logo
De l'or olympique au maillot jaune, le pari incroyable de Pauline Ferrand-Prévôt

De l'or olympique au maillot jaune, le pari incroyable de Pauline Ferrand-Prévôt

L'Équipe4 days ago
Pour son premier Tour de France femmes, Pauline Ferrand-Prévôt s'est imposée à la Madeleine dans un splendide numéro de soliste. Elle s'empare du Maillot Jaune dans un coup double historique, après un cheminement exceptionnel depuis son titre olympique.
L'épuisement des stocks guette. À force de victoires, les défis qui attendent encore Pauline Ferrand-Prévôt s'amenuisent considérablement. Par un chaud après-midi de juillet 2024, la Française avait gagné l'or olympique de VTT avec une maîtrise totale. L'aboutissement d'une longue quête. Un an et six jours plus tard, sur les pentes du col de la Madeleine dont le sommet était traversé d'un vent glacial, Pauline Ferrand-Prévôt a remporté l'étape-reine du Tour de France, endossé le Maillot Jaune et renvoyé à plus de 2'30'' ou 3'et au rôle de faire-valoir - au moins le temps d'une journée - celles qui faisaient encore figure de prétendantes pour la victoire finale le matin même.
Un numéro de soliste exceptionnel sur les pentes du col de la Madeleine, et un exploit qui entre parmi les grandes légendes de la discipline, dont les fondements prennent racine un an auparavant. En signant chez Visma-Lease a bike pour trois ans et en l'officialisant dix jours après son or olympique, Pauline Ferrand-Prévôt annonçait alors vouloir gagner le Tour de France. Un considérable défi pour celle qui n'avait plus couru sur route depuis cinq saisons. « Je ne dis pas je vais gagner le Tour mais on a la prétention d'y arriver, esquissait-elle à l'époque. Ce ne sera pas facile, loin de là, et ça prendra du temps. »
« Elle n'est plus la même personne depuis qu'elle est championne olympique, elle est apaisée »
Sylviane Dubau, sa mère
Mais l'espace-temps trouve des raccourcis dans l'univers de Ferrand-Prévôt. À l'automne dernier, la Française se plonge dans la quête du Maillot Jaune. « C'était risqué de se lancer dans un tel projet. Je sais ce qu'il me faut pour réussir. » Il est question de confiance, d'autonomie et surtout d'un apprentissage à refaire. Le cyclisme a changé, elle aussi. « Ce qui est marquant, c'est à quel point à partir de mi-octobre, elle s'est mise dedans, expliquait samedi Yvan Clolus, le manager de l'équipe de France de VTT, resté un proche. Elle a été sérieuse au point que ça m'a presque fait peur qu'elle ne s'octroie pas beaucoup de repos après tout ce qu'avaient été les Jeux. Mais elle avait peur de manquer de temps : « J'ai plein de choses à faire avec l'équipe. Je ne peux pas en gaspiller après l'année olympique. »
La recette est connue, la discipline éprouvée depuis la préparation pour Paris. « Elle optimise tout. En coupant tous les loisirs, elle va optimiser sa récupération, sa diététique - parce qu'elle n'est pas tentée -, ce qui fait qu'elle peut faire davantage d'entraînements difficiles », expliquait, avant les Jeux, Cécile Ravanel, ancienne vététiste qui l'a, il y a trois ans, accompagnée un temps techniquement. C'est ce que confirme Yvan Clolus : cette année, après la campagne de classiques couronnée de son succès - historique, déjà - à Roubaix, Ferrand-Prévôt s'essouffle et renonce à terminer la Vuelta début mai.
L'émotion de Pauline Ferrand-Prévôt : « C'est le rêve d'une petite fille »
Un rendez-vous raté sur les sommets avec plusieurs adversaires (Demi Vollering, Marlen Reusser...) et des repères qui manquent sur les pentes montagneuses. « Pour grimper comme les meilleures, elle ne savait pas trop s'il y avait du boulot, détaille Clolus. Donc elle s'est isolée à nouveau : plus de déplacements, plus de courses. C'était : "Je m'entraîne, je dors, je mange." Comme aux Jeux. »
Sur ce chemin, un point pourtant diffère largement. « Elle n'est plus la même personne depuis qu'elle est championne olympique, elle est apaisée, témoigne Sylviane Dubau, sa mère. Le Tour de France, qu'elle le gagne ou qu'elle ne le gagne pas, ce n'est pas grave. C'est la première fois que je n'ai pas peur pour elle, que je n'ai pas peur de me dire : elle va être déçue, elle va être triste. »
« Ces deux derniers mois de préparation ont été bénéfiques, et à 33 ans, j'ai aussi beaucoup d'expérience »
Pauline Ferrand-Prévôt
Entretemps, sa fille a remporté Paris-Roubaix au printemps. « Elle a été impressionnée, après sa victoire, de la popularité que cela avait engendrée », confie son père. Une classique qu'elle avait ajoutée à son programme tardivement. Par goût du défi autant que pour des détails dont elle comptait tirer bénéfice trois mois et demi plus tard dans les premières étapes du Tour de France : « Cette période de classiques m'a beaucoup appris. Se battre pour être dans les premières positions, après tel virage ou avant tel mont, a été un travail de placement impossible à reproduire à l'entraînement. »
Pauline Ferrand-Prévôt a montré beaucoup, douté parfois, et a de nouveau refermé portes et fenêtres de son existence, le 8 mai, en abandonnant le Tour d'Espagne, épuisée par sa première partie de saison. « Elle était à court d'énergie physique et mentale, mais elle a continué à donner le change », expliquait alors Jos Van Emden, son directeur sportif. Et en Andorre, où elle est désormais résidente, elle a travaillé dans sa bulle : « Ces deux derniers mois de préparation ont été bénéfiques, et à 33 ans, j'ai aussi beaucoup d'expérience. Mon entourage et mon équipe respectent la personne que je suis. »
Marion Rousse félicite Pauline Ferrand-Prévôt
Pendant que ses adversaires se disputaient victoires et maillots en Espagne, en Suisse ou en Italie, la Française n'a pensé qu'à elle. « Je préfère m'entraîner dur que passer du temps dans les trajets pour aller sur des courses. » Des semaines passées le regard tendu vers ce col de la Madeleine, terrible juge dressé sur la route d'une possible victoire.
Début juillet, son entraîneur est tombé malade, alors la championne a appelé ses parents pour qu'ils l'accompagnent reconnaître les trois dernières étapes du Tour. Ils se sont donc embarqués pour un road-trip dans le camping-car familial. « Trois jours passés dans des campings miteux, se souvient sa mère. Et elle était heureuse comme tout. » Durant ses six heures de reconnaissance quotidienne, son père la suivait en voiture. « Je lui passais les bidons, je lui parlais, je ne me suis pas ennuyé » s'amuse-t-il, pendant que sa mère préparait le dîner. Une vie simple, déliée de toute autre forme d'enjeu que de préparer au mieux l'objectif qu'elle s'était fixé.
Au terme d'une année pleine, elle est en passe de vider une fois de plus la boîte à défis, d'un seul coup. Il ne lui reste qu'une journée à passer, avec encore quelques chausse-trappes possibles, avant de réfléchir au prochain. « Et lundi, on retrouvera notre petite Pauline, comme elle est... », conclut sa mère.
Orange background

Essayez nos fonctionnalités IA

Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :

Commentaires

Aucun commentaire pour le moment...

Articles connexes

« On est tombés sur plus fort que nous  »  : la réaction de Melvin Bard après la défaite de Nice face au Benfica
« On est tombés sur plus fort que nous  »  : la réaction de Melvin Bard après la défaite de Nice face au Benfica

L'Équipe

time3 hours ago

  • L'Équipe

« On est tombés sur plus fort que nous  » : la réaction de Melvin Bard après la défaite de Nice face au Benfica

L'OGC Nice s'est incliné 0-2 face au Benfica Lisbonne mercredi soir au 3e tour préliminaire aller de la Ligue des champions. Melvin Bard revient sur cette défaite qui met les Niçois en mauvaise posture. « Il faut toujours y croire, ça va être dur mais il faut y croire, sinon autant ne pas y aller. » Melvin Bard se montre fataliste suite à la défaite de l'OGC Nice face au Benfica 0-2 mercredi soir au 3e tour préliminaire de la Ligue des champions. L'arrière gauche sait parfaitement que son équipe doit l'emporter mardi prochain à l'Estadio da Luz si elle souhaite rejoindre les barrages de C1. « Aujourd'hui, on est tombés sur plus fort que nous. On va aller là-bas avec des ambitions. On veut faire quelque chose, affirme le Français de 24 ans. Les blessés ? On va voir, on va faire avec, c'est comme ça, ça fait partie de la vie. La différence sur ce match ? Ils mettent beaucoup de mouvements, ils courent beaucoup, donc c'est très dur, mais c'est comme ça, c'est le foot. On doit élever aussi notre niveau de jeu, donc on va essayer de l'élever et essayer de faire quelque chose là-bas. »

Franck Haise constate la différence de niveau entre Nice et Benfica : « On n'est pas dans la même catégorie »
Franck Haise constate la différence de niveau entre Nice et Benfica : « On n'est pas dans la même catégorie »

L'Équipe

time3 hours ago

  • L'Équipe

Franck Haise constate la différence de niveau entre Nice et Benfica : « On n'est pas dans la même catégorie »

Franck Haise, l'entraîneur de Nice, a reconnu la supériorité de Benfica après la victoire des Lisboètes mercredi en match aller du 3e tour préliminaire de la Ligue des champions : « Ils sont plus forts que nous. » « Benfica était-il trop fort face à Nice ?Oui, je pense qu'ils sont plus forts que nous. On le savait avant et à la fin du match, je crois qu'on est obligés de constater qu'on a quasiment donné le mieux que l'on pouvait faire. Dans ces moments-là, il faut être très efficace. En marquant notre occasion au début de deuxième mi-temps à 0-0, ça peut évidemment changer la donne. Mais sur l'ensemble du match, on sent que nous, en faisant beaucoup, on a du mal à se créer beaucoup d'occasions franches. Et eux, on sent que c'est plus simple. On n'est pas dans la même catégorie. On le savait avant, on a essayé de les bousculer, mais à l'issue du match, on sait qu'on n'est pas dans la même catégorie. Étiez-vous prêts pour ce match ?On était prêts à faire ce match-là qui, aujourd'hui, n'était pas loin des 100 % de ce qu'on pouvait faire ce soir. Et forcément, quand je dis ça, c'est qu'il en manque, face à ce type d'adversaire. Parce que c'est un adversaire qui fait la Ligue des champions tous les ans. Et qui a une expérience, une dimension différente. Nous, on construit. Ils ont déjà l'habitude d'être sur les hauteurs, sur les sommets. Et on voit la différence ce soir, c'est tout. Coup dur pour Nice, battu par Benfica Comment aborder le retour ?On va l'aborder avec la même détermination qu'on avait au départ de ce match. C'est un match qui, malgré la déception, en plus de prendre un deuxième but comme ça, doit nous faire grandir. Nous dire, voilà ce que c'est le très haut niveau. Nous, on va espérer, on va tendre vers ce très haut niveau. Mais on n'y est pas. Les équipes qui sont régulièrement dans les 16 meilleures équipes d'Europe, on n'en est pas là. C'est juste la réalité. » Les notes de Nice-Benfica

Le Feyenoord Rotterdam fait plier Fenerbahçe au 3e tour préliminaire aller de Ligue des champions
Le Feyenoord Rotterdam fait plier Fenerbahçe au 3e tour préliminaire aller de Ligue des champions

L'Équipe

time3 hours ago

  • L'Équipe

Le Feyenoord Rotterdam fait plier Fenerbahçe au 3e tour préliminaire aller de Ligue des champions

Grâce à un but à la 90e + 1, le Feyenoord Rotterdam a pris l'ascendant face à Fenerbahçe (2-1), mercredi soir lors du 3e tour préliminaire aller de Ligue des champions. Montagnes russes à De Kuip. Rejoint par Fenerbahçe à la 86e minute, le Feyenoord Rotterdam a arraché un précieux succès dans le temps additionnel (2-1), mercredi au 3e tour préliminaire aller de Ligue des champions, au terme d'un match décousu et plaisant. La tête puissante d'Anis Hadj Moussa sur un centre de Jordan Bos (90e + 1) a permis aux Néerlandais de prendre l'ascendant dans l'un des chocs de la soirée, avant le retour mardi à Istanbul. Privé d'Igor Paixao, transféré la semaine dernière à l'OM, Feyenoord s'en était remis à Quinten Timber (19e) pour ouvrir le score, après un crochet suivi d'une frappe contrée. Plutôt entreprenants dans un premier temps, les joueurs de Robin van Persie ont ensuite laissé les commandes à Fenerbahçe, privé d'égalisation pour un léger hors jeu de Youssef En-Nesyri juste avant la pause (44e). Coup dur pour Nice, battu par Benfica À force d'insister, les partenaires de Milan Skriniar, tout juste arrivé du PSG et déjà capitaine, ont fini par égaliser grâce à Sofyan Amrabat d'une jolie frappe du gauche sous la barre (86e). Avant, donc, de craquer dans une fin de match tendue. Privée de phase de poules de C1 depuis 2008-2009, l'équipe entraînée par José Mourinho devra combler son déficit d'un but au retour, mardi prochain, pour se qualifier au tour suivant et retrouver le vainqueur de Nice-Benfica (2-0 pour les Lisboètes à l'aller).

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store