« La pétanque m'a déjà rendu fou au point de partir en pleine partie » : les boules, l'autre passion de l'international français Matthias Halagahu
Le soir, avant de s'endormir, Matthias Halagahu compte les carreaux. Il regarderait volontiers les meilleures anecdotes de Marco Foyot, le Dan Carter du cochonnet, mais il les a déjà toutes dévorées pendant le confinement. Le deuxième-ligne des Bleus et de Toulon (23 ans) devait avant tout terminer un rattrapage de la plus haute importance.
« Ça y est, hier soir, j'ai enfin pu voir la finale de la Marseillaise (le plus grand concours international de pétanque au monde, coincé cette année entre le premier test à Dunedin et le deuxième à Wellington). Quintais-Suchaud-Jouffre ont perdu contre la triplette malgache. Comme on avait un peu de temps, je me suis tapé toutes les parties sur YouTube. Je me régale. » Dans le film The Big Lebowski, le Dude, allongé sur le tapis de son salon, écoutait des parties de bowling et s'envolait loin, très loin. Halagahu, lui, boulotte les plus belles mènes de l'été.
« J'adore le rugby (...) Mais je crois que je suis plus impressionné quand je rencontre une star de la pétanque »
Matthias Halagahu
Ce n'est pas son sélectionneur qui désapprouvera. Bouliste averti, licencié des années au CLAP (Club Lepic Abbesses Pétanque), Fabien Galthié a milité pour sauver cette institution de la butte Montmartre, à Paris, d'un arrêté d'expulsion. Mais le sélectionneur sait-il que le gaillard (1,97 m, 121 kg) à qui il vient de donner ses deux premières sélections possède une double licence ? Pas certain.
« Je suis licencié dans un club à Saint-Raphaël, raconte Halagahu. Ma première licence ? J'avais douze ans. C'est mon parrain qui m'a initié. J'étais le seul gamin. Autour, il y avait que des papis. Je passais mon temps avec les anciens : une pétanque puis la revanche à la coinche. Je suis né là-dedans. » Au départ, nous devions deviser pendant cette interview de nettoyages de rucks - pas au plumeau -, d'annonces en touche, de poussées en mêlée. Quand la conversation a dévié sous les platanes de Carqueiranne, on n'a plus eu envie de faire demi-tour.
Du côté de papa, aux origines wallisiennes, Matthias a hérité du goût du rugby, par la face ombragée, celle des combattants des luttes obscures. Du côté de maman, il a pris la Provence. « Tous les étés, depuis que je suis petit, c'est joutes provençales, pétanque et barbecues, résume-t-il. J'ai fait tout ça avant de faire du rugby. Aux joutes, j'ai tout gagné jusqu'en cadets mais avec mon contrat pro, j'ai laissé de côté. »
« Après l'entraînement, je vais sur la place, je retrouve les habitués et on commence une partie »
Aux boules, Halagahu n'a pas gagné grand-chose, une réalité qui n'affaiblit pas le moins du monde sa passion. Aux beaux jours, chaque saison, il dispute une dizaine de concours, à raison de deux par semaine entre juillet et août. « Je fais des concours : les nationaux, les régionaux, les fédéraux, décrit-il. Je suis plutôt milieu-tireur. Je ne pointe pas trop. Si je dois faire une grosse partie, je vais faire le milieu. Après l'entraînement, je vais sur la place, je retrouve les habitués et on commence une partie. Je joue énormément. Si je vais jouer vers chez moi, c'est plus avec les anciens et c'est très drôle, parce qu'ils ont leurs expressions, ils s'embrouillent, ils s'insultent. Quand je joue à Toulon, il y a pas mal de jeunes qui ont un autre parler. J'ai plein de potes gitans qui jouent vraiment très bien. Aux championnats du Var, à La Crau, j'ai fait connaissance avec Dylan Rocher (dit « Dydy la Foudre », un crack des boules). J'ai aussi joué une fois contre Quintais, Suchaud et Lacroix dans un événement. Franchement, j'adore le rugby. J'en regarde beaucoup, tous les week-ends, dès le jeudi soir avec la Pro D2. Mais je crois que je suis plus impressionné quand je rencontre une star de la pétanque. »
Halagahu pourrait parler des heures de ces concours qui testent votre endurance mentale. « Tu commences à 14 heures et la finale, c'est pas avant une heure du matin. » Parler des parties pagnolesques dans les fêtes de village et de celles qui « se terminent en bagarres, parce qu'il y a 50 euros à se faire et qu'il n'y a plus d'amis. » Parler de ses coups de sang : « Bien sûr que la pétanque m'a déjà rendu fou au point de bazarder les boules et de partir en pleine partie. Avec les gens autour qui se disent : "Mais le type, il est pro au RCT et il se rend malade pour une partie de boules." (Rire.) »
Au RCT, pour élargir la main-d'oeuvre de boulistes qualifiés (Mathieu Smaïli, Jules Danglot), Halagahu ne lésine pas sur le prosélytisme avec des sujets anglais pour qui c'est la cinquième dimension. « David Ribbans a bien aimé, assure le convertisseur, et Kyle Sinckler a adoré. »
Inutile de lancer de grandes recherches : Halagahu n'a aucune chance de trouver des boules et des boulistes à Wellington ou à Auckland. Par force, le bras se refroidit. Peut-être qu'une compensation avec du ping-pong est-elle envisageable ? « Ça va pas, je joue pas au ping-pong, il y a que (Nolann) Le Garrec pour jouer au ping-pong (rire). » Une fois rentré à Toulon, le néo-international devra répondre à l'invitation du maire de La Crau, « qui est aussi président du club de pétanque, précise Halagahu. Ils veulent que je signe à La Crau. » Même la pétanque a son mercato.
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