
Fierté Montréal : de l'inclusion à l'exclusion ciblée
Seize citoyens*
En 2025, au Québec, une organisation largement subventionnée par des fonds publics peut bannir les Juifs d'un évènement au nom de l'inclusion. C'est exactement ce que vient de faire Fierté Montréal.
Le plus ancien et plus important groupe LGBTQ+juif au Canada, Ga'ava גאווה, et son partenaire, le Centre consultatif des relations juives et israéliennes (CIJA), ont appris ces derniers jours qu'ils seraient exclus du défilé de la Fierté 2025.
Fierté Montréal dit refuser la participation d'organisations aux propos haineux. Or, Ga'ava גאווה et le CIJA n'ont tenu aucun propos haineux. Leur seul positionnement est d'exprimer leur soutien à Israël, un État démocratique où les droits LGBTQ+sont protégés, célébrés, et inscrits dans la loi. Un pays où la communauté gaie peut vivre à visage découvert, se marier, adopter, faire la fête. Un pays où la Fierté attire chaque année des dizaines de milliers de personnes à Tel-Aviv, l'une des capitales LGBTQ+les plus reconnues au monde.
Le groupe LGB iranien IMRA, dissident publiquement reconnu de la République islamique, a lui aussi été exclu. Ces exclusions sont intervenues simultanément par coïncidence peu après que le premier ministre Carney a annoncé la prochaine reconnaissance de l'État palestinien.
Pendant ce temps, dans la bande de Gaza, sous contrôle du Hamas, les homosexuels palestiniens sont pourchassés, torturés, exécutés. Aucun drapeau arc-en-ciel n'y est toléré. Aucune « fierté » n'y est permise.
L'autrice-compositrice-interprète Safia Nolin a aussi jeté de l'huile sur le feu cette semaine en annonçant qu'elle boycotterait le spectacle ImmiX, présenté par Fierté Montréal, au motif qu'un groupe LGBTQ+ « sioniste » serait présent au défilé.
Le mot « sioniste » est devenu, pour certains, un code à peine voilé pour dire « juif ». Pour eux, le droit des Juifs à l'autodétermination est une hérésie politique. Et dans ce climat délétère, les Juifs queer ont perdu leur place dans des évènements qui se disent « inclusifs ».
Imagine-t-on un instant une artiste boycotter un évènement en raison de la présence de Palestiniens, d'Arabes ou de musulmans, au motif qu'ils seraient associés à des mouvements islamistes ? La tempête médiatique serait immédiate.
Ce n'est alors plus de la diversité, mais de l'exclusion ciblée. Et dans ce cas précis, nous jugeons que c'est de l'antisémitisme.
L'antisémitisme n'est pas une opinion. C'est un crime. Le Code criminel canadien est clair : inciter à la haine contre un groupe identifiable (article 319 malgré son exception religieuse) ou promouvoir le génocide (article 318) sont des infractions graves. Écarter une communauté en raison de son identité ethnique, religieuse ou nationale, même derrière des arguments politiques ou idéologiques, tombe directement sous le coup de la loi.
Ce qui est d'autant plus choquant, c'est que Fierté Montréal est financée par les gouvernements fédéral, provincial et municipal. L'argent public ne doit pas servir à financer une organisation qui pratique la discrimination, encore moins à l'égard d'une minorité historiquement persécutée.
Nous demandons aux élus de prendre leurs responsabilités et de suspendre le financement de Fierté Montréal tant que l'organisation n'aura pas présenté des excuses publiques et réintégré Ga'ava et IMRA dans ses activités.
L'inclusion ne doit pas être à géométrie variable. Si la Fierté ne peut pas inclure les Juifs, alors elle porte bien mal son nom.
* Signataires : Romain Gagnon, Mandana Javan, Gerald Batist, Reza Azarpoor, Evelyne Abitbol, David Rand, Karine Toledano, Renée Benhaim, Marie-Claude Girard, Louise Mailloux, Andréa Richard, Francois Doyon, Michel Belley, Aline Levi, Michael Kalin, François Dugré
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