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French Tech : « Paris rêve, Dubaï signe »

French Tech : « Paris rêve, Dubaï signe »

Les Echosa day ago
Au bord de la Seine, la French Tech compte ses vingt-cinq licornes avec la patience du collectionneur. Au bord du Golfe Persique, les Emirats lancent « D33 », une feuille de route qui promet trente licornes d'ici 2033.
Le pari : faire du sable un terreau fertile, une licorne par an. Et ce pari, troublant, ne paraît plus absurde. Tabby, née en 2019, pesait 1,5 milliard de dollars fin 2023 ; quatre mois plus tard, elle frôlait déjà 3,3 milliards à l'approche de son IPO. Dans la même veine, la saoudienne Tamara est devenue licorne en décembre 2023 grâce à une série C de 340 millions de dollars, première fintech du royaume à franchir le seuil symbolique.
De puissants fonds souverains
Derrière ces griffes de licorne se cache la puissance de feu des fonds souverains. Le Public Investment Fund (PIF) saoudien a vu ses actifs exploser : de 160 milliards de dollars en 2016 à 941 milliards en 2024 (+390 %), avec un objectif annoncé de 2.000 milliards avant 2030.
De son côté, Abu Dhabi pousse Mubadala à co-investir sur tous les fuseaux horaires ; on lui doit déjà des tickets dans Ledger ou Exotec aux côtés de Bpifrance. Les capitaux ne se contentent plus d'extraire : ils s'injectent directement dans la tech mondiale, et de plus en plus dans la nôtre.
Au Golfe, la fiscalité des zones franches reste nulle, l'enregistrement d'une société s'expédie en quarante-huit heures et la Common Law locale sert de sandbox réglementaire. Le Centre financier international de Dubaï (DIFC) de Dubaï, celui d'Abu Dhabi (l'ADGM) ou encore Hub71 incubent, mentorent, financent. Résultat : +25 % d'entreprises actives au DIFC en un an, dont un millier de fintechs. Ce que l'administration fait là-bas ? De l'API management : standardisé, documenté, scalable.
Comparer avec la France
Côté français, la dynamique est réelle : 4,8 milliards de dollars levés par les start-up hexagonales au premier semestre 2023, et en janvier 2024, la barre des 25 licornes franchie deux ans avant l'échéance gouvernementale.
Mais la comparaison pique. En 2023, l'Arabie saoudite a capté à elle seule 52 % de tous les capitaux VC du Moyen-Orient, soit une progression annuelle de 33 % quand l'Europe entrait dans un hiver du capital-risque. Notre « Etat stratège » multiplie les dispositifs ; le Golfe ouvre un robinet géant. Quand Paris débat d'une modulation d'impôt sur les sociétés pour les jeunes pousses, Dubaï concède dix ans de « golden visa » et 0 % d'impôt en zone franche.
Voici quatre leçons à importer sans copier-coller : l'ambition affichée - annoncer trente licornes crée un imaginaire collectif qui aimante talents et capitaux. Un capital patient et massif - les mégafonds publics jouent simultanément l'amorçage, la croissance et la dette. La régulation comme sandbox - on teste d'abord, on codifie ensuite ; l'erreur est autorisée tant qu'elle enseigne. Le soft power de l'ouverture - visas longue durée, grands salons (LEAP, Expand North Star) et partenariats Israël - Golfe ou Chine - Golfe : le talent se capture par la convivialité.
Axe de coopération
Les briques existent : French Emirates Fund (300 millions d'euros), Hub71 × Bpifrance, French Tech Hub Dubai-Abu Dhabi. Il faut désormais passer à la phase industrielle : grands groupes français - TotalEnergies et Aramco sur l'hydrogène, Orange et STC sur la cybersécurité, LVMH (propriétaire des « Echos ») et Qatar Investment Authority sur le retailtech. Diplomatie du deal - créer un « Choose France - Gulf Edition », alternant Paris et Riyad/Dubaï, où se signent tours de table croisés. Visas fluides - couloirs accélérés pour ingénieurs, data scientists, doctorants ; doubles stages HEC - KAUST, Polytechnique - NYU Abu Dhabi.
Paris n'a pas de pétrole, le Golfe n'a pas encore d'algorithmes souverains. L'un possède la créativité et la profondeur technologique, l'autre la puissance de tir financière et la vitesse d'exécution. Au lieu de se contempler de chaque côté de la Méditerranée, faisons de cette diagonale un passeport commun. La licorne qui naîtra demain n'aura pas besoin de choisir : elle portera deux passeports, lèvera à Riyad, testera son produit à Dubaï, embauchera à Paris et s'introduira à Euronext comme au Tadawul. Voilà comment « Paris rêve, Dubaï signe » peut devenir, dès la prochaine ligne de code, la signature d'une alliance gagnante.

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