
Série sur Disney+: «Washington Black» court toujours
L'adaptation du roman d'Esi Edugyan se perche entre odyssée métaphorique et aventure réaliste autour du monde vers 1830. Disney+, 8 x 37-56 minutes. Publié aujourd'hui à 11h18
Adaptation du best-seller de la Canadienne Esi Edugyan, «Washington Black» rebondit entre les styles comme l'aérostat de son jeune héros cabriole entre les nuages. Par sa puissance poétique, ses audaces chaloupées, la romancière parvenait à colmater les brèches entre les rêveries et les épreuves de Wash, gamin qui échappe à l'esclavage dans la Barbade de 1830. La production Disney n'y parvient pas entièrement.
Menée par Sterling K. Brown, coauteur de «This is Us», une série déjà marquée par son cocktail hybride de drame et comédie dans un format beaucoup plus ample, l'odyssée découvre le monde en plein chamboulement sociologique du XIXe siècle.
Les abolitionnistes et industriels se bagarrent dans des colonies qui s'émancipent, les sciences émergent avec leurs savants et inventeurs, les pionniers et autres chercheurs d'or improvisent. Dans le charivari, difficile de prétendre réconcilier «Le Tour du monde en quatre-vingts jours» de Jules Verne et «Underground Railroad» de Colson Whitehead.
Un peu comme « Forrest Gump » qui s'amusait avec férocité des travers de l'Amérique tout en traversant l'histoire, «Washington Black» est perçu à travers le regard d'un innocent surdoué. Chanceux de surcroît, Wash échappe aux tortionnaires les plus cruels et déjoue la fatalité par une intelligence hors du commun.
Les studios Disney ont, ces derniers temps, souvent été pris en flagrant délit de bien-pensance, prônant la diversité et l'inclusion jusqu'au ridicule. Ainsi des avertissements posés en amont de classiques comme «Dumbo» ou «Peter Pan». Ce qui pouvait paraître novateur a fini, au début de l'année, en osmose avec la réélection de Donald Trump, par un sérieux rétropédalage tout aussi opportuniste.
«Washington Black» témoigne de cette valse-hésitation. Dérivant de la dénonciation d'une société au racisme et à l'homophobie indécrottables malgré les vents de la modernité, le voyage de Wash tourne en quête d'identité, de racines, d'une mère, d'un clan. Bientôt l'aventurier tombe amoureux, occasion de trousser des dialogues dans le miel des beaux sentiments sur fond de paysages exotiques.
Du pôle Nord à la Nouvelle-Écosse, de Londres à Amsterdam, du Dahomey aux sables marocains, des velléités se dessinent, s'abandonnent, comme pour effleurer un «Manuel d'anthropologie du monde pour les nuls au XIXe siècle». La série à l'habillage soigné ne ménage pas les décors investis par des acteurs irréprochables. Aussi séduisante que le vaisseau «Fendeur de Nuages» de son inventeur, cette curiosité peine à s'envoler.
Notre note: 3,5 étoiles
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
a day ago
- 24 Heures
Éditorial: Locarno, toute la Suisse sous un écran
Accueil | Opinion | Éditorial | Opinion Depuis 79 ans, le festival du cinéma incarne une idée réussie du fédéralisme tourné vers les siens et ouvert sur le monde. Éditorial Publié aujourd'hui à 20h39 Le grand écran collectif, au défi de l'ère de l'image individuelle: depuis 1946, Locarno se voit en reflet de la Suisse culturelle. En 1946, il fallait oser imaginer un festival de cinéma en Suisse. C'est toujours aussi vrai en 2025. Malgré sa longévité, ou peut-être grâce à elle, celui de Locarno réinvente chaque année une sorte de petit miracle d'équilibrisme, où son cadre immuable et paisible accueille les images mouvantes d'un présent en pagaille. Ce n'est pas la dernière de ses ambivalences, sinon de ses paradoxes: par son audace artistique comme par la vitalité de son public, l'un des plus vieux festivals de cinéma au monde reste d'une jeunesse confondante. On y voit des films qui racontent la Suisse, mais il suffit de se promener dans ses rues pour en vivre l'utopie, soudain réalisée, durant dix jours. La politique culturelle se fait à Locarno, mais le festival est politique en lui-même, au carrefour de toutes les langues du pays, de toutes ses communautés et sensibilités. L'offre de cinéma est aussi exigeante que la fréquentation est grand public. Acteurs, politiciens, journalistes, producteurs se mêlent aux quidams sur le pavé, dans une décontraction mi-bohème mi-chic que la laideur du barouf cannois et de sa montée des marches n'a jamais contaminée. Dans un monde d'écrans individuels et d'individus scotchés à leurs écrans, Locarno impose la rencontre. Accessible, intelligent, fédérateur, il est un festival populaire dans la plus noble acception du terme. Une réussite suisse tellement ancrée dans le paysage qu'on oublie trop souvent de la saluer, et qu'il ne faudra jamais oublier de défendre. Nos articles sur le Festival de Locarno François Barras est journaliste à la rubrique culturelle. Depuis mars 2000, il raconte notamment les musiques actuelles, passées et pourquoi pas futures. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
4 days ago
- 24 Heures
Une ex-actrice de l'univers de «Star Wars» licenciée conclut un accord avec Disney
Le studio avait décidé de se séparer de Gina Carano en raison de ses «messages odieux et inacceptables» sur les réseaux sociaux. Disney évoque même une future collaboration. Publié aujourd'hui à 11h40 Gina Carano avait fait des rapprochements controversés sur les réseaux sociaux. WireImage Une ex-actrice de l'univers «Star Wars» qui avait porté plainte contre Disney pour licenciement abusif, motivé selon cette supportrice de Donald Trump par ses prises de position sur l'Holocauste, la pandémie de Covid-19 ou les droits des personnes transgenres, a conclu un accord avec le studio, a-t-on appris jeudi. Gina Carano avait un rôle récurrent dans la série «The Mandalorian», tirée de l'univers «Star Wars», avant d'être limogée par Disney en 2021. L'entreprise avait annoncé se séparer de cette comédienne spécialiste des arts martiaux à cause de ses «messages odieux et inacceptables» sur les réseaux sociaux, «dénigrant des personnes sur la base de leur identité culturelle et religieuse». Jeudi, un porte-parole de Lucasfilm, filiale de Disney, a annoncé que le studio était «parvenu à un accord avec Gina Carano pour résoudre les litiges liés à son litige en cours». Dans un communiqué envoyé à l'AFP, Disney a indiqué avoir «hâte de trouver l'occasion de travailler avec Mme Carano dans un avenir proche». Les détails de l'accord n'ont pas été divulgués. Ce qui a causé la tourmente de Gina Carano Sur les réseaux sociaux, Gina Carano avait notamment fait un rapprochement entre le fait d'être un conservateur aux États-Unis et le fait d'être juif dans l'Allemagne nazie. «Les soldats nazis pouvaient facilement rassembler des milliers de Juifs», car «le gouvernement faisait en sorte que leurs propres voisins les détestent simplement parce qu'ils étaient juifs, avait-elle écrit sur X. En quoi cela diffère-t-il de la haine de quelqu'un pour ses opinions politiques?» Elle avait accompagné cette publication d'une photo de femme juive battue sous le régime de Hitler. L'actrice s'était également moquée dans un autre message d'une personne portant plusieurs masques durant la pandémie de Covid-19. Elle avait aussi suscité la polémique en adoptant «boop/bop/beep» comme pronoms sur ses réseaux sociaux, une décision assimilée par ses détracteurs comme une pique envers les personnes transgenres. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Dans la plainte de Gina Carano, soutenue et financée par le réseau X, propriété d'Elon Musk, elle expliquait avoir été harcelée en ligne par des «extrémistes de gauche», et estimait que son employeur a terni sa réputation et réduit ses chances de travailler dans l'industrie audiovisuelle. L'univers «Star Wars» Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
4 days ago
- 24 Heures
Les xénomorphes boulottent Alien: Earth
Accueil | Culture | Streaming | En 2120, un vaisseau porteur d'espèces inconnues se crashe sur la Terre. «Alien» retrouve son punch métaphysique. Disney+, 8 x 54-64 min. Publié aujourd'hui à 11h19 Y avait-il encore à pomper dans la veine «Alien» posée par Ridley Scott en 1979? Les plus brillants cinéastes de genre l'ont égalé en y transfusant leur substantifique moelle, James Cameron, David Fincher et Jean-Pierre Jeunet, avant que le vétéran britannique ne revienne à sa créature pour le meilleur ( «Alien: Prometheus» ) ou pour le pire ( «Alien: Romulus» ). La série «Alien: Earth» le démontre avec un respectueux panache. Les xénomorphes nés dans le cerveau du suisse alémanique H. R. Giger gardent encore un peu de salive sous la biomécanique de l'exploitation à outrance. Au fil de sept films, la chronologie a été bousculée, Ripley a vécu, «défunté», s'est réincarnée. La nouvelle émanation de la franchise se situe deux ans avant «Alien, le huitième passager» quand «Maman», l'ordinateur du «Nostromo» guidait la planète. Cette fois encore, en 2120 donc, couvent déjà de petits monstres à bord de l'USCC Maginot. Quand le vaisseau se crashe, ces «larves sautent à la gueule» (traduction libre) s'accomplissent. Expert en mission impossible Aux commandes de cette série, Noah Hawley, expert en mission suicide. Le New-Yorkais avait déjà réussi l'impossible en imaginant la mue de «Fargo» long métrage chéri des frères Coen en cinq saisons des plus honorables. Le feuilletoniste s'attaque à «Alien», le monstre, dit-il, «le plus cinématique de l'histoire» avec une même ambition artistique. «Se lancer là-dedans pour du fric, voilà qui aurait été vraiment suicidaire», confie-t-il au «Guardian». Dans ce huis clos posé sur terre, le New-Yorkais brasse plusieurs mythes avec une candeur rafraîchissante. De quoi dépoussiérer la S.F. d'antan et en explorer les zones obscures. Ainsi du financement de ces expéditions dans la galaxie, conséquence d'une âpre lutte commerciale entre cupides magnats extravagants. Suivant une logique technologique, la planète du 22e siècle compte désormais plusieurs types d'habitants. En plus des cyborgs traditionnels, les homo sapiens côtoient les synthétiques, hybrides de cellules humaines et d'algorithmes. «Quand une machine cesse-t-elle d'être une machine?» s'interroge un androïde. Des enfants perdus hybrides Voir le labo où opèrent des savants surdoués et des millionnaires détraqués, nommé Neverland. Le romancier J. M. Barrie serait surpris de voir Wendy et ses potes dotés de pouvoirs infinis auxquels seuls les enfants peuvent accéder. Les prototypes résultent de la fusion d'une conscience humaine bloquée dans son évolution faute de réceptacle physique et d'un corps synthétique immortel. Or, l'enfance est un âge miraculeux pour inventer, semble-t-il…. Le show runner Noah Hawley puise dans ces «enfants perdus» hybrides une matière infinie de gags cruels et de références pop. À l'évidence, le gang a été biberonné par Amélie Poulain, les jeux vidéo, les «Young Ones», cette série culte britannique au surréalisme rock foldingue mais aussi les «Goonies» de Spielberg, le rock vintage de Black Sabbath ou la pop de The Cure, etc. Avec leur «fun» dense, ces sales gosses attirent la sympathie plus que ces humains stupides prompts à se fourrer dans des situations impossibles. Même si sur le terrain du suspense, Noah Hawley n'abuse pas du procédé énoncé par Tchekhov, «si vous posez un fusil dans l'entrée à l'Acte 1, il finira par claquer». Une identité miraculeuse «Alien: Earth» suggère plutôt que les monstres grouillent chez les oligarques mégalomaniaques, les scientifiques corrompus et autres incorrigibles spécimens décadents de la race. Coïncidence des sorties, « Foundation » basé sur la saga d'Isaac Asimov développe la même idée dans sa troisième saison. Mais le ton de la superproduction prestige d'Apple TV flirte avec la prise de tête plutôt qu'avec les critères de légèreté d'une S.F. estampillée Disney. «Alien: Earth» trouve une identité quasi miraculeuse dans le vrac des influences. La question qui hante reste bien sûr ce qui définit l'humanité, pas moins. Est-ce le corps, l'esprit, un supplément d'âme ou au contraire un instinct de survie animal? Vaste débat. Pendant ce temps-là, les bestioles dessinées par le génial Giger incubent. Chiche que les xénomorphes ne sont pas en voie d'extinction. Notre note: 4 étoiles Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.