
Alpinisme : exploit au Nanga Parbat, skié pour la première depuis le sommet à 8126 m d'altitude par deux Français
C'est une discipline bien différente du ski dans les stations de nos montagnes, même la plus difficile des pistes noires. Deux alpinistes français, Tiphaine Duperier et Boris Langenstein, ont réalisé pour la première fois la descente intégrale du Nanga Parbat, sommet au Pakistan qui culmine à 8126 mètres d'altitude, et qui n'avait jamais été skié depuis son sommet.
Parvenus à la cime le 24 juin en empruntant le mythique versant Rupal, les alpinistes ont ensuite entamé trois jours de descente intense. «Au sommet, les horizons s'ouvrent de tous les côtés, on a quelques secondes pour se relâcher, mais il faut se remobiliser tout de suite», raconte au Figaro Boris Langenstein, guide de haute montagne en Tarentaise de 39 ans.
Car si la montée, en style alpin, c'est-à-dire sans assistance respiratoire ni sherpa et sans corde fixe, est déjà une prouesse en soi, la descente est un véritable exploit à cette altitude. Pour bien réaliser la mesure de cette performance, il faut savoir qu'à 8000 mètres d'altitude, avec l'air raréfié en oxygène, chaque geste demande au corps des ressources considérables. «Se baisser, chausser ses skis, rien n'est facile et on a le cerveau embué», explique le guide. D'ailleurs, selon les confidences du guide, la descente dans sa totalité est plus rapide à pied qu'en ski. «Chaque virage est un immense essoufflement».
Neige dure
La première partie de la montée entre le camp de base et le camp 1.
Collection personnelle
Le versant Rupal est une des parois les plus ahute du monde avec 4500 mètres de dénivelés.
Collection personnelle
Dès lors, skier est un exercice de concentration intense, où les émotions n'ont pas leur place. Depuis le sommet, les alpinistes ont dû emprunter à ski des passages pentus et parfois très délicats avec un premier couloir ponctué de cailloux et de plaques de glace, qui se termine sur une barre rocheuse vertigineuse. «On ne peut pas se permettre de tomber dans ces conditions, on n'a aucune marge», explique Boris Langenstein.
«Il n'y a pas beaucoup de plaisir», concède l'alpiniste, «mais ce n'est pas ce que l'on recherche». Sur la première partie, la neige était plutôt dure, condition généralement préférée par les skieurs de pente raide pour minimiser les risques d'avalanche. «Si on dévisse - si on tombe ndlr - c'est de notre fait, ce n'est pas aléatoire. Avec la neige dure, on reste maître de virage». La fin de la descente, entre le camp 1 et le camp de base, a été plus compliquée en raison du manque de neige. Les deux skieurs ont enchaîné plusieurs rappels pour passer certains passages rocheux.
La grande traversée pour parvenir au sommet.
Collection personnelle
L'ascension nécessite plusieurs jours depuis le camp de base situé à 3500 mètres d'altitude.
Collection personnelle
Originaire de Lyon, Boris Langenstein a fait ses premières armes en pente raide dans le massif de la Chartreuse puis dans le massif des Ecrins avec une première descente engagée dans la face nord de la Roche Faurio. Avec Tiphaine Duperier, également guide haute montagne originaire des Bauges, ils ont réalisé des expéditions en Inde, au Pakistan ou encore en Alaska.
Une précédente tentative
Compagnons de cordée de longue date, les deux alpinistes avaient déjà tenté l'année passée cette descente au Nanga Parbat. Mais ils n'étaient pas parvenus au sommet, butant à 7400 mètres d'altitude lors de la montée, juste avant la longue traversée qui emmène à la cime, une des principales difficultés de l'ascension.
Le vrsant Rupal et l'itinéraire de montée qui bascule surle versant Diamir à partir de 7400 mètres d'altitude.
Surnommé la «montagne tueuse», le Nanga Parbat a vu mourir sur ses flancs près de 80 alpinistes depuis les premières tentatives d'ascension dans les années 1930 jusqu'à nos jours. En 1953, C'est l'Autrichien Hermann Buhl qui parvient pour la première fois au sommet. En 1970, l'Italien Reinhold Messner vient à bout pour la première fois du versant, considéré comme la paroi la plus haute du monde (environ 4500 mètres) avant de perdre son frère à la descente, dans une avalanche.
Récemment encore, en 2018, c'est l'alpiniste Élisabeth Revol qui était parvenue au sommet, en plein hiver, avant de perdre à la descente son compagnon, l'alpiniste polonais Tomek Mackiewicz mort d'épuisement et de froid. La Française s'en était sortie quant à elle lors d'un sauvetage spectaculaire.
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