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Réunion Trump-Poutine en Alaska : comment leur dernier tête-à-tête en 2018 avait viré au fiasco

Réunion Trump-Poutine en Alaska : comment leur dernier tête-à-tête en 2018 avait viré au fiasco

INTERNATIONAL - Leur sommet est autant attendu que craint, notamment en Europe. Donald Trump reçoit Vladimir Poutine ce vendredi 15 août dans l'Alaska pour discuter d'une possible paix en Ukraine, en l'absence de Volodymyr Zelensky, exclu. La position du président américain paraît bien dure à sonder, entre menaces de sanctions contre Moscou un jour, et coups de pression sur Kiev pour accepter un morcellement de son territoire le lendemain.
Si personne ne peut encore prédire l'avenir, il est néanmoins possible de se replonger dans le passé afin de comprendre la dynamique des relations entre les deux chefs d'État. Et plus particulièrement sept ans en arrière, lors de l'unique sommet bilatéral jusqu'ici organisé entre Donald Trump et Vladimir Poutine, à Helsinki en Finlande, le 16 juillet 2018.
Le contexte était alors bien différent d'aujourd'hui. La Russie n'avait pas encore lancé l'invasion de l'Ukraine, et malgré l'annexion de la Crimée quatre ans plus tôt, les relations n'étaient pas à ce point dégradées entre Moscou et l'Occident. Mais un sujet était alors au cœur des discussions aux États-Unis : les accusations d'ingérence russe dans l'élection présidentielle américaine de 2016, et la possible collusion de Donald Trump avec les équipes de Moscou.
Le « caniche » de Poutine
Trois jours avant le sommet, le procureur général adjoint américain avait ainsi annoncé l'inculpation de 12 officiers des renseignements russes. Une date validée soigneusement par le président américain et ses équipes, afin d'espérer avoir un atout dans sa manche contre le président russe dans les discussions.
Mais à la surprise générale, à la sortie de leur réunion à huis clos (hormis les interprètes) de près de deux heures, c'est un Donald Trump particulièrement enjoué envers la Russie qui arrive à la conférence de presse. « J'ai le président Poutine qui vient de dire que ce n'était pas la Russie. Je dirai ceci : je ne vois pas pourquoi cela le serait (...) Les dénégations du président Poutine ont été très fortes, et très puissantes », lance-t-il, sous le regard médusé de l'auditoire.
Un désaveu en direct de Donald Trump des rapports de ses propres services de renseignement, simplement pour la parole donnée de Vladimir Poutine : cette déclaration provoque aussitôt un tollé dans la classe politique américaine, y compris dans le camp républicain. Fiona Hill, la conseillère principale de Donald Trump sur le Kremlin, se rappelle assister à un « spectacle d'humiliation », comme elle le raconte dans le documentaire Trump : l'homme de Moscou à la Maison Blanche ?, diffusé en juillet dernier par la chaîne américaine Channel 4. « Je me suis demandé : comment je peux arrêter ça ? Je pourrais simuler une crise cardiaque. J'ai commencé à regarder la salle : est-ce que je peux enclencher l'alarme incendie ? », raconte l'ancienne conseillère.
L'excuse du lapsus
John McCain, candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008 et sénateur très critique de Donald Trump, affirme alors de son côté qu' « aucun président américain ne s'était aplati de manière aussi abjecte devant un tyran », tandis que le surnom de « caniche » de Poutine est également attribué au président américain.
Ces propos posent un tel souci qu'à son retour à la Maison Blanche, le président américain tient une réunion de crise, puis est obligé de prendre la parole pour revenir sur ses propos. Une intervention qui semble presque forcée où Donald Trump, qui lit ses fiches mécaniquement, plaide le lapsus.
« Dans une phrase très importante de mon discours, j'ai utilisé le verbe 'serait' au lieu de 'ne serait pas'. La phrase aurait dû être : 'je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas la Russie qui s'est ingérée dans les élections' », avait ainsi assuré Donald Trump. Avant de déclarer : « j'ai toute confiance et je soutiens totalement les agences de renseignement américaines. J'accepte les conclusions des agences américaines de renseignement sur l'intrusion russe dans l'élection de 2016 ».
Un an plus tard, en 2019, l'enquête du procureur spécial Robert Mueller confirmera que l' « État russe s'est immiscé dans l'élection présidentielle de 2016 d'une façon systématique », mais sans avoir assez de preuves pour établir une « collusion » entre Moscou et les équipes de Donald Trump.
Les craintes d'un scénario similaire en 2025
Si les discussions de l'époque étaient évidemment éminemment importantes, car relatives à la sécurité de la démocratie américaine, la réunion de ce vendredi 15 août touche peut-être à encore plus crucial : la souveraineté d'un État tiers, l'Ukraine.
Or, beaucoup d'experts craignent justement que cet exercice de tête-à-tête suive le même destin qu'en 2018, à Helsinki : un Vladimir Poutine retournant l'opinion de Donald Trump. D'autant plus que la porte-parole de la Maison Blanche elle-même, Karoline Leavitt, l'a assuré mardi : cette rencontre doit être un « exercice d'écoute » pour le président américain, durant lequel il sonderait la position russe.
Pour le dirigeant russe, l'ambition pourrait être de « conclure un accord avec Trump qui sera présenté à Kiev et aux autres capitales européennes comme un fait accompli », anticipe John Herbst, directeur du Centre Eurasie de l'Atlantic Council et ancien ambassadeur en Ukraine. Avec l'idée de pousser notamment pour des annexions définitives de territoires ukrainiens occupés, ce que Volodymyr Zelensky refuse catégoriquement.
Un élément peut néanmoins possiblement s'avérer rassurant : la capacité de Donald Trump à annoncer des choses qui ne voient ensuite jamais le jour. En 2018, toujours au sommet d'Helsinki, le président américain avait ainsi assuré avoir conclu un accord avec Vladimir Poutine pour que les enquêteurs américains puissent interroger les agents du renseignement russes accusés d'avoir influencé l'élection présidentielle... en échange que la Russie puisse faire de même avec des agents américains. « Bien sûr, cela n'a abouti à rien. Trump n'avait pas bien compris ce que Poutine lui avait dit. [...] En d'autres termes, ce n'est pas parce qu'il y a une réunion que cela va nécessairement déboucher sur quelque chose », rappelle Fiona Hill.
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