
L'hydrogène serait-il la clé d'une aviation plus verte ?
Depuis plusieurs années, une entreprise spécialisée en aviation travaille sur la conception d'un avion expérimental qui utiliserait de l'hydrogène liquide. Cet engin, l'avion Climate Impulse, se présente comme une belle promesse pour un avenir plus écologique. Il reste à savoir si les espoirs suscités pourront être honorés. On y travaille fort, à tout le moins.
À la tête de l'équipe qui travaille sur le projet, on trouve un pionnier de l'aviation, l'explorateur et pilote suisse Bertrand Piccard. L'homme est entouré de partenaires qui, actuellement, intensifient leurs efforts et les grands préparatifs pour expérimenter un vol qui, disons-le, pourrait changer complètement le cours de l'aviation.
Leur engin est en cours de création. D'ailleurs, selon les dernières informations, la cabine de pilotage serait déjà achevée et les ailes bien avancées.
Bertrand Piccard n'en est pas à son premier essai en matière d'innovation dans le domaine de l'aviation. Voilà plus d'une décennie, il avait organisé un vol autour du monde dans un avion baptisé Solar Impulse, un engin qui était alimenté par la lumière du soleil.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
L'explorateur et pilote suisse Bertrand Piccard
L'homme avait alors sensibilisé la population au changement climatique, mais n'avait pas été capable de tenir ses promesses en matière de révolution. Loin de se décourager, il a poursuivi son travail sans relâche, si bien qu'aujourd'hui, il revient sur la sellette en visant encore plus haut.
Son but : voler autour du globe sans escale pendant neuf jours, alimenté par de l'hydrogène vert. Rien de moins…
Ambition ou pas, le calendrier est déjà fixé. Les premiers vols d'essai du Climate Impulse sont planifiés pour l'année 2026, et le tour du monde à bord de cet avion est prévu pour 2028.
Pour y arriver, l'équipe devra toutefois croiser les doigts à maintes reprises, car dans les faits, leur avion est construit avec des composants qui relèvent de plusieurs innovations qui n'ont pas encore été testées. Un détail quand même pas banal.
PHOTO FOURNIE PAR SOLAR IMPULSE
La cabine de pilotage serait déjà achevée.
L'entreprise argumente cependant en déclarant qu'un grand constructeur d'avions ne prendrait pas le risque de produire un prototype comme Climate Impulse en cas de défaillance, et que l'équipe travaille avec acharnement sur les tests pour maximiser tous les efforts. Le projet a d'ailleurs déjà attiré des dizaines de millions de dollars d'investissements.
Cela dit, le chemin à parcourir est tout de même suffisamment grand pour que certains experts freinent un peu ceux qui se montreraient trop enthousiastes trop vite. À cet effet, ils jugent que même si le projet était couronné de succès, il y a fort à parier, selon eux, que des vols à hydrogène vert à l'échelle commerciale ne puissent pas être possibles avant plusieurs décennies. Et cela, dans le meilleur des cas, avancent-ils.
PHOTO FOURNIE PAR CLIMATE IMPULSE
Maquette de l'avion expérimental Climate Impulse
Or, les créateurs préfèrent voir les choses autrement et répètent que l'avion Climate Impulse devrait décoller sans assistance, se déplacer sur une distance d'environ 40 000 kilomètres autour de la Terre, le long de l'Équateur, et revenir à son point de départ, le tout sans ravitaillement en vol et sans escale.
Possible, pas possible ?
Pour convaincre le public et les experts, les créateurs expliquent, dans leur jargon technique, que la libération contrôlée d'hydrogène liquide se fera à partir de réservoirs ultra-isolés sous les ailes de l'avion. L'énergie qui sera alors produite s'infiltrera par la suite dans la membrane d'une pile à combustible qui, elle, alimentera l'avion.
L'un des objectifs est de puiser l'énergie dans ce qu'ils appellent la « section de turbulence » de l'atmosphère. Ils avancent d'ailleurs qu'éventuellement, les compagnies aériennes pourraient utiliser ce même procédé pour économiser du carburant. Et puisqu'on parle ici d'hydrogène, les seules émissions seraient constituées de vapeur d'eau, rappelons-le.
IMAGE FOURNIE PAR SOLAR IMPULSE
L'avion expérimental Climate Impulse
Petite précision à ce sujet, l'hydrogène est utilisé dans les vols depuis des décennies, mais sous la forme de gaz et non de liquide.
C'est cette année que l'on prévoit effectuer les premiers essais sur les piles à combustible et les systèmes de propulsion, histoire de voir si le moteur électrique, l'hélice et les batteries pourront fonctionner pour une phase initiale de vol entièrement électrique.
La partie n'est pas gagnée. Les créateurs devront réguler le flux d'hydrogène liquide pour assurer une consommation efficace sur la plus longue plage possible. Ils doivent travailler avec l'hydrogène liquide, qui doit être maintenu à -253 degrés Celsius. La construction d'un réservoir étanche sera par ailleurs essentielle, puisque l'hydrogène liquide est hautement inflammable et que toute infiltration pourrait avoir des conséquences dévastatrices.
Bon. Toutes ces informations peuvent donner le vertige, on en conviendra, mais le jeu n'en vaut-il pas la chandelle ? Ces avancées en matière d'aviation me parlent tout à fait, étant moi-même pilote d'avion. Est-ce que l'équipe derrière ce projet fera évoluer l'aviation telle qu'on la connaît aujourd'hui ? Difficile à dire, mais on ne peut faire autrement que de se le souhaiter.
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Bertrand Piccard n'en est pas à son premier essai en matière d'innovation dans le domaine de l'aviation. Voilà plus d'une décennie, il avait organisé un vol autour du monde dans un avion baptisé Solar Impulse, un engin qui était alimenté par la lumière du soleil. PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE L'explorateur et pilote suisse Bertrand Piccard L'homme avait alors sensibilisé la population au changement climatique, mais n'avait pas été capable de tenir ses promesses en matière de révolution. Loin de se décourager, il a poursuivi son travail sans relâche, si bien qu'aujourd'hui, il revient sur la sellette en visant encore plus haut. Son but : voler autour du globe sans escale pendant neuf jours, alimenté par de l'hydrogène vert. Rien de moins… Ambition ou pas, le calendrier est déjà fixé. Les premiers vols d'essai du Climate Impulse sont planifiés pour l'année 2026, et le tour du monde à bord de cet avion est prévu pour 2028. Pour y arriver, l'équipe devra toutefois croiser les doigts à maintes reprises, car dans les faits, leur avion est construit avec des composants qui relèvent de plusieurs innovations qui n'ont pas encore été testées. Un détail quand même pas banal. PHOTO FOURNIE PAR SOLAR IMPULSE La cabine de pilotage serait déjà achevée. L'entreprise argumente cependant en déclarant qu'un grand constructeur d'avions ne prendrait pas le risque de produire un prototype comme Climate Impulse en cas de défaillance, et que l'équipe travaille avec acharnement sur les tests pour maximiser tous les efforts. Le projet a d'ailleurs déjà attiré des dizaines de millions de dollars d'investissements. Cela dit, le chemin à parcourir est tout de même suffisamment grand pour que certains experts freinent un peu ceux qui se montreraient trop enthousiastes trop vite. À cet effet, ils jugent que même si le projet était couronné de succès, il y a fort à parier, selon eux, que des vols à hydrogène vert à l'échelle commerciale ne puissent pas être possibles avant plusieurs décennies. Et cela, dans le meilleur des cas, avancent-ils. PHOTO FOURNIE PAR CLIMATE IMPULSE Maquette de l'avion expérimental Climate Impulse Or, les créateurs préfèrent voir les choses autrement et répètent que l'avion Climate Impulse devrait décoller sans assistance, se déplacer sur une distance d'environ 40 000 kilomètres autour de la Terre, le long de l'Équateur, et revenir à son point de départ, le tout sans ravitaillement en vol et sans escale. Possible, pas possible ? Pour convaincre le public et les experts, les créateurs expliquent, dans leur jargon technique, que la libération contrôlée d'hydrogène liquide se fera à partir de réservoirs ultra-isolés sous les ailes de l'avion. L'énergie qui sera alors produite s'infiltrera par la suite dans la membrane d'une pile à combustible qui, elle, alimentera l'avion. L'un des objectifs est de puiser l'énergie dans ce qu'ils appellent la « section de turbulence » de l'atmosphère. Ils avancent d'ailleurs qu'éventuellement, les compagnies aériennes pourraient utiliser ce même procédé pour économiser du carburant. Et puisqu'on parle ici d'hydrogène, les seules émissions seraient constituées de vapeur d'eau, rappelons-le. IMAGE FOURNIE PAR SOLAR IMPULSE L'avion expérimental Climate Impulse Petite précision à ce sujet, l'hydrogène est utilisé dans les vols depuis des décennies, mais sous la forme de gaz et non de liquide. C'est cette année que l'on prévoit effectuer les premiers essais sur les piles à combustible et les systèmes de propulsion, histoire de voir si le moteur électrique, l'hélice et les batteries pourront fonctionner pour une phase initiale de vol entièrement électrique. La partie n'est pas gagnée. 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