
Malgré l'interdit récent, les naturistes tombent le slip à Yvonand
Phil est un habitué du naturisme sur la plage de la Petite Amérique, à Yvonand. Il en est devenu le gardien.
Florian Cella / Tamedia
En bref:
Sur la plage de la Petite Amérique à Yvonand, on pratique le naturisme depuis des décennies. Ce jeudi, Phil est parmi les premiers à se dévêtir pour prendre un bain de soleil intégral, avant de se rafraîchir dans les eaux en pente douce du lac de Neuchâtel. Un hors-la-loi en tenue d'Adam.
Car, depuis avril, la Municipalité proscrit le naturisme sur son territoire. La mesure vise cette «plage sauvage» de la réserve naturelle de la Grande Cariçaie, où la pratique a longtemps été tolérée. Deux minuscules écriteaux rappellent à l'ordre. Malgré tout, ils sont encore quelques dizaines à braver l'interdit. Endroit paradisiaque
«L'interdiction a été assez brutale. On est écœurés. On aurait voulu être entendus par la Commune», regrette Phil, 57 ans. Un échange de courriers a eu lieu a posteriori. «C'est notre plage. Un endroit paradisiaque sans vis-à-vis. Ici, on ne dérange personne. Alors on continue, mais sans faire de provoc.»
La Commune a fait ajouter deux minuscules écriteaux pour rappeler les usagers à l'ordre.
Florian Cella / Tamedia
Cet habitué du lieu, depuis plus de quinze ans, en est devenu le gardien. Il nettoie bénévolement le sable des déchets et dépôts végétaux, mais veille aussi à la sérénité de ce havre de paix qui se mérite. La Petite Amérique se situe à 1,5 km de la première place de parc, isolée par la forêt et les roseaux. Comportements problématiques
Pourquoi cette interdiction soudaine? La Municipalité d'Yvonand explique que des «comportements problématiques» ont été observés chez certains usagers. «Bien que de nombreux naturistes soient respectueux, certains se sont montrés hostiles envers les personnes en maillot de bain, allant jusqu'à les évincer, les injurier», écrit-elle. Le règlement de police proscrivait déjà «toute tenue contraire à la décence».
Des barrières délimitent la plage de la zone naturelle protégée.
Florian Cella / Tamedia
Un phénomène plus récurrent a pesé dans la balance: «Une partie de la plage a été utilisée pour des rencontres à caractère sexuel, ce qui est jugé inacceptable dans un lieu public, protégé et visité par des personnes venues tout simplement profiter de ce site exceptionnel.»
Phil l'admet: «Les «textiles» sont acceptés. Obliger quelqu'un à se mettre nu, c'est inadmissible. La réaction de la Municipalité est juste.» Il reconnaît que les ébats dans le sous-bois posaient problème. «Ici, ce n'est pas la baie des Cochons! Mais quand on intervenait, ils se foutaient de notre gueule.» Une clôture a été installée au printemps pour délimiter la zone protégée. Gendarme de Saint-Tropez
En juin, la plage a vécu des scènes dignes du «Gendarme de Saint-Tropez». La Commune a mandaté une entreprise de sécurité pour effectuer des passages aléatoires. Deux agents ont débarqué quatre fois, en week-end, pour faire respecter le règlement.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
«Je nageais nue quand j'ai entendu: «Les Securitas sont là!» Ça m'a fait penser au film. Tout le monde a remis un maillot, décrit Cathy, 59 ans, qui habite les Franches-Montagnes. C'est désagréable de se sentir surveillés tout l'après-midi. Il y a assez de plages pour les «textiles» autour du lac. Qu'on nous laisse celle-ci.»
Pascal* vient depuis vingt-sept ans, mais plus le week-end, de peur de recroiser des agents. «Quand je les ai vus, j'ai pleuré et je suis parti. Je pense qu'on vit les ultimes jours du naturisme en Suisse. C'est la dernière plage que je connais», confie le sexagénaire. La plage de la Poissine, à Grandson, a connu un sort identique en 2015. «Tant qu'on ne nous amende pas, je continue. On fait de la résistance. Sinon on changera de coin», envisage Geneviève, 72 ans. Bientôt des amendes?
La Muncipalité d'Yvonand n'exclut pas des verbalisations. «Si l'agent de sécurité nous signale des contrevenants refusant de se vêtir, ces derniers seront dénoncés et des ordonnances pénales seront émises», nous précise-t-elle. La fréquentation de la plage, qui pouvait atteindre 150 baigneurs, a baissé à une vingtaine.
Le type d'usagers devrait toutefois évoluer. En témoigne la visite curieuse d'une Tapa-Sabllia – le surnom des habitants d'Yvonand – qui n'avait pas remis les pieds là depuis vingt ans. «À l'époque, je m'étais fait jeter. Les maillots n'étaient pas les bienvenus. Aujourd'hui, je suis réconciliée. Je vais revenir. C'est magnifique ici», affirme la sexagénaire, qui souhaite cohabiter avec les naturistes. «Les amender, ce serait un peu rude…»
Plus sur le lac de Neuchâtel Newsletter
«La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail.
Autres newsletters Fabien Lapierre est journaliste à 24 heures depuis 2022. Basé à Yverdon-les Bains, il couvre principalement l'actualité du Nord vaudois, ainsi que de Neuchâtel. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2010, il a travaillé pour la télévision, derrière et devant la caméra, notamment à Canal Alpha. Plus d'infos @fabienlapierre
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
6 hours ago
- 24 Heures
Carte blanche à nos photographes: «Far West, ces communes sur la frontière»
Accueil | Culture | Arts & expos | Durant une année, carte blanche a été donnée aux photographes de «24 heures», de la «Tribune de Genève» et du «Matin Dimanche» pour raconter Vaud ou Genève autrement. Cinquième volet: «Far West, ces communes sur la frontière.» Laurent Guiraud Publié aujourd'hui à 20h59 «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Un village sur la frontière, Hermance. Un jour de 1er août. Laurent GUIRAUD Far West. «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Pile sur la frontière, entre les bornes. À Chancy. Le point le plus à l'ouest de la Suisse, avec sa borne numéro 1. Le point le plus occidental de la Suisse se trouve là, entre arbres et rochers, marqué par la légendaire borne numéro 1 datant de 1816, la première des 6638 bornes qui longent la frontière suisse. Laurent GUIRAUD En équilibre. «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Perly, la douane de Bardonnex. Laurent GUIRAUD Comme sur une poutre. «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Cara, sa douane. Son drapeau. Les deux bien usés. Laurent GUIRAUD Un pied parfois en France, un autre en Suisse. À Genève , la frontière s'étend sur plus de 100 km. Et c'est cette frontière qui se trouve le plus à l'ouest de la Suisse. Avec la commune de Chancy et sa fameuse borne No 1 située en plein milieu d'une nature luxuriante. «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Frontière à Troinex, entre Genève et Haute-Savoie. Laurent GUIRAUD Cette ligne est parfois visible grâce à certains indices. D'autre fois pas du tout. J'ai voulu montrer ces deux aspects dans cette errance photographique. Je me suis laissé aller, les yeux en l'air et curieux, me perdant dans cet horizon multinational. Sans attentes particulières. Parfois au milieu d'un champ recouvert de serres, sur le bord d'une route, ou entre deux bornes qui tissent un fil invisible entre ces deux pays. «Comme une errance. Far West, ces communes sur la frontière.» Sur la frontière… celle-ci maraîchère. Des serres à Troinex, quelques mètres avant la France. Laurent GUIRAUD Certains y travaillent, d'autres ne font que la traverser pour rejoindre leurs bureaux. Mais aussi nombreux sont ceux, comme moi, qui aiment s'y promener. La carte blanche «Comme une errance» Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
8 hours ago
- 24 Heures
Ce quotidien vaudois disparaît après 19 ans d'existence et 3981 éditions
Le dernier numéro du quotidien nord-vaudois est paru ce vendredi. Dix-neuf personnes perdent leur travail à la suite de l'explosion des coûts de distribution postale. Publié aujourd'hui à 18h59 «La Région» aurait fêté ses 20 ans au printemps prochain. Jean-Paul Guinnard – Archives En bref: S'il devait y avoir un miracle, il n'a pas encore eu lieu pour «La Région» . Ce vendredi matin, ses abonnés tenaient dans leurs mains l' ultime édition du quotidien nord-vaudois, fondé à Yverdon en mars 2006. Dix-neuf personnes sont dès aujourd'hui sur le carreau et les locaux de la rue du Lac se sont vidés en fin de matinée. Quelques heures plus tôt, «on sentait tristesse et inquiétude, mais le personnel est resté digne», commente Jean-Claude Vagnières. Et le président du conseil d'administration et actionnaire majoritaire de la société en situation de surendettement de reprendre: «On n'était pas là pour enterrer ce journal, ce temps viendra peut-être dans quelques semaines, mais pour se dire au revoir, même si on va se croiser encore régulièrement pendant la période de leur préavis.» Paroles sobres et mots forts Des paroles sobres, qui contrastent avec les mots forts, signés de sa plume, et imprimés en une de ce 3981e et dernier numéro. Une colonne dans laquelle il dit sa profonde gratitude à tous ses collaborateurs, remercie tous les partenaires du titre et ses lecteurs, mais «ne remercie ni La Poste, ni l'Office fédéral de la communication pour leur rigidité et leur manque de discernement». La coupe drastique dans l'aide indirecte à la presse accordée à «La Région», additionnée à une explosion de la facture annuelle de distribution du tous-ménages – de 160'000 francs à 520'000 francs –, a eu raison des finances du quotidien. La Poste est en situation de monopole dans le Nord vaudois. Augmentation de charges «Notre seul problème, c'est la distribution de ce tous-ménages. On ne peut pas s'en sortir avec une augmentation de charges de 350'000 francs. Mais on ne peut pas renoncer à cette édition hebdomadaire gratuite, vu ce qu'elle nous rapporte financièrement», expose Isidore Raposo, membre du conseil d'administration et fondateur du journal. Quoi qu'il en soit, une seule personne se rendra à la rédaction à partir de lundi pour réceptionner le courrier et répondre au téléphone. En coulisses, on étudie encore des pistes, gardées secrètes, histoire de ne pas susciter trop d'espoirs. Un nouveau système de distribution? Confrontée à la même situation, la société éditrice des journaux gratuits «Lausanne Cités» et «GHI» a décidé de lancer en janvier son propre service de distribution. Une solution à laquelle le quotidien «La Côte» a vite souscrit, puisque basé dans le rayon d'action de cette nouvelle entité, contrairement à «La Région». Il n'en demeure pas moins que l'apparition, appelée de ses vœux par Jean-Claude Vagnières, d'un successeur au journal yverdonnois passe peut-être par là. Au sujet de «La Région» Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Frédéric Ravussin est journaliste à 24 heures depuis 2005 pour qui il couvre l'actualité régionale du Nord vaudois. Au-delà de ces frontières géographiques, il a un intérêt marqué pour les sujets touchant au monde des animaux (les oiseaux en particulier) et au domaine du sport. Plus d'infos @fredravussin Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
8 hours ago
- 24 Heures
Pourquoi l'EPFL poursuit certains de ses étudiants
L'école polytechnique a lancé des procédures disciplinaires suite à un incident survenu lors de la fête Vivapoly. Publié aujourd'hui à 18h34 Les slogans ont visé l'association d'étudiants israéliens Shalom, sur le campus. Chantal Dervey / Tamedia Depuis début juillet, des étudiants de l'EPFL font l'objet de procédures disciplinaires, soupçonnés d'avoir scandé des «slogans antisionistes haineux» devant le stand de l'association d'étudiants israéliens Shalom. C'était le 22 mai, durant la fête annuelle Vivapoly. Il s'agit de manquements non-académiques, comme définis par l'ordonnance de l'EPFL sur les mesures disciplinaires (article 3). Les sanctions vont du blâme à l'exclusion définitive. Le service de communication de l'EPFL précise que «lorsqu'un manquement disciplinaire est signalé juste avant ou pendant une session d'examens, l'ouverture formelle de la procédure est différée jusqu'à la fin des examens de l'étudiant concerné. Cette mesure vise à éviter toute perturbation dans la préparation et le déroulement des épreuves pour les étudiants en question.» Par ailleurs, l'EPFL avait procédé à une dénonciation pénale, pour incitation à la haine. Davantage sur l'EPFL Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Fabien Lapierre est journaliste à 24 heures depuis 2022. Basé à Yverdon-les Bains, il couvre principalement l'actualité du Nord vaudois, ainsi que de Neuchâtel. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2010, il a travaillé pour la télévision, derrière et devant la caméra, notamment à Canal Alpha. Plus d'infos @fabienlapierre Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.