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« Si c'était un homme, ça ferait longtemps qu'elle serait sur un banc » : Élise Bussaglia, l'icône qui veut ressusciter Sedan

« Si c'était un homme, ça ferait longtemps qu'elle serait sur un banc » : Élise Bussaglia, l'icône qui veut ressusciter Sedan

L'Équipe4 days ago
Promue en R1 pour sa première saison sur le banc de Sedan, Élise Bussaglia est l'entraîneuse en activité qui officie au plus haut niveau dans le football masculin en France. L'ancienne internationale vise encore la montée avec le club de sa ville natale, désormais détenu par Kalidou Koulibaly.
Les Sangliers du CS Sedan ont retrouvé mardi les terrains avec à leur tête une icône aux 192 sélections en équipe de France. Nommée entraîneuse du CSSA en début de saison dernière, Élise Bussaglia vise désormais la montée en N3, sur la lancée de la promotion en R1 obtenue pour sa première saison sur le banc d'une équipe senior - la seconde consécutive du club ardennais, rétrogradé en R3 pour la saison 2023-2024.
Le choix de l'ancienne milieu centrale de l'OL (2012-2015) et du FC Barcelone (2017-2018) pour entraîner Sedan correspond à la volonté de la direction du club de renouer avec son ancrage local, alors que le rachat avorté du club par le prince saoudien Fahad Al Saud puis la présidence à distance de Marc Dubois avaient abouti à un dépôt de bilan en juillet 2023. « On cherchait quelqu'un qui incarne les valeurs ardennaises d'humilité, de travail et de volonté », explique Daniel Guérin, président du CSSA depuis novembre 2022.
Un profil auquel correspond idéalement Bussaglia, née à Sedan et biberonnée aux exploits des Sangliers par son père, fidèle abonné de l'ancien stade Émile-Albeau. « Je n'ai pas réfléchi très longtemps. C'est mon club de coeur donc ça me paraissait important d'aider à sa reconstruction », affirme celle qui se souvient avoir vécu avec des « étoiles dans les yeux » la victoire contre Saint-Étienne synonyme de montée en Ligue 1, le 29 mai 1999. Une fois sa carrière de joueuse terminée à Dijon, où elle avait entraîné brièvement les U14 en tant qu'adjointe, Bussaglia était revenue dans les Ardennes en 2020 pour entraîner l'équipe féminine de Charleville-Mézières, avant de reprendre la saison dernière son métier de professeure de CM1.
Son parcours rappelle celui d'une ancienne gloire du club qui donne son nom à l'enceinte actuelle des Sedanais, Louis Dugauguez (1918-1991), lui aussi instituteur avant d'entraîner l'équipe de France Espoirs puis de remporter deux coupes de France avec le CS Sedan en 1956 et 1961. « Je parle souvent de Dugauguez à Élise, en lui disant : à toi de faire la même chose », souligne Guérin, d'un ton qui tient autant de la plaisanterie que du discours prophétique.
Passion populaire, règlements de comptes et fusion... A Sedan, même en R3, on ne s'ennuie pas
45 minutes de trajet en minibus pour conduire ses joueurs à l'entraînement
Avant d'espérer retrouver les sommets, l'entraîneuse de 39 ans a dû s'adapter aux réalités quotidiennes du monde amateur. « La saison dernière je conduisais les joueurs en minibus pour aller à l'entraînement, on faisait 45 minutes de route pour rejoindre un terrain éclairé. C'est des choses que j'ai connues au début de ma carrière avant qu'on soit professionnelles, ça me remet un peu les pieds sur terre », s'amuse Bussaglia.
Malgré des conditions d'amateurs, la troisième joueuse la plus capée de l'histoire des Bleues impose à ses joueurs un cadre de travail strict, n'hésitant pas à distribuer les tours de terrain en cas de retard à l'entraînement. « Il n'y a pas forcément la place pour la rigolade ou les écarts, c'est deux heures de travail à fond », témoigne le capitaine sedanais Axel Villière, 25 ans, qui s'apprête à disputer sa 18e saison avec le club vert et rouge, lui qui évoluait en équipe réserve avant la rétrogradation en R3. Alors que Bussaglia a exigé l'achat d'une caméra pour filmer les séances, elle bénéficiera la saison prochaine de la pose d'une pelouse synthétique à Dugauguez, grâce notamment aux fonds apportés par Kalidou Koulibaly, devenu propriétaire du club en mai 2024.
Marquée par son année au FC Barcelone et par le projet tactique de Gérard Prêcheur à l'OL, l'ancienne milieu porte une philosophie de jeu ambitieuse. « Alors que la plupart des équipes nous attendent avec des blocs bas, elle a installé un 4-3-3 qui mise beaucoup sur la possession. Quand elle te parle foot, tu sens qu'elle est animée », explique Teddy Pellegrin, ancien membre du staff sedanais en Ligue 1 et actuel adjoint de l'ancien Sanglier Aliou Cissé en sélection sénégalaise, devenu manager général du club en mai 2024, avec l'objectif d'accéder à la N2 en quatre ans. La méthode Bussaglia a vite montré ses résultats : le CSSA a terminé la saison dernière à la première place de R2 sans avoir perdu un seul match (hormis une défaite sur tapis vert pour des raisons administratives).
« Elle n'est pas jugée pour son genre mais pour ses compétences »
Axel Villière, capitaine du CS Sedan
Lorsqu'il a appris que la Sedanaise était revenue dans les Ardennes, Pellegrin était surpris de voir qu'elle n'occupait pas de poste d'entraîneuse à temps plein. « Avec la carrière qu'elle a eue, si c'était un homme, ça ferait longtemps qu'elle serait sur un banc », juge l'ancien préparateur physique présent dans le staff de Sedan lors de la finale de la Coupe de France 2005 perdue face à l'AJ Auxerre (1-2). Le passé de joueuse de Bussaglia lui a octroyé une légitimité immédiate auprès du vestiaire ardennais. « On a tous vu ses matches à la télé, ça force le respect. Elle n'est pas jugée pour son genre mais pour ses compétences », insiste Axel Villière.
« Le football reste un sport dirigé par les hommes et souvent pour les hommes », estime la principale intéressée, tout en indiquant ne pas avoir fait face à ce jour à des comportements sexistes depuis sa nomination. « Même s'il y a de plus en plus de place faite aux femmes, ça évolue plus vite dans d'autres pays (Helena Costa est, depuis janvier 2025, la directrice sportive d'Estoril en D1 portugaise, Sabrina Wittmann occupe le banc d'Ingolstadt en D3 Allemande). Dans les clubs amateurs, les femmes sont souvent orientées vers l'école de foot ou des postes moins tournés vers le terrain comme la buvette ou les entrées de stade », complète-t-elle, alors que Corinne Diacre est à ce jour la seule femme à avoir entraîné une équipe masculine au niveau professionnel (Clermont en Ligue 2, entre 2014 et 2017).
Après avoir obtenu son BEF (Brevet d'Entraîneur de Football, permettant d'entraîner au niveau régional), Bussaglia passera la saison prochaine le DES (Diplôme d'État Supérieur, qui octroie le droit de coacher au maximum en N2), au sein d'une promotion composée de cinq femmes sur 66 candidat(e) s. Avec en tête un songe inavoué : « Mon rêve le plus fou, ce serait d'entraîner Sedan en Ligue 1. » Dans un stade Louis-Dugauguez qui attirait entre 1500 et 2000 spectateurs en R2 la saison dernière, il lui reste cinq promotions à décrocher pour accomplir cet idéal.
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