Événements sportifs annulés, contraintes administratives, activité en mutation... Mais où sont passés les bénévoles ?
Ils et elles n'ont pas de palmarès, peu de lignes dans la presse, pas de noms ni de numéros floqués dans le dos mais plutôt un ensemble de survêtements ou une chasuble réfléchissante sur la peau, toujours prêts à oeuvrer gracieusement, dans l'ombre. Au coaching, au traçage des lignes, à la buvette, au balisage des sentiers, à la sécurité... Sans eux, pas de sport.
Les bénévoles sont au coeur du modèle associatif, dans la vie des clubs collectifs comme des événements récurrents. Mais, à observer les remontées du terrain depuis des mois, voire des années, les petites mains sont devenues rares. Il suffit de faire un tour des médias locaux pour s'en rendre compte.
Pêle-mêle, des élus de Carpentras, l'office des sports de Quimper, le mouvement olympique et sportif de Loire-Atlantique, le comité départemental d'athlétisme du Maine-et-Loire ou encore des rugbymen d'Auch ont récemment alerté sur la situation. En écho, et dans une liste loin d'être exhaustive, le trail urbain d'Auxonne (2021), les foulées du Tram (2022), la course des Remparts (2022), la descente de Moncontour (2024), le run in Lisieux (2024), la Bazas-Langon (2024) et le semi-marathon de Watten-Cassel (2024) ont dû être annulés. Une même raison commune est avancée : le manque de volontaires à l'organisation des épreuves. Aucun territoire, aucune discipline ne semblent épargnés.
« On est passés d'un format traditionnel où les gens venaient donner leur temps sur la gestion quasi quotidienne, à du coup de main plus occasionnel »
Christophe Lepetit, responsable du pôle économie au centre de droit et d'économie du sport de Limoges
Dans son baromètre La France bénévole 2024, l'IFOP note, au sujet du sport, que « certains manifestent des inquiétudes, voire quelques désillusions quand ils font le bilan de leur engagement, souvent très prenant ». Tous secteurs confondus, les auteurs soulignent « un engagement de plus en plus ponctuel » (9 % des sondés impliqués chaque semaine contre 12,5 % en 2010), mais en augmentation chez la population jeune ces dernières années (+ 8 % entre 2019 et 2024 chez les 25-34 ans). Alors, où situer la vérité ?
« Il n'y a pas réellement de crise, arbitre Christophe Lepetit, responsable du pôle économie au centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges. Il n'y a pas moins de bénévoles, mais la moyenne peut paraître en réduction parce que, en face, on a un rythme de croissance des associations bien plus rapide. Ce qui crée une tension sur le vivier, qui ne grossit pas aussi vite que le nombre de postes à pourvoir. Par contre, il y a une forme de crise du bénévolat dans le sens où la nature de l'engagement a beaucoup évolué. On est passés d'un format traditionnel, où les gens venaient donner de leur temps sur la gestion quasi quotidienne, à du coup de main plus occasionnel. On va trouver moins de présidents, de trésoriers, de secrétaires, mais plus de monde pour un tournoi ou un vide-grenier. »
Les associations dans l'embarras après Paris 2024
Paris 2024 en est la meilleure illustration : une capacité de mobilisation exceptionnelle pour un événement prestigieux. Mais, dans la foulée, un énième embarras des associations pour faire face à l'afflux des nouveaux pratiquants. « C'est délicat de fédérer ses bénévoles tout au long de l'année, reconnaît Jean-Louis Cellier, président de l'Office des sports valentinois, élu en 2023, deux ans après l'annulation du 10 km de Valence, faute d'encadrement. Il y en a toujours qui vous disent : "Moi, le jour où vous avez besoin, je serai là". Sauf que, quand vous les appelez, ils ne sont plus disponibles. C'est pour cela qu'il faut tenir un planning annuel, de façon à ce que tout le monde puisse s'inscrire à l'avance et bloquer les dates. Et ça marche ! La preuve : à la pétanque, les dirigeants avaient l'habitude de se taper tous déplacements, et, pour la première fois, ils sont restés au repos un week-end. »
D'après lui, tout est dans l'anticipation et la transmission. « On ne cherche pas assez à intéresser les personnes, à leur mettre le pied à l'étrier. Quand j'étais entraîneur de foot chez les jeunes, en moins de 15 ans, j'incitais mes joueurs à aller voir une autre équipe à l'entraînement, parfois celle d'un frère. C'était il y a vingt-cinq ans et, l'année dernière encore, trois gamins étaient éducateurs dans un club ! Il faut donner envie, provoquer cette légitimité. »
Dans une étude d'octobre 2023, l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire dressait le portrait-robot du bénévole sportif : il représente un Français sur dix, est majoritairement un homme et souvent jeune, aux études avancées et aux revenus assez aisés, avec un ou plusieurs enfants et à la recherche de convivialité avant tout. Sur les 365 000 associations sportives, 86 % fonctionnent sans salarié et se reposent donc, en moyenne, sur 17 volontaires par structure.
Si le volume de personnes engagées est stable au fil des années, le renouvellement s'opère moins et la crise sanitaire n'en a été qu'un facteur accélérateur (7 % de retrait dans le sport selon le Paysage associatif français). À écouter nos interlocuteurs, les explications sont multiples et anciennes : de nouvelles priorités post-Covid, mais aussi et surtout un allongement du temps de travail, une baisse de motivation, un déficit de reconnaissance, une fuite des responsabilités...
« Ce bénévolat qui était tourné vers les autres est moins en vogue parce que la société est elle-même moins tournée vers les autres. Du coup, on se replie sur soi »
Séverine Bardaud et Denis Lafoux, coprésidents de la Fédération française des clubs omnisports
« Être président, c'est être représentant légal, voire employeur. Tout le monde n'a pas cette fibre. Le trésorier, lui, est garant de la gestion comptable et financière, de l'utilisation des deniers publics », énumère Christophe Lepetit. « Aujourd'hui, on a un peu perdu le bénévolat désintéressé, abondent Séverine Bardaud et Denis Lafoux, coprésidents de la Fédération française des clubs omnisports, qui regroupe 625 structures. Ce bénévolat qui était tourné vers les autres est moins en vogue parce que la société est elle-même moins tournée vers les autres. Du coup, on se replie sur soi. » Et d'ajouter : « C'est aussi compliqué de s'engager dans une structure où on a la sensation de devoir tout faire. Quand tout est bien cadré dès le départ, cela soulage la modalité d'engagement. » Encore faut-il en avoir les moyens.
À Nantes, Jean-Philippe Legal, le président des Foulées nantaises, le sait bien pour avoir renoncé à l'organisation en 2020 et 2021 à cause du Covid, puis en 2022 pour une pénurie de bénévoles. Cette année-là, à un mois de l'échéance, il manquait une centaine de personnes. « Cela peut paraître beaucoup, dit-il, mais, par expérience, ce n'est pas non plus rédhibitoire. On avait surtout dû jeter l'éponge car, pour la première fois, la préfecture nous demandait les documents très longtemps à l'avance et cela nous alourdit le travail. » L'annulation a provoqué des pertes financières autant qu'un électrochoc, et la course a pu reprendre ces dernières années.
Dans le Doubs, Jean-Marc Vadam, président de longue date de l'Avenir cycliste rudipontain, a subi la même mésaventure en 2022, devant déprogrammer un test chronométré à cause d'une invalidation en préfecture. « Si nous voulons tuer le bénévolat, continuons ainsi », avait-il alors lâché. L'épreuve n'a plus jamais vu le jour. « On nous exige des choses impossibles à notre échelle, confie-t-il trois ans plus tard. C'est de pire en pire, les autorités prennent ceinture et bretelles pour ne prendre aucun risque. »
Heureusement, dans son club, les bénévoles demeurent presque aussi nombreux que les licenciés (58). « On essaie de bien les soigner ! À chaque assemblée, on en récompense certains. » Du côté de Valence, Jean-Louis Cellier veille à mentionner le bénévolat dans les bilans financiers : « S'il se valorise à 10 euros de l'heure et qu'on a fait 1 200 heures, on a économisé 12 000 euros et il faut que cela se sache ». En 2018, le CDES avait évalué la valorisation du bénévolat sportif en France entre 5,2 et 10,1 milliards d'euros.
Des avantages pour récompenser les bénévoles
Le club de foot de Thaon-les-Vosges a trouvé un autre moyen d'impliquer ses jeunes licenciés avec la mise en place d'un pass bénévole depuis 2022. Le manager général Michaël Ruez précise : « Un tableau est rempli de missions chaque semaine et ils peuvent s'inscrire pour arbitrer, aider à ranger du matériel, être ramasseur de balle en National 3... Il y a un barème de points et cela leur donne droit à des lots. » Une gourde, une écharpe, un maillot, des pizzas, des réductions sur le prix de la licence ou la prise en charge de frais de formation. Le club réfléchit désormais à étendre le dispositif aux bénéficiaires du RSA.
Dans la même veine, sur une dimension moindre, l'Étoile sportive oésienne, près de Tours, a lancé il y a cinq ans un bureau des jeunes, des U9 aux U18, qui se réunit tous les trimestres et qui est consulté sur différents projets. L'arrivée d'une mascotte, le planning des stages, l'organisation d'un tournoi... « Cela nous permet de fidéliser nos jeunes tout en les faisant devenir nos bénévoles, nos éducateurs ou nos arbitres de demain », se réjouit Thomas Rainereau, vice-président. Un jeune a déjà pris le sifflet, trois autres devraient suivre, et certains sont entrés au comité directeur du club.
Le pétrole ne gît pas au bord des mains courantes, mais les idées fusent ici et là pour redynamiser les effectifs. Parmi les dernières initiatives en date, l'Office marmandais du sport, dans le Lot-et-Garonne, vient de baptiser sa « pépinière des bénévoles ». Un projet dans les cartons depuis un moment et enfin concrétisé. « On fait face à une population davantage tournée vers la consommation. C'est à la carte, au badge, remarquent Patrick Masip, président, et Jean-Pierre Chagne, référent. Notre idée n'est pas de s'adresser aux clubs, déjà débordés, mais aux personnes non engagées dans le milieu sportif. »
À partir de l'été prochain, une plateforme numérique mettra en lien les associations et les volontaires, avec une liste de tâches à remplir de chaque côté. Une dizaine de personnes a répondu au premier appel, dont Thierry, de retour sur le territoire après une vie d'actif à Paris. « Avant cela, j'étais très impliqué dans le milieu sportif local, au rugby notamment, du temps d'Albert Ferrasse (ex-président de la FFR), se souvient-il. En revenant, je ne voulais pas m'engager de la même manière, en club, parce que c'est assez lourd. Le fait d'intervenir en fonction de ses disponibilités et sur des événements variés me convient très bien. J'ai été bénévole aux Jeux de Paris et j'ai repris goût au bénévolat, au lien social. Je n'ai qu'une hâte : cocher la prochaine date dans mon calendrier. »
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Taxe sur les billets d'avion : le patron de Ryanair menace de réduire «encore» ses capacités en France en cas de nouvelle hausse
Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, dénonce la communication «violente» de Michael O'Leary, dont la compagnie a déjà annoncé la suppression de trois dessertes. Le patron de Ryanair, première compagnie aérienne à bas prix européenne, Michael O'Leary, a menacé ce samedi 9 août dans une interview au Parisien de réduire «encore» ses capacités en France si le gouvernement décidait d'une nouvelle hausse de la taxe aérienne, suscitant une réponse agacée du ministre des Transports. «Vous avez cette situation folle où votre gouvernement augmente la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA), qui est passée de 2,63 euros à 7,40 euros par billet» en mars 2025, commence Michael O'Leary, qualifiant la hausse d'«injustifiée» pour «un secteur qui ne rapporte pas beaucoup d'argent». Il affirme avoir proposé un plan à la France pour doubler le trafic annuel d'ici 2030 «mais seulement si le gouvernement supprime les taxes». «Sinon, nous avons des alternatives moins coûteuses ailleurs (...) Et si la réponse de la France à cela est d'augmenter de nouveau les impôts, alors nous réduirons encore notre capacité ici», menace-t-il. Publicité «Je ne tolère pas ces manières de faire», a répondu le ministre des Transports Philippe Tabarot sollicité par Le Parisien. «Du dialogue, oui, mais pas de menace», ajoute-t-il, accusant Ryanair de ne pas assumer d'avoir «doublé ses bénéfices en une année». Le ministre, qui s'était dit à titre personnel «réservé» à l'idée d'inscrire la hausse de la taxe dans la durée en mars, dénonce la communication «violente» de Ryanair «pour essayer de s'exonérer de leurs obligations sociales et fiscales». À lire aussi Annulations, retards de vols... L'été de toutes les perturbations dans l'aérien en Europe Le contrôle aérien «le moins efficace d'Europe» selon Ryanair En riposte à l'augmentation de la taxe de solidarité sur les billets d'avion, la compagnie irlandaise a annoncé fin juillet une réduction de 13% de sa capacité en France, soit 750.000 sièges en moins, désertant trois aéroports régionaux (Strasbourg, Bergerac et Brive) pour l'hiver. Michael O'Leary avait pourtant assuré fin mars qu'il ne supprimerait pas de desserte régionale. «Plutôt que de donner des leçons sur la manière dont le gouvernement prépare son prochain budget, il (Michael O'Leary) ferait mieux de s'occuper du service que Ryanair rend à ses clients», a ajouté Philippe Tabarot, citant des conflits sociaux et des décisions de justice. Le patron de Ryanair a lui taclé le contrôle aérien français, «le moins efficace d'Europe», et les grèves «récréatives» avant les week-ends des contrôleurs pour obtenir, selon lui, trois jours de congés supplémentaires, qui entraînent des «annulations sur les survols» puisque la France «surprotège les vols domestiques». Une charge qualifiée de «caricature à l'excès sur certains comportements qui peuvent exister, pour une minorité seulement» par le ministre.


Le Parisien
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- Le Parisien
« Qu'ils balaient devant leur porte » : le ministre des Transports répond au PDG de Ryanair
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Sans compter que ses employés n'ont pas tous l'air épanoui, quand je vois qu'il y a un conflit social qui pourrait durer six mois en Espagne, ou les décisions de justice en leur défaveur. » Peu réputé pour un dialogue social serein et nourri, Ryanair a, entre autres, été condamné pour « travail dissimulé » (sur l'aéroport de Marseille). La Cour de cassation a rejeté son pourvoi en 2023. Sur le fond, la hausse de la TSBA a suscité la fronde de l'ensemble du secteur aérien. Le PDG d'Air France - KLM, Benjamin Smith, avait lui même fustigé une décision « irresponsable ». Philippe Tabarot rappelle la « continuité de sa position » sur le sujet. Il n'entend pas céder au chantage du PDG de Ryanair En tant que sénateur, le ministre des Transports s'était montré sceptique. Aujourd'hui, il estime qu'il ne faut pas de nouvelle augmentation, au risque de voir le secteur aérien français « décrocher » par rapport aux concurrents européens. 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François Bayrou et le gouvernement visent de nouveau l'assurance chômage, objectif 4 milliards d'économies
POLITIQUE - Voici l'addition. Les partenaires sociaux sont invités par le gouvernement à dégager de 2 à 2,5 milliards d'euros d'économies par an en moyenne sur l'assurance chômage entre 2026 et 2029, dans le cadre de négociations dont il vient de fixer la feuille de route et qui sont déjà critiquées par les syndicats. Cette lettre de cadrage, envoyée vendredi par le Premier ministre François Bayrou et consultée ce samedi 9 août par l'AFP, propose d'ouvrir une négociation en ce sens et de parvenir à un accord d'ici le 15 novembre, avec l'objectif d'atteindre entre « 2 milliards d'euros et 2,5 milliards d'euros » d'économies par an en moyenne au cours des quatre prochaines années, « avec une montée en charge progressive ». Le but sera d'atteindre « a minima 4 milliards d'euros d'économies en régime de croisière à partir de 2030 », ajoute le document, confirmant des montants évoqués mi-juillet. Estimant qu' « il faut travailler plus », François Bayrou avait souhaité le 15 juillet que les partenaires sociaux ouvrent des négociations sur le sujet pour participer à l'effort budgétaire. Ce que souhaite Bayrou « La situation financière du régime de l'assurance chômage et la nécessité de travailler plus nombreux rendent nécessaire une évolution des règles de l'assurance chômage », écrit le Premier ministre dans sa lettre accompagnant le document de travail. Afin de « favoriser le retour rapide à l'emploi », le document précise qu'il faudra « modifier la durée minimale d'emploi et la période de référence nécessaire à l'ouverture d'un droit au chômage qui détermine la durée maximale d'indemnisation ». La France est « l'un des pays de l'Union européenne où les conditions d'indemnisation sont parmi les plus favorables et présente une durée maximale d'indemnisation plus élevée que la moyenne européenne », assure le Premier ministre. Dans le même objectif d'accélérer le retour sur le marché du travail, le document précise qu'il sera nécessaire de « renforcer les incitations » envers les personnes ayant conclu une rupture conventionnelle et d' « examiner l'opportunité d'adapter » les incitations de retour à l'emploi selon le niveau de rémunération et le montant de l'allocation. Le chef du gouvernement ajoute qu'il faudra en outre « intensifier l'effort réalisé pour le retour à l'emploi des séniors. « Totalement inadmissible » « C'est un saccage totalement inadmissible », a réagi le représentant de la CGT Denis Gravouil auprès de l'AFP. Le syndicaliste a dénoncé « un plan d'économies violent » qui touchera « les plus précaires, en allongeant la durée de travail nécessaire pour prétendre à l'ouverture des droits au chômage », mais aussi « les personnes en CDI qui ont perdu leur emploi en raison de la réduction de la durée d'indemnisation annoncée ». « Nous allons tout faire pour faire capoter ce projet, si ce gouvernement se maintient », a prévenu le cadre syndical. Lors de l'annonce de ce nouveau tour de vis sur l'assurance chômage, la numéro un de la CFDT, Marylise Léon, avait également qualifié ces pistes budgétaires de « carnage total pour les demandeurs d'emploi ». Cette nouvelle réforme intervient alors que les partenaires sociaux ont conclu un accord en novembre 2024, avec de nouvelles règles pour quatre ans, entrées en vigueur pour la plupart au 1er avril de cette année. Avant une réunion en intersyndicale le 1er septembre pour étudier les suites à donner aux annonces du Premier ministre, FO a déjà appelé à la « mobilisation et à la grève » et déposé un préavis du 1er septembre au 30 novembre. Les syndicats ont aussi lancé collectivement une pétition pour dire « non au budget Bayrou », signée par plus de 300.000 personnes, et une plateforme de « décodage » des mesures annoncées, qui sur l'assurance chômage dénonce une « nouvelle baisse drastique » des droits. Reste donc à savoir si ces négociations aboutiront, ou même si elles auront lieu. Faute de quoi le gouvernement reprendra la main et imposera ses règles. En juin 2024, une réforme portée par l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, rejetée par les syndicats, prévoyait elle aussi de durcir les conditions d'accès et les règles d'indemnisation. Elle avait toutefois été suspendue en raison de la dissolution de l'Assemblée nationale.