
Avant le départ du Tour de France femmes, Marion Rousse nous explique comment le cyclisme a changé en dix ans
Pour nous parler de ce Tour de France féminin, Le HuffPost s'est tourné vers une observatrice de choix en la personne de Marion Rousse, directrice de la course depuis sa création en 2022. Avec sa carrière sportive de cycliste qui a pris fin en 2015, celle-ci a pu constater l'évolution - dans la bonne direction - prise par le cyclisme féminin, qui ne cesse de se professionnaliser.
• L'évolution du Tour de France féminin en quatre ans
Cette année, la course gagne un jour passant de huit à neuf. Cela en fait logiquement l'édition la plus longue, avec 1165 kilomètres et plus de 17 000 mètres de dénivelé positif notamment au cours de deux étapes de haute montagne.
« Lors de la première édition, on s'est imposé aux gens et les gens nous ont adoptés. Ça a été un gros défi, mais maintenant on évolue, on ne se ferme pas de portes », explique Marion Rousse, alors que la course est désormais retransmise dans 190 pays, tandis que France Télévisions retransmettra 2h50 en direct sur chaque étape. L'ancienne cycliste met aussi en avant « les mêmes ingrédients qui marchent chez les hommes »: les « routes fermées des deux côtés », une caravane publicitaire conséquente avec « plus de 50 véhicules »...
« Notre priorité, c'était de pérenniser l'épreuve et d'évoluer au même rythme que le cyclisme féminin. Il ne faut pas aller trop vite non plus vite », tempère toutefois Marion Rousse.
• L'évolution sportive du peloton
Si le peloton, avec ses 154 cyclistes réparties dans 22 équipes, reste plus ou moins le même depuis les débuts du Tour (144 en 2022 et 2023, puis 154 en 2024), son « niveau global a évolué, c'est beaucoup plus homogène », note Marion Rousse. « Sur la première édition, il y avait des amatrices avec des professionnelles, donc forcément, les écarts de niveaux étaient plus importants. Maintenant, ça se resserre », complète-t-elle.
Cette année, il faut aussi ajouter une « star » au peloton, Pauline Ferrand-Prévot. Celle qui a décroché l'or olympique l'été dernier en VTT avait besoin de se donner un nouveau challenge, revenant ainsi à ses premières amours, la route, elle qui avait notamment été championne du monde en 2014. « On attend un successeur à Bernard Hinault depuis tellement d'années (chez les hommes) qu'il faudra finalement peut-être plus se tourner vers le peloton féminin pour trouver la future maillot jaune » à l'arrivée, veut croire Marion Rousse, même si elle place la Néerlandaise Demi Vollering (vainqueure en 2023, deuxième l'année dernière derrière Katarzyna Niewiadoma) en « grandissime favorite ».
• De l'anonymat à la professionnalisation
Retraitée sportive il y a dix ans maintenant, elle qui avait notamment été championne de France en 2012, Marion Rousse a connu le cyclisme « d'avant », qui n'a plus grand-chose à voir avec celui du XXIe siècle. « Nous n'étions pas payées, on courait dans l'anonymat le plus complet puisque la télé n'était pas là et la presse écrite ne parlait pas de nous non plus. On dormait dans des lycées, des casernes, on était à la cantine le midi », se souvient-elle à propos de la plupart de ses courses. « C'était vraiment très amateur, il n'y avait pas d'argent, pas de sponsors, et parfois on avait l'impression de ne pas avoir de statut social. »
• Un avenir qui s'annonce radieux
Comme elle l'explique au HuffPost, il y a clairement eu « un avant et un après avec la création du Tour de France » en 2022. Sa directrice actuelle met notamment en avant le « salaire minimum annuel qui a été instauré pour le WorldTour », qui était de 35 000 euros en moyenne l'année dernière (contre environ 60 000 euros chez les hommes). Alors qu'elle sort tout juste de trois semaines de commentaire et d'analyses sur le Tour masculin pour France Télévisions, elle pointe toutefois des améliorations encore possibles, rappelant par exemple que chez les staffs des équipes masculines, « on a 30 personnes rémunérées », contre seulement « 10-11 » dans les équipes féminines.
Mais globalement, Marion Rousse se félicite de « l'avenir (qui) s'annonce radieux » autour du cyclisme féminin et du Tour de France, « le sommet de la pyramide ». « On voit que les gens s'y intéressent, au niveau des audiences ça fonctionne bien. Les gens reconnaissent les championnes, les petites filles peuvent s'identifier à elles », se réjouit-elle. « On ne se fixe pas de limites », conclut-elle avec enthousiasme.
Un signe d'émancipation et de maturité ne trompe pas : pour la cinquième édition en 2026, le grand départ sera donné le 1er août, soit cinq jours après la fin du Tour chez les hommes. Ce sera donc la première fois que l'épreuve féminine se dissocie complètement de celle masculine, sans chevauchement qui lui permettait de prendre un peu de lumière.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


L'Équipe
34 minutes ago
- L'Équipe
Les médaillés oubliés de Paris 2024 - Camille Jedrzejewski : « Le retour à la vie normale a été compliqué »
La pistolière Camille Jedrzejewski, médaillée d'argent à 25 m, recevait encore des félicitations en cascade plusieurs mois après les JO. Une surprise pour la championne d'un sport peu habitué à cette reconnaissance. C'est une histoire de chaud-froid. Presque de bouillant-glacial. Le bouillant, c'était la ferveur, un public jamais vu en France pour le tir, à Châteauroux il y a un an. Pour Camille Jedrzejewski, 23 ans, il y eut donc la médaille d'argent en pistolet 25 m, puis Paris, le Parc des champions, le Club France, des rencontres avec ses idoles, et ce double statut, troublant, de médaillée olympique et de groupie. L'euphorie. Et le coup de froid, quand l'orgie de félicitations, sollicitations médiatiques et des partenaires vint à se raréfier. Quand son plus gros sponsor, Decathlon, après quelques années de soutien sur le chemin des Jeux, se retira. « J'ai vu Camille en pleurs devant d'autres champions, raconte Walter Lapeyre, son entraîneur, évoquant les quelques jours parisiens qui ont succédé à son séjour castelroussin. Il y avait Marie-José Pérec, Renaud Lavillenie, qu'elle admire et qui lui disaient que ce qu'elle avait fait était fantastique. Ils la tutoyaient, elle avait l'impression que les rôles étaient inversés. » Deux mois ainsi, les yeux ronds, à rencontrer des gens qui paraissaient la connaître depuis toujours, à être appelée par son prénom par la ministre des Sports, échanger avec Djokovic et comparer leurs médailles. « Décembre a été dur mentalement. J'ai repris l'entraînement, je suis tombée malade et j'étudiais » Camille Jedrzejewski Le tout sans trop toucher au pistolet, sachant que l'après-Paris 2024 était tourné vers ses études de kinésithérapie, délaissées le temps de la prépa olympique. « À l'automne, le retour à la vie normale a été compliqué, avec aussi ces désillusions niveau sponsor, ajoute Lapeyre. C'était''je me retrouve dans mon appart et je révise''. Mais je crois qu'elle avait besoin de ça, de ses études pour combler le vide. » Mission accomplie, deuxième année validée, « mais c'est vrai, confie Jedrzejewski, que décembre a été dur mentalement. J'ai repris l'entraînement, je suis tombée malade et j'étudiais. Le souvenir des Jeux a commencé à devenir plus lointain en janvier, en reprenant la compétition. Et là, hop, des athlètes que je n'avais pas vues depuis longtemps m'ont encore félicitée. Alors, là, j'ai dit''Eh les gars, faut arrêter, c'était il y a six mois !'' » Camille Jedrzejewski, une tireuse argentée et fan des Jeux Mais on ne se refait pas, elle n'avait pas abdiqué ses ambitions, malgré un entraînement technique et physique allégé. Des Championnats d'Europe de pistolet 10 m en mars (6e), une Coupe du monde à Munich (2e à 10 m) et des Championnats d'Europe en juillet à Châteauroux, où elle a moins brillé, à 25 m, qu'un an auparavant (11e). Avec, à la fin, des yeux très humides assez raccords avec ce mélange d'ambition et d'émotions qui la caractérise. Mais surtout une nouvelle cible : les Mondiaux au Caire, en novembre.

L'Équipe
an hour ago
- L'Équipe
À Nantes, l'enjeu du jeu avec plus de jeunes et moins de moyens
Après une saison anxiogène, Nantes ouvre un nouveau chapitre avec Luis Castro à sa tête et l'espoir de renouer avec le jeu. Mais son budget est drastiquement revu à la baisse. C'est sympa, l'été à Nantes. Le Voyage, une déambulation culturelle surprenante, s'invite en ville et le musée d'arts accueille l'expo « Electric Op », qui propose des oeuvres de Vasarely. Les spectateurs sont quand même avertis pendant la visite : des effets visuels peuvent affecter certaines personnes sujettes aux vertiges. Le conseil ne serait peut-être pas de trop, non plus, pour les supporters nantais car leur FCN est un spécimen difficile à identifier en cette période agitée. D'un côté, il pourrait presque séduire. Luis Castro, entraîneur qui a épaté à Dunkerque (L2), a succédé à Antoine Kombouaré pour tenter de raviver un semblant de jeu à la Beaujoire. Et après quelques semaines seulement, ce que le Portugais souhaite mettre en place dans ses animations est déjà perceptible, avec plus de tenue du ballon, quitte à mettre à contribution le gardien dans le jeu au pied. Un but a même été inscrit contre Rennes après une minute de possession, en amical (2-3, le 26 juillet). Les premiers pas de Castro On observe aussi plus de risques pour récupérer le ballon, avec l'envie de défendre haut, parfois jusqu'à la médiane, en travaillant les hors-jeu et en laissant des espaces dans le dos. À cela, il faut ajouter une politique consistant à travailler avec les jeunes. « Beaucoup de bonnes surprises », en a dit Castro. Une douzaine a été lancée en cette pré-saison, comme Tylel Tati ou Bahmed Deuff, et au moins quatre prétendent au 11, avec Louis Leroux et Dehmaine Tabibou en étendard. Ce n'est pas pour déplaire au centre de formation, lequel voit les fruits de son travail trouver une continuité. Et cela n'a évidemment rien d'anodin à Nantes, car c'est ce que le public local, qui avait fini par exprimer sa lassitude au mois de mai, réclame : l'alliage jeunes et jeu. Le défi de la succession des cadres La légère ombre au tableau est que les Canaris disposent de moyens drastiquement en baisse. Leur budget passe de 80 à 50 M€ et, comme beaucoup de clubs français privés de droits télé, le FCN a été contraint de vendre. Beaucoup. Par besoin de renouvellement ou nécessité, il a déjà cédé ses actifs pour plus de 40 M€, un record. Nathan Zézé, formé au club, a par exemple été acheté 20 M€ par Neom, un montant jusque-là jamais atteint par les Canaris, et il n'est pas impossible que Matthis Abline, meilleur buteur du FCN lors du précédent exercice (11 buts toutes compétitions confondues), soit à son tour attaqué d'ici à la fin du mercato. L'octuple champion de France parvient ainsi à souffler économiquement et à flirter avec l'équilibre, ce qui est déjà une petite victoire en cette période d'austérité, mais son vestiaire est donc amputé de plusieurs cadres. Si certains paraissaient essoufflés, leur succéder s'apparentera parfois un défi, à l'image de la place d'ailier laissée par Moses Simon (parti au Paris FC), prépondérant pour arracher le maintien la saison écoulée. Pour le moment, Nantes s'est lancé dans un marché d'opportunités, à bas coût, sans doute intelligent, mais parfois dénué de références en Ligue 1, ce qui n'offre pas beaucoup de garanties et peut, cette fois, instiller le doute chez les amoureux du FCN. À peine arrivé, le Serbe Uros Radakovic est, par exemple, déjà invité à partir... « Le terrain va parler », promet-on de concorde à la Jonelière. Pour une heureuse surprise ou un trompe-l'oeil ? De la capacité à se montrer patient avec Castro et les jeunes joueurs dépendra possiblement la qualité du millésime 2025-2026. Les fans, eux, n'ont pas baissé les bras. Malgré les derniers exercices éprouvants, ils seront encore plus de 13 000 abonnés.


L'Équipe
6 hours ago
- L'Équipe
« On est tombés sur plus fort que nous » : la réaction de Melvin Bard après la défaite de Nice face au Benfica
L'OGC Nice s'est incliné 0-2 face au Benfica Lisbonne mercredi soir au 3e tour préliminaire aller de la Ligue des champions. Melvin Bard revient sur cette défaite qui met les Niçois en mauvaise posture. « Il faut toujours y croire, ça va être dur mais il faut y croire, sinon autant ne pas y aller. » Melvin Bard se montre fataliste suite à la défaite de l'OGC Nice face au Benfica 0-2 mercredi soir au 3e tour préliminaire de la Ligue des champions. L'arrière gauche sait parfaitement que son équipe doit l'emporter mardi prochain à l'Estadio da Luz si elle souhaite rejoindre les barrages de C1. « Aujourd'hui, on est tombés sur plus fort que nous. On va aller là-bas avec des ambitions. On veut faire quelque chose, affirme le Français de 24 ans. Les blessés ? On va voir, on va faire avec, c'est comme ça, ça fait partie de la vie. La différence sur ce match ? Ils mettent beaucoup de mouvements, ils courent beaucoup, donc c'est très dur, mais c'est comme ça, c'est le foot. On doit élever aussi notre niveau de jeu, donc on va essayer de l'élever et essayer de faire quelque chose là-bas. »