était installé entre les deux pays depuis 18 mois, après que le gouvernement de l'ancien premier ministre Justin Trudeau eut annoncé le retour des visas pour les ressortissants mexicains, avec quelques exceptions, afin de contrer la vague de migrants en situation irrégulière qui donnait de sérieux maux de tête au gouvernement Legault et qui envenimait les relations entre Québec et Ottawa. Il y a quelques mois, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, avait provoqué la colère de la présidente Sheinbaum en affirmant que le Canada devait larguer le Mexique et s'empresser de conclure un accord de libre-échange bilatéral avec les États-Unis afin d'échapper aux salves tarifaires de Donald Trump. PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre ontarien, Doug Ford M. Ford avait alors accusé le Mexique d'être « une porte détournée pour l'importation de voitures, de pièces d'auto et autres produits de la Chine dans les marchés canadien et américain », notamment en refusant d'imposer des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois. La présidente du Mexique avait été peu impressionnée par la sortie de Doug Ford. Elle avait souligné que lors des négociations précédentes durant le premier mandat de Donald Trump pour renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain, le Mexique avait été solidaire du Canada. « Souvenez-vous que lorsqu'on a signé l'accord, le Mexique a soutenu le Canada », avait-elle affirmé, rappelant que son pays avait clairement écarté l'idée de signer un accord uniquement avec les États-Unis. Des pots cassés que tente de réparer Mark Carney. Depuis qu'il a pris les commandes du gouvernement, le premier ministre s'est entretenu à quatre reprises avec la présidente du Mexique. Mieux encore, il l'a invitée à participer au dernier Sommet du G7, qui a eu lieu en juin à Kananaskis, en Alberta. PHOTO DARRYL DYCK, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE Le premier ministre canadien, Mark Carney, en compagnie de la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum lors du sommet du G7, à Kananaskis, en Alberta En guise de cadeau, la présidente lui a remis un joli ballon de soccer fabriqué à la main par des artisans huichols. Le réchauffement diplomatique s'est intensifié depuis le Sommet du G7, selon la ministre Anita Anand. La visite prochaine du premier ministre à Mexico va-t-elle sceller une alliance stratégique entre les deux pays en prévision des pourparlers de l'an prochain qui porteront sur la révision de l'ACEUM ? En coulisse, c'est l'objectif du gouvernement Carney. Car si le Canada est dans la ligne de mire tarifaire de Donald Trump depuis six mois, il a tout de même évité le pire jusqu'ici parce que les exportations canadiennes qui sont conformes à l'ACEUM demeurent exemptées des droits de douane. Dans le cahier de breffage préparé à l'intention du nouveau ministre du Commerce international, Maninder Sidhu, les hauts fonctionnaires soulignent à grands traits l'importance pour le Canada et le Mexique de préserver les acquis de l'ACEUM. « Le Mexique et le Canada sont les deux plus grands partenaires commerciaux des États-Unis, avec une intégration significative des chaînes d'approvisionnement et de l'économie dans des secteurs clés tels que l'industrie automobile et l'agroalimentaire. Bien que le Canada et le Mexique soient des partenaires commerciaux bilatéraux importants l'un pour l'autre, la dynamique commerciale clé pour chaque pays réside dans leurs relations respectives avec les États-Unis. En 2024, plus de 80 % des exportations du Mexique et 77 % des exportations du Canada étaient destinées aux États-Unis », relève-t-on dans le cahier de breffage. « L'ACEUM est la base du commerce et de l'investissement intégrés en Amérique du Nord et a contribué à alimenter une croissance robuste du commerce intrarégional nord-américain, y compris après les chocs de la pandémie mondiale. En 2023, le commerce trilatéral de marchandises s'élevait à 1,9 billion de dollars, soit une augmentation de 30,4 % (448,5 milliards de dollars) depuis l'entrée en vigueur de l'ACEUM », a-t-on aussi souligné dans le document. Préserver les acquis de l'ACEUM est la priorité absolue pour le gouvernement Carney. Se rapprocher du Mexique devient un atout indispensable dans cette démarche qui s'annonce déjà périlleuse. Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse

Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas
Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas

La Presse

time20 minutes ago

  • La Presse

Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas

Une fillette palestinienne observe les dégâts causés par une frappe nocturne sur le centre de santé Sheikh Radwan, dans le nord de la ville de Gaza, mercredi. Non, le Canada ne fait pas le jeu du Hamas Comme si la situation humanitaire à Gaza n'était pas assez épouvantable, voici qu'on prédit une nouvelle escalade des opérations militaires israéliennes dans ce territoire dévasté1. Pendant ce temps, le Canada, à l'exemple de certains pays européens, se dit prêt à reconnaître un État palestinien. Mais est-ce vraiment ce qui convient aux circonstances actuelles ? Et dans les faits, à quoi servirait cette reconnaissance ? PHOTO FOURNIE PAR L'UNIVERSITÉ DE TORONTO Jon Allen « Reconnaître l'État palestinien ne va pas ouvrir les vannes de l'aide humanitaire. Ça ne va pas forcer Bibi Nétanyahou à accepter un cessez-le-feu. Ça ne va pas forcer le Hamas à libérer les otages, à s'exiler et à se désarmer. Il n'y a pas de doute là-dessus », m'a d'abord répondu Jon Allen. Celui qui a été ambassadeur du Canada en Israël de 2006 à 2010 est aujourd'hui rattaché au Centre Bill Graham pour l'histoire internationale contemporaine de l'Université de Toronto. Je l'ai interviewé dans le cadre de cette chronique parce qu'il fait aussi partie des 173 anciens diplomates qui ont signé une lettre, la semaine dernière, pour demander à Mark Carney de reconnaître l'État de Palestine2. Il reconnaît les limites de l'initiative, donc. Mais il demeure convaincu que ce geste – que le premier ministre du Canada s'est engagé à faire aux Nations unies en septembre, sous certaines conditions – est de la plus haute importance3. D'abord parce que la solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité, longtemps perçue comme la clé pour résoudre le conflit israélo-palestinien, est dans l'impasse – et c'est un euphémisme. On envoie un message aux Palestiniens, aux Israéliens et à d'autres pour dire que le Canada et d'autres pays occidentaux croient toujours en la solution à deux États et pensent que l'un de ces États doit être la Palestine. Jon Allen, ancien ambassadeur du Canada en Israël L'idée est aussi d'affirmer qu'« Israël ne devrait pas avoir un droit de veto sur l'autodétermination d'environ cinq millions de Palestiniens ». Cet engagement permet par conséquent de montrer aux Palestiniens que l'Occident va « continuer à faire pression sur Israël pour s'assurer que le pays ne prend pas de mesures supplémentaires pour mettre fin à la possibilité de deux États ». C'est aussi, bien sûr, une façon de faire comprendre au gouvernement israélien que « ce qui se passe à Gaza et en Cisjordanie est tout simplement inacceptable ». Jon Allen estime que Mark Carney l'a démontré, lorsqu'il a annoncé, le 30 juillet dernier, son intention de reconnaître l'État de Palestine4. Le premier ministre a par exemple affirmé que « le niveau de souffrance humaine à Gaza est intolérable et s'aggrave encore ». Il a également évoqué l'accélération de la construction de colonies en Cisjordanie. Sans surprise, l'idée de reconnaître l'État palestinien a rapidement été critiquée, aux États-Unis, par l'administration Trump. « Ça va compliquer grandement la conclusion d'un accord commercial avec eux. Oh ! Canada ! », a écrit Donald Trump sur Truth Social. PHOTO MARK SCHIEFELBEIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS Pour la Maison-Blanche, la reconnaissance de l'État palestinien par le Canada est « une façon de récompenser le Hamas à un moment où le Hamas est le véritable obstacle à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages », a déclaré la porte-parole de Donald Trump. Sa porte-parole, Karoline Leavitt, a par la suite déclaré que le président des États-Unis « a l'impression que c'est une façon de récompenser le Hamas à un moment où le Hamas est le véritable obstacle à un cessez-le-feu et à la libération de tous les otages ». Que répond Jon Allen aux allégations selon lesquelles le Canada, la France et le Royaume-Uni feraient le jeu du Hamas ? Le Hamas n'a aucun intérêt dans une solution à deux États. Le Hamas est intéressé soit par un califat dans tout le Moyen-Orient, soit par une solution à un seul État et par l'anéantissement d'Israël. Donc, soutenir une solution à deux États en reconnaissant l'Autorité palestinienne, qui est essentiellement l'ennemie du Hamas, ce n'est pas soutenir le Hamas. Jon Allen, ex-ambassadeur du Canada en Israël « Bien sûr, le Hamas va dire : oh, c'est génial, ajoute l'expert. Mais est-ce que, parce que le Hamas va dire que c'est une bonne nouvelle que le Canada ait reconnu la Palestine, nous devons rester silencieux sur ce qui se passe au Moyen-Orient ? » Jon Allen insiste d'ailleurs, lors de notre entrevue, pour nommer les horreurs dont cette organisation terroriste est responsable. Hors de question, pour lui, de les occulter ou de les minimiser. « Le Hamas a commis des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité le 7 octobre 2023. C'était horrible », lance-t-il. « Nous n'ignorons pas non plus le fait [que ses membres] continuent de commettre des crimes de guerre en laissant leurs propres concitoyens se faire tuer de bien des manières, et en retenant toujours des otages », précise l'expert. Sans compter que, chaque fois que le processus de paix était sur les rails, le Hamas a cherché à le faire dérailler. Et avec les massacres d'octobre 2023, l'organisation terroriste l'a fait reculer « de plusieurs années ». Mais les atrocités du Hamas ne devraient pas être utilisées, selon lui, pour absoudre les fautes du gouvernement israélien. « Le droit légitime à l'autodéfense d'un pays comme Israël ne permet pas un siège ni une punition collective qui consiste à priver toute une population de nourriture, de médicaments, d'eau et d'électricité. Il ne permet pas non plus les bombardements indiscriminés », dit-il. Je suis juif. Ma femme est la fille de survivants de l'Holocauste. Je suis extrêmement critique envers Israël parce que je n'arrive pas à croire que des Juifs qui ont souffert pendant l'Holocauste font cela à d'autres personnes. Jon Allen, ex-ambassadeur du Canada en Israël Je termine en soulignant que même si Jon Allen comprend le sentiment d'impuissance quasi généralisé face à la crise actuelle, il ne perd pas espoir. D'ailleurs, cet ancien diplomate est aussi président du conseil d'administration canadien de l'ONG Rozana, qui fait la promotion de la coopération entre Palestiniens et Israéliens dans le domaine des soins de santé. Elle prévoit ouvrir sous peu une clinique médicale à Gaza. Mais pour une véritable sortie de crise, il faudra davantage de « bons dirigeants », selon M. Allen. Tant du côté des Palestiniens que du côté des Israéliens, mais aussi à la tête des États-Unis. « Je continue de croire que les choses vont changer », dit-il. Parce que l'autre voie, qui est qu'Israéliens et Palestiniens « continuent à s'entretuer » pendant de nombreuses décennies, est tout simplement intenable. Qui est Jon Allen ? Né à Winnipeg en 1950 Titulaire d'une maîtrise en droit international de la London School of Economics Recruté par le ministère des Affaires étrangères en 1981 Nommé ambassadeur du Canada en Israël en 2006 Actuellement « senior fellow » au Centre Bill Graham pour l'histoire internationale contemporaine de l'Université de Toronto et président du conseil d'administration canadien de l'ONG internationale Rozana 1. Lisez la dépêche de l'AFP « Israël doit 'vaincre totalement' le Hamas pour libérer les otages, dit Nétanyahou » 2. Lisez la lettre des 173 ex-diplomates canadiens en faveur de la reconnaissance de l'État palestinien 3. Le premier ministre du Canada a cité « la volonté de l'Autorité palestinienne de mener des réformes essentielles, notamment la promesse du président [Mahmoud] Abbas de réformer en profondeur sa gouvernance, de tenir des élections générales en 2026 dans lesquelles le Hamas ne pourra jouer aucun rôle et de démilitariser l'État palestinien ». Il a aussi affirmé « que le Hamas doit immédiatement libérer tous les otages capturés lors de l'horrible attentat terroriste du 7 octobre [2023], qu'il doit déposer les armes et qu'il ne doit jouer aucun rôle dans la gouvernance future de la Palestine ». 4. Lisez la déclaration de Mark Carney Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

J'ai mangé de l'ours
J'ai mangé de l'ours

La Presse

time20 minutes ago

  • La Presse

J'ai mangé de l'ours

Cette chronique a été publiée le mardi 9 décembre 1986, en page A5. Nous la republions sans altérer les mots que l'auteur a utilisés à l'époque. Lalalèreu, dimanche, j'ai mangé de l'ours ! Et du raton laveur ! Il y avait aussi au menu du chevreuil, mais c'est là du gibier bien ordinaire. Tandis que de l'ours, ma chère ! Et le raton laveur, mon vieux ! Attention ! C'est là le genre de bétail qui fait grosse impression sur le chasseur de lapins d'Outremont. Et attendez mon prochain voyage à Paris ! Que je me retrouve dans le salon d'un de ces Québécois installés là-bas, et qui ont souvent à leur table quelque confrère du Monde ou quelque cinéaste japonais. La dernière fois c'était un médecin sans-frontière de retour d'Afghanistan. Qu'est-ce qu'il avait donc mangé lui ? Était-ce de la fricassée de vessies de chauves-souris, ou des langues de dromadaires au ginseng ? En tout cas, c'était très très rare et très très bon… — Et vous au Canada, vous mangez quoiaaa ? Dans ce temps-là, t'as l'air tellement banlieue de répondre des trucs comme : des chops de porc et des nouilles au beurre. La prochaine fois, je vais triompher : — Au Canada, on mange de l'ours, lalalèreu ! Et du raton laveur… Au fait, ce n'est même pas au Canada, que j'ai mangé ça. C'est aux États. Tout près de chez moi, à Montgomery Center. Tous les ans, le premier dimanche de décembre, les pompiers de Montgomery servent un repas de chasse dans la grande salle des fêtes de l'église anglicane. Annoncé longtemps d'avance dans les journaux locaux des deux côtés de la frontière, et même annoncé à Montréal, sur les ondes de CJAD, ce repas de chasse est finalement plus couru par les Québécois que par les Américains du coin. Bien avant midi, la cour de l'église se remplit d'autos, et même de quelques autobus. La salle est bientôt trop pleine et dans l'entrée, s'allonge la lignée des convives, rendus impatients par les effluves de venaison grillée, qui les assaillent par grosses bouffées, chaque fois que s'ouvre la porte. Lorsqu'on est entré, il faut jouer un peu du coude pour trouver place aux longues tablées où 300 invités, au moins, ripaillent devant des assiettes qui débordent. On va se faire servir devant des grands chaudrons, identifiés par des pancartes bilingues. Ici l'ours. Là le raton laveur. Puis le chevreuil. Il y avait aussi du lapin, de la truite fumée, et de la vulgaire dinde qui avait l'air bien paie et domestique dans cet étalage exotique. Les gens, même les vieux qui passent pour manger peu, allaient se resservir deux ou trois fois. Étonnant appétit, auquel les pompiers de Montgomery ont sacrifié, cette année, une dizaine de chevreuils, cinq ours et 35 ratons laveurs. — Vous aimez ça de l'ours madame ? — Oh oui, c'est bon ! — Et du raton laveur ? — C'est encore meilleur. C'était une dame de Saint-Hyacinthe, venue en autobus avec son club de l'âge d'or. Elle en était à sa deuxième assiette, et j'ai eu le flash : — El de l'agneau, vous aimez ça de l'agneau, madame ? — Y'en a ici ? — Du tout. Je vous demande ça, juste de même… — Non monsieur ! L'agneau non, on n'est pas fort là-dessus nous autres. C'est surtout les Européens… Curieux. L'agneau non. Mais l'ours, oui ! … Les rognons de porc, wouache ! C'est bon pour les Italiens. La cervelle de veau ? beurk… Par contre, une petite fesse de raton laveur, miam, miam, quel festin ! Je n'ai pas regretté ma sortie, j'aimais bien l'atmosphère de cette grande salle des fêtes, pleine de chaleur et de toutes sortes de monde. Montréalais au négligé étudié, venus ici comme ils vont à un brunch au Ritz. Paysans endimanchés, chasseurs débraillés et un peu allumés en casque de fourrure… La bouffe aussi, finalement, j'ai aimé. La truite fumée était une petite merveille. D'un raffinement spontané, je veux dire une réussite naturelle, sans préméditation gastronomique. (D'ailleurs, les gens du nord du Vermont ne se doutent pas, je crois, de la rare délicatesse de leurs fumaisons, qu'ils font à l'étoupe de maïs, que ce soit pour leurs poissons, leurs viandes et surtout leurs cheddars. Mais fermons vite la parenthèse sur cette gastronomie qui ne sait pas encore qu'elle en est, ce qui fait ses petits prix et son grand charme). La truite fumée, bon. Très très bon. Mais l'ours ? Bof l'ours… Et le raton laveur ? Et même le chevreuil ? Rerebof le raton laveur et le chevreuil… De toute façon, après quelques fourchettées, quand tout est mêlé dans l'assiette, il n'y a plus moyen de savoir quoi est quoi. Bien malin qui pourrait distinguer le chevreuil de l'ours ou du raton laveur, encore que ce dernier est un peu plus gras. Entre vous et moi, il y a bien de la bullshit dans l'intérêt que l'on porte au gibier. Il y a surtout la justification du chasseur : on ne tue pas parce qu'on est des tueurs, on tue parce que c'est tellement bon. Tu parles, fais-moi rire avec ton grand fusil ! Bon, du chevreuil ? Ce n'est pas la première fois que j'en mangeais dimanche, et je ne trouve pas ça mauvais. C'est exactement comme du cheval… Ce qui me fait rire, c'est que la plupart des gens qui délirent sur le chevreuil trouvent que du cheval c'est dégueulasse… Bon, de la perdrix ? C'est celle-là que je comprends le moins, je pogne ce volatile au collet avec grande facilité, fait que je l'ai essayé à toutes les sauces. Au début, je me disais cout'donc, c'est parce que je ne sais pas le préparer. Mais non. J'en ai mangé ailleurs, chez des soi-disant gastronomes. C'est toujours très sec ! Et quand ça ne l'est pas c'est qu'on a bardé la perdrix de lard pour lui donner un peu de gras, et finalement elle goûte juste le lard… J'ai bouffé bien des bibites dans ma vie. D'ailleurs, comme Italien, la première question que je pose à propos d'un animal que je ne connais pas, c'est toujours : « Ça s'mange-tu ? » … Toute ma jeunesse j'ai mangé de la soupe faite avec les oiseaux que mon père attrapait dans le jardin ; quand je suis allé en Chine j'ai voulu bouffer du chien ; j'ai aussi mangé du requin, de la tortue, du serpent, des sauterelles, du chat une fois ; depuis dimanche de l'ours et du raton laveur. Enfin, comme tous les petits gars, j'ai mangé trois ou quatre vers de terre pour impressionner les petites filles du coin… Il se pourrait même que j'aie déjà mangé de l'humain, je n'en suis pas certain, mais j'avais été très très malade cette fois-là, et je me suis mis dans l'idée qu'il n'y a que de l'homme (ou de la femme) pour m'avoir fait dégueuler à ce point-là… Bref, croyez-en le plus éclectique des carnivores : rien ne vaut un rôti de porc ! Eh oui ! Le vulgaris porcus, qui nous donne déjà le jambon, le saucisson, les rillettes, le boudin, le lard, l'andouillette. Il nous donne aussi sa fesse… Piquez d'ail. Salez, poivrez. Mettez au four une heure ou deux, selon la grosseur. Et foutons donc la paix aux ours et aux ratons laveurs.

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