« Les 30 secondes qui ont suivi la chute, je pensais que c'était fini » : la folle journée d'Alaphilippe
C'est un véhicule tout en longueur, une inscription comme une ordonnance dessus et trois mots pour définir un diagnostic. Centre médical mobile. Puis sur la droite, à côté d'une petite porte : radiologie, scanner, échographie. Julian Alaphilippe a visité ce camion ce dimanche soir, juste devant la salle de presse qui accueillait des centaines de journalistes cherchant dans le même temps à prendre de ses nouvelles.
Le Français de la formation Tudor a chuté en début d'étape, s'est remis tout seul l'épaule gauche avant de remonter sur son vélo, prendre l'échappée, revenir dans le final comme un forcené et remporter le sprint pour la troisième place. Lui pensait sprinter pour la victoire tout court. Une erreur d'appréciation, comme en 2020, lorsqu'il avait levé les bras à Liège-Bastogne-Liège sans sentir Primoz Roglic en train de le sauter sur la ligne. « Lever les mains un peu trop tôt, c'est la première fois que ça m'arrive, je pense que ce sera la dernière », avait alors lâché Alaphilippe à L'Équipe même s'il avait finalement été rétrogradé à la 5e place.
« Comme un con j'ai levé les mains mais il y avait des mecs devant. Ca aurait pu mieux se terminer mais j'aurais aussi pu rentrer à la maison »
Julian Alaphilippe, 3e de la 15e étape ce dimanche
L'histoire est malgré tout différente cette fois car sa radio s'est cassée au moment de sa chute et il a passé toute l'étape sans consignes ni nouvelles de son équipe. Mais avec une épaule gauche sur un fil pendant 155 kilomètres. En rejoignant sa voiture après son passage au camion médical, il avouait : « Je me suis souvenu comment ils avaient fait à l'hôpital et j'ai réussi à la remettre puis je me suis battu parce que j'avais de bonnes jambes. Malheureusement, la radio ne marchait plus donc comme un con j'ai fait le sprint pour essayer de gagner. Le moral ça va. L'épaule, il n'y a pas d'arrachement, ce n'est pas plus grave que prévu. » La joie et la rage exprimées en passant la ligne devant Wout Van Aert, cet immense bonheur finalement vain, contrastaient avec son visage une demi-heure plus tard avant d'aller sur le plateau de Vélo Club. Un ascenseur émotionnel de plein fouet.
Le double champion du monde avait « les boules » et s'est « trouvé très con » selon ceux qui ont pu le voir après coup. Fatigué aussi, le visage marqué. « Il a fait une performance incroyable malgré sa chute. On n'a jamais pu changer sa radio. Il ne savait pas qu'il y avait deux mecs devant... Mais c'est ça qui fait la beauté du cyclisme », tentait de sourire Raphael Meyer, manager de Tudor, devant le car de son équipe. « C'est vraiment des radios de merde... Je m'en bats les couilles. C'est tous les jours comme ça. Ah j'ai l'air con là ! », a même lâché Alaphilippe en retournant à son bus, encore sous le coup de l'énervement.
« C'était une journée un peu folle. Je me suis déboîté l'épaule, j'ai tout de suite senti que ça allait être compliqué. J'ai fait les deux épaules donc je connais la douleur. Ça a fait un gros clac et que c'est revenu dans l'ordre, développait Alaphilippe sur France 2. Après, c'était un contre-la-montre pour revenir. J'ai senti que je ne pouvais pas mettre la main à la poche, ça va être un peu compliqué les prochains jours. Comme un con j'ai levé les mains mais il y avait des mecs devant. Ça aurait pu mieux se terminer mais j'aurais aussi pu rentrer à la maison... »
Déjà touché aux deux épaules dans sa carrière
Par deux fois dans sa carrière, Alaphilippe avait déjà connu des malheurs avec son épaule puis des passages par l'hôpital pour la remettre en place. La gauche aux Mondiaux l'an dernier, à Zurich, lorsqu'il était tombé très loin de l'arrivée. La droite en 2022, sur la 11e étape de la Vuelta entre El Pozo Alimentación et Cabo de Gata, où il avait dû abandonner après une chute. Ce dimanche, c'était à nouveau la gauche. « Pour être super honnête, les 30 secondes qui ont suivi la chute, je pensais que c'était fini pour moi, je connais la douleur, ça m'a mis un coup au moral », soupirait encore Alaphilippe, qui avait pris le temps de s'asseoir sur la chaussée, de commencer la manipulation avant d'être épaulé par le médecin du Tour, Gilbert Versier, qui lui a dit qu'il n'y avait pas de risques s'il tenait son bras bien en avant. Au pied du camion médical après le départ de celui qui compte six victoires d'étapes sur le Tour et dix-huit jours passés en jaune, Versier confiait : « Il avait déjà eu des soucis à l'épaule dans sa carrière. C'était une luxation incomplète et elle s'est remise toute seule. Ça va pour lui. Franchement, chapeau d'avoir fini l'étape comme ça... »
Les différentes manipulations effectuées dans la soirée ont montré que tout allait bien, la radio certifiant qu'il n'y avait pas d'arrachement ni de fracture. Dimanche, Alaphilippe a décroché son meilleur résultat sur le Tour de France depuis sa victoire à Landerneau en 2021. C'est aussi le premier podium d'un coureur français sur cette édition. De quoi lever les bras sans crainte cette fois.
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