La Suisse continue sa guerre contre l'empire des SUV
La Ville de Lausanne projette de majorer le prix du parking pour les SUV.
Photo Yvain Genevay / Tamedia
En bref:
Les Suisses aiment les grandes voitures qui en jettent. Plus d'un véhicule sur deux immatriculés l'année dernière est un Sport Utility Vehicle (SUV). C'est la conclusion du dernier rapport sur les SUV publié par Comparis .
Le pourcentage de 55,7% fait de la Suisse la championne du monde. Aucun autre pays n'a immatriculé proportionnellement autant de voitures lourdes à carrosserie haute en 2024. À titre de comparaison, en Allemagne, pays de l'automobile , moins d'une voiture neuve sur trois était un SUV, avec 30,2% des immatriculations.
Les modèles des constructeurs automobiles allemands sont les plus populaires en Suisse. Près de 20% des SUV nouvellement immatriculés sont des BMW (modèles X et iX) ou des Audi (série Q). La troisième voiture la plus achetée par les automobilistes suisses est une Škoda. Près de 9% des SUV nouvellement immatriculés sont des voitures de la marque appartenant au groupe Volkswagen. Les modèles de Mercedes et de VW occupent les quatrième et cinquième places.
L'étude de Comparis montre que les caractéristiques telles que la capacité tout-terrain et l'aptitude aux conditions hivernales ne jouent aucun rôle dans la préférence des Suisses pour les SUV. Les marques traditionnelles de 4x4 comme Suzuki (15e), Land Rover (17e), Subaru (20e) et Jeep (22e) se retrouvent seulement en milieu de classement, loin derrière.
Cette année, le boom des SUV se poursuit . Parmi les 10 voitures les plus vendues, 7 sont des SUV. On cherche en vain des voitures compactes, à l'exception d'un modèle de Volkswagen. Pourquoi les SUV sont si populaires en Suisse
Pour les constructeurs automobiles, cette tendance est payante. En effet, ils gagnent plus sur les SUV que sur les ventes de petites voitures en raison de la marge plus élevée. Du point de vue des acheteurs, la position assise surélevée est particulièrement appréciée des personnes âgées et des familles avec enfants.
Pourquoi la Suisse est-elle championne des SUV?
Le succès s'explique probablement par un pouvoir d'achat plus élevé que celui constaté à l'étranger, ainsi que par des questions de statut social. Le succès s'affiche.
La part des SUV en Suisse n'a donc cessé d'augmenter, passant d'à peine 17% en 2010 à plus de 50% récemment.
L'attrait pour les véhicules imposants et puissants rend les objectifs climatiques de la Suisse apparemment hors d'atteinte. Ainsi, en 2024, les émissions moyennes de CO₂ des voitures de tourisme neuves dans notre pays s'élevaient à un peu plus de 112 g/km, soit environ 4 à 5 g/km de plus que la moyenne européenne. La Suisse accuse donc un retard par rapport aux objectifs européens de réduction des émissions de CO₂ pour les nouveaux véhicules. Cela s'explique notamment par le fait que la croissance du marché électrique y est plus lente que dans d'autres pays européens.
Mais même si la part de l'électrique progressait plus vite, la proportion élevée de SUV reste un obstacle majeur. «En termes d'écobilan, les véhicules électriques ne marquent des points par rapport aux voitures à combustion qu'après plusieurs années d'utilisation. C'est surtout dû à la consommation plus élevée de ressources lors de la fabrication», explique Jean-Claude Frick, expert en e-mobilité chez Comparis.
Une BMW iX électrique devient plus écologique que son équivalent SUV à essence après seulement 2,5 ans d'utilisation. Taxer les SUV
Pour les Verts, il est clair que la proportion de SUV doit baisser, qu'ils soient à moteur thermique ou électrique. «La tendance aux voitures toujours plus lourdes et plus puissantes pose de gros problèmes», déclare la conseillère nationale des Verts Marionna Schlatter.
En plus d'émettre davantage de substances nocives et de consommer plus de ressources, ces voitures accélèrent l'usure des pneus et représentent un danger pour la sécurité routière. «Mais cela ne semble déranger personne à la Confédération.»
La députée zurichoise a déposé une motion visant à instaurer une taxe nationale sur les véhicules puissants et lourds, s'inspirant de l'impôt italien connu sous le nom de «superbollo».
L'expérience de notre voisin italien a montré qu'«une taxe incitative fonctionne». Un an après son introduction en 2011, les ventes de voitures lourdes ont chuté de 35%, selon l'écologiste.
La nouvelle taxe automobile suisse ne devrait s'appliquer qu'à partir d'une certaine puissance de moteur, 225 CV ou 165 kilowatts, et d'un poids de véhicule de 2 tonnes. La taxe devrait augmenter par paliers selon la puissance et le poids.
Les recettes doivent être entièrement consacrées à des projets de mobilité durable ou de protection du climat et servir, par exemple, à la construction d'infrastructures pour la transition électrique.
Jusqu'à présent, les initiatives pour limiter le boom des SUV ont échoué en Suisse. Mais après le non à l'extension des autoroutes , les choses pourraient changer, c'est ce qu'espèrent les Verts.
Son intervention visant explicitement les SUV, Marionna Schlatter estime avoir cette fois-ci toutes les chances de son côté. «Les soutiens au parlement en faveur d'une action contre ces véhicules dépassent largement le camp gauche-vert.»
Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan
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Autres newsletters Benjamin Bitoun travaille chez Tamedia depuis 2015. Au sein de la rubrique Berne, il écrit principalement sur l'économie, la finance et la politique. Il a par ailleurs terminé en 2018 une formation en journalisme de données à New York. Plus d'infos @benbitoun
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