Éric Roy, entraîneur du Stade Brestois : « Je suis vachement attaché à ce club »
Comme à l'aube de la saison 2023-2024, celle qui avait vu les Brestois se hisser en héros sur le podium de la L1, les Ty-Zefs ont pris cette semaine leurs quartiers à Dinard, entre les terrains impeccables du Cosec et l'hôtel Emeria, avec vue plongeante sur la côte d'Émeraude.
Après avoir assuré le maintien en 2023, décroché la troisième place de L1 en 2024 et donc connu la Ligue des champions la saison passée, Éric Roy, arrivé en janvier 2023, a prolongé de deux ans, jusqu'en 2027, le 16 mai. Mardi midi, le coach de 57 ans s'est longuement confié sur cette décision et sur les nouveaux défis à venir. Il se prépare de nouveau à lutter avec peu de moyens.
« Votre directeur sportif, Grégory Lorenzi, avait mis dans nos colonnes la note de 15/20 à la saison brestoise qui s'est achevée en mai. Et vous ?C'est difficile, ça dépend des attentes, du potentiel du club. Tu peux même mettre plus (sourire). Bien sûr, la saison aurait été extraordinaire si on était allés en finale de Coupe de France (élimination en quarts de finale par Dunkerque, L2, 2-3), en accrochant à nouveau l'Europe (9e de L1), mais était-ce possible ? Les gens ne se rendent pas toujours compte de ce qu'on a réussi à faire. Entre la C1 et exister en Championnat, c'est quand même assez exceptionnel pour un club de notre dimension.
Avez-vous revu des matches de Ligue des champions durant vos vacances ?Oui, car il y a eu des rediffusions sur MyCanal et je suis tombé par hasard sur les matches contre Salzbourg (2-1, le 19 septembre) et Sturm Graz (4-0, le 1er octobre). Donc je me suis un peu attardé dessus, sans regarder en entier, mais quelques tranches, c'était plutôt sympa...
Ce que vous vivez à Brest comme coach, est-ce plus fort que ce que vous avez vécu comme joueur ?Oui. Je ne place rien au-dessus de ma carrière de joueur, d'avoir eu cette chance d'avoir été joueur pro jusqu'à 37 ans, en commençant et en finissant dans mon club formateur (Nice), en passant par Lyon, l'OM et des clubs étrangers. C'était déjà une magnifique aventure. Quand tu es joueur, tu es vraiment acteur, tu peux changer le cours des choses, tu profites du moment présent, avec des montées d'adrénaline. Tu as moins de prise quand tu es coach. Mais quand ça marche, que tu restes en haut toute la saison en 2023-2024, quand tout le monde se demande quand Brest va flancher, il y a une forme de sentiment d'accomplissement continu incroyable. Et l'aventure en C1, après les matches, émotionnellement, c'était... Même là, quand j'en reparle, ça reste... (Il s'interrompt.) C'est pour ça que je suis vachement attaché à ce club, surtout par rapport au fait qu'inconsciemment, je pensais que c'était terminé pour moi après dix ans sans banc (avant Brest, son dernier poste d'entraîneur remontait à la saison 2010-2011, à Nice). Parce qu'à chaque fois qu'il y avait des contacts, je n'étais pas choisi, donc j'ai l'impression que tout ce que je n'ai pas pu vivre avant, je l'ai vécu de façon accélérée et avec une puissance émotionnelle décuplée, comme pour rattraper le temps perdu. J'espère que ça va continuer (sourire). Sur les trois dernières années, ma trajectoire, comme celle du club, est extraordinaire. Pas au sens de géniale, mais au sens de pas banale.
« Partir, c'était une possibilité, mais ça n'a jamais été un objectif »
Vous étiez en fin de contrat en juin, vous disiez en janvier que tout était possible, et vous avez fini par prolonger juste avant la dernière journée de Championnat. Pourquoi ce timing ?Dès le 1er janvier, j'aurais pu signer ailleurs puisque j'étais libre. Partir, c'était une possibilité, mais ça n'a jamais été un objectif. Si je ne m'étais pas mis d'accord avec le club, oui, mais si je suis là, c'est que je me sens bien dans ce club, épanoui, dans un environnement qui me plaît, avec un staff que j'ai appris à apprécier car il y a beaucoup de compétences et de respect entre nous. On fait les choses simplement, sans se prendre au sérieux en étant sérieux, c'est la manière dont j'aime travailler aussi, donc ça me convient bien.
Avez-vous eu des approches ?Oui, à l'étranger pour gagner plus d'argent, pas que du Golfe, mais ce n'était pas non plus un objectif prioritaire. Ou des prises d'infos de clubs français qui sont souvent des hypothèses, des "si jamais". Mais moi, j'aime bien les certitudes. Il n'y a aucun regret, et ce n'est pas le moteur de ma vie de gagner plus d'argent, c'est de prendre du plaisir au quotidien avec un groupe que j'apprécie. Bon an mal an, il y a une base de groupe qui reste depuis que je suis là, qui me convient bien. Si réellement j'avais voulu partir et que des opportunités s'offraient à moi, il fallait que j'attende trois-quatre jours de plus. On s'est mis d'accord avant les vacances. J'ai lu que je faisais un peu traîner les choses. Si c'était pour attendre des bancs qui se libèrent, tu ne le sais réellement qu'à la fin de la saison, et ça, c'était trois jours après mon accord. Donc pour moi, ç'a toujours été clair que la priorité, c'était de rester ici, qu'il n'y aurait eu d'autres projets qu'à défaut de solution.
"À partir du moment où l'on crée les conditions du succès, il n'y a pas de raison qu'on ne (re)fasse pas l'Europe", disait votre président Denis Le Saint fin janvier. Une autre saison à part est-elle possible ?On reste ambitieux, en tenant compte des réalités financières, donc avec l'objectif, déjà, de se maintenir. La saison dernière, on avait quand même investi sur quelques joueurs, car il y avait des retombées. La saison d'avant non, et c'est vrai qu'un mercato très peu onéreux ne nous avait pas empêchés de finir troisièmes. Après, dans le sport de haut niveau, il y a des exploits, et pour les répéter, c'est compliqué. Il y a des dynamiques collectives qui réduisent les écarts, de qualité et de budget, mais il ne faut pas croire que ça marche à tous les coups, sinon ce serait trop facile.
Comment remettre ça en tant que coach et équipe ?Il faut toujours essayer de se renouveler, de trouver d'autres leviers pour performer et, certainement pour nous, de surperformer si on veut ne serait-ce qu'être 9es comme la saison passée. C'était déjà une surperformance car on n'a pas le 9e budget (environ 48 M€ en 2024-2025, autour du 13-14e en Ligue 1). Je ne suis pas très inquiet par rapport à l'état d'esprit du groupe, et comme on est obligés de régénérer, ça amène de l'émulation. Après, malgré les 59 buts encaissés, on a fini neuvièmes, donc il y a une marge de progression encore énorme, à mon sens, si on arrive à retrouver un peu cette efficacité défensive qui nous caractérisait en 2023-2024, parce qu'on a pratiquement marqué autant la saison passée que celle d'avant (52 contre 53). Il nous faut garder l'enthousiasme, ce côté équipe pas ennuyeuse et difficile à jouer, la capacité à être intenses.
« Mon plus gros recrutement serait de garder ceux qui sont là, je ne verrais pas d'un bon oeil si d'autres joueurs partaient »
Reste à savoir comment vous serez outillés.On est dans une période très incertaine par rapport au mercato. On ne sait pas si on aura une équipe plus ou moins compétitive. D'un autre côté, on peut aussi se bonifier, on a vécu une saison enrichissante avec des joueurs capables d'élever leur niveau de jeu, qui doit nous permettre de passer un palier. On a toujours envie que les joueurs progressent, c'est l'essence même de notre métier, donc j'ai envie de voir ça. Et puis tu sais que tu vas avoir des joueurs à amener plus haut, comme Abdoulaye Ndiaye (reparti à Troyes, L2, à l'issue de son prêt), Soumaïla Coulibaly ou Abdallah Sima (retourné à Brighton) la saison passée. Coulibaly est à Strasbourg, je pense que les deux autres peuvent être bien vendus et si on ne touche rien, on a été partie prenante de leur développement. Après, mon plus gros recrutement serait de garder ceux qui sont là, je ne verrais pas d'un bon oeil si d'autres joueurs partaient. Bon, on a aussi Pierre Lees-Melou revenu en forme et Bradley Locko à nouveau disponible. On a quand même fait sans eux ou pas loin toute la saison passée, et ils étaient dans l'équipe type de L1 en 2024. Donc 15/20 pour la saison passée, c'est bien, mais ça pourrait être 16 ou 17 (sourire).
Vous avez été directeur sportif. Vous arrive-t-il de suggérer des joueurs ?Ça peut m'arriver, quand Steve Mounié l'an passé s'en va (transféré à l'époque à Augsbourg). Comme on voulait un joueur un peu de ce profil, quand je cite Ludo (Ajorque), c'était aussi chez lui un avis partagé, mais non, je laisse Greg (Lorenzi) travailler et ça marche bien, car je lui fais entièrement confiance. Je sais qu'il fera le mieux possible par rapport aux moyens qu'il a, dérisoires. En ayant fait son métier, je connais ses problématiques et donc on est souvent alignés, car je ne demande pas des choses irréalisables. »
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