
«Je n'ai jamais voulu me limiter au marché local» : le Clos Sainte-Magdeleine, le domaine le plus international de Cassis
Pour cette nouvelle série d'été, Le Figaro vous emmène à Cassis, appellation viticole située autour du village éponyme, dans un décor de calanques et d'eau turquoise.
Perché à flanc de falaises, à l'endroit précis où de volumineuses strates de calcaire plongent dans le creux des calanques, le Clos Sainte-Magdeleine fait partie de ces lieux dont la beauté paraît presque insoutenable. Avec dix hectares de vignes d'un seul tenant qui, en contrées bourguignonnes, l'élèveraient au rang de monopole, le domaine occupe aujourd'hui un statut à part, avec une réputation internationale qui aura contribué à faire rayonner l'appellation hors de ses frontières.
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Clos Sainte-Magdeleine : l'appel du large
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Silhouette longiligne, élégance d'acteur américain, Jonathan Sack-Zafiropulo poursuit, avec dévotion, l'histoire d'une propriété familiale entamée il y a plus d'un siècle. C'est son arrière-grand-père, sujet ottoman d'origine grecque, négociant à Marseille et à Trieste, qui eut vent de la vente du clos fin 1920. Homme de goût sensible aux modes de l'époque, il s'offre les services d'un architecte chargé de transformer le bâtiment principal en superbe demeure oscillant entre Bauhaus et Art déco, aux murs jaunes percés de volets azuréens, ourlés d'un fin liseré blanc. La maison saisie par les Allemands durant l'Occupation, la famille y reprend ses quartiers au sortir de la Seconde Guerre mondiale. «J'ai eu l'immense chance de grandir ici, et d'y vivre encore aujourd'hui», s'émeut le vigneron. Sur ces parcelles délicatement découpées en terrasses, marsanne, ugni blanc, clairette et bourboulenc tiennent le haut du pavé, produisant des vins blancs d'une grâce inégalée. S'ils restent les ambassadeurs du Clos, c'est le rosé qui intrigue aujourd'hui, plus aérien que son lointain cousin de Bandol, moins standardisé que ceux des Côtes-de-Provence, au fruit comme enveloppé d'une fine couche de sel.
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Exporté dès les années 1980, le vin du domaine s'est imposé aux États-Unis grâce à Kermit Lynch, l'un des plus illustres importateurs américains de l'époque, qui aura tôt fait d'en mesurer le potentiel, avant de conquérir le Royaume-Uni et le Japon. Une stratégie internationale assumée, qui tranche avec la majorité des domaines locaux, encore peu tournés vers le large. «Je n'ai jamais voulu me limiter au marché local, bien que nous restions sur de petits volumes. Cassis produit de grands vins de garde, tout aussi nobles que ceux de la vallée du Rhône », insiste Jonathan Sack, toujours d'un calme de séraphin. C'est effectivement la douce réminiscence d'un châteauneuf-du-pape que l'on sent poindre dans cet assemblage de grenache, de mourvèdre et de cinsault 2023, qui signe le retour discret des rouges dans les caves du domaine. «Je dois à mon ancrage familial de pouvoir disposer de précieuses archives sur ce qu'il convient d'abandonner, de maintenir et d'expérimenter, reconnaît-il en glissant sur la table d'émouvantes scènes de premières vendanges, immortalisées sur des rectangles sépia. Lorsque je regarde en arrière, je réalise avoir 48 ans… Mais aussi 102 ans.»
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