
Égypte ancienne : l'ADN complet d'un homme de 5 000 ans révèle des liens avec la Mésopotamie
datant de cinq millénaires,
trouvé à l'intérieur d'une tombe creusée dans la roche à 265 km au sud du Caire (Égypte), des chercheurs ont extrait de l'ADN et sont parvenus à séquencer le plus vieux génome complet d'un Égyptien
de l'époque des pyramides.
Un homme, âgé de 60 ans à sa mort, dont les gènes ont révélé une surprise : 20 % de son ADN provenait de la région du Croissant fertile, située à 1 500 km de là.
Jusqu'ici, les archéologues avaient bien des preuves de l'existence d'échanges entre
la terre des pharaons
et la civilisation mésopotamienne, mais jamais ils n'avaient été constatés dans de l'ADN ancien. L'utilisation par les Égyptiens du lapis-lazuli suggérait une importation depuis l'Orient, cette pierre semi-précieuse d'un bleu captivant n'existant pas à l'état naturel dans cette région de l'Afrique.
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Armées : Thierry Burkhard, un chef d'état-major sur le départ ?
Du changement au sommet des armées ? Selon nos informations, le départ du chef d'état-major des armées (CEMA), le général Thierry Burkhard , pourrait bien être acté lors du Conseil des ministres ce mercredi 23 juillet dans la matinée. Le « secret-défense » entourait encore ce mardi soir cette décision, qui appartient au seul chef de l'État. Emmanuel Macron , qui estime beaucoup et est proche de ce Saint-Cyrien, fantassin d'origine, passé par nombre de postes opérationnels et théâtres extérieurs, aurait souhaité, selon certaines sources, le garder auprès de lui, dans un contexte international où la défense joue un rôle de premier plan. Mais ce « cinq étoiles », qui fêtera ses 61 ans à la fin du mois et occupe son poste depuis juillet 2021, a déjà été prolongé (compte tenu des limites d'âge dans le grade propres à l'armée) il y a un an, et a connu un mandat particulièrement chargé, entre guerres en Ukraine et au Moyen-Orient , retraits successifs en Afrique, effort de réarmement du pays… Plutôt que de « rempiler », lui-même aurait plaidé pour un changement, afin d'avoir un nouveau CEMA bien installé au moment où interviendra le changement de locataire… à l'Élysée, en 2027. Pour lui succéder, deux noms reviennent comme favoris : d'abord celui du général Fabien Mandon, un aviateur, actuel chef d'état-major particulier de la Présidence. Et celui du général Vincent Giraud, major général des armées et ancien chef du cabinet militaire de Sébastien Lecornu, ministre des Armées .


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« Notre Championnat est fatigué, les stades vides et les joueurs mauvais » : la crise du football au Caire
Malgré ses clubs centenaires, Al-Ahly et Zamalek, ou le nouveau riche Pyramids FC, vainqueur de la Ligue des champions, le football cairote a bien du mal à se relever des violences et de la répression qui a suivi le printemps arabe. « Le ramadan en Égypte, c'est quelque chose d'unique. » À force d'être entendu chaque année ad nauseam pendant le mois saint, on aurait tendance à oublier la véracité de ce refrain aussi entêtant qu'ultra-populaire du chanteur émirati Hussain Al Jassmi sorti en 2021. Au Caire, le ramadan est plus qu'une fête religieuse. C'est une atmosphère qui imprègne chaque recoin de la plus grande ville du monde arabe, à très large majorité musulmane. Rues et balcons se parent de guirlandes, de décorations colorées et autres lanternes traditionnelles, les fawanis. L'état d'esprit général mêle spiritualité et retrouvailles familiales ou entre voisins. Et pendant vingt-neuf jours d'abstinence, le rythme de vie est décalé. La journée, chacun accomplit religieusement son labeur quotidien les yeux embués. Ce n'est que passé le coucher du soleil que l'effervescence naturelle de la capitale égyptienne revient au galop, puissance dix, jusqu'à l'aube. Aussi, pour être certain de rencontrer des supporters de Zamalek en ce frais mercredi soir de mars, j'ai veillé à laisser passer l'iftar, le repas quotidien de rupture du jeûne, autour de 18 heures cette année, puis une bonne heure de digestion, avant de me rendre au café Aldakar. Le petit établissement populaire, dont les tables en plastique s'étalent à même la rue, est l'un des milliers de débits de boissons (non alcoolisée, ramadan ou non) qui abreuvent la mégapole de plus de 20 millions d'habitants. Celui-là a l'avantage d'être sis dans un pâté de maisons pittoresque, Al Houthia, dernières ruelles arborées et à hauteur d'homme du quartier d'Agouza où, comme dans 90 % de la ville, les blocs d'immeubles en béton de quinze étages au moins sont la norme. Grande comme dix fois Paris, Le Caire grapille les airs et le désert pour absorber sa démographie galopante. Al-Ahly, le géant populaire Omar Mohsen et ses potes lancent sans conviction leurs dés sur un plateau de tawla (appellation locale du backgammon) en attendant le coup d'envoi, lui aussi reprogrammé en soirée (21 h 30), du match de Coupe de la Ligue opposant Zamalek à El Gouna FC. Le banquier de 32 ans à la barbe hirsute est un habitué des lieux autant qu'un « Zamalkawy de père en fils ». L'inverse de ses camarades du soir, trois supporters d'Al-Ahly, l'autre institution de la ville, visiblement venus plus pour chambrer leur copain que par solidarité sportive. La petite assemblée est un miroir miniature de ce que sont le foot cairote aujourd'hui et le ballon rond égyptien dans son ensemble : une rivalité plus que centenaire entre les Rouge et Blanc d'Al-Ahly et les Blanc et Rouge de Zamalek. Les premiers, nés en 1907 et au palmarès long comme le Nil (45 Championnats et 39 Coupes d'Égypte), s'attirent les faveurs de huit Égyptiens sur dix. Le neuvième supporte les seconds, nés quatre ans plus tard et à l'armoire à trophées moins remplie (quand même 14 Championnats et 29 Coupes). Toutes les autres écuries se partagent les miettes. L'adversaire du soir appartient à cette dernière catégorie. « El Gouna a à peine vingt ans, ce n'est pas un club de ferveur mais un club d'investissement », tacle Omar. À parcourir la courte histoire de cette station balnéaire pour ultra-riches égyptiens construite sur les bords de la mer Rouge dans les années 1990, on aurait du mal à lui donner tort. « Ce n'est pas compliqué, il n'y a que cinq équipes qui ont des fans dans le pays : Zamalek et Al-Ahly au Caire, Al-Masry à Port-Saïd, l'Ismaily à Ismaïlia et Ghazl El-Mahalla dans le delta », tranche notre homme sous l'approbation générale. Même le Pyramids FC, créé en 2008 par un oligarque saoudien, manque d'une fanbase crédible malgré une saison plus que réussie : vainqueur de la Ligue des champions africaine, vice-champion d'Égypte et finaliste de la Coupe. Zamalek et Girondins de Bordeaux L'opposition du soir peine à captiver les foules. Les commentaires couverts par le mixeur du patron, qui concocte des jus frais, et les bruyants pétards allumés çà et là dans la rue - un autre folklore du ramadan - n'aident pas. Le spectacle proposé non plus. Les vingt premières minutes sont une succession de cafouillages. Jusqu'au premier frisson, subitement éteint par un fou rire collectif provoqué par une glissade du milieu du Zamalek Nasser Maher dont les joueurs d'El Gouna ne réussissent même pas à tirer profit. Par indulgence, on aurait envie de mettre la triste prestation sur le compte de l'absence des internationaux, mobilisés par la trêve. Omar n'est pas de cet avis. « Notre Championnat est fatigué, les stades sont vides, les joueurs sont mauvais, c'était mieux avant », tranche à nouveau le bonhomme, sans soulever la moindre contradiction dans le café de plus en plus rempli. Score vierge à la mi-temps. Le groupe d'amis se lève comme un seul homme. L'un d'entre eux, un Ahlawy, profite de l'instant pour envoyer une pique qui lui trottait dans la tête depuis mon arrivée. « Zamalek, c'est terminé ! Ils vont finir comme les Girondins de Bordeaux ! », lâche le moustachu hilare en tirant sur sa chicha. Le scud passe complètement à côté d'Omar, déjà installé devant un match de volley-ball diffusé sur une télé branchée dans un garage adjacent. De chaque côté du filet, on retrouve les deux clubs cairotes rivaux. Les hommes de Zamalek sont menés deux sets à rien. Face à l'indifférence presque générale pour le sport roi, je salue la compagnie et m'éclipse. À défaut d'observer du beau jeu devant un écran, je décide de tenter ma chance au city stade du coin. Il est déjà 23 heures passées mais les joueurs amateurs commencent tout juste à fouler le gazon synthétique. L'arène est logée dans la cour d'une école maternelle. Sur le mur, une fresque colorée affiche le portrait de trois Pharaons. Mohamed Salah, évidemment, mais aussi Mohamed El-Shenawy, le portier de la sélection et d'Al-Ahly, et enfin Shikabala, vainqueur de la Coupe d'Afrique des nations 2010 et indéboulonnable numéro 10 du Zamalek. Ici, tout le monde a sa place. Une inscription à côté le confirme : « Non à la discrimination. » Jouer pour oublier la guerre au Soudan Pour compléter le tableau, le terrain est ceint d'une cage en métal rouillé qui donne aux matches des allures de règlement de comptes. Le gardien des lieux, aimable comme la porte de cette prison footballistique, s'empresse, à peine les deux équipes au complet, de venir récolter son dû, 250 livres (environ 4,30 euros) l'heure. Le six contre six du soir aligne deux effectifs 100 % soudanais. Des jeunes d'à peine 20 ans, comme Mohamed Taha, ravi d'avoir du public pour une fois. Le souriant garçon de 19 ans est arrivé dans le quartier avec sa famille en août 2024, fuyant le conflit qui ravage son pays. « Nous, comme tous les Arabes, on aime le foot, et pour nous, ça permet d'oublier la guerre », confie l'étudiant ingénieur, le regard sévère. Comme lui et ses frères de ballon, près d'un million et demi de Soudanais ont trouvé refuge chez le voisin égyptien depuis l'éclatement des combats le 15 avril 2023. « Cette guerre est oubliée, personne n'en parle, tout le monde s'en fout, lance Mohamed Taha, déconcertant de maturité. Ce n'est pas une guerre civile ! Les civils sont victimes des deux généraux qui s'affrontent, il faut le rappeler, il faut que les médias le disent ! » C'est désormais chose faite. Sur le terrain, ça joue avec des crampons usés et même pieds nus. L'un des joueurs n'a qu'une chaussure, enfilée sur son pied fort. Dans leur cage, les gars vont enchaîner passements de jambes et tacles assassins le sourire aux lèvres jusqu'au bout de la nuit puis débriefer le tout autour d'un foul (petit-déjeuner traditionnel) pour le sahur, le repas de l'aube avant d'enchaîner sur une nouvelle journée de jeûne. Je repense à Omar et m'enquiers du résultat des matches sur mon téléphone. Les footballeurs ont fait un piteux 1-1, les volleyeurs ont pris une bulle. Sale soirée pour le Zamalkawy. Le lendemain même heure, c'est au tour d'Al-Ahly de disputer son match de poules en Coupe de la Ligue. La rencontre oppose le monstre cairote au curieux club d'ENPPI, pour Engineering for the Petroleum & Process Industries, une compagnie pétrolière nationale. Autre originalité du Championnat égyptien : sur les dix-huit équipes de l'élite, six portent le nom d'une entreprise (banque, laboratoire pharmaceutique ou même fabricant de céramique) et deux autres arborent les blasons de l'appareil militaire (l'armée de terre pour El Geish et les garde-frontières pour Haras El-Hodood). La grande muette, aux manettes du pays depuis 2013, déploie ses tentacules partout, y compris dans le sport. Cela explique pourquoi le stade vers lequel je me dirige, pourtant joliment baptisé Al Salam («la paix » en arabe) est aussi parfois désigné sous le nom de « stade de la production militaire ». Personne, en revanche, ne réussira à m'expliquer pourquoi la confrontation ne se déroule pas au Stade international du Caire, écrin partagé par les deux grands rivaux. Le traumatisme de Port-Saïd Aux abords de l'enceinte, quinze minutes avant le coup d'envoi, un étrange silence règne. Une petite procession de supporters avance bercée par l'écho du tarawih, la sixième prière quotidienne d'usage pendant le mois saint, psalmodiée par le haut-parleur d'un minaret. À peine 300 spectateurs s'apprêtent à prendre place dans les tribunes de pourtant 30 000 sièges. La compétition, créée en 2021, a du mal à conquérir les coeurs. Surtout, toutes les rencontres nationales se jouent avec une jauge limitée depuis le massacre de Port-Saïd survenu le 1er février 2012. Ce jour-là, 72 fans d'Al-Ahly avaient trouvé la mort, dans un affrontement avec les ultras d'Al-Masry. Un drame d'une violence inouïe et aux contours encore flous. La date est plus qu'un traumatisme pour tous les mordus de ballon rond du pays : une plaie d'Égypte béante encore non refermée dans l'histoire du football national. Depuis, après plusieurs saisons à huis clos, seules 15 000 personnes au maximum sont autorisées à pénétrer dans les stades. L'identité et le passé de chacune d'entre sont scrutés au peigne fin via la plateforme unique d'achat des billets contrôlée par les services de renseignement. Seules les joutes de Ligue des champions africaine et de Coupe du monde des clubs font exception, pour se conformer aux exigences de la FIFA autant que pour garder la face à l'international. J'ai eu l'occasion de le constater le 25 mai 2024 lors de la finale retour de Ligue des champions entre Al-Ahly et l'Espérance de Tunis (1-0 ; 0-0 à l'aller). Les 40 °C de température extérieure semblaient glacés face à la fièvre qui s'était emparée d'un Stade International bourré à craquer. Les Rouge et Blanc avaient soulevé leur douzième trophée continental (record, loin devant Zamalek et le TP Mazembe, cinq) devant un public hystérique, faisant un peu plus honneur à leur surnom de « Real Madrid d'Afrique ». Ce soir-là, j'ai eu le privilège de goûter pendant quatre-vingt-dix minutes à ce qu'Omar voulait dire par « c'était mieux avant ». Marmoush, Salah et stades vides L'ambiance qui m'attend ce jeudi 20 mars est aux antipodes de cette victoire historique. Quelques dizaines de supporters s'égosillent sans arriver à couvrir le bruit des avions de l'aéroport international du Caire situé deux kilomètres plus loin à vol d'oiseau. Avachi sur un siège coque à l'écart, Abdallah, 24 ans, les regarde de haut. « Ce n'est pas digne de l'histoire de notre club, on vaut mieux que ça », veut croire le natif du quartier. Même son « petit frère de coeur », assis à ses pieds, n'y croit plus. « On vient parce qu'on aime Al-Ahly et parce que ça passe le temps, mais, en vérité, on s'ennuie », confesse Abdulrahman, 15 ans. Le gamin à l'oeil balafré joue comme numéro 9 dans une académie sportive toute proche baptisée Castle. Sur son téléphone, il me montre des vidéos de ses meilleures actions. Vif et technique, Abdulrahman dribble et enchaîne les buts en 240p. « T'as vu, il est énorme ! » s'enthousiasme Abdallah en vrai grand frère. « Malheureusement, en Égypte, si tu veux réussir, il te faut du piston ou de l'argent et le mieux c'est d'avoir les deux en même temps », relativise-t-il aussitôt. Aujourd'hui, percer au pays des Pharaons sans avoir foulé les pelouses des meilleurs clubs ou fréquenté les plus prestigieuses académies est presque devenu mission impossible. La nouvelle star du pays, Omar Marmoush (Manchester City), en est l'exemple type. Le binational (il est également canadien) a grandi dans les beaux quartiers du sud du Caire, étudié dans un lycée privé hors de prix et fait ses classes au Wadi Degla, un club retombé un temps en D2 (2021-2025) mais au centre de formation connu dans tout le monde arabe. On est loin de la success-story de son illustre capitaine en sélection, Mohamed Salah. L'épopée qui a conduit le gosse de Nagrig, un modeste village rural du delta du Nil, jusqu'au sommet de l'Europe avec Liverpool, avait fait rêver des millions d'Égyptiens. C'était il y a six ans. Une petite éternité pour un amateur de foot, même dans un pays à l'histoire plurimillénaire. Ultras réprimés Pour m'aider à comprendre comment le foot égyptien en est arrivé là, K. m'a donné rendez-vous le lendemain de ce revers 0-1 au bout de l'ennui. Le grand gaillard aux longues dreadlocks et au débit de parole façon mitraillette, en plus d'être une encyclopédie du football égyptien, est un ancien ultra, fou d'Al-Ahly depuis 2002. Il accepte de me parler à condition de garder l'anonymat. Et pour cause, il a tout connu : de la formation des premiers kops jusqu'à leur répression en passant par leur politisation pendant le printemps arabe. Son histoire avec les ultras commence le 17 avril 2007, lors d'une rencontre contre l'Ismaily au Caire. « J'ai vu des mecs interdits d'entrer dans le stade juste parce que la police ne voulait pas qu'ils brandissent une bannière, ça m'a choqué. » gé d'à peine 14 ans à l'époque, K. se passionne alors pour les Ultras Ahlawy. Le premier groupe du genre en Égypte en était à ses balbutiements, mené par Amr Fahmy, une légende décédée en 2020. Il fréquente leur QG, un restaurant de grillades en plein centre-ville, participe à la confection des tifos et s'abonne au stade. « C'est la première fois que j'ai ressenti que j'appartenais à quelque chose d'important », se souvient-il, ému. Assez vite, leurs prises de position « anti-médias et anti-ministère de l'Intérieur0 en tribunes leur valent une violente campagne de dénigrement à la télé et dans la rue. « On avait très mauvaise réputation, certains disaient qu'on était mal élevés et drogués. » Puis arrive le 25 janvier 2011 qui voit des millions de Cairotes se rassembler place Tahrir pour exiger le départ du président en poste depuis trente ans, Hosni Moubarak. K. et ses potes en sont. « En tant que jeunes Égyptiens, pas en tant qu'ultras », précise le supporter. La violente répression qui s'abat sur les manifestants les propulse malgré eux en première ligne du mouvement qui a renversé le raïs en 17 jours. « On était organisés, on savait avancer en groupe, reculer en groupe », explique K. Les ultras sont projetés dans deux années d'effervescence politique et sociale déclenchées par le printemps arabe. En retour, les gouvernements successifs leur font payer par le sang. Mohamed Mostafa Karika, « premier martyr des ultras », est tué par la police en novembre 2011 lors d'un sit-in devant le siège du gouvernement. La répression se poursuit dans les stades. Il y a une première étincelle en janvier 2012 lors du match Al-Ahly - Assouan. « 118 blessés et 21 interpellations pour une bannière critique à l'égard du conseil militaire », qui avait pris le pouvoir par intérim. Port-Saïd est une déflagration. Le prix du sang Bien qu'aucune enquête n'ait fait la lumière sur les raisons du drame, tout laisse à penser que le gouvernement militaire a laissé faire afin d'envoyer un message clair aux agitateurs de tribunes. K. n'avait pas fait le déplacement. En revanche, il a fait le pied de grue toute la nuit devant la gare du Caire pour accueillir les 72 dépouilles dont noms et portraits étaient jusqu'à peu affichés au-dessus du portail principal du siège d'Al-Ahly, en plein centre-ville, au pied de la tour du Caire en forme de lotus. « Je n'oublierai jamais. Je ne pardonnerai jamais. Et je refuse de mettre un pied à Port-Saïd », promet K, dont la colère n'est jamais redescendue. Malgré les deuils et désormais l'apathie, l'amour de l'Ahlawy pour son club est resté intact. « Al-Ahly est une institution plus ancienne que certains États de la région, elle résistera à tout ! » En jetant un oeil attristé autour de lui dans le café bien dégarni qui nous accueille malgré le match de qualifications pour le Mondial 2026 entre l'Égypte et la Sierra Leone (1-0) retransmis sur de nombreux écrans, K. s'en remet à un dicton du cru : « Les Égyptiens mangent du foul au petit-déjeuner, du foot au déjeuner et Oum Kalsoum (grande chanteuse égyptienne) au dîner, et ça, ça ne changera pas ! » On a envie de le croire. À lire aussi Ekitike, les raisons de son échec au PSG 12 ans après, Di Maria et ses supporters vibrent Les coulisses de l'arrivée d'Ekitike