
En club de foot, les meilleures filles jouent longtemps contre des garçons
Avec le boom de l'Euro 2025, le football séduit de plus en plus de jeunes filles. Mais les infrastructures peinent à suivre.
Sabrina Anthonipillai ,
Amanda Jenni ,
Margaux Krieg Publié aujourd'hui à 13h59
Les joueuses de l'équipe de Suisse ont préparé l'Euro 2025 du côté de Nottwil dans le canton de Lucerne.
Freshfocus
En bref:
Amélie Zoergiebel est l'un des meilleurs espoirs du pays. La Vaudoise âgée de 14 ans s'entraîne depuis deux ans au centre national du football féminin à Bienne . Elle y passe le plus clair de son temps, retournant jouer avec le FC Lausanne-Sport et son contingent (presque) exclusivement masculin le week-end.
«Je suis contente de jouer à Bienne parce qu'il y a une bonne ambiance. C'est aussi moins stressant que de m'entraîner avec des garçons, car ils s'énervent plus facilement. Avec les filles, on forme vraiment un groupe. Il y a moins de jugement et de moqueries», confie la Romande. À Bienne, l'excellence est de mise
Comme Amélie Zoergiebel, ses coéquipières sont nombreuses à avoir commencé le foot en jouant dans des équipes mixtes, au sein desquelles les filles restaient minoritaires. Intégrer ce centre exclusivement féminin marque un tournant dans leur formation.
Et au niveau de l'intensité des entraînements? Pas de grande différence, estime Amélie Zoergiebel. Elle remarque toutefois que, de manière générale, les filles ont «moins de technique» que les garçons. Lisa Brand, une joueuse lucernoise, partage cet avis. Elle estime progresser davantage lorsqu'elle s'entraîne avec des garçons. «Les séances sont plus physiques quand je joue avec une équipe mixte», explique-t-elle.
Mais cette impression ne se vérifie pas forcément au centre. Car ici, en plus des infrastructures modernes et d'un accompagnement spécialisé, elles s'entraînent avec les meilleures joueuses de leur catégorie. Arrêter de comparer le football féminin
Y a-t-il des différences entre les entraînements pour filles ou pour garçons? «Non, pas vraiment», estime Hélène Maystre. Depuis les bureaux de l' Office fédéral du sport , à Macolin, la physiologiste analyse la place du football féminin en Suisse.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Selon elle, la séparation entre filles et garçons devient néanmoins nécessaire à un certain âge. «Une femme est moins rapide qu'un homme, donc à un moment donné, ça devient dangereux. C'est un facteur de risque de blessures», explique la chercheuse.
Plus largement, elle plaide pour un suivi plus personnalisé. «J'aimerais qu'on se détache de la comparaison homme-femme, et qu'on commence à comparer la femme à elle-même. La femme doit devenir le sujet de la recherche.» Un manque d'infrastructures
Néanmoins, Hélène Maystre souligne que les entraînements mixtes restent pertinents. «Cela permet aux joueuses de bénéficier des moyens mis à disposition des équipes masculines», observe-t-elle.
Pour cette scientifique lausannoise, le constat est clair: les joueuses font face à un manque d'infrastructures. «Au cours de mes recherches, j'ai été confrontée à la réalité du terrain. J'ai constaté que les joueuses s'entraînent souvent dans des environnements inadaptés», explique-t-elle. En guise d'exemple, Hélène Meystre cite le manque d'accès aux salles de renforcement musculaire pour les joueuses élite de moins de 20 ans.
Du côté de David Meister, directeur du centre de formation de Bienne, l'objectif à long terme est d'instaurer plus tôt des structures professionnalisées pour les joueuses. «Ça fait partie des défis qui concernent le football féminin: l'idéal serait effectivement de faire évoluer les meilleures joueuses dans leurs propres équipes, sans avoir à les réunir ici.» Profiter de l'Euro 2025 pour passer un cap
Si un centre similaire existait pour les garçons, il n'est plus utilisé aujourd'hui. La relève masculine se développe directement au sein des clubs. «Les garçons ont un parcours tracé des M12 aux M21, avec des structures adaptées. Chez les femmes, le chemin n'est pas encore clair. Le centre leur fournit un cadre de progression, en leur permettant d'affronter les meilleures joueuses du pays», explique David Meister.
Le football féminin continue de grandir, porté par l'enthousiasme des joueuses et le soutien progressif des institutions. Mais pour franchir un cap, c'est bien d'infrastructures adaptées que les joueuses ont besoin pour s'épanouir pleinement sur le terrain.
À lire sur l'Euro 2025 et le football féminin Newsletter
«Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition.
Autres newsletters
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
6 hours ago
- 24 Heures
Ce joueur du FC Lucerne a appris la mort de son meilleur ami après son premier but en pro
Lucas Silva Ferreira a inscrit son premier but lors de son premier match en pro. Après la rencontre, il a appris le décès de son meilleur ami. Publié aujourd'hui à 11h18 Lucas Silva Ferreira a inscrit le but de la victoire samedi contre Grasshopper. Martin Meienberger/Freshfocus Premier match en pro, premier but. Lucas Silva Ferreira, 18 ans, pensait vivre le plus beau jour de sa jeune carrière, en offrant la victoire au FC Lucerne contre Grasshopper (2-3), samedi. Mais dans les vestiaires après la rencontre, le Portugais a appris le décès de son meilleur ami, rapporte « Nau ». Le jeune homme de 17 ans évoluait dans l'équipe M18 du club lucernois. Dans un communiqué, le FC Lucerne annonce que le joueur, qui devait fêter ses 18 ans en septembre, est décédé «des suites d'une grave maladie». Le club adresse ses condoléances à ses proches, et loue «la force, le courage et l'espoir impressionnant» avec lesquels le jeune homme «a affronté sa maladie». Sous un post Instagram, Lucas Silva Ferreira a dédié ce but à son meilleur ami: «C'était pour toi, mon frère. Envole-toi, mon ange. Nous ne t'oublierons jamais.» Une intégration express En conférence de presse après la rencontre, Mario Frick a raconté la rapide intégration de Lucas Silva Ferreira à l'équipe première. «Nous n'étions pas assez en camp d'entraînement, alors je l'ai appelé. Il venait d'atterrir à Malte pour ses vacances, a narré le coach lucernois. Trois heures plus tard, il était de retour.» Une intégration express, qui s'est poursuivie de la meilleure des manières samedi, avec ce premier but en pro. LIRE AUSSI SUR LE FOOTBALL SUISSE Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
7 hours ago
- 24 Heures
Surprise à Bâle! Même Roger Federer déménage son empire dans un paradis fiscal
Le groupe d'entreprises Tenro, propriété de la star du tennis, déménage à Wollerau, dans le canton de Schwytz. Une commune plus avantageuse fiscalement. Publié aujourd'hui à 10h22 Roger Federer était présent à Wimbledon au début du mois de juillet. IMAGO/Xinhua Roger Federer s'éloigne de sa région natale. Son groupe Tenro a en effet transféré son siège social de Bottmingen, dans le canton de Bâle-Campagne, à Wollerau, dans le canton de Schwytz, rapportent les journaux du groupe CH Media . Une région plus avantageuse fiscalement. D'après le registre « Moneyhouse », le changement d'adresse a été enregistré le 22 juillet dernier. Avec sa société Tenro Event, comprise dans Tenro AG, il organise notamment la Laver Cup , compétition où Roger Federer avait disputé son dernier match en carrière aux côtés de Rafael Nadal. Avantages fiscaux Dans le canton de Bâle-Campagne, l'impôt sur le bénéfice s'élève à 15.87%, et celui sur le capital à 0.16%. À Wollerau, l'empire du Bâlois verra ces taux baisser respectivement à 11.76% et 0.01%, compare «Blick». Seule trace restante de Roger Federer à Bâle, la «Roger Federer Foundation», disposant d'une fortune de 21 millions de francs, n'a pour le moment pas déménagé. Pour rappel, «Bloomberg» évaluait récemment la fortune du septuple vainqueur de Wimbledon à un milliard de francs. LIRE AUSSI SUR ROGER FEDERER Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
9 hours ago
- 24 Heures
Pourquoi c'est déjà LE match de l'année pour Servette?
Le président Hervé Broch détaille l'importance d'une rencontre qui peut offrir mercredi soir (21 h) un automne européen aux Grenat. Publié aujourd'hui à 08h09 La tribune nord sera fermée mercredi soir (sanction de l'UEFA pour des fumigènes la saison passée). Mais il y a des places dans d'autres secteurs et Servette a besoin de ses supporters. BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO En bref: Habité d'un bonheur en gestation, Servette est à mi-chemin entre cette joie à venir et la crainte de son espoir déçu. Délicatesse de l'instant: à Plzen, la victoire du courage qui a autorisé le rêve; au Stade de Genève, ce mercredi (21 h), la responsabilité du réel. Un monde ou l'autre. L'Europe en automne, ou la désillusion. Oh, bien sûr, il y aura encore au moins deux occasions en cas de revers. Mais ce choc-là, ce Servette – Plzen , est déjà le match de l'année. Il l'est pour les joueurs, bien sûr, qui s'assureraient a minima la phase de championnat de l'Europa League, s'ils ne perdent pas après le 1-0 arraché à l'aller. Mais il y a plus qu'une félicité sportive pour envelopper ce duel. Quelque chose qui dépasse les limites du terrain. Quelque chose de nécessaire pour qui veut grandir. Hervé Broch est prêt à en parler. Le président du Servette FC a précisément pour mission de faire grandir le club. À tous les niveaux. Et l'aspect financier, c'est son domaine d'expertise. L'Europe, ça rapporte combien? Un Servette européen est un Servette qui gagne de l'argent, avec l'UEFA qui verse une somme selon la compétition pour laquelle le club est qualifié en automne. Hervé Broch parle du budget et de sa tenue. De l'Europe, qui peut faire grandir Servette plus vite. BASTIEN GALLAY/GALLAYPHOTO «Le prize money de la Conference League est de 3 millions, précise Hervé Broch. Celui de l'Europa League est de 4 millions et celui de la Ligue des champions est de 18 millions. Ces montants sont importants, comme on peut le constater, mais ce n'est qu'un chiffre d'affaires, pas un bénéfice. Il faut déduire les frais, liés à la sécurité ou aux primes pour les joueurs, par exemple, afin d'estimer la recette.» À noter que le «prix de base» versé par l'UEFA peut vite augmenter en fonction des résultats obtenus: par exemple, lors de sa campagne européenne 2023-2024 (Europa League, puis jusqu'en 8es de finale de la Conference League), Servette avait empoché plus de 8 millions au total. L'importance d'être vite fixé Plus vite Servette saura sur quel pied danser, moins il se prendra les pieds dans le tapis. Autrement dit: les Grenat peuvent valider dès mercredi soir un automne européen et le plus tôt est toujours le mieux. Même pour oublier la défaite à Berne , samedi soir. En cas d'échec (qualification de Plzen), Servette serait basculé au troisième tour qualificatif de l'Europa League. Puis en barrage de Conference League si nouvel échec. Derrière Plzen, si cela se passe mal, il y a donc encore deux chances de s'offrir l'Europe. Mais pour planifier la trajectoire et l'effort de guerre, une qualification mercredi soir serait la bienvenue. «Pour schématiser, nous avons trois budgets prévus, détaille Hervé Broch. Le premier, c'est avec un Servette qui joue l'Europe cet automne. Le deuxième, c'est avec un Servette sans Europe, mais dans le top 6 en championnat. Le troisième, c'est un Servette hors du top 6, nous devons le prévoir aussi afin d'assurer la pérennité du club à long terme. L'Europe, c'est plus de matches à jouer et cela nécessite donc un contingent plus étoffé, pour y faire face avec un recrutement de qualité. En se qualifiant mercredi soir, Servette jouera a minima l'Europa League. Nous pourrons donc avancer dans la fin de notre mercato en connaissance de cause.» On résume: un Servette qui se qualifie dès mercredi soir est un Servette qui grandit plus vite. «Nous saurons plus vite quel budget engager, oui, dit le président. Mais s'il faut attendre deux semaines de plus avec la suite des qualifications, ou plus encore, nous attendrons. Ce que je veux dire, c'est qu'on ne dépensera pas de l'argent que l'on n'a pas.» Comment le budget est utilisé Gestion d'un budget par Hervé Broch: le directeur de banque maîtrise le sujet. Quel est son regard sur la saison passée? «Sportivement parlant, la saison était excellente en championnat, mais la sortie prématurée en Coupe de Suisse a un peu terni l'année. Nous n'avons pas participé à une phase de ligue européenne, mais nous avons tout de même battu Chelsea. Financièrement, nous dégageons un bénéfice sur l'exercice 2024-2025.» Une bonne nouvelle. Et un paradoxe. La saison d'avant, avec l'Europe jusqu'en 8es de finale et la victoire en finale de la Coupe de Suisse, les comptes étaient négatifs. En raison des dépenses sous l'ancienne direction. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. «C'est précisément la responsabilité de la direction de respecter le budget, dans un premier temps, rappelle Hervé Broch. Dans un second temps, il faut investir intelligemment les bénéfices réalisés. Il y a trois axes prioritaires pour le Servette. Le premier est de créer des fonds propres pour le club afin de le stabiliser sur le long terme. Le deuxième s'attache à améliorer nos infrastructures, pour l'équipe et pour le public. Le troisième, c'est le renforcement de l'équipe à travers du soutien à la formation et le mercato.» Tout est lié et même relié à la nécessité d'une campagne européenne en automne. Avec l'Europe, plus de moyens, un trésor de guerre qui se constitue, des conditions du quotidien qui s'améliorent et de quoi renforcer le groupe, donc de grandir pour tout dire. Cela ne signifie pas qu'un Servette qui n'est pas européen cet automne n'aura pas son mot à dire en Super League: on l'a vu la saison dernière avec la deuxième place finale au classement. Mais cela nuance forcément le processus de développement. Avec la commission sportive Quel budget, quels moyens? Ce sont les enjeux extrasportifs du Servette – Plzen de ce mercredi. Ils influencent un processus décisionnel, jusqu'à la commission sportive, bien sûr. Servette est en contact avec plusieurs joueurs. Un Maçon devait solidifier l'édifice? C'est lui qui était fragile (visite médicale pas concluante). Les Grenat semblent en relation avec Tony Strata (20 ans, qui jouait en L2 à Ajaccio) pour doubler le poste de latéral gauche. Voir avec d'autres éléments. En fonction de l'avenir européen ou pas des Grenat. «Nous définissons nos priorités avec la commission sportive, en fonction de nos moyens, oui, confirme Hervé Broch. Nous visons une place sur le podium en Super League et ambitionnons également une phase de ligue en Europe. La présence du public en nombre est un facteur déterminant dans un match. Les joueurs le disent, ils sont galvanisés lorsque le public est derrière eux. Après l'engouement populaire vécu durant l'Euro, j'espère que le public viendra en nombre pour assister à un match de qualification pour la Ligue des champions. Nous aurons besoin du 12e homme pour passer ce cap.» Servette – Plzen: plus qu'un match. D'autres articles sur Servette Newsletter «Euro 2025» Vous ne voulez rien rater de l'Euro? En vous inscrivant à cette newsletter, vous serez informé·e à temps des performances de l'équipe de Suisse et des grands moments de cette compétition. Autres newsletters Daniel Visentini est journaliste pour la Tribune de Genève, 24 Heures et le Matin Dimanche. Il a été durant sept ans le chef de la rubrique Sports de la Tribune de Genève. Il suit de près l'actualité du football, notamment celle du Servette FC et de l'équipe de Suisse. Il est juré du Ballon d'or pour la Suisse. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.