
Tour de France 2025: Bernard Hinault: «Je serais vachement content qu'un Français me succède»
Jean-Julien Ezvan Publié aujourd'hui à 11h58
Bernard Hinault, le regard dur, implacable, comme du temps de sa domination.
AFP
En bref:
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24 Heures
5 hours ago
- 24 Heures
Éditorial: Le football, c'est le royaume du «mansplaining»
Accueil | Sports | Euro 2025 | Opinion Les hommes se sentent obligés d'expliquer le football aux femmes. Surtout pendant les grandes compétitions estivales. Éditorial Publié aujourd'hui à 09h16 C'était un territoire protégé, une réserve indienne de la masculinité triomphante. Longtemps, les hommes de ce monde se sont réfugiés dans le football pour être bien certains de n'y croiser aucune femme. Pas de remise en question, juste un exutoire certain. Une zone de confort pile-poil comme il faut, où tout est à sa place et rien ne dépasse, où l'on sait ce que l'on vient chercher et surtout ce que l'on ne trouvera pas. Et quand les genres étaient obligés de s'y croiser, au hasard d'une grande compétition estivale genre Coupe du monde, alors les hommes se sentaient priés d'expliquer. Les ressorts, les codes, les règles. Donner juste ce qu'il faut pour se sentir important, mais pas assez pour surtout conserver son emprise sur l'autre. Le football, c'est le royaume du « mansplaining » . Au hasard, le hors-jeu. Une règle loin d'être intuitive, que les hommes passés à la moulinette sur la question, du canapé à l'oreiller, ont toujours pris un malin plaisir à ne pas expliquer clairement, ou du moins de manière à maintenir leurs interlocutrices sous le voile d'un doute coupable, de sorte à bichonner ce sentiment de supériorité si valorisant. Voilà qui participe au système de domination séculaire: posséder un savoir, le chérir dans un entre-soi, et rechigner à le partager vraiment, en agitant le fameux mais toujours efficace: «Tu peux pas comprendre.» Or, en ce début d'été, ce sont les femmes qui expliquent le foot aux hommes: ce sont elles qui courent, elles qui dribblent, elles qui taclent, elles qui marquent, en prime time sur toutes les grandes chaînes nationales. Forcément, de se faire chasser de son pré carré, qu'on pensait si bien clôturé, ça bouscule, ça contrarie, ça irrite. Mais surtout, ça interroge, du moins ça devrait, sur ces réflexes de replis primaires, qui à tout bien considérer ne font plus vraiment sens. Ici, les hommes devraient voir en l'essor du football féminin un merveilleux cadeau du destin. Car le ballon, c'est comme l'amour, plus on le partage, plus on le reçoit en retour. À lire également sur le football féminin Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Florian Müller est journaliste et chef de la rubrique sports de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Après des études de Lettres à l'Université de Genève, il rejoint les rédactions du groupe Tamedia en 2010. Plus d'infos @FloMul Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
5 hours ago
- 24 Heures
Faut-il être féministe pour entraîner des footballeuses?
Accueil | Sports | Euro 2025 | Les hommes continuent d'être majoritaires sur le banc des équipes féminines. Ils en ont le droit et leurs compétences sont bienvenues. Mais comment penser et se comporter pour bien faire? Publié aujourd'hui à 09h16 Sélectionneur du Portugal, Francisco Neto est l'un des huit coachs hommes à diriger une équipe lors de l'Euro 2025. Huit femmes occupent la même fonction durant le tournoi. KEYSTONE En bref: Leur équipe, leurs règles. Eric Sévérac dirige à l'époque son tout premier entraînement à Servette Chênois. On est en 2017. Pour débuter, il propose alors à ses nouvelles joueuses un exercice qui challenge leur esprit de cohésion: élaborer la charte d'équipe pour la saison à venir. Des groupes se forment, les discussions vont bon train, l'enjeu n'a rien à voir avec celui d'un match mais il stimule à sa manière les neurones sur le terrain. Eric Sévérac passe d'un rassemblement à un autre, quand l'oreille qu'il tend s'arrête net. «Une joueuse est intervenue auprès de son groupe.» Pour ajouter un point à la charte. «Elle nous a dit que, cette année, c'était hors de question qu'elle doive sucer le coach pour jouer.» La remarque a huit ans. Cela équivaut à une éternité à l'échelle d'un football féminin qui se métamorphose à vue d'œil. Reste qu'elle en dit trop pour être jetée aux oubliettes. Si le foot est un miroir de la société, alors des gens s'en servent pour abuser de leur position et de leur pouvoir. Autrement dit: des entraîneurs en profitent pour échanger du temps de jeu et de la considération contre des faveurs sexuelles. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Si les joueuses réclament davantage de femmes pour les diriger, la réalité rappelle que des machistes règnent encore sur les bancs des équipes féminines. Une fatalité quasi mathématique: en Suisse, 90% des coachs sont des hommes . Ce sont souvent eux qu'on retrouve à la tête des meilleures équipes du pays. Leur sexe n'est pas un défaut. Leurs paroles et leurs actes peuvent l'être. D'où ce questionnement qui mûrit: doivent-ils être féministes pour entraîner convenablement des femmes? En Suisse comme ailleurs, la question sensible de l'égalité dans le football Ce premier entraînement avec Servette Chênois, cette remarque glaçante sur les dessous des rapports entre femmes et hommes dans le football, Eric Sévérac s'en est servi pour se diriger dans ce monde sensible. «Pour créer une grande histoire avec une équipe en tant que coach, il faut connaître les petites histoires de chaque membre du groupe. Cela signifie entamer un rapprochement. Or, une joueuse peut craindre qu'un rapport de séduction s'installe. C'est évidemment totalement inapproprié dans ce contexte, mais certaines ont vécu des expériences similaires. Pour un entraîneur, c'est un point sur lequel il convient d'être particulièrement attentif.» Lui se considère comme féministe . Même si le terme s'appuie sur un sens parfois confus. D'autant plus lorsqu'il est ramené au football, domaine où la recherche d'égalité entre hommes et femmes se heurte à des murs. La faute à un versant de la discipline parfaitement implanté dans la culture et brassant des milliards, là où l'autre versant tente d'exister avec des décennies de retard sur l'autre. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Arnaud Vialatte préfère rester hors de la case féministe. Par prudence. Sur le banc d'Yverdon Sport Féminin, il voit parfois «des joueuses un peu pressées de bénéficier des mêmes conditions que les hommes». Lui peut bien se plier en quatre, pousser auprès du club pour mettre l'équipe féminine dans les meilleures conditions, tenter d'offrir des entraînements de qualité, ce n'est pas avec sa casquette d'entraîneur-manager qu'il fera tomber sur le compte de ses protégées des salaires similaires à ceux touchés par les hommes d'Yverdon Sport. «Mais c'est bien: leurs revendications nous poussent à sans cesse chercher plus.» Comme Eric Sévérac, Arnaud Vialatte a d'abord entraîné des hommes avant de basculer vers le football féminin. C'est le schéma dominant. «Maintenant que j'y suis, je détourne toutes les offres de clubs masculins. En tout cas pour le moment. Le retour humain, le lien émotionnel est tellement plus fort et gratifiant avec les femmes.» «Il n'y a pas une bonne façon d'entrer dans le football féminin. Mais une bonne façon d'y rester.» Son message pourrait faire son chemin. Parce qu'en parallèle de cette expérience nord-vaudoise, le marché du coaching dans le football féminin a tendance à être gangrené par l'opportunisme. «Certains hommes estiment, sans en connaître les ressorts, que c'est plus facile d'entraîner des femmes», remarque un ancien joueur de Ligue nationale. «Maintenant que le foot féminin gagne en popularité, d'autres le voient comme un tremplin vers celui des mecs», observe Eric Sévérac. Un dirigeant de club romand s'étonne de la difficulté à trouver des coachs alliant enthousiasme et compétences pour ses équipes féminines. C'est à peine forcer le trait que de dire que les entraîneurs du pays, Reto Gertschen les voit tous passer. Et à ses yeux, «il n'y a pas une bonne façon d'entrer dans le monde du football féminin. En revanche, il existe une bonne façon d'y rester». Le rôle qu'il occupe à l'Association suisse de football est capital: il est le responsable de la formation des entraîneurs. «Il faut se poser une question lorsqu'on a des vues sur une équipe féminine. Est-ce qu'on veut simplement être de passage, entre deux mandats qu'on valorise comme plus important chez les hommes? Ou est-ce qu'on est prêt à vivre une expérience à part entière, et à s'investir dedans?» Le vestiaire, ce lieu qui échappe à l'entraîneur Parole de technicien investi, Eric Sévérac a traversé six saisons à Servette Chênois, alors équipe féminine la plus ambitieuse de Suisse. «Je regrette de ne jamais avoir eu d'assistante. Ma femme a en quelque sorte joué ce rôle lorsque je rentrais à la maison. Je la confrontais à ce que je vivais, en profitant que son regard sur la vie d'un groupe de femmes se mêle à mon regard de coach.» Le Valaisan avait également noué une relation privilégiée avec sa capitaine. «C'est nécessaire. Lorsqu'on n'est pas dans le vestiaire, on manque beaucoup d'épisodes.» Être un bon coach reviendrait donc à savoir se fondre dans un environnement féminin. Comme avec les hommes, le mode d'emploi n'est pas fourni. Dans ses déclarations médiatiques, Eric Sévérac avait pris l'habitude d'accorder les «nous» au féminin pluriel. Les entretiens individuels, il ne les menait jamais seul, mais avec des témoins. «J'ai remarqué qu'ils pouvaient beaucoup plus vite dégénérer qu'avec les hommes.» Les questions qui peuvent paraître sensibles? Arnaud Vialatte choisit de briser la glace d'entrée de jeu. «Dès qu'une joueuse signe, on se pose et on discute une heure. C'est l'occasion de mettre le sujet des règles sur la table. Je lui propose de remplir un document avec les dates de ses cycles, et de mentionner le jour où elle a tendance à se sentir le moins bien. Si ce jour-là tombe sur un entraînement, je prends le temps de discuter avec avant la séance. Dans le but de savoir s'il faut adapter son planning.» Lui résume sa méthode en deux mots: managing collaboratif. «Ça signifie simplement que les joueuses peuvent participer au développement de l'équipe. Par leurs idées, leurs propositions, leurs initiatives.» En soi, considérer les femmes comme des partenaires plutôt que des outils. À l'échelle du football, cela pourrait porter le nom de féminisme. D'autres articles en relation avec le football féminin Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Florian Vaney est journaliste au sein de la rédaction sportive de 24 Heures, de la Tribune de Genève et du Matin Dimanche. Formé dans la presse régionale, il suit de près le football suisse, des divisions «des talus» à la Super League. Il s'intéresse aux événements du terrain, mais plus encore aux histoires – belles et moins belles – qui naissent autour. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
20 hours ago
- 24 Heures
Ce que la Suisse joue vraiment dans l'affaire Semenya
Le 10 juillet, la Cour européenne des droits de l'homme livrera un verdict historique dans l'affaire qui oppose la Suisse à l'athlète sud-africaine. Décryptage de la spécialiste Madalina Diaconu. Publié aujourd'hui à 18h31 L'athlète sud-africaine Caster Semenya se bat depuis des années dans les méandres de la justice sportive pour faire valoir ses droits. Le dernier round de son combat l'oppose à la Suisse. IMAGO/BEAUTIFUL SPORTS En bref: Août 2009. Caster Semenya, jeune athlète sud-africaine, remporte le 800 mètres des Championnats du monde d'athlétisme à Berne. Mais sa victoire inattendue et son apparence physique déclenchent une controverse qui ne cessera jamais vraiment. Tests de genre, réduction artificielle de son taux de testostérone: les instances dirigeantes vont mettre en place une batterie de mesures pour limiter les avantages présumés des athlètes dites «intersexes» comme elle. Une intrusion dans son intimité que Caster Semenya ne va pas accepter. La défense de ses droits devient le combat de sa vie. Jeudi, le dernier round de sa bataille qui dure depuis plusieurs années se terminera par le verdict de la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). Un moment historique pour le sport et les catégories de genre, mais également pour la Suisse et la justice sportive mondiale que le pays abrite. Spécialiste du droit du sport et professeur à l'Université de Neuchâtel, Madalina Diaconu décortique les enjeux d'une sentence qui, si elle était défavorable à la Suisse, pourrait être prise pour une nouvelle ingérence européenne. Pour Madalina Diaconu, professeure de droit du sport à l'Université de Neuchâtel et spécialiste de l'arbitrage, le verdict de la CEDH pourrait bouleverser la justice sportive, dont le Tribunal arbitral du sport à Lausanne est l'organe suprême. MARIE-LOU DUMAUTHIOZ Le sport binaire remis en question? «Cet arrêt a déjà et aura des implications bien plus larges que la question des personnes intersexes ou hyperandrogènes. Il y a deux enjeux. D'abord, l'enjeu direct, soit l'éligibilité dans les compétitions féminines des athlètes qui présentent des différences de développement sexuel ou au niveau hormonal. »Ces personnes n'entrent pas dans la catégorie des femmes dans le sens «traditionnel», ni dans celle des hommes. Le sport a toujours été emprunté avec ces personnes, qu'on appelait avant «hermaphrodites», et désormais «intersexes» ou «DSD» (Différences du développement sexuel). Le défi fondamental est de trouver le bon équilibre entre leur droit de participer aux compétitions – ce qui est évident – et le droit des femmes sans différences de développement sexuel, pour assurer des conditions équitables. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. »La question enflamme le débat public. Il suffit de se souvenir de la polémique qui a entouré la boxeuse Imane Khelif aux Jeux olympiques de Paris. Le sujet est sensible, il interpelle. La décision sur la réglementation de World Athletics, qui contraint les athlètes intersexes à prendre des hormones féminines pour participer à des compétitions, est la partie la plus visible de la décision à venir de la Grande Cour de la Cour européenne des droits de l'homme.» Vie privée violée «En 2023, la Cour européenne de Strasbourg avait admis la requête de Caster Semenya sur plusieurs points très importants, comme le droit à la vie privée (art. 8, en conjoncture avec l'art. 14, qui interdit les discriminations) qui a été violé par le fait qu'on lui impose de prendre des hormones féminines pour baisser son taux de testostérone naturel, si elle souhaite participer aux compétitions. »Si le verdict de jeudi confirme cette violation, les fédérations vont probablement devoir repenser leur réglementation (limites, etc.) ou offrir des garanties supplémentaires à ces athlètes, en créant, par exemple, de nouvelles catégories.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Le Tribunal fédéral suisse contesté «Le deuxième enjeu concerne absolument l'entier du monde sportif, c'est-à-dire les athlètes, les fédérations, le Tribunal arbitral du sport, qui est l'organe suprême de la pyramide de la justice sportive situé à Lausanne, mais aussi le Tribunal fédéral suisse! »En effet, le jugement de 2023 a également déclaré que la Suisse avait violé l'article 13 de la convention , qui stipule que chacun a le droit à un recours effectif, soit à une analyse complète, par une instance supérieure, d'une décision antérieure. C'est le cœur du problème. La Cour de Strasbourg a estimé que Caster Semenya n'avait pas bénéficié d'un recours effectif en Suisse dans le cadre de la justice sportive. Certes, elle a eu la possibilité de saisir le Tribunal fédéral contre la décision du TAS qui l'avait écartée des compétitions. Mais le système arbitral sportif, mis en place en Suisse, qui oblige un grand nombre d'athlètes du monde à venir à Lausanne en cas de problèmes juridiques, n'est pas satisfaisant.» Justice sportive incomplète «L'arbitrage a été créé pour soustraire certains litiges au système étatique et à ses procédures très longues et parfois peu adaptées. Le TF en est la dernière instance, y compris dans le monde du sport international. En ce qui concerne les décisions du TAS, les pouvoirs d'examen du TF sont très limités par la loi fédérale sur le droit international privé. Concrètement, le TF ne peut procéder qu'à un examen essentiellement procédural, sans pouvoir réexaminer les aspects de fond. »Or la Cour a estimé que cette logique, créée pour l'arbitrage commercial, n'était pas adaptée pour les litiges concernant les droits des athlètes. En quelque sorte, les athlètes sont privés d'un étage de la justice. Ce que les faits semblent confirmer. En quarante-cinq ans, le TF n'a admis qu'un seul recours contre une sentence du TAS, hors vices de procédure (ndlr: la décision du TAS contre le footballeur brésilien Matuzalém) ! Pour que ce soit le cas, il faut que la sentence du TAS viole l'ordre public; en d'autres termes, qu'elle soit tellement choquante ou absurde qu'elle heurte tout sentiment de justice.» Le TAS devra-t-il déménager à l'étranger? «Le TAS est entre le marteau et l'enclume, menacé dans son rôle, mais ce n'est pas la première fois. Le problème du monopole détenu par Tribunal fédéral sur l'examen des décisions du TAS avait déjà été identifié. Des propositions ont été faites pour y remédier. L'objectif était que la justice sportive s'adapte avant que l'Union européenne ou une autre instance ne lui tape sur les doigts. »Si, le 10 juillet, le verdict est favorable à la Suisse, qui a porté l'affaire devant la Grande Chambre , cela va probablement limiter les velléités d'une adaptation du système. En revanche, si elle perd, la justice sportive devra trouver une solution, car même si les décisions de Strasbourg n'obligent pas directement, elles montrent que le système viole les droits fondamentaux.» Suisse contrainte à changer sa loi «Plusieurs pistes existent pour corriger la situation. La plus «locale» serait de modifier la loi fédérale sur le droit international privé (ndlr: ce qui est du ressort du parlement) en élargissant le pouvoir d'examen du TF lorsque cela concerne le TAS et les contentieux disciplinaires des athlètes. »Il y aurait aussi la possibilité de prévoir des fors alternatifs hors de Suisse, comme l'a prévu partiellement, par exemple, l'UEFA, qui laisse le choix aux parties, dans certaines conditions, de contester une sentence arbitrale en Suisse ou à Dublin. Cet exemple pourrait être élargi à tout le mouvement sportif, du CIO à la FIFA en passant par toutes les autres fédérations. Le for alternatif permettrait d'éviter que le TAS ne déménage à l'étranger. »La troisième option serait que la Suisse conclue un accord international avec l'Union européenne qui, sans bouger quoi que ce soit, permettrait aux parties d'attaquer les sentences du TAS devant la Cour de justice de l'UE ou devant un autre tribunal européen. »Enfin, il y a l'option plus drastique du déménagement complet du Tribunal arbitral du sport à l'étranger. Cela me paraît toutefois difficile et ce serait dommage. Car le monde du sport a aussi choisi de s'installer en Suisse parce que son droit est flexible, pragmatique et simple. Je ne pense pas qu'un déménagement serait une bonne solution. Nous ferions un bond de quarante-cinq ans en arrière.» Souveraineté suisse attaquée? «Lorsqu'une décision externe critique notre système, il est naturel d'avoir un réflexe de défense. Il varie toutefois en fonction de la coloration politique. Alors oui, certains pourraient y voir une ingérence. Reste que jusqu'à présent, à chaque fois que la Cour européenne a critiqué la Suisse, cette dernière a réagi de manière positive en corrigeant ce qui était reproché. »Après, si l'on ne veut plus de ce système, la seule voie serait de sortir du système de la Convention européenne des droits de l'homme, ce qui, à mes yeux, serait un très mauvais message à l'international. Ceux qui en sortent, en ce moment, sont des pays comme la Russie. Et est-ce que l'on veut faire partie des pays qui ne reconnaissent pas les droits de l'homme sur leur territoire, dans leur dimension européenne? »Le public entend souvent parler négativement de la Cour européenne. Mais il ne mesure pas toujours ses avantages. La Cour est là pour tenter de corriger ce qui est réellement problématique au niveau des droits fondamentaux. »Reste que si la Suisse perd contre Caster Semenya, cela va faire du bruit. Ce sera peut-être présenté comme une volonté de s'en prendre à la souveraineté de notre pays, ce qui, à mon avis, est réducteur et faux.» La justice sportive et les athlètes intersexes, une polémique sans fin Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Patrick Oberli est journaliste à la cellule enquête de Tamedia depuis juin 2023. Auparavant, il était rédacteur en chef adjoint de Sport Center à Lausanne, fonction qu'il a également occupée à L'Express/L'impartial, L'Hebdo et PME Magazine. Il est lauréat du Prix Dumur 2016. En 2021, il a reçu un Special Awards for Investigation de l'Association de l'Association internationale de la presse sportive. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.