
Immobilier commercial : la Banque de France maintient sa vigilance
Publié début août, le bilan de l'ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution) montre que les banques françaises sont plus à l'abri que leurs homologues européennes. Tout particulièrement en comparaison avec l'Allemagne, qui a subi le contrecoup de la faillite de l'empire immobilier autrichien Signa et où certains établissements spécialisés fortement exposés à l'immobilier commercial américain, à l'instar de Deutsche Pfandbriefbank, peinent à sortir de l'ornière.
Mais l'autorité adossée à la Banque de France observe une dégradation du risque de crédit. « Malgré des fondamentaux solides et un risque global maîtrisé, des segments apparaissent plus vulnérables », souligne-t-elle dans son rapport.
D'après son enquête semestrielle auprès des cinq principaux groupes bancaires (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, BPCE et Crédit Mutuel), leur niveau d'exposition à l'immobilier commercial est resté globalement stable en 2024, à 543 milliards d'euros. Cela représente près de 6,4 % du total de leur bilan, si bien que le risque apparaît limité à l'échelle de ces géants bancaires.
Qualité de crédit dégradée
Toutefois, la qualité du portefeuille de crédit « se dégrade légèrement », pointe l'ACPR. La part des prêts classés en niveau 2 et 3, à savoir ceux pour lesquels le risque de perte est le plus élevé, s'inscrit en hausse dans le bilan des banques. Plusieurs zones de vulnérabilité ont été identifiées, concernant notamment le financement d'actifs en construction, destinés à être mis en vente ou loués, ou encore les prêts accordés aux marchands de biens, qui achètent des biens immobiliers en leur nom, en vue de les revendre.
Sur ces deux segments, plus de 70 % des crédits arriveront à maturité dans moins de deux ans. En outre, la part des crédits risqués est plus élevée, de même que ceux dont le montant du prêt est supérieur à 80 % de la valeur du bien - indicateur scruté par le régulateur. L'ACPR s'inquiète également concernant les prêts octroyés pour le financement de biens situés hors de France, dont « les indicateurs de risque sont généralement plus élevés que l'ensemble des concours. »
Bilans plus diversifiés
Malgré ces zones d'ombre, les banques françaises restent mieux loties que la moyenne des 22 plus grands établissements européens. Avec des bilans plus diversifiés, elles affichent une sinistralité inférieure à leurs concurrentes européennes sur leurs prêts immobiliers.
En Allemagne, où l'immobilier commercial pèse deux fois plus dans le bilan des banques, le régulateur s'est saisi du sujet. La BaFin a imposé à certains établissements de mettre plus de réserves de côté dans leurs comptes 2025.
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Fraude aux paiements : Zelle dans le viseur de la justice américaine
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